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Devant un tel livre, le lecteur que je suis ne peut que se recroqueviller, se faire tout petit, et user de ses faibles attributs pour engager le reste des lecteurs à mettre tous les moyens nécessaires en oeuvre afin de se le procurer.
L'édition que j'ai eu la chance d'arpenter (Age d'Homme - février 2000) contient une excellente préface, évoquant juste ce qu'il faut pour entrer dans la danse, c'est-à-dire exposant le travail d'éditeur nécessaire à cette version, ainsi qu'une longue postface, étude thématique et critique de cet éblouissant chef-d'oeuvre du 20ème siècle, au niveau du « Maitre et Marguerite » de Boulgakov.
La traduction semble taillée pour durer, inutile d'en attendre une nouvelle (coucou André).
N'y voyez pas là une forme de fainéantise de ne pas s'étendre davantage sur l'infinité de qualités de ce roman, il y aurait beaucoup trop à dire… Georges Nivat a besoin de 46 pages, de 43 lignes chacune, pour en esquisser une analyse, mais sans vraiment donner le sentiment d'exhaustivité.
On pourra toujours lire l'excellente critique de 5Arabella pour en apprendre un peu plus, pendant que je regarde mes six livres « pour une île déserte » d'une autre manière… (même si je ne compte pas modifier cette liste, chaque livre représentant pour moi un jalon dans ma vie de jeune lecteur).
Et pour les moins téméraires, j'insisterai sur l'abordabilité de ce texte, à mille lieues des Joyce ou Musil au niveau de « l'engagement » demandé, mais que l'on évoque ici et là pour en situer le « niveau »…
Des étoiles comme s'il en pleuvait… Que certains de mes chers amis en gardent un peu pour ce genre de livres.
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Dans une postface à l'édition française de PETERSBOURG ( L'Âge d'Homme - 1967), le critique Georges Nivat définissait parfaitement le sentiment que le lecteur peut avoir en refermant le roman stupéfiant d'Andréi Biély : celui de quelqu'un qui «se dégage avec peine d'un prodigieux univers cérébral où quelque force maligne aurait voulu l'engluer»!
Faux-feuilleton diaboliquement orchestré, conçu et construit tout en tension de forces – comme le serait, en peinture, un tableau cubiste - , si bien que le fond figuratif de la narration semble s'éclipser assez souvent pour céder la place à des développements en lignes de fuite (à l'instar de la célèbre «perspective Nevski», l'un des motifs récurrents et obsédants du roman..), à des descriptions de l'environnement ou de la nature aux teintes surprenantes (des brouillards et des nez verdâtres...), ou encore à d'étranges figures géométriques, PETERSBOURG, il est vrai, pourrait provoquer chez le lecteur inaverti un véritable électrochoc esthétique et, le cas échéant, le rebuter, à l'instar de certaines expositions cubo-futuristes ou constructivistes de l'école russe du début du XXe siècle :
«C'étaient toujours les mêmes maisons qui s'élevaient, toujours les mêmes flots humains qui s'écoulaient, les mêmes flots gris, toujours les mêmes brouillards jaune, jaune sale, verdâtres. Des visages soucieux se hâtaient. Les trottoirs chuchotaient, bruissaient, dominés par la meute des géants de pierre, les édifices. À leur rencontre accouraient les avenues. Et la surface sphérique de la planète semblait enserrée, comme des anneaux serpentins, par les cubes noirâtres des maisons. Et le réseau des avenues parallèles, se coupant et se recoupant, multipliant surfaces et cubes, s'élargissait en mondes innombrables : un carré par habitant. »
L'action du roman, qui se déroule en une unité temporelle en apparence très resserrée (comme dans tout bon feuilleton digne de ce nom!), créera par moments également chez le lecteur une sensation de distorsion, comme si le temps avait été subitement redimensionné, étendu ou démultiplié, comme si là aussi, en définitive - ainsi que le soupçonne l'un de ses personnages-, «le réel [n'était] fait que de reflets mouvants».
Le récit s'ouvre pourtant sur le réveil, un matin, du vieux sénateur Apollon Apollonovitch, et se termine au bout d'une longue nuit convulsive (du même jour..?). Inaugurée par un bal masqué endiablé, la soirée se poursuivra pour ses protagonistes en une déambulation interminable à travers la ville de Pétersbourg, devenue miroir vivant de leurs obsessions, de leurs délires et de leurs embardées erratiques, jusqu'à ce que le point du jour vienne enfin faire tomber leurs masques. Nuit fatidique de septembre 1905, nuit de folie, de fureur et parfois de sang, vingt-quatre heures qui seront déterminantes en tout cas pour l'avenir du sénateur Apollon Appollonovitch, et de son pathétique «fiston», Nicolas Appollonovitch, jeune étudiant féru de philosophie kantienne, personnage dostoïevskien dans l'âme, à la fois «dépossédé» de lui-même, de ses origines, et «possédé par des forces occultes», emblématique par ailleurs des arrachements exaltés d'une composante progressiste et éclairée de la société aristocratique russe de l'époque qui conduiront, hélas, certains de ses meilleurs représentants à un implacable nihilisme.
