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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voici un livre foisonnant ,érudit philosophique.
Le dernier livre d'Aurélien Bellanger est déroutant par le mélange des structures littéraires.
Parfois roman , parfois essai philosophique , parfoishistorique et géographique.
La lecture est la compréhension n'en est pas toujours simple et demande au lecteur une attention assidue.
Le thème du livre est le Grand Paris , ce serpent de mer.
Paris ville , région département. Comment intégrer les territoires , les départements , l'Ile de France.
Alexandre Belgrand est un urbaniste héritier d'une longue lignée de novateurs architectes ou urbaniste.
Il va rejoindre l'équipe de conseiller du Prince qui a été élu en 2007 à la présidence de la République.
Celui-ci va lui demander de réfléchir à la mise en place du Grand Paris ou de Grand Paris Express.
Cette réflexion va mener le lecteur sur plus de 400 pages à travers l'histoire , la géographie de Paris mais aussi l'aménagement du territoire , l'ouest Parisien et le 93.
Ce département Seine Saint Denis ,93 ou encore 9-3 sera l'aboutissement de la course d' Alexandre Belgrand.
Ce département terre de l'industrialisation, des communes communistes , des friches industrielles et d'un important mouvement migratoire .
Les 80 dernières pages du livre font un parallèle entre Urbanisme - Géographie -Islam et religion qui déroute et donne à réfléchir sur l'évolution de Paris et sa banlieue.
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Comme le projet urbanistique dont il porte le nom, le Grand Paris d'Aurélien Bellanger est un projet ambitieux. Ici, le projet littéraire est probablement encore plus grand que le projet urbanistique, car le roman est tout à la fois une somme de considérations urbanistiques, politiques et métaphysiques. Ce sont même ces dernières considérations qui constituent probablement le coeur du récit, puisque le Grand Paris serait, avant tout, une réflexion existentialiste sur la perte de sens dans nos sociétés contemporaines, perte de sens liée à la perte de Dieu, célébrée déjà par Nietzsche à la fin du dix-neuvième siècle.

Le narrateur, Alexandre Belgrand, a pourtant tout du futur golden boy. Appartenant, par sa famille, aux entrepreneurs et aux bâtisseurs du pays (ses ancêtres ont bâti la tour Eiffel puis des villes nouvelles et, enfin, des parcs d'attraction), il suit le cursus normal de tout garçon de bonne famille des Hauts-de-Seine avant de croiser la course d'une comète politique. le Prince, sous les traits duquel on devine Nicolas Sarkozy, président de la République entre 2007 et 2012, est un véritable animal politique qui fait ses armes au ministère de l'Intérieur avant de gagner l'Elysée. Autour de lui gravite une jeunesse dorée, décomplexée, assumant une droite plus libérale que conservatrice dont Belgrand n'est qu'un exemple. L'ascension du Prince représente un moment particulier dans l'histoire politique de la droite française. Exploitant les thèmes de l'insécurité civile et des carcans économiques qui pénaliseraient le pays, le Prince parvient à se faire élire en communiquant intelligemment, notamment après les émeutes qui ont embrasé les quartiers populaires de France en 2005. Quant à Belgrand, il n'est qu'un outil dans la prise de pouvoir du Prince. Recruté officieusement par Machelin, un ancien socialiste qui flirte sans complexe avec la droite libérale, Belgrand étudie d'abord Paris et ses frontières sociales, économiques et naturelles, avant de partir en Algérie étudier l'urbanisme dans la petite ville d'Adrar. Là, Belgrand fait ses première expériences du métier d'urbaniste : maniant un objet insaisissable et inconcevable, dans sa globalité, par l'homme, l'urbaniste, parce qu'il pense la ville comme un corps vivant dont les cellules (les hommes) et les structures (les rues, les bâtiments, les réseaux énergétiques ...) interagissent entre elles, parle directement à Dieu. A la fois artiste et ingénieur, il est le modèle humaniste le plus abouti.

