J'avais lu
le Grand Paris à sa sortie en Folio, au mois d'août 2018. Et je viens de le relire, trois ans plus tard. Mon impression s'avère encore meilleure. Il faut préciser que, depuis, je m'étais procuré
le Continent de la douceur et téléréalité, tandis que mon goût pour les romans d'
Aurélien Bellanger ne cessait de croître. Que vous dire si vous connaissez pas l'auteur ?
En premier lieu sa virtuosité dans un registre très personnel, registre qui parvient à insuffler de l'épique, du lyrique, voire de l'humour dans des réflexions philosophiques qui seraient autrement ennuyeuses. Enthousiasme, emphase, exagération même sont visibles tant dans lesdites réflexions que dans les véritables aventures, rocambolesques, que vivent ses personnages. Mais des personnages évoluant toujours dans un contexte réel, parfois historique, ce qui donne tout leur sel à ces récits. S'il faut s'accoutumer à ce style – mes autres critiques de ses livres le montrent – une fois qu'on l'accepte, la lecture en devient jouissive.
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Le Grand Paris commence pendant la campagne de
Nicolas Sarkozy (toujours désigné en tant que "le Prince"), pour laquelle le jeune Alexandre Belgrand est recruté comme conseiller. Ambitieux, talentueux, le jeune homme a décidé de nous raconter son histoire – à la première personne.
Que dire de plus ? Que les épisodes truculents se succèdent, les coups de théâtre se multiplient, et que des personnages dignes
De Balzac croisent la route du jeune Alexandre vers la gloire… quoique !
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Pour ma part, j'apprécie tout particulièrement ce cocktail a priori impossible entre sérieux et fantaisie, entre considérations intellectuelles et aventures dignes du Club des Cinq ou de Bob Morane (dixit l'auteur, lisez ses chroniques de
France Culture). Ce Grand Paris est, peut-être, son meilleur roman à ce jour.
Ajoutons pour élargir le champ littéraire que Bellanger est un admirateur de
Houellebecq, à propos duquel il a publié un essai (
Houellebecq, écrivain romantique, 2010). Son style est éloigné de celui de l'auteur de
Extension du domaine de la lutte ; en revanche, chaque roman de Bellanger comporte au moins un clin d'oeil à
Houellebecq – vous le constaterez aisément si vous vous plongez dans ce Grand Paris.