Mais quelle serait en fin de compte l'origine de cette « force maligne» incontrôlable qui dans le roman semble s'emparer de la ville de Pétersbourg et de ses habitants? Avant d'investir à son tour Moscou, Woland aurait-il fait un passage surprise, incognito, dans la capitale impériale de Pierre le Grand, caché à la vue de tous, quelque part au long de la perspective Nevski?
Cette nuit fatidique de septembre, il ne faut pas l'oublier non plus, se déroule dans un contexte historique véritablement bouillonnant, celui de la première révolution russe de 1905. Biély l'aura située chronologiquement entre l'immense traumatisme laissé par le «Dimanche Rouge» (9 janvier 1905) au cours duquel les troupes impériales avaient tiré sur la foule qui marchait vers le Palais d'Hiver, et les grandes manifestations et grèves générales ayant progressivement embrasé l'Empire russe tout au long de l'année, jusqu'à la signature par le tsar du Manifeste d'Octobre 1905, un mois donc après cette nuit infernale.
L'agitation politique et les événements dramatiques de la révolution de 1905 ne seront cependant évoqués qu'indirectement, en filigrane, lointaine toile de fond dans PETERSBOURG. Ce qui intéresse Biély c'est, semble-t-il, plutôt de chercher à rattacher le domaine de l'intime, de la subjectivité et de l'inconscient de ses personnages, à la sphère du public et aux catastrophes qui s'y préfiguraient, de relier les manifestations de l'infra-personnel, de leurs «jeux cérébraux» et de leur folie, aux soubresauts de tout le peuple russe et à l'aliénation de ses classes dirigeantes, de faire passer, pour ainsi dire, en génie visionnaire, le matérialisme dialectique et le réalisme socialiste monolithiques qui allaient s'emparer de la littérature soviétique quelques années plus tard, par le minuscule chas de cauchemars irréductibles, singuliers, individuels:
"À cette époque il avait été amené à développer la théorie paradoxale d'une inévitable destruction de la culture. La période de l'humanisme attardé était terminée. L'histoire n'était plus qu'un roc effrité. C'était le début d'une époque de saine barbarie qui montait du fond populaire, qui déferlait aussi des hautes couches de la société (...) À cette époque, Doudkine avait prêché qu'il fallait brûler les bibliothèques, les universités, les musées; il avait salué la mission mongole (par la suite il avait eu peur des Mongols!)."
Toujours dans sa brillante postface au livre, Georges Nivat cite à ce propos une phrase très éloquente, extraite de la correspondance d'Andréi Biély au moment de la rédaction de PETERSBOURG (1911). L'auteur, hanté lui-même sa vie durant par des accès de folie plus ou moins importants, qu'il réussira malgré tout à dépasser à chaque fois, en grand partie selon ses propres mots, grâce à l'exercice de la littérature, écrivait ainsi à Alexandre Blok : «J'ai trouvé un réconfort dans la constatation que mon destin personnel, inhumain et abject entre 1906 et 1908, est le reflet d'une hallucination projetée sur toute la Russie».
Pour reprendre enfin une image géométrique (qui aurait certainement plu à l'auteur…), j'espère avoir réussi à vous faire ressentir qu'on ne doit surtout pas s'attendre ici à une lecture au déroulement «rectiligne»… le livre plutôt à l'enroulement spiralé de Biély est à Pétersbourg ce que le plus célèbre roman de Boulgakov serait à Moscou une vingtaine d'années après. Tout au long de ma lecture de PETERSBOURG, même si les deux livres sont au fond très divers, et que ma lecture du roman de Boulgakov commence à dater (je devrais d'ailleurs incessamment songer sous peu à le relire!!!), je n'aurai pas cessé de penser à l'immense LE MAITRE ET MARGUERITE. Voilà deux chefs-d'oeuvre, me dis-je, complètement personnels et inclassables, situés de mon point de vue bien au-delà de ce qu'une certaine critique littéraire a pris l'habitude d'appeler «prose ornementale russe»- apolitique et/ou allégorique – ce qui en l'occurrence me paraît largement insuffisant à circonscrire la portée et l'originalité de ces deux grands romans.

