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3,97

sur 826 notes
J'avais été déçue par le dernier roman de Jeanne Benameur (Ceux qui partent) ,mais avec celui ci je retrouve avec un immense plaisir la grâce de son écriture, l'émotion qu'elle génère et la profondeur de ses réflexions.
Ici,le rythme est lent. Il offre le temps qui apaise, celui qui est indispensable pour vivre le présent et en comprendre le don ; pour s'en nourrir et oser le regard intérieur; Pour oser également caresser ses blessures ; Pour revisiter leur histoire, revenir à l'instant sans se soucier du lendemain.
L'histoire est celle de Simon, psychanalyste qui après une vie dédiée à l'écoute pour réparer les " fêlures" décide de s'engager vers " une vie désencombrée à défaut de nouvelle". Pour cela il a besoin de partir réellement, géographiquement. Il prend un aller simple pour les îles Yaeyama au Japon.
Le lieu et les personnes qui vont l'accueillir ont quelque chose de magique, peut-être parce ce que tout est offert dans la simplicité, l'authenticité et le respect. Ce rapport à ses hôtes va le conduire à accepter sa vulnérabilité et à oser la prendre en compte pour la vivre pleinement et peut-être , la dépasser. J.Benameur crée une atmosphère d'une très belle sensibilité et sensualité pour aborder avec tact et intelligence les blessures de l'âme mais aussi la beauté de l'amour,de l'amitié,des rencontres uniques qui marquent à jamais une vie. Si la parole est importante,les silences le sont tout autant. Les gestes et les regards aussi. le symbolisme des objets,des couleurs,des éléments naturels sont autant d'éléments qui contribuent eux aussi à cette quête presque initiatique de Simon . L'émotion qui se dégage de Simon et de tous les personnages qui composent ce roman est véritablement contagieuse !
La Patience des traces est un joli coup de coeur.
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Comme toujours, élégance, délicatesse et poésie rendent les livres de J.Benameur si singuliers. Un psychanalyste, Simon Lhumain(quel nom!) alors qu'il brise un bol , ressent le besoin d'enfin se faire face, lui qui n'a fait qu'écouter les autres pendant de si longues années.
Pour ce faire, il lui faut s'éloigner loin, très loin, ce sera dans les îles Yaeyama au large du Japon. Là seul avec des hôtes très discrets il part à la recherche de ses souvenirs, il a été troublé par une patiente qui un jour est partie sans un mot, pour ne plus revenir et qu'il pense avoir vue à l'aéroport. Il repense à Louise, son amour parti aussi . Il pense à Mathilde , une consoeur rencontrée il y a peu, à son ami Mathieu.
Les anciens textiles japonais sont rois chez ses hôtes, pour lui, les textes, même racine.
Peut-être trouvera -t-il ce qu'il est allé chercher ...
Ce texte est magnifique, comme son titre. C'est un bonheur de lecture que cet Actes Sud à la couverture sépia.
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Un roman sur les fractures intimes et la reconstruction, que l'art japonais du kintsugi résume à merveille.
Simon est un psychanalyste qui a consumé son existence en recueillant la détresse de ses patients (« Tant d'années à écouter le mystère de la vie. À s'en approcher. ») et s'est un peu perdu en route (« Toute sa vie passée à écouter les autres. Il n'écoute plus personne »).
Pour se retrouver, il décide d'aller au bout du monde, dans les îles japonaises de Yaeyama (« Accepter totalement l'étrangeté autour de soi »). Il y fait la rencontre d'un vieux couple de Japonais qui vit en communion avec la nature, tout entier dédié à son artisanat.
Simon peut enfin se taire et contempler. Observer la beauté qui s'offre à lui, comme cette raie Manta facétieuse ou la fascinante chorégraphie des mains sur le métier à tisser (« Avoir cette confiance dans les mais qui répètent les gestes venus de si loin » et p165). Il y puise une émotion si pure qu'elle le mène à sa propre vérité, à des blessures qu'il avait cautérisées tant bien que mal, n'ayant d'autre choix que de se consacrer à celles des autres.
Si l'évocation du triangle amoureux à l'origine des tourments de Simon m'a ennuyée, sa recherche de l'altérité et du minimalisme m'a davantage convaincue. Je pense que sa découverte a réveillé mes souvenirs d'un voyage au Pakistan où j'avais été initiée à la teinture à l'ajrak et où le spectacle d'un potier de 90 ans façonnant un vase à même le ruisseau m'avait bouleversée.
Bilan : 🌹🌹
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Dans « La patience des traces », j'ai retrouvé toute la délicatesse de Jeanne Benameur. le sujet même du roman fait ressortir toute la quintessence du style de l'écrivaine, cette plume qui sait si bien nous raconter les silences, les émotions, les êtres…
L'atmosphère de ce roman m'a littéralement envoutée.
J'ai adoré partager ces moments avec Simon, psychanalyste, le suivre en voyage vers les îles Yaeyama, lorsqu'il rencontre le vieux couple japonais Akiko et Daisuke, qu'il se promène dans leur jardin, s'installe seul au bar avec son carnet pour y noter quelques mots, écoute la voix du vieux sage Daisuke et le regarde pratiquer l'art du Kintsugi, lorsqu'ils commencent à s'apprivoiser les uns et les autres, au point que leur rencontre et leur amitié deviennent comme une évidence.