Quand il se met au service du Prince, Alexandre Belgrand se fait le porteur d'un grand projet : le Grand Paris. En d'autres termes, il s'agit de faire coïncider les limites administratives de la ville avec son réel bassin de vie, en favorisant, entre autres, le polycentrisme et les réseaux interurbains de transport. le Grand Paris Express, dont la construction est actuellement en cours, doit relier entre elles les villes de la Petite Couronne et faire de Paris, véritablement, une ville-monde. Si la présidence du Prince se révèle finalement décevante, et cruelle pour Belgrand, il n'en reste pas moins que le Grand Paris est l'empreinte véritable du Prince sur son temps. Réaliser le Grand Paris, ce n'est pas seulement concurrencer enfin - et efficacement - le grand Londres ou le grand Berlin. Réaliser le Grand Paris, c'est aussi intégrer à la ville historique ce qui fait aujourd'hui son dynamisme : dynamisme économique autour du quartier de la Défense ou du marché international de Rungis, dynamisme des mobilités avec les aéroports de Roissy et d'Orly, dynamisme populaire et humain dans un territoire devenu le tabou de la République : la Seine-Saint-Denis.

Initiateur et concepteur d'un projet pharaonique censé donner son identité au quinquennat du Prince, membre d'une équipe de jeunes premiers dont la vie a pour pôles les séances interminables de travail à l'Elysée et la consommation outrancière de vodka et de Red Bull, Alexandre Belgrand voit avec lucidité et fatalisme la déchéance arriver. Lenoir, qui devient le visage officiel du Grand Paris, est l'ange annonciateur du désaveu. Belgrand, viré, flirte encore quelques temps avec les pontes du Grand Paris, amis obscurs ou nouveaux ennemis du Prince, donnant des conférences en tant qu'initiateur du projet urbanistique le plus audacieux que la France ait connu depuis la période haussmannienne, s'imaginant briguer la présidence du Grand Paris à l'horizon des années 2020-2030. C'est principalement avec Pornier, seul maire de droite dans le très communiste 9-3, que Belgrand envisage de faire son retour en politique.

C'est dans ce territoire que le roman, ainsi que la destinée de Belgrand, prennent une tournure inattendue, quoique soupçonnée. La Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de France métropolitaine aux deux chiffres distinctement prononcés comme un emblème, département-monde où sont parlées une centaine de langues, département emblématique de la Ceinture Rouge, département aussi symbole d'une religion synonyme, elle, de danger pour le pacte républicain depuis le 11 septembre 2001 : l'islam, devient le département refuge de Belgrand et le point de départ de nouvelles et possibles aventures politiques. Il y a, dans le dynamisme de l'islam, que Belgrand apprend à connaître, quelque chose de fondamentalement antinomique avec les modes de vie contemporain qui se passent de Dieu mais plus de réseau internet. de façon tout à fait similaire, à travers la construction du Grand Paris ou à travers la plénitude qu'offre la religion musulmane (abolition de la temporalité, de la théodicée, du doute quant à Son existence, du sens existentialiste de nos vies), c'est réellement la recherche de sens (et non de signes, qui ont envahi la ville et nos vies contemporaines) qui guide Belgrand dans cette France des années 2000, engluée dans son passé, bouleversée par les possibilités présentes et terrifiée par les éventualités futures.

Cette ambition littéraire qu'a Aurélien Bellanger (celle de saisir une époque) doit être saluée. Attaquer un sujet comme le Grand Paris, c'était envisager des problématiques nombreuses et complexes relevant de la politique au sens premier du mot : c'est-à-dire de la vie de la société humaine comprise comme un corps organique. le style plutôt verbeux ne pourra pas être reproché (tout au plus regretté, tant certains passages demandent une attention telle que la fluidité de lecture en pâtit) car le roman que livre Aurélien Bellanger est autant philosophique que géographique, historique, politique, sociologique et, même, doit-on le dire : poétique.
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« le Grand Paris » est un grand roman, au sens premier : c'est un roman dense, détaillé et complet. L'auteur englobe une réflexion totale et précise sur un sujet passionnant : les liens entre territoires, idéologies et pouvoir.

Le roman retrace le destin d'un jeune urbaniste, originaire des Hauts-de-Seine, embarqué dans la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy lors de l'élection présidentielle de 2007. Au coeur du pouvoir, le jeune homme va travailler sur le projet du Grand Paris, une des réformes importantes du quinquennat : celle qui devait laisser une trace dans l'Histoire.

Outre les rapports entre les personnages de l'élite déconnectée du pays qui sont passionnants, le livre est surtout intéressant pour sa fresque sur la géographie politique et sociale de l'Ile-de-France. Il porte sur l'Histoire récente de ces territoires depuis la décolonisation et à la lumière des choix politiques et idéologiques. le roman retrace les années Sarkozy, à travers ses stratégies électorales et le retour au premier plan de la question religieuse.