"Jeux cérébraux" risqués, du côté des personnages mais aussi de l'auteur qui avoue par exemple au lecteur interloqué, en avoir oublié certains en cours de route, ou bien être dans l'incapacité totale de décrire une pièce où l'un d'eux aime s'isoler… ; atmosphères inquiétantes mêlant savamment réalité et éléments oniriques, toujours à la limite du fantastique mais sans néanmoins s'y abandonner complètement ; roman galvanique, forgé dans une langue tendue et virtuose, convoquant à tour du rôle le poétique et le grotesque au travers d'images parfois aussi incongrues à première vue qu'expressives et drôlement précises en fin de compte (telles par exemple, celle de lèvres qui tressaillent comme «des pattes de grenouilles disséquées, lorsqu'elles touchent des fils électriques» ; ou bien cette pluie «impatiente de jacasser et zézayer, faisant frisotter de petites bulles froides sur les flaques glougloutantes», ou encore l'entaille provoquée par un coup de poignard dans le dos d'un personnage «s'ouvrant telle la peau lisse du porcelet en gelée servi avec du raifort» (!) - pour n'en citer que quelques occurrences...) - font de PETERSBOURG une expérience de lecture unique, envoûtante et absolument renversante, que je ne conseillerais toutefois, à l'instar de Nivat, qu'aux vrais amateurs d'univers cérébraux, prêts à s'y laisser engluer... Un pur régal!
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Au centre du récit deux hommes, un père et son fils. Apollon Apollonovitch Abléoukhov, homme d'état occupant les plus hautes fonctions (non précisées) et Nicolas Apollonovitch, étudiant en philosophie. Ce dernier a eu l'occasion de rencontrer des révolutionnaires (nous sommes en 1905) et a fait une promesse inconsidérée. Il sort en plus d'une histoire d'amour malheureuse qui le pousse à des actes inconsidérés, comme le fait de se balader déguisé, intriguant et faisant peur en ville. Les mouchards et doubles agents rôdent, rendant l'atmosphère encore plus trouble et malsaine...