Se dégagent une poésie, une force émotionnelle en la présence de Simon et du couple de japonais. Une envie d'être à leurs côtés pour apprécier toute la douceur, leurs bienveillances, leur générosité et cette sérénité.
Ressentir l'important, l'essentiel, une reconnexion avec le monde, avec ce qui nous entoure, avec la vie, une sorte d'abandon pour mieux se ressourcer, ressentir, éprouver… vivre
L'abandon des choses inutiles, des questionnements infertiles, des technologies hyper connectées, des discours éculés ou usants, pour se reconnecter avec le vrai, le primordial, le nécessaire.

Un de ces romans dans lequel on se laisse couler lentement, doucement. Un de ces romans où chaque geste, chaque regard, chaque mot, chaque respiration, chaque silence semblent choisis, avoir leur importance. Comme si tout était au ralenti tant chaque moment est observé, remarquable, à la fois grave et léger. Tout comme l'écriture de Benameur, il y a chez les personnages comme une économie des mots et des activités pour ne se concentrer que sur l'essentiel.
Benameur ne se s'embarque pas dans de longues explications, dans des paragraphes interminables pour dépeindre les personnages, leur vie quotidienne, leur état d'esprit. Elle façonne une phrase constituée de mots subtils, exacts, purs, pour faire naitre au lecteur toute une palette d'impressions, de ressentis, d'images dans sa tête. On apprécie chaque mot, on les hume, les intériorise avec délectation.
Et ses personnages font de même durant leurs conversations et leurs activités. C'était comme s'ils étaient entrés dans un temps suspendu, un temps qui ressemble à la cérémonie du thé, la pratique du tai chi ou encore à la note suspendue du bol tibétain, dont les ondes vibratoires favorisent le lâcher-prise et l'état méditatif. Tout est intérieur mais en ayant conscience du dehors, du vol du papillon à la brise soufflant dans les cerisiers japonais en fleur qui déversent leurs pétales en confettis.

Cette écrivaine sait créer une atmosphère qui nous fait du bien, qui malgré certains sujets douloureux nous reconnecte au monde, calme les battements de nos coeurs, calme nos inquiétudes. Pour s'approcher de la quiétude. D'une paix intérieure.
Comme si on calquait notre respiration au rythme des mots, aux pas mesurés des personnages, à cette musique intérieure, jusqu'à ces silences.
Ce roman est peut-être pour moi l'un des plus beaux qu'elle ait jamais écrit, en tout cas l'un de ceux qui m'a le plus ensorcelé, oubliant tout ce qui m'entoure, ne faisait que goûter à toute la musicalité, toute la délicatesse, toute la poésie de Jeanne. Et au Japon, l'art tissu et surtout au Kintsugi.
On comprend aisément la symbolique du Kintsugi, cet art japonais consistant à réparer les objets brisés en recouvrant avec de la poudre d'or les jointures et laissant ainsi les cicatrices apparentes. C'est une lente reconstruction de l'âme et du corps. Une lente reconnexion avec nous-mêmes, notre corps. Une lente acceptation de nos douleurs intérieures et des cicatrices de la vie visibles à même la peau. Et surtout au coeur.

Jeanne Benameur nous enveloppe de toute une bulle de protection, nous guide vers tout une panoplie de possibles pour soulager nos maux, notre mal à l'âme, pour se reconstruire, renaitre plus apaisé. Par le rythme, la musicalité, des sens, les 4 éléments (la terre par Daisuke, l'eau par les larmes et la mer dans laquelle Simon se baigne ou l'eau fraiche qu'il boit, le feu par la chaleur moite de l'île, la nuit du feu sur la plage, les sources chaudes, l'air par les respirations, cette ambiance), elle nous ouvre les portes vers un voyage intérieur qui nous marque pour longtemps.

