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EAN : 9782251449296
210 pages
Les Belles Lettres (12/04/2019)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Je suis né à Constantinople vers 950 après J.-C. Je ne connais pas le nom exact de mon père, même si je n’ignore pas que bien des hommes ont contribué, d’une manière ou d’une autre, à ma naissance. Je sais en revanche qui était ma mère : un animal (une génisse, une brebis, ou une chèvre) qui, à sa mort, a donné aux hommes sa tendre peau afin que mes nombreux pères puissent écrire à sa surface, chacun à l’aide de son stylet à la pointe de métal trempée dans une encr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comme le dit si bien l'auteure "on sait bien que les philologues ne sont jamais entièrement satisfaits et cherchent toujours par nature à atteindre la perfection" et bien là Simone Beta peut être satisfaite car son livre est parfait.

Et quelle aventure ! de sa naissance à Constantinople vers 950 après JC, de la petite bibliothèque d'un monastère de Constantinople, du fond de la malle d'un voyageur inconnu qui avait pris un bateau pour traverser la mer Égée, la mer Ionienne et l'Adriatique, puis dans la maison d'un philologue, puis dans les valises d'un humaniste qui se déplaçait continuellement à travers l'Europe, à la merci des guerres qui pendant des siècles ont bouleversé l'Europe, toujours près d'être détruit, courant toujours le risque de se retrouver perdu à jamais. Il est quand même arrivé jusqu'à nous....
C'est alors que le récit des voyages devient de plus en plus tourbillonnant, il fait le tour de la moitié de l'Europe, de l'Italie à l'Angleterre, de l'Angleterre à la Belgique (puis de nouveau en Angleterre, puis de nouveau en Belgique), de la Belgique à l'Allemagne, de l'Allemagne à l'Italie, de l'Italie à la France, de la France à l'Allemagne de nouveau, ensuite ce sera les raids napoléoniens, et ainsi de suite, cela va crescendo, d'aventures et de mésaventures racontées avec une grande vivacité dans le livre. Il sera même séparé en deux : l'anthologie de Planude et l'anthologie Palatine

Mais est-il possible qu'un manuscrit ancien puisse raconter sa propre histoire ?
Selon la codicologie, cela peut réellement arriver, du moins dans un certain sens. La forme même d'un texte, sa mise en page, l'écriture utilisée, les annotations dans ses marges, les différentes mentions de propriété, etc., sont en effet capables de "dire" beaucoup. 
Il n'en reste pas moins que dans ce cas l'expression "raconter une histoire" n'est qu'une belle métaphore, car il va sans dire que les manuscrits n'ont pas de voix. 
Ils n'en ont pas, bien sûr : mais seulement jusqu'à ce que quelqu'un, profitant des merveilleuses ressources qu'offre la littérature, ne se décide à lui en donner une. 

Et quelle littérature ! avec une rare érudition historique et philologique, à en juger par la documentation scientifique minutieuse que l'auteur résume en annexe, cela devient passionnant, on se surprend comme dans un bon roman à se demander comme tout cela va finir, on est tenu en haleine du début à la fin. 
L'auteure résume en annexe son exemplaire travail pour faire parler les manuscrits, il faut d'abord les avoir étudiés, et on sent bien qu'elle maîtrise son sujet.

On ne peut que penser en lisant ce livre qui se lit comme un roman, à d'autres ouvrages tels que L Infini dans un roseau, la Bibliomule de Cordoue, la caravane du pape (que je vais m'empresser de lire), Aldo Manuzio le Michel-Ange du livre, et bien entendu l'Anthologie grecque, qui, en 2019, est rééditée en un seul volume dans la série du Centenaire des Belles Lettres, et tant d'autres .

