En 1848, immédiatement après son mariage, H. P. B. quitta le Caucase et alla en Egypte; elle voyageait avec la comtesse Kiselef. Elle visita Athènes, Smyrne et l'Asie-Mineure, et fit un premier effort pour entrer dans le Thibet, mais sans succès. En 1853, à l'époque de la visite de l'ambassade du Népaul à Londres (c'était en 1851 plutôt, d'après son propre journal), elle était à Londres, et y rencontra son Maître. De là elle alla dans l'Amérique du Sud puis par l'Océan Pacifique dans l'Inde, où elle fit un second effort inutile pour pénétrer dans le Thibet. Elle retourna en Angleterre par la Chine, le Japon et l'Amérique vers 1853. Elle fit alors un voyage aux États-Unis et dans l'Amérique centrale, et revint en Angleterre en 1855 ou 56. De là, elle retourna aux Indes par l'Egypte, et juste avant la révolte des cipayes elle fit en vain une troisième tentative pour entrer au Thibet. Ensuite elle disparaît, puis reparaît en Russie à la fin de 1858 ou au commencement de 1859.
Les phénomènes produits par les pouvoirs médianimiques de ma nièce Héléna sont souverainement curieux, étonnants, et véritablement merveilleux; mais ils ne sont pas exceptionnels, ni uniques. J'ai souvent entendu parler et souvent lu, dans les livres de spiritualisme sacré et profane, le frappant compte rendu de phénomènes semblables à ceux dont vous parlez dans votre lettre ; mais il s'agissait généralement d'incidents isolés, ou provenant de diverses sources; au lieu que tant de force concentrée en un seul individu — tout un groupe de manifestations extraordinaires émanant d'une source unique, comme dans le cas de Mme Blavatsky, — voilà certes qui est extrêmement rare et peut-être sans exemple.
La grande publicité des oeuvres inestimables de Mme Blavatsky, la diffusion des idées qu'elle a passé sa vie à apprendre et à enseigner, la croissance de la Société théosophique qu'elle a fondée d'après les ordres de son Maître et avec l'aide de son collègue, le colonel H.-S. Olcott, les écrits de jour en jour plus abondants publiés par ses disciples, — voilà sa véritable défense, voilà la justification de l'oeuvre de sa vie.
A peine âgée de dix-sept ans, Héléna Pétrovna fut mariée à un vieillard ; elle quitta précipitamment son mari en découvrant ce que c'était que le mariage, et se mit à errer dans le monde à la recherche de la science.