Vivre avec les loups dans une société où l'on se doit d'avoir un avis tranché sur toute question n'est pas une sinécure. Et la réponse à ce voeu de terre partagée entre humanis et lupus est à choix multiples.
J'avoue partager, comme Jean-Michel Bertrand, l'auteur de ce magnifique documentaire, qui sortira prochainement au cinéma, une fascination pour le loup. Et si je refuse d'entendre ses détracteurs, je comprends ses réfractaires.
Ce magnifique ouvrage, illustré d'images d'exception sur le territoire des prédateurs, ces montagnes majestueuses, offre un espace de parole à tous les acteurs en quête de solutions pour assurer la cohabitation inéluctable entre Loups et pastoralisme.
J'ai énormément apprécié de trouver une analyse poussée de ces questions, jusqu'à découvrir les paradoxes des solutions que j'imaginais parfaites. le chien de berger, ce gros chien patou de mon enfance télévisée dans Belle et Sébastien, assure une garde efficace des animaux qu'il surveille. Mais il lui faudra 3 ans de formation intensive pour connaître son métier, une croissance dès la naissance au milieu du troupeau pour s'assimiler aux bêtes, et surtout des croquettes !
"Le paradoxe de la croquette
Les chiens restent un des outils les plus pertinents pour parer aux attaques du loup mais ce n'est pas sans contrainte, difficulté, voire incohérence. En dehors des éventuels problèmes avec les randonneurs, il faut aussi prendre en compte l'instinct de chasse des chiens de protection et les dégâts causés à la faune sauvage sur les marmottes, cabris de chamois, lièvres, tétras, etc. Car «les chiens ne se contentent pas seulement de croquettes », comme le font remarquer Joseph et Olivier, éleveurs et bergers en Drôme provençale. Ces fameuses croquettes « fabriquées en Bulgarie, qu'on se fait livrer en hélicoptère par palettes entières, pour nourrir dans toutes les Alpes quelque 7000 chiens chargés de maintenir à distance un millier de loups», ironise Joseph, confronté aux incohérences du système. Comme d'autres bergers, les deux hommes cherchent un quelconque sens à cette débauche de moyens et d'énergie pour, in fine, fabriquer des merguez bio..."
Alors les hommes se soudent autour d'une organisation commune, l'organisation pour la protection des alpages (Oppal), un programme de surveillance des troupeaux qui permet à tout citoyen de venir en soutien aux éleveurs et bergers dans des zones de forte pression des loups. Une mesure solidaire offrant un répit nocturne aux bergers, comme le programme Pastoraloup.
"Faire partie de la solution qui apaise les conflits".
"Notre culture multicentenaire de domination de la nature s'incarne dans la stigmatisation du loup. Elle est la parfaite illustration de l'esprit actuel de nos sociétés et s'exprime sans discernement au travers d'avis tranchés et excessifs. Quoi qu'il en soit, le loup, inconscient des passions qu'il déchaîne encore, continue d'aller son chemin, traversant montagnes et plaines."
Merci infiniment à Babelio qui m'a permis, grace a la masse critique, de gagner ce superbe livre des éditions Salamandre, que je remercie également chaleureusement !