Difficile de parler de ce livre tout à fait étonnant, qui a été un vrai choc pour moi. La présentation de l'éditeur évoque Joyce, moi spontanément j'ai plutôt eu Musil en tête à la lecture, mais tout cela est bien dérisoire, car Biély a son style et son univers propres, qui ne sauraient être réduits à ceux d'un autre, aussi génial soit il.

Comment définir ce style et cette écriture ? Même s'il y a un récit, une histoire qui avance vers un dénouement, le plus important est l'écriture, et une vision onirique et par moment complètement démente de la réalité. Pas seulement parce que l'un des personnages est incontestablement fou et que l'auteur plonge complètement au coeur de cette folie.

Tous les personnages sont atteints à un moment donné ou un autre d'une rupture avec le réel, leur vécu et leurs fantasmes, angoisses prennent le pas sur le monde rationnel, et le moindre petit événement peut déraper dans le sur-réel.

Par exemple, Nicolas qui a égaré une bombe programmée, l'entend à l'intérieur de son corps. Plongée dans l'inconscient, dans les désirs inassouvis et peurs irrationnelles qui remontent à très loin. Mais en même temps, la rupture n'est pas totale, et le réel revient à un moment donné se venger en quelque sorte, et dans le déroulement du récit, l'auteur garde un pied dans le rationnel, on peut parfaitement faire un résumé factuel de ce qui se passe, ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui sont irréels ou déments, mais plutôt la façon dont certains personnages les vivent à un moment donné. du coup, cela crée, à mon avis, un vrai sentiment d'angoisse, puisque ce basculement dans un vécu délirant est finalement possible pour tout le monde dans certaines circonstances.

Un livre dérangeant et troublant, à l'écriture vertigineuse. Néanmoins j'avoue que j'ai été mal à l'aise dans certains passages, l'auteur évoque le basculement dans la folie d'une façon tellement réussie, que j'ai été carrément angoissée par cet univers. Une lecture qui demande une grande disponibilité, et dans laquelle il faut être prêt à abandonner ses repères ; à ses risques et périls.
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Pétersbourg (1912)
Andréï Biély (1880- 1935), né et mort à Moscou.

Nous sommes en plein contexte révolutionnaire, Pétersbourg est au coeur de la tourmente, c'est là que se concentrent toutes les spéculations tellement hétérogènes, antagonistes, la ville impériale s'est à peine relevée de sa première semonce quelques années plus tôt ; ses eaux (la Venise du Nord ) synonymes de brouillard quand elles sont invisibles (quand les touristes la désertent) ; ses centaines de palais impériaux font la gueule, il y a comme un air de frémissement dans la population pour les uns et un ton désenchanté pour les autres avec toutes ces escouades de forte inquiétude. Son prolétariat incrédule se retrousse les manches et espère une vraie revanche sur le sort, on ne voit qu'imperceptiblement le bout des cheminées d'usine qui arrivent à s'extraire de cette pesanteur impressionnante. Les nasaux des chevaux consubstantiels à la ville éternuent, le bruit des sabots se fait intimidant ! Et rien que ces eaux sombres pour fixer le décor du "Grand soir" seront vues d'une autre couleur dans la conscience collective, soyons clairs, rutilantes, mais trève de confusion et d'impatience morbide, j'ai plus précis en magasin puisque ce sera vu de visu par Biély le grand poète russe de manière simple pour décrire une situation invraisemblable ! Quelque chose d'intimiste comme le brouillard entoure Pétersbourg va de sa particularité animer son écriture !


"Le brouillard mutile les flèches des églises, les renverse ou les fait voguer. Les îles s'enfoncent. Et pour les hommes, tout n'est que jeu cérébral ".
Pétersbourg, véritable kaléidoscope d'une époque exceptionnelle, elle est pour l'auteur une révélation, un songe. Pour le lecteur, cette oeuvre semble être une hallucination, une névrose. Elle est surtout une vision poétique et anarchiste de fin du monde. le pressentiment de la catastrophe est imminent ; elle est le signe avant-coureur d'un véritable bouleversement du corps et de l'âme. Ce roman de 1912 est la grande oeuvre en prose du poète Biély, de son vrai nom Boris Nicolaliévitch Bougaïev né à Moscou en 1880. Cette ville impériale qui fut fondée par Pierre le grand sur les marécages , sera, était ouverte, tournée vers l'Occident, et pour l'avoir été, elle va être le creuset de la révolte et le signe prémonitoire de tous les embrasements sociaux. L'auteur brillant sera le témoin d'un monde à la fois fantastique et désenchanté !..

