Déçue… c'est le premier mot qui me vient quand je pense à ce livre terminé ce matin du 29 juillet, et c'est même pire : je suis déçue d'être déçue !
En fait, j'avais lu un premier (et jusqu'à présent unique) livre de cet auteur, «
Noan », en plein milieu de ma « période romance », en novembre dernier… et même si depuis lors j'ai un peu oublié de quoi ça parlait, j'ai gardé le souvenir que j'avais adoré ! Dès lors, quand j'ai vu passer une proposition de LC pour son dernier opus, je ne pouvais qu'y participer. Mais décidément, l'enchantement n'était plus au rendez-vous…
D'emblée l'histoire est sombre, on s'y attend car on sait que l'auteur mêle habilement thriller et romance, donc ça commençait bien. Mais ça s'étire, s'étire, s'étire… et j'étais aux 30% que je ne comprenais toujours rien à rien ! Frustration… Un mystère épais entoure l'histoire de Gina, la personnage principale au féminin, et n'est dévoilé que très lentement. Trop lentement à mon goût : je n'ai pas cette patience d'attendre les révélations qui vont enfin expliquer clairement les choses, surtout que cela le brouillard ne se lève vraiment qu'à plus de la moitié du livre, et le lecteur arrive à comprendre le principal des tenants et aboutissants de l'histoire à plus de 70% de l'ebook, alors que seuls quelques rares éléments s'étaient laissés deviner. Or, si certains passages se lisent à la vitesse d'un page-turner, d'autres chapitres m'ont semblé longuets, sans intérêt. Mais surtout, j'ai eu l'impression persistante que l'histoire n'avançait pas vraiment, qu'on tournait en rond sans avancer davantage que le héros masculin, notre tenant du titre
Marko, et franchement c'est le genre de suspense pour le suspense qui m'agace au bout d'un moment. Comme son héros précité avec Gina, l'auteur souffle le chaud et le froid avec son lecteur ; hélas, si j'ai accéléré ma lecture pour en savoir plus lors des moments « chauds »… ou pour profiter des trop rares scènes un peu sensuelles ;) , je me suis ennuyée lors des moments « froids ».
Il faut dire aussi que, au fil de ces révélations qui ne sont distillées qu'au fil d'un compte-gouttes hyper-lent (et sans doute maîtrisé, mais pour le coup je n'ai pas pu l'apprécier), je n'ai pas réussi à m'attacher à certains personnages, et notamment à Gina. du début à la fin, je l'ai ressentie comme l'archétype de la « pauvre petite fille riche » : comme toutes les petites filles au monde, elle grandit dans l'environnement qu'elle connaît et ne se pose pas trop de questions sur le contexte de sa vie, car c'est sa vie point, mais l'opulence dans laquelle elle vit malgré une certaine absence d'amour fait d'elle une petite fille sûre d'elle et sans complexe, au caractère bien trempé qui ne va cesser de durcir… et qui, au fil du temps, et notamment de sa facilité dans les études, développe une espèce d'arrogance, de condescendance même par rapport aux autres, et notamment par rapport à ce
Marko qu'elle croise ici ou là, mais aussi un côté capricieux, qui n'en fait qu'à sa tête quel que soit le contexte. Sa vie semble une suite de mauvais choix qu'elle fait constamment pour de pseudo-bonnes raisons… mais quand on creuse un peu, on se rend surtout compte qu'elle passe son temps à refuser de voir la vérité vraie en face, ou de la transformer pour la rendre acceptable à ses yeux, quel que soit le prix à payer. Elle n'en reste pas moins le genre de fille que je n'aurais jamais choisi pour copine, et dont je me serais méfiée si elle s'était approchée un seul instant… et je n'ai pas réussi à ressentir de la compassion ou quoi que ce soit du genre quand elle est kidnappée et séquestrée. La situation semble trop improbable, sa fierté mal placée et ses réactions pathétiques. Oh bien sûr, je n'ai aucune idée de comment je réagirais moi-même dans une telle situation… mais il est aussi hautement improbable que ça m'arrive !
Marko est beaucoup plus intéressant, beaucoup plus vrai dans ses réactions, beaucoup plus abordable et dès lors humain. On comprend très vite que ce côté si sombre que nous vend le synopsis n'est qu'une armure, qu'il enfile néanmoins à diverses reprises avec grande conviction. Son histoire à lui nous est dévoilée beaucoup plus rapidement que celle de Gina, aussi, ce qui aide sans aucun doute à cet attachement. Dès lors, on comprend mieux ses motivations et on y adhère plus facilement quand on a réussi à les décrypter… même si certains de ses choix, qu'il a faits soi-disant par amour, continuent de poser question. J'ai un peu de mal à concevoir que l'amour puisse tout excuser, même certaines décisions extrêmes. A-t-on vraiment le droit (ou le devoir ?) de sauver l'autre malgré lui/elle, même au nom de l'amour ?...
Le tout est emballé dans une alternance de chapitres à la 1re personne du singulier donnant la parole à Gina ou à
Marko, parfois un même chapitre passe de l'un à l'autre avec juste quelques astérisques les séparent, ou bien encore un certain nombre de passages en italique nous emmènent dans leurs souvenirs personnels – dont quelques souvenirs croisés, qui offrent ainsi le regard de chacun sur des éléments communs, mais bien sûr ils ne sont alors jamais présentés à la suite l'un de l'autre. Présenté ainsi, ça semblerait presque aléatoire et déroutant, mais non, au contraire ! On sait toujours très bien qui parle, et on comprend rapidement l'alternance de ces points de vue, on fait les liens entre les différents éléments du passé, et peu à peu on comprend… sauf que, comme je le disais, l'ensemble traîne en longueur dans le mystère. Cette alternance donne indéniablement une certaine dynamique à l'histoire, dans ce style inimitable que j'avais déjà tant apprécié lors de ma première découverte de cet auteur. On déplorera quelques fautes d'orthographe – et qui ne sont pas dues à l'orthographe réformée que l'auteur cite en remerciements, ce sont bel et bien des erreurs ! – ce qui reste (hélas) un danger récurrent des autoéditions… même si j'en ai repéré quelques-unes aussi dans un autre livre que je viens de terminer, paru à compte d'éditeur celui-là ! Rien de bien grave cela dit, j'ai déjà vu tellement pire que la lecture en était rendue pénible, ce qui n'est donc pas du tout le cas ici !
Et j'ai souri d'un « régionalisme », moi à qui on peut certainement reprocher çà et là l'un ou l'autre belgicisme ;) ; Ainsi, quand on voit apparaître « minot » en plein milieu d'une phrase tout à fait correcte par ailleurs, je tique ! Oh ! je ne veux pas dire qu'utiliser un terme régional soit une erreur, au contraire ! mais ça surprend quand même… Je citeais donc « minot », mot que je n'avais jamais entendu – réellement ! - avant de le percevoir un jour dans "Plus belle la vie" (eh oui !) dans la bouche du personnage de Roland (le seul acteur local de la série, en plus !), et même s'il est aussitôt compréhensible, j'avais quand même voulu connaître sa définition exacte, voilà. ;)
Bref, pour moi ce livre ne confirme hélas pas le talent que j'avais perçu de cet auteur lors de ma lecture précédente : le côté sombre assaisonné de romance est bien présent, et continue de produire ses effets… mais ici ils sont supplantés par les longueurs, l'incompréhension persistante du roman, ce voile de mystère qui semble ne jamais vouloir se lever, et qui plombe ainsi l'impression générale.