Un roman magnifique, hypnotique, tout simplement.

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La patience des traces est roman où règne un silence à la fois lourd et léger. Lourd parce que ce silence semble suspendre la vie notre héros et léger quand il semble agir comme un épurateur. En effet, Simon est un psychanalyste, si son travail ne consiste à juger ses patients dans leurs confidences, plutôt de leur permettre de se vider de toute entorse intérieure, mais pour sa propre vie l'entorse intérieure perdure depuis plusieurs années...
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« Rien que des mots,
Des mots faciles, des mots fragiles,
C'était trop beau.
Des mots magiques, des mots tactiques,
Qui sonnent faux.
Encore des mots, toujours des mots ».

Des paroles, qui s'envolent, et la voix, de Dalida.
Comme ce bol, qui tombe au sol, et la soie, qui le guida.
L'émotion des mots, l'émoi de les dire, et moi ?
Emu je fus, à la lecture de ce petit roman de Jeanne Benameur.
Etonnante, l'association de ces deux mots, Jeanne Benameur, aucune lettre ne descend, quatre e, trois n, à létal du marché de Padipado, il y aurait-il un anagramme ?
Ame enrubannée j. L'âme enrubannée gît.
Et la patience des traces, une contrepèterie ? La science des patrasses.
Patrasse, en patois provençal, haillon.
Il n'y a jamais de hasard, les mots résonnent, des rubans de haillons, vraiment de quoi faire gésir l'âme !
C'est pourquoi le tissu est au coeur du livre, il se livre, il cache, il découvre, il suggère, il enveloppe, il réchauffe, le corps et l'âme.

Vous êtes encore là ? Pas las, j'espère, si je vous perds, j'ai les nerfs, hélas !

Revenons au bol, maladresse, la chute le casse, éclatement des souvenirs, les étapes de la vie qui ressurgissent, pas d'bol !
Surtout que c'est celle d'un analyste, psy pour les intimes, il va donc la disséquer sa vie, le Simon.
Revenons au livre, non, pas au contenu, au contenant. Facile à tenir, j'aime le petit format de chez Actes Sud, de la hauteur, mais peu de largeur, les lignes ont peu de mots, les yeux n'ont pas besoin de se fatiguer, ça se lit sans faire d'effort, le confort du lecteur, j'apprécie cet effort.
La couverture est presque floue, on y devine des fleurs sur une branche d'arbre, on imagine un rose éclatant, et pourtant c'est sépia. L'évocation du passé, c'est sûr, un passé composé, mais y a des morceaux à recoller, un passé décomposé, tout à recomposer.
Louise et Mathieu, ses amis, vont s'en occuper, de la psychanalyse, et Lucie, la patiente, qui cherche son moi en s'allongeant sur le canapé, mais qui n'en a plus de patience, et disparaît, sans crier gare. Car, des années plus tard, ce n'est pas en train qu'elle part, mais en avion, et Simon la croise dans l'aéroport, lui en partance pour le Japon, il se met enfin en vacance, un choix assumé, ni bon ni mauvais, juste nippon.
Il n'y a jamais de hasard, le destin est écrit, le festin est décrit, parfois des crimes, et ça qui ment.
N'allez pas croire qu'ils vont se retrouver sur cet archipel, qui appelle, îles Yaeyama, y a il, bien sûr, mais elle, y a pas.
Non, il est seul, mais avec sa conscience, qui l'accompagne au bout du monde, au pays du soleil levant, la science des patrasses, son âme est en haillons, la patience des traces, il en faudra, pour maîtriser les souvenirs, et faire disparaître ces empreintes que nulle neige ne peut recouvrir.
Là-bas, c'est tropique, du Cancer, le panier de crabes en pince pour sa mémoire, et il s'en pose des questions, mais ses hôtes, des petits vieux très charmants, vont apaiser ses tourments.
Lui est céramiste, il répare les objets brisés, mince, Simon n'a pas emporté les morceaux, c'est pas d'bol. Mais il cicatrise les blessures d'âme, avec sourire et silence, car les paroles s'envolent, mais les regards figent les souvenirs hagards.
Elle, collectionne les tissus anciens, et en toutes sortes d'étoffes, taille la douce soie et restaure les couleurs des sentiments, cachés par les stores occultes. C'est dans les voilages qu'on voit l'âge, et qu'on enveloppe les tissus de chair.

Jeanne Benameur distille les phrases, instille les émotions, d'une respiration tranquille mais sans en avoir l'air, avec adresse et délicatesse.

