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4,03

sur 875 notes
Il fallait toute la poésie des mots de Jeanne Benameur pour lire ce petit livre sur la différence et accepter toutes ces injustices de notre monde moderne qui parle d'insertion de réinsertion d'intégration d'adaptation... L'amour est très fort dans cette histoire et les demeuré(e)s ne sont peut être pas ceux qu'on croit.... Et si on acceptait d'être tolérants avec des gens qui ne sont pas dans la norme et si on les laissait vivre comme ils veulent à partir du moment où ils sont autonomes ? Au nom de quoi impose t-on une norme ?


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On l'appelle " La varienne " mais plus souvent l'abrutie, la demeurée. Elle, c'est la mère. La " petite " c'est sa fille Luce. Luce est un nom, un vrai, un cri d'oiseau dans le matin, qui monte tout droit et s'oublie dans le ciel. Luce qui ne se sépare jamais de sa toute petite dent, cette dent qui la rassure de ses renflements, de ses creux, cette dent qu'elle carresse inlassablement.
Abruties, elles vivent, une lourdeur opaque dans le crâne, fleur durcie en bouton, qui fait bosse. Elles dorment dans le même grand lit. La petite, c'est son amour.
Entre elles, aucun dialogue ne s'installe. Car comment se faire comprendre ? Lorsque l'on s'adresse à La Varienne, elle s'agrippe à la bouche de celui qui parle. Alors ses lèvres marmonnent, imitantes et muettes. Et çà, Luce ne le supporte pas. Luce se tait. le silence entre elles deux se tisse, irrémédiablement.
Mais voilà, tout le monde l'a dit : L'école, c'est obligatoire. Et durant cette première journée de classe, l 'abrutie reste les bras ballants devant l'édifice qui lui a volé sa fille. La demeurée a longuement attendu devant la grille close. Parce qu'arrive une chose qu'elle ne connaît pas : L'absence.

Les Demeurées de Jeanne Benameur est un récit court, fort et terriblement émouvant. Une écriture d'une douceur infinie, relatant l'amour unissant deux âmes solitaires, recluses du monde qui les entoure. Entre elles, tout passe par les gestes et le regard. Les mots n'ont pas lieu d'être.
Les phrases parfois hâchées donnent encore plus de profondeur aux sentiments qu'elles éprouvent l'une pour l'autre.

Un récit remarquable et tellement bouleversant, qu'une fois cet ouvrage lu, je n'avais qu'une envie : ne plus déranger ces deux héroïnes, les laisser vivre dans la modestie d'un foyer serein, apaisant où l'amour vibre à chaque instant, loin de la folie des hommes...
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Je ne suis pas séduite par ce roman. le style me semble trop abrupt. Je ne suis pas sensible aux personnages ni à l'histoire, c'est trop distancié comme si c'était écrit sans sentiments, d'une façon mécanique un peu comme un reportage. Déception donc.
Lien : http://araucaria.20six.fr
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C'est le premier livre que je lis de Jeanne benameur, il était grand temps de remédier à cette lacune. Je commence donc par Les demeurés qui est aussi le premier livre de l'auteure pour adultes.
C'est une belle écriture, particulière, exigeante pour le lecteur. Elle demande de rentrer dans le récit sans se laisser distraire. Mais alors quelle force ! Quelle richesse !
J'ai hâte de découvrir d'autres livres de Jeanne Benameur.
Les demeurés, la mère et la fille, vivent à l'écart du village, en une sorte de symbiose étouffante où il n'y a de place pour rien.
Une institutrice sèmera une petite graine de connaissance, qu'elle paiera de sa vie, sans jamais savoir que cette graine a germé dans la tête de la petite.
Une histoire cruelle et douloureuse mais pourtant pleine d'espoir.
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Que dire après une telle lecture ? Que dire après toutes ces belles critiques ?
Je me contenterai de dire que c'est un livre poignant, émouvant bouleversant !
Il faut le lire et vous comprendrez ...
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Voici un livre magnifique repéré au départ pour son thème : La mise à l'écart ou l'intégration difficile de gens différents au sein d'une communauté, et la difficulté de revenir sur les étiquettes, les préjugées et les peurs de chacun pour y parvenir. Il est question dans ce livre de stigmatisation de l'idiot du village, d'isolation, d'incompréhension mutuelle, d'acceptation de l'autre.