L'écriture – un peu encyclopédique – de l'auteur est instructive et accrocheuse. Il y a des très beaux passages, notamment sur le rôle des maires lors de la crise des banlieues de 2005. de plus, je l'ai trouvé assez drôle par moment. C'est un livre réflexif et original, qui est très agréable à lire, malgré des passages à priori plus techniques.

Je vous le conseille chaleureusement.
Lien : http://evanhirtum.wordpress...
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On pourrait facilement taxer Alexandre, le héros du roman, de Rastignac de l'urbanisme.
Bombardé conseiller technique aux grands projets d'aménagement par le Prince, il accède avec une facilité déconcertante aux premiers cercles du pouvoir. Durant les quelques mois de sa grâce, le jeune homme s'évertue à repenser l'Est parisien au profit d'une puissante métropole. Des palais dorés aux banlieues rudes, en passant par les villages semi-ruraux de l'Ile-de-France, notre héros travaille à son utopie en la frottant autant au cynisme du pouvoir et de l'argent qu'aux réalités du terrain, avant de connaître la chute.
Romanesque en diable, « le grand Paris » éblouit par son audace et son ambition à traiter à la fois du politique, du social, de l'environnement et l'urbanisme mais aussi, voir surtout, la psychologie particulière des tous puissants. le pari n'est pas loin d'être réussi en dépit de quelques boursoufflures stylistiques et de plusieurs errements narratifs.
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Le Grand Paris , c'est l'un des grands projets de Sarkozy. Alexandre Belgrand (ah, les ressources de l'onomastique!), conseiller technique, est censé lui donner consistance et réalité. Voici pour la trame de ce long (trop?) roman (mais aussi bien plus que cela). Ce n'est certes pas un roman tout public : la langue en est travaillée, subtile, précise, le contenu suppose un lecteur intéressé par l'histoire, la politique, ses vitrines et ses lieux obscurs. Si certains passages peuvent parfois sembler un peu longs, la description sans concession du pouvoir en action(s) est assez fascinante et l'auteur sait en rendre les subtilités et complexités sans céder au risque de la caricature.
Disons un peu comme Pennac, quitte à faire hurler certains, qu'il ne faut pas hésiter à sauter quelques pages et à faire finalement son propre itinéraire dans ce roman foisonnant.
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Les interviews de Thierry Ardisson dans son émission Tout le monde en parle, le rachat d'Arcelor par Lakshmi Mittal, la candidature de Jean Sarkozy à l'EPAD… Ça vous rappelle quelque chose ? Ces événements, qui ont largement occupé l'espace médiatique en leur temps, sont autant de moments que réactive Aurélien Bellanger dans son roman le Grand Paris. C'est toute l'actualité du début des années 2000 qui est revisitée à travers le personnage d'Alexandre Belgrand, un urbaniste qui intègre l'équipe de campagne du “Prince” (Nicolas Sarkozy) peu avant le sacre électoral de 2007. Brassant politique, ambition et aménagement des territoires de l'Ile de France, le Grand Paris est un formidable roman à clés sur les arcanes du pouvoir. le cadeau idéal pour tout amoureux de Paris (comparée à Londres la pragmatique dans un chapitre d'anthologie), passionné de politique ou nostalgique des années 2000 !
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Un roman - fleuve ... ou plutôt un roman - ville ...

Un roman sur PAris, un peu 

Un roman sur Alexandre Belgrand, né dans l'Ouest parisien, à la frontière entre la banlieue ouest et sa voisine du Nord-est qu'on ne nomme plus que par ses chiffres 9 et 3 ... 

Alexandre Belgrand, fils et petit fils d'architectes, du côté paternel et d'une mère en charge successivement des projets Mirapolis puis France Miniature, abandonne ses études dans la deuxième meilleure école de commerce française pour suivre un professeur de philosophie et écrire une thèse sur Paris en ses murailles ...

On le suivra partant dans le sud algérien, puis conseiller de ce président bling-bling qu'il appelle le Prince, puis, déchu, se refaisant une santé auprès d'un des maires de ce département honni, avant de plonger dans la religion ...

Un roman centré sur un personnage principal, comme dans La théorie de l'information ...

Un roman foisonnant sur les dessous de la politique et de L'aménagement du Territoire 

Un roman passionnant ! 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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