« La chute c'est fertile, la rupture crée.

La parole vraie, celle qui s'origine vraiment au plus profond de soi.

La rage, c'est de ne pas réussir à aimer ce qu'on désire.

L'âme, c'est un mouvement. Fugace. On l'atteint quand tout de notre être s'unifie pour pouvoir, dans un élan, se mêler enfin à tout ce qui n'est pas nous. »

Fugace, comme le saut de la raie Manta, qui prend le risque de quitter son eau pour sortir de son élément.
« L'élan qui rassemble tout », et qui permet « d'éclairer, un peu, chaque fois, l'obscur de notre vie ».

Une femme qui écrit la vie d'un homme, c'est émouvant.
Silence, ambiance, suggestion, réparation.
Des mots fragiles, des mots magiques, c'était trop beau.
Un style élégant et concis, avec récit et dialogues réunis, une unité dans l'espace et le temps.
L'âme enrubannée gît.
Un grand merci pour ce petit moment.
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Simon est psychanalyste dans une ville de bord de mer en France. Il est reconnu et expérimenté et son planning bien chargé. Il décide , alors qu'il casse un bol, de partir sur un coup de tête au Japon, pour faire le vide et prendre du temps pour lui. Il ne va pas à Tokyo, mais sur de petites îles paisibles de Yaeyama au sud du pays où le calme et la sérénité sont partout. Il loge chez un vieux couple, Ito collectionneuse de tissu ancien, qui parle miraculeusement français et Daisutke, céramiste. Grâce à eux, il va pouvoir découvrir ces arts séculaires et pouvoir faire une introspection pour résoudre une énigme de sa vie.

Parfois le première impression ne se prolonge pas. Ainsi j'ai trouvé la forme soit l'écriture poétique, le rythme rapide. Cela a facilité ma lecture du roman, mais je n'ai pas été touché par Simon et son introspection.
Lorsque j'ai choisi ce livre, j'avais une envie de Japon. N'ayant pas trouvé à la médiathèque d'auteurs ou de roman japonais dont j'avais envie, je me suis rappelée que je devais lire une oeuvre de Jeanne Benameur pour le challenge Solidaire. Celui-ci, en plus se déroulant au Japon, pouvait donc constituer une parfaite adéquation. Mais finalement, j'ai été déçue du manque de descriptions des lieux, de ne pas aller plus en profondeur dans la culture japonaise, alors même qu'Ito et Daisutke livre à Simon de très nombreux secrets culturels, peut-être trop facilement d'ailleurs.
J'étais heureuse de retrouver ici l'art du Kintsugi, que j'ai découvert cette année aux jardins de Chaumont sur Loire. Cette technique consiste à réparer avec de l'or les fêlures d'une céramique, l'enrichissant et l'embellissant de cette expérience. J'aurai aimé que l'image et le parallèle avec le travail introspectif de Simon soit plus franc, plus poussé aussi. Il m'a semblé n'être que suggérer, mais peut-être comme le travail du psychanalyste, tout en suggestion pour que la personne en analyse fasse sa propre découverte.
Et finalement je n'ai pas beaucoup apprécié le personnage de Simon, ni ses failles et fêlures. Je l'ai trouvé très égocentré. Mais sans doute attendais-je autre chose de ce personnage et de cette histoire.
C'est donc une déception où je me suis souvent ennuyée. Heureusement que le roman était court.
J'ai depuis trouvé quel serait mon prochain roman japonais qui attend sagement son tour durant l'été.


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Le 4ème de couverture résume bien le livre. Avec Simon, on part au Japon, plus précisément pour les îles subtropicales de Yaeyama. Il nous entraîne dans sa quête de soi. Psychanalyste, tant qu'il était en activité tout allait bien. Il ne laissait personne rentrer dans son intimité. Il ne s'attardait pas sur ses ressentis, sur lui.

Suite à un bête incident, il casse un bol auquel il tenait comme à la prunelle de ses yeux, il décide d'arrêter la psychanalyse et de partir en voyage. Il demande à un de ses amis de lui trouver un endroit lointain, calme, serein où il pourra « se retrouver ».

Il se rend chez Akilo et Daisuke, couple extraordinaire, chaleureux, tenant trois maisons d'hôtes qui vont l'accueillir comme le fils qu'ils n'ont pu avoir. C'est exactement le lieu qui convient à Simon pour renouer avec lui-même et s'ouvrir aux autres.

