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Crossed : Terres maudites tome 13 sur 14
EAN : 9782809471090
200 pages
Panini France (20/06/2018)
3.25/5   2 notes
Résumé :
Deux frères survivent à lépidémie mais lun est infecté et lautre pas. Les repas de famille risquent dêtre agités !
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Crossed Terres maudites T12 (épisodes 81 à 86) de Mike Wolfer qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 87 à 92, initialement parus en 2015, écrits par Max Bemis. La première histoire (épisodes 87 à 90) est dessinée et encrée par Fernando Melek. La deuxième histoire (épisodes 91 & 92) est dessinée et encrée par German Erramouspe, avec l'aide de Mauro Vargas. La mise en couleurs est réalisée par les studios Digikore.

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- Shrink (épisodes 87 à 90) - Dans une ville dortoir de banlieue, l'épidémie de Crossed est connue, mais aucun infecté n'y est encore parvenu. Jack est homme entre 20 et 30 ans qui vit seul dans la maison où il a grandi. Il héberge Tiffany, une jeune femme qui a réussi à fuir une ville infectée, mais qui a assisté à la mise à mort de sa famille. Jack (encore puceau) respecte le chagrin de la jeune femme, tout en espérant une forme de reconnaissance affective (et plus si affinité).

Sur ces entrefaites, Clancy arrive en voiture et s'arrête en percutant le porche du pavillon de Jack. C'est son frère. Il l'avait averti de son arrivée, il exige de voir son ancienne chambre. Il la fait débarrasser séance tenante par Jack, s'y introduit et mord dans une oreille de Crossed qu'il avait dans sa poche en intimant à son frère de cadenasser la porte. Il s'installe alors une relation triangulaire des plus malsaines.

Avant d'écrire pour Crossed, Max Bemis avait réalisé la série Evil Empire pour l'éditeur Boom Studios. Il a depuis écrit Worst X-Men ever pour Marvel. Déjà pour Evil Empire, le lecteur avait constaté qu'il s'agit d'un scénariste qui part d'un concept fort et qui développe une histoire sur le base de concept. Ici, il s'agit d'une analyse psychologique de la relation entre 2 frères, confrontant Jack (bien dans sa peau, psychologue) à Clancy (voyou et adepte d'une vie dissolue). L'état de Crossed ressemble à une forme d'aboutissement pour Clancy qui choisit de le devenir comme s'il s'agissait de tester une drogue particulièrement forte. Jack se met en tête de renouer avec son frère, en lui posant des questions sur son état, en restant bien sûr de l'autre côté de la porte. le scénariste aménage un peu le dispositif imaginé par Garth Ennis, en permettant à Clancy de conserver une partie de conscience, et de proférer des insanités parfois réfléchies.

Une autre règle de la série (en plus de mettre en scène des zombies pervers, vicieux, immondes et obscènes) est de se servir de ce point de comparaison pour montrer que les êtres humains sont capables de comportements encore plus abjects que les Crossed, en les accomplissant sciemment. Dans un premier temps, le lecteur se demande si l'auteur est bien au courant, car non seulement Clancy est un Crossed dans tout ce qu'il peut avoir de répugnant (automutilation, propos sadiques), mais en plus Jack est un individu bien intégré à la société, poli, respectueux d'autrui, et intelligent. Dès la première scène, le lecteur apprend également qu'en plus Clancy était un enfant difficile, puis un adolescent à problèmes de type jeune délinquant, et qu'il ne perdait jamais une occasion d'humilier son frère Jack plus âgé.

Cet épisode est mis en images par Fernando Melek qui dessine de manière réaliste avec un bon niveau de détails. Il utilise un trait fin pour détourer les formes, sans variations d'épaisseur, avec de rares aplats de noir. Il s'investit dans la représentation des décors. Leur apparence semble parfois un peu fragile ou factice du fait de ce détourage en trait fin, mais les informations visuelles sont bien là. le lecteur peut détailler le revêtement en planche de bois du pavillon. Il peut reconnaître le modèle de voiture qui s'écrase contre la poutre de soutènement de l'auvent du garage. Ses yeux parcourent l'aménagement d'un bar dans lequel est accoudé Clancy.

