Deux mondes les séparent. Celui de mademoiselle Solange, l'institutrice, monde de la connaissance, et celui de la Varienne, la demeurée, aux lèvres balbutiantes . Le monde des mots et de l'expression face à celui du silence de l'esprit inculte. Entre les deux, Luce, la fille de la Varienne, que l'institutrice voudrait faire accéder à son monde. Mais Luce ne peut trahir le monde maternel , elle se mure dans le silence apparent de l'ignorance. Un simple mouchoir de batiste brodé à son nom, fera éclore le sourire de Mademoiselle Solange au seuil de sa mort et rendra vivants les mots enseignés si longtemps contenus chez Luce. En peu de pages Jeanne Benameur touche à l'intime avec pudeur et poésie.
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C'est l'histoire de grandes personnes, qui comme des papillons de nuit se brûlent à l'incandescence d'une enfant.
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Ouch ! Je viens de terminer ce livre, et j'en ai le souffle coupé. Paradoxalement, j'ai eu du mal à y entrer. Dans les commencements ces phrases courtes, abruptes, pour dire juste du quotidien, m'ont heurtées. Ce n'est qu'à la fin que j'ai compris : elles nous donnent aussi à voir la complexité du monde pour La Varienne, perdue dans son handicap.
Et puis il y a la question de la tendresse. Celle qui ne se dit pas, qui ne se montre pas, et pourtant si présente, viscérale. Un amour primaire, premier. Animal ? Non, puisqu'un animal apprend aussi le détachement à son petit.
La pensée m'a traversée : ces deux-là sont enfermées, destinées à vivre éternellement de compagnie, non à cause de la déficience mais de par le regard posé sur elles dans le village. Et j'en tremblais pour l'enfant.
Puis vient l'école. Vient surtout une enseignante qui devine, pressent l'étincelle derrière le refus, et qui s'obstine. La libération par le savoir ? Tiens, tout devient plus convenu, plus facile à lire.
Je n'en dirai pas plus, pour ne pas "spoiler", mais non, pas si simple. Une vie pour une vie ?
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