Puisque c'est un roman, Pétersbourg se présente par les germes qu'elle porte en début de siècle dernier comme je l'ai décrite plus haut. Nombre d'intellectuels étaient des nantis sans aucune empathie, de nature, pour le peuple : ils ont trouvé assez rapidement plus commode de le caresser dans le sens du poil pour penser à sa place ; ils étaient prêts à tuer père et mère pour leurs idéaux anarchistes , naturellement en opposition à leurs pères conservateurs. Les socialistes révolutionnaires se sont dits en tout cas que seuls la radicalité et le terrorisme étaient l'unique voie pour se faire entendre. C'est en ces termes conjoncturels qu'une mission via une organisation nihiliste s'abat sur un jeune étudiant de bonne famille sensible à ces idées ambiantes ; elle a de quoi choquer vous en conviendrez : à coup de bombe placée dans une boîte de sardines (*) il doit tuer le père, acteur au sommet des affaires de l'Etat impérial. C'est comme du Biély mais c'est plus sur le père que vaut la comparaison ! Et comme dans un roman bien fait, tout évidemment ne va pas se passer comme prévu, je n'ose dire les choses à cet instant car ce serait révéler la trame de ce récit qui n'est pas pressé d'ailleurs puisqu'on a à la lecture qu'un autre protagoniste occupe la scène largement, c'est Pétersbourg ! J'ajouterai juste que c'est l'option Biély qui va s'emparer du politique que tout écoeure, avec des effets fantastiques !..

Attention c'est un grand roman, qui n'a pas encore trouvé sa place de choix dans la littérature russe du 20 e siècle, mais qui le mérite largement .. vraiment. Tourgueniev nous avait déjà donné un avant-goût de cette jeunesse illuminée qu'il avait su apprivoiser avec vision, sans pour autant en épouser les thèmes, mais en tant qu' homme brillant et cultivé, il avait su magistralement faire un bout de chemin avec ces apprentis de la terreur avec l'empathie qu'on lui connaît. Bien sûr ici, une histoire amoureuse va se greffer dans le récit -c'est un roman - mais qui semble plus ne pas résister à l'hystérie collective qu'à autre chose qui va gagner les esprits russes pour aboutir aux grands bouleversements que l'on sait, mais après combien d'attente ! Je pense aussi au Divin et à l'Humain de Tolstoï. Probablement Biély qui avait un respect absolu pour ces grands auteurs ainsi que d'autres eut à coeur d'y apporter témoignages et suppléments d'âme dans l'esprit de ses illustre aînés en concoctant son Pétersbourg. : il y a réussi !

(*) Plutôt la boîte 1/1 que les extra-plates de Douarnenez et néanmoins délicieuses.
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Le père ,haut fonctionnaire d'une administration momifiée , le fils étudiant , amoureux transi , fomentant son assassinat avec de mystérieux révolutionnaires . Leur relation d'amour-haine . Et surtout Pétersbourg en 1905 ,personnage central , ses palais glacés de brouillards , aux statues qui s'animent quand se lève la lune , ses bas-quartiers crasseux où grouillent les haines et les cafards , la Néva ,ses ponts hantés de masques à la Ensor , où déferlent les manifestations. Biely unit les tourments individuels , les folies personnelles et le maelström révolutionnaire en gestation dans un récit fiévreux scandé par le tic-tac angoissant de la catastrophe qui vient. On passe du tragique au grotesque , de la description poétique au délire hallucinatoire . Un très grand roman qui par bien des points m'a rappelé « Les démons » de Dostoievski .
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Et Nikolaï Apollonovitch Abléoukov, l'aspirant anar', s'apprête à tuer son père sénateur – il tient d'ailleurs la bombe dans sa chambre, prête, va d'un point à l'autre de Pétersbourg traîner son amour, sa hargne, son ennui, sa culpabilité et les conséquences d'une promesse trop hâtives... Et puis les voix de tout les comploteurs, et la vision halluciné d'une ville juste avant la révolution d'Octobre. Ce roman n'est pas un roman historique au sens où il n'est pas composé de leurs traditionnels grands mouvements, d'un récit événementiel ample mais d'un fourmillement ; c'est plutôt une danse macabre, une Nef des fous qui plus que jamais, moderne, à su sentir et donner le ton de son époque.
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Hypnotique, déroutant, vague sensation d'apesanteur en me remémorant la lecture de ce chef d'oeuvre. Comme un mauvais rêve incompréhensible qui se perd à l'aube. Politique et histoire entremêlées pour initiés et certainement géographie sensible d'une capitale des lettres, de la vie intellectuelle de la Russie, prémisses du grand basculement. Déambuler dans les rues assombries, le long des canaux embrumés. Sensation d'étrangeté et de malaise confus… à relire ?
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