Alors que tout était gris chez lui, là il redécouvre la beauté des couleurs. Il découvre la réparation. Il découvre la sérénité, la plénitude.
J'ai aimé l'atmosphère de ce livre, la douceur qu'il en émane, la beauté des paysages, la reconstruction, petit à petit, de Simon.

Je doute qu'un tel endroit puisse exister, mais pourquoi pas après tout. A force de se méfier de tout et de tous, de se fermer sur soi-même, on ne discerne plus la sincérité et la beauté qui peuvent nous entourer. Ou peut-être ne cherchons-nous pas assez ?

Un petit moment de douceur et de bonheur.
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Il suffit d'un bol qui vous glisse entre les mains. Et l'histoire ancienne resurgit, harponne.
La mémoire qui vous rattrape. La nostalgie.
« Il sait si bien la reconnaître chez chacun de ses patients. On y arrive toujours, au paradis perdu. Combien de pas faut-il et quel épuisement pour enfin comprendre. »
Pour Simon Lhumain, psychanalyste, il est venu le temps de désencombrer sa vie.
Parce que c'est le moment.
Le temps d'une pause, une coupure.
La vie qui va, une autre qui vient, qui se présente, à saisir...pas une vie nouvelle, comme il le dit lui-même, il trouve ça un peu niais même. À la confluence de ses chemins de vies, il décide d'emprunter celui qui lui permettra de se confronter à son passé.
Un analyste qui, à son tour, à l'instar de ses patients, va chercher l'écoute au pays du soleil levant. Point de divan. Mais un décor qui amène à la paix. Et un couple bienveillant et adorable.
« Retrouver l'état sauvage d'avant l'alphabet. Ce moment où la pensée sait, d'un savoir archaïque, qu'elle est du corps. Avant tout du corps. Il est en train d'en faire l'expérience. Et il éprouve par son propre corps ce que c'est. Un état précieux. Celui d'avant toute chose désirée. La matrice de tous les désirs, elle est là. »
Jeanne Benameur a l'art de distiller, de captiver, de donner l'envie de découvrir, de comprendre, de dénouer les intrigues subtilement évoquée. J'ai imaginé des réponses, le livre ouvert, le regard ailleurs, perdu, attiré par ces paysages maritimes et artistiques dans lesquels Jeanne Benameur nous convie, nous lecteurs. du grand art !
Embarquée. Harponnée.
Une lecture tout en délicatesse, apaisante, lumineuse.
À savourer.
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Le dernier roman de Jeanne Benameur conduit à l'introspection et à l'apaisement.

Simon a l'habitude de s'intéresser au subconscient, c'est même son métier, il est psychanalyste, mais ces dernières années, il s'est plus consacré aux autres qu'à lui-même.

Simon prend son café du matin toujours dans le même bol, souvenir d'un ami d'enfance et de sa mère, bol devant lequel il rêve encore et réfléchit déjà.

Mais, un jour, ce bol tombe et se brise en deux parties inégales. Ce qui pourrait paraître anodin va jouer comme un élément déclencheur.

A partir de ce moment, tout va changer. Simon va éprouver le besoin de faire une pause dans l'écoute, mais aussi dans la parole. A travers les silences, dans une magnifique retraite dans les îles subtropicales de Yaeyama au Japon, il va chercher à mieux comprendre sa vie et à se reconstruire.

J'ai aimé le fil conducteur : l'importance du langage.
« Ecouter et parler n'est-ce pas ce qui rend humain chaque être ? »

J'ai aimé ce voyage au Japon.
L'art japonais est présenté dans sa beauté épurée au milieu d'une nature luxuriante. Jeanne Benameur nous donne envie de posséder des tissus bingata, une spécialité des îles Okinawa, et des céramiques réparées avec la technique du kintsugi, la jointure par l'or.

J'ai aimé l'écriture.
Chaque mot est choisi, dans une très belle sonorité, avec des temps de silence.
« Les tissus cousus.
La céramique cousue.
Et lui, la bouche cousue ? Où le fil d'or ? »

J'ai aimé la morale de fin.
« Maintenant seulement il comprend le magnifique saut de la raie Manta.
Trouver l'élan qui fait prendre le risque de quitter son eau.
L'élan qui rassemble tout.
Il n'y a pas d'autres façons de conquérir, un à un, chaque instant d'âme.
Et d'éclairer, un peu, chaque fois, l'obscur de notre vie ».

Au-delà de ces quelques éléments, j'ai aimé tout ce roman.
Je ne peux donc que vous conseiller de suivre les chemin et cheminement de la patience des traces !
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