Et l'auteure, ou plutôt le manuscrit, de résumer : "je suis à présent une conquête destinée à durer éternellement, un bien impérissable, un "ktèma es aei", comme Thucydide a qualifié son oeuvre historique.
Et c'est justement par ces mots (si je ne vous parais pas suffisamment modeste, je vous prie de tout coeur de m'en excuser) que je voudrais à présent me qualifier moi-même : quelque chose d'éternel, qui ne mourra jamais – quelque chose qui, comme tout ce qui nous vient du monde et de la culture antique, sera toujours capable de projeter sa lumière sur notre vie de tous les jours."
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Citation Devinette (note du lecteur)
les Byzantins commencèrent à concevoir une passion toujours grandissante [...] pour les jeux de mots, j’aime à penser que le mouvement qui les poussa à composer de brèves devinettes énigmatiques en vers dans lesquelles les solutions sont des mots qui perdent progressivement leur première lettre provient de la lecture d’épigrammes énigmatiques analogues contenues en moi. Une fois qu’on a compris le truc, on peut produire une série infinie de devinettes de ce genre, comme par exemple celle-ci (que je viens juste de créer à l’instant) :

Je suis de la Syrie la ville principale,
Conquise aux Byzantins par les troupes arabes.
Sans ma première lettre, je suis un tas de choses ;
Privé de la seconde, une ferme du sud ;
Ôtez-moi la troisième, et je deviens atout ;
La quatrième en moins, tel un serpent, je siffle.

Avez-vous réussi à la résoudre ? Ou vous paraît-elle trop difficile ? (à vos réponses note du lecteur)
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Peu de gens savent en revanche que, parmi tout ce qui fut dérobé par Napoléon Bonaparte sous le prétexte qu’il s’agissait d’un dédommagement des dépenses de guerre, il y eut aussi des livres. Le texte du traité de paix n’était que trop clair : parmi les obligations auxquelles était tenu le pauvre souverain pontife, il y avait notamment « la remise des trésors artistiques et manuscrits ». [...] Cette fois, cependant, à la différence de mes précédents déplacements, la religion n’y était pour rien : la cause de mon voyage n’était ni les musulmans, ni les protestants, ni les catholiques, mais seulement l’ambition effrénée d’un homme qui se croyait destiné à dominer le monde.
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Citation Devinette 2 (note du lecteur)

Il avait du goût, Estienne, car ce ne sont pas n’importe quelles épigrammes : il s’agit de six devinettes, et toutes très amusantes. Essayez de résoudre celle-ci :
Me vois-tu, je te vois. De tes yeux tu me fixes,
Mais moi, de mes yeux, non, car des yeux je n’ai point.
Je parle si tu veux, mais sans voix, car la voix
Vient de toi ; quant à moi, mes lèvres en vain s’ouvrent.

Vous n’avez pas trouvé ? Alors je vais vous le dire : la solution (qui apparaît dans le titre de l’épigramme) est esoptron, c’est-à-dire...? (à vous de trouver - note du lecteur)
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Les Grecs eux aussi l’avaient compris : lorsqu’ils se rendirent compte qu’on pouvait se servir de ce genre particulier de compositions poétiques, né à la fin de l’époque classique, entre le Ve et le IVe siècle av. J.-C., non seulement pour décrire un objet, pour donner un nom à une statue, ou pour se souvenir d’un mort, mais aussi pour faire autre chose – comme, par exemple, exprimer des sentiments tels que l’amour et l’amitié, méditer sur la vie et sur la mort, raconter une histoire, ou encore décrire un tableau –, ils se mirent à en écrire de plus en plus, rivalisant à qui écrirait les plus précieuses ou les plus spirituelles, car on peut en dire, des choses, en peu de mots.
(à propos des épigrammes)
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Mais croyez-moi, c’est un livre qui vous le dit (et donc, je peux parler en connaissance de cause) : la littérature n’est pas faite pour demeurer cachée ! Les livres, tous les livres, doivent circuler, vivre à l’air libre ; s’ils sont enfermés, les livres meurent, car personne ne se souvient plus d’eux.
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