Comme il est de rigueur dans cette série, l'artiste doit également représenter des Crossed, et leurs comportements abjects et ignobles. le lecteur peut coir la peau pulvérulente qui forme la croix renversée sur le visage de Clancy. Il le regarde s'automutiler avec du sang qui coule. Melek se plie bien à l'obligation de représenter de manière concrète ces actes gore, mais il ne parvient pas à écoeurer le lecteur car la texture n'y est pas. Il s'agit plus d'effets spéciaux un peu bon marché, et d'une mise en scène très pausée, aboutissant à un ressenti artificiel qui n'arrive pas à impliquer le lecteur. Il doit également représenter la nudité (passages très peu nombreux). Comme plusieurs créateurs avant lui, il évite de transformer le corps des femmes en simple objet sexuel, et il limite le nombre de cases avec nudité frontale, dessinant à nouveau de manière impersonnelle, annihilant tout caractère émoustillant ou malsain.

Max Bemis fait en sorte de donner de la consistance à l'histoire personnelle de ces 2 frères, narrant des moments qui mettent effectivement le lecteur à l'aise, à la fois du fait de l'acharnement méchant de Clancy vis-à-vis de Jack, mais aussi du fait de quelques remarques passives de Jack. Il s'installe un climat malsain lié à cette relation agresseur/victime, mais aussi lié à la curiosité de Jack vis-à-vis de l'état de son frère. Son insistance à comprendre l'incarnation du mal et de la dépravation défie l'entendement. Malheureusement la conclusion de ce récit repose sur un secret caché destiné à expliquer le comportement de Jack vis-à-vis de Clancy et réciproquement, qui vient neutraliser toute sa perversion, par une révélation sortant de nulle part et bien pratique pour établir un sentiment de culpabilité. le lecteur termine ce récit en se désintéressant de ces 2 individus à cause de cette ficelle trop grosse. 3 étoiles pour un récit Crossed glauque et malsain, gâché par une explication superflue, et des dessins un peu timides.

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- Épisodes 91 & 92 - Dans une ville des États-Unis, les Crossed ont débarqué et contaminent toutes les personnes qu'ils croisent, sans oublier de les torturer. Dans un magasin de comics, 4 individus de sexe mâle (Lance, Reginald, Kit et Paulie, fans de comics de superhéros) ont réussi à se barricader, avec Leigha, une jeune artiste qui était en dédicace le jour de l'arrivée des Crossed, pour son comics féministe. Les 4 jeunes hommes ont profité de la situation pour la séquestrer, la violer à tour de rôle. S'ennuyant ferme, ils lui demandent de leur dessiner un nouveau comics, en échange de quoi, ils la traiteront plus humainement.

Pour cette deuxième histoire, le lecteur retrouve le principe d'écriture de base de Max Bemis : une idée forte sur laquelle construire un antagonisme. Il met donc en scène 4 geeks de la pire espèce, asservissant une femme à leurs désirs et à leur pulsion. German Erramouspe dessine également de manière réaliste, mais avec des contours plus vivants que ceux de Fernando Melek, des traits plus lâches, des visages plus expressifs. le lecteur se retrouve tout de suite révulsé par le comportement des 4 jeunes mâles. Comme pour le premier récit, l'artiste évite le voyeurisme, évite la nudité de Leigha (sauf dans une case), pour ne pas transformer son calvaire en spectacle.

Max Bemis se livre à une charge sans pitié sur les adolescents attardés, bas du front, incapables de considérer la moitié de l'espèce humaine (les femmes) comme des êtres humains à part entière, égale des hommes (enfin, en la circonstance, largement supérieure). Il met en scène d'entrée de jeu des comportements abjects et immondes. Il s'amuse à montrer comment Leigha regagne un ascendant psychologique sur ces raclures, simplement en dessinant. Il se moque des conventions de superhéros, avec une pertinence qui fait mouche, en particulier en caricaturant le concept de l'individu qui vient pour sauver les autres. Il montre également l'homophobie de ces jeunes adultes pas très futés, et la manière dont leurs convictions stupides vont voler en éclat face à la réalité.

Cette deuxième histoire s'avère à la fois plus simple et plus efficace. Les dessins sont moins propres sur eux, moins cliniques. Ils gagnent ainsi en charge émotionnelle et impact. le scénario établit dès le départ que le lecteur est en face d'individus au comportement abject, et la menace des Crossed rôde à l'extérieur. Leigha se sert de son talent artistique pour exorciser les mauvais traitements qu'elle subit et propose une histoire (dans l'histoire) qui fait éclater au grand jour l'idiotie infantile du concept de superhéros, la manière dont ce mythe du sauveur tout puissant stimule les centres de plaisir du lecteur bas du front en le confortant dans son sentiment de toute puissance imbécile. le lecteur éprouve le malaise propre aux histoires des Crossed. 4 étoiles pour une histoire viscérale, un peu mécanique par endroit, avec des dessins efficaces, mais un peu exagérés par endroit.
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