Une institutrice pleine de bonne volonté est nommée dans un village où habitent une femme attardée mentale appelée La Varienne, et sa fille. La mère fait les ménages de quelques villageois pour vivre. Dans quelles conditions est survenue la naissance de la fille ? Comment survivent-elles toutes les deux ? La mère peut-elle s'occuper de sa fille ? La fille est-elle comme la mère ? On ne le sait pas, car elle n'est pas encore scolarisée. A son arrivée, l'institutrice décide que ça va changer : Elle prend la fille dans sa classe, bien décidée à l'instruire malgré elle, avec toute la patience et la pédagogie dont elle est capable. Elle est absolument persuadée que cette ouverture sur le monde permettra à la mère et à la fille de gagner non seulement en intelligence, mais aussi en autonomie et en contact avec la société et les gens du village, afin de s'intégrer.


Mais la mère vit l'absence de sa fille comme une rupture de sa routine rassurante et stabilisante : Elle ne comprend pas où elle part, pense qu'on la lui enlève chaque matin ou pire, qu'elle la fuit.


« Rien n'est plus semblable. Prostrée à la place de la petite, les bras serrés contre son ventre. Tout le jour. Elle ne sait pas ce qu'est l'attente. Quelque chose s'est arrêté. (…) Il arrive ce qu'elle ne connait pas : L'absence. Elle, elle ne sait pas se distraire, faire les tâches de chaque jour en rêvant, regarder parfois par la fenêtre, elle ne sait pas. Empaquetée dans l'étouffement de ce qu'elle ne peut pas comprendre, elle est demeurée. »


A chaque retour de l'école, la fille se sent rejetée par sa mère, extérieure à son monde et culpabilise d'apprendre toutes ces choses qui, loin de rendre fière sa mère d'elle, l'éloigne de plus en plus. Seuls les gestes routiniers d'antan leur servaient de communication entre elle, dans une sorte de balai quotidien bien rythmé symbolisant une entente parfaite et un amour naturel. Alors, ne sachant comment expliquer à sa mère ni comment retrouver cette entente et confiance mutuelle, la fille se rend mauvaise élève, imperméable aux leçons. L'institutrice se bat de plus belle pour lui donner des cours du soir, aller la chercher chez elle. Mais cela empire la situation entre la mère et la fille et la sensation de rejet.


Peut-ont instruire les gens malgré eux ? Doit-on imposer notre vision des choses en pensant qu'elle est la meilleure pour tout le monde ? Ou faut-il apprendre à accepter les gens tels qu'ils sont, tels qu'ils disent être heureux, quitte à accepter leur différence en les accompagnant simplement si besoin ? Difficile question pour l'institutrice de ce roman. Peut-être ces femmes finiront-elles par se comprendre ? A force de tâtonnement et d'envie, la mère et l'instit' finiront peut-être par s'accepter et apprendre l'une de l'autre…


*****

Dès les premières lignes, l'intensité et la puissance des mots et des phrases de Jeanne BENAMEUR nous saisit. Avec beaucoup d'empathie, elle nous fait ressentir, plus qu'elle ne décrit, non seulement l'état d'esprit de ses personnages, mais leur perception du monde. Elle nous permet de comprendre leurs points de vue respectifs avec force et douceur.


« Des mots charriés dans les veines. Les sons se hissent, trébuchent, tombent derrière la lèvre. Abrutie. Les eaux usées glissent du seau, éclaboussent. La conscience est pauvre. La main s'essuie au tablier de toile grossière. Abrutie. Les mots n'ont pas lieu d'être. Ils sont. »


Le lecteur se retrouve à la fois acteur et spectateur de ce microcosme. Un tout petit livre qui pèsera lourd dans votre mémoire de lecteur, et qui me donne fort envie de lire son dernier roman sur les otages !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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J'ai lu le livre. Je l'ai lu deux fois même, c'est pour dire.

À la suite, juste après l'avoir terminé une première fois quoi. Je sais pas, je fais pas souvent ça, mais là j'avais envie, ou besoin j'en sais rien.

J'ai trouvé que l'histoire était simple. Par contre, c'est vrai, c'est tellement bien écrit, tellement de mots justes, ça permet de se rendre compte à quel point derrière les gens qu'on exclue, derrière des personnes auxquelles on ne fait plus forcément attention - parce qu'elles ont tellement l'air de pas faire partie du même monde (ou parce qu'on veut pas d'eux dans le notre), que.

Que parfois, il semble y avoir encore plus de vie dans la leur que dans celle qu'on pense remplir. Ça m'a rendu triste, mais du triste positif, tu vois ou pas ?


Et surtout, j'ai eu des tortillons dans le bide à cause du fait que bien sûr, bien sûr oui, c'est à l'enfant de décider s'il veut apprendre ou pas. Ça m'a fait penser à mon petit frère quand il avait décidé de soigner les oiseaux ; des fois tu as beau tout essayer parce que tu penses avoir le rôle du sauveur et que ça fait bien pour le karma mental, des fois l'oiseau il veut pas vivre alors il se laisse crever. 



Et bien là c'est pareil, avec Madame Solange.

Et Jeanne Benameur elle éclate tout tellement avec sa plume, je jure.
Lien : https://www.instagram.com/lo..
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Grosse claque, un livre qui m'a remué comme rarement. La poésie est ici partout présente, l'auteure nous fait suivre un chemin plein de délicatesse et d'humanité. La solitude, la laideur, la beauté, l'amour, la crasse sont autant de sujets traités avec une extrême sensibilité. Les mots sont choisi avec soin et ce petit livre rentre pour moi dans mes incontournables.
C'est du lourd, du beau, du bon.
Foncez.
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J'ai aimé ce court roman et pourtant j'ai dû interrompre sa lecture vers la page 44 car comme Luce, je venais à étouffer. Jeanne Benameur réussit le tour de force de parler de la place de ceux à qui les mots manquent. La première partie du livre est une écriture du corps. Elle permet au lecteur de rentrer dans la relation fusionnelle et ô combien étouffante entre la Varienne et Luce, sa petite. A travers le récit de détails minuscules de la vie de cette enfant et de sa mère, on perçoit ce que fait le manque de mots chez un être humain et comment cela perturbe la relation aux autres mais aussi à soi-même.Dans ma seconde plongée dans le roman, c'est-à-dire de la page 44 à la fin, on remonte tout comme Luce à la surface, l'air devient respirable car les mots font leurs chemins sur des fils de couleurs et dans la tête de la petite.
J'ai aimé ce livre parce que j'ai fait un bout de chemin avec la Varienne et Luce même s'il n'a pas été de tout repos, un peu comme Solange qui elle y a laissé sa santé et puis sa vie.
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L'idiot du village, cette personne impossible à comprendre, mais que l'on accepte avec un sourire en coin sur les lèvres. Jeanne Benameur s'en saisit au féminin, et y insère la problématique de l'enseignement : comment faire une place à l'école du village à la fille de la Varienne, cette simplette vivant à l'écart de la société ; exclue parce qu'elle est ignorante ; ou pour reprendre les termes de l'auteure, parce qu'elle est « demeurée » ?

« A l'abrutie, il manque de joindre.
Rien n'est assez puissant pour faire aller le geste jusqu'à l'objet, l'esprit jusqu'à l'image. le temps n'y fera rien. La mère et la fille, l'une dedans, l'autre dehors, sont des disjointes du monde. » L'auteure utilise volontiers l'onirisme pour placer cette histoire de duo mère- fille dans un genre d'univers parallèle où l'on vit dans le silence, se comprenant par les gestes et les regards. Nul besoin de savoir pour construire et entretenir un lien fusionnel entre la mère et son enfant, vivant heureuses à l'orée de la société.

« Elle demeure. Abrutie comme sa mère. Aimante et désolée. » Luce vit. Elle se contente d'un quotidien simple, composé de repas et de moments partagés avec sa mère. Pourquoi devrait-on la sortir de cet environnement contenant et suffisant ? C'est qu'en France, l'obligation scolaire est inscrite dans l'institution depuis la loi Jules Ferry de 1882...

« Mademoiselle Solange soupçonne qu'au fond de la tête de cette enfant se niche une dureté têtue, une obstination qu'il s'agirait de vaincre. Luce n'apprend rien. Luce ne retient rien. Elle fait montre d'une faculté d'oubli très rare : un don d'ignorance. » Une nouvelle institutrice arrive et elle n'a qu'une idée : faire respecter cette obligation scolaire. Alors elle va venir chez La Varienne, lui « enlever » Luce, parce que c'est la loi, revenir la chercher quand elle ne paraît pas ; persuadée qu'elle va pouvoir en quelque sorte « guérir » la petite de son ignorance.

Au final, un roman court et éthéré, qui soulève la question de l'inclusion des personnes handicapées dans notre société. Des phrases courtes dans des paragraphes réduits au strict minimum, comme s'ils représentaient quantitativement les possibilités mentales de ces deux femmes. Un récit sensible, bref, trop bref, qui touche le coeur. Direct.
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