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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Préférence système est un roman graphique, à la fois visionnaire, cruel, humaniste et poétique, signé Ugo Bienvenu.
Étant encore plutôt novice en matière de BD, très timoré en matière de récit d'anticipation, je suis venu vers cette histoire avec quelques hésitations. Je ne regrette pas ce choix car le plaisir fut au rendez-vous.
Imaginez un monde sous la dictature du superficiel... Imaginez un monde où la culture disparaitrait sous l'effet du trop plein d'information et de stockage... Imaginez un monde qui traque, menace celles et ceux qui s'indignent de cela, veulent outrepasser cette loi...
Préférence système est bien plus qu'un récit d'anticipation. C'est un récit d'initiation, d'éducation qui nous parle d'un monde où la mémoire se perd et nous questionne avec intelligence sur le sens d'une telle dérive.
Ici il est question aussi de parentalité, de transmission, c'est un magnifique thème traité avec sensibilité et originalité.
Nous sommes dans le Paris futuriste des années cinquante, c'est-à-dire 2050 et les années suivantes. Pas si futuriste que cela quand on y réfléchit un peu... Alors le récit devient glaçant comme si ce futur improbable nous apparaissait brusquement dans un présent cyniquement évident.
C'est un monde saturé de données, il faut libérer sans cesse de l'espace pour le buzz, les selfies, l'information de masse, tout ce qui est futile, éphémère, abrutit les cerveaux et les âmes.
Alors, c'est un monde où certaines oeuvres d'art délaissées par le public sont condamnées à disparaître, être purgées : ainsi par exemple le fabuleux 2001 l'Odyssée de l'espace, mais aussi des oeuvres théâtrales, romanesques, poétiques que plus personne ne lit désormais. Ainsi il s'agit de faire disparaître Alfred de Musset, Victor Hugo, ou bien Stanley Kubrick pour libérer de la place sur un espace de stockage saturé.
Vous l'aurez compris : nous sommes à quelques encablures, à peine, d'un tel monde...
Un des employés en charge de cette élimination s'appelle Yves Mathon. En toute illégalité, il décide de sauver les oeuvres qu'il chérit pour les copier dans la mémoire du robot domestique Mikki. Sa femme Emmy semble inquiète de cette prise de risque. C'est un monde où transgresser est très dangereux. Des robots enquêteurs Dupont et Dupond, aussi ridicules qu'inquiétants, vont commencer à fouiner et repérer les agissements d'Yves.
Le couple va devoir fuir loin, très loin à la campagne, avec le robot familial qui porte aussi leur enfant, une petite fille qu'Yves et Emmy ont déjà prénommée Isi. S'ensuit alors une seconde partie qui m'a emporté dans des pages où l'action se mêle à des émotions fortes. C'est une sorte d'ode à la nature, au voyage et à la poésie.
Il y a quelque chose dans le graphisme qui tient du pop art. On peut aimer ou ne pas aimer cet esthétisme, il n'empêche qu'il sert totalement l'histoire.
Ici les juges censeurs sont sans visage et font froid dans le dos.
Cette oeuvre m'a fait penser à Farenheit 451.
J'ai aimé ce dialogue entre Yves et Mikki, évoquant la différence entre l'être humain et le robot, l'androïde évoquant avec admiration notre capacité à savoir nous émouvoir. C'est touchant.
Sans dévoiler la fin du récit, il y a quelque chose de touchant aussi lorsque le robot Mikki fait apprendre par coeur à Isi, qui grandit à ses côtés, des poèmes et des chansons, au cas où, on ne sait jamais, il devait disparaître à son tour.
Par coeur... cette expression n'a jamais été aussi à propos pour dire combien la transmission est quelque chose de beau...
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En 2050, le cloud est saturé. Yves est en charge d’éliminer des fichiers pour permettre à chacun de continuer à poster ses photos de vacances. Mais il ne peut se résoudre à supprimer des oeuvres intemporelles et contrevient aux ordres qui lui sont donnés, ce qui va attirer sur lui et sa famille les foudres de sa hiérarchie...Un roman graphique captivant, inquiétant et humaniste, qui questionne beaucoup sur un avenir pas si lointain et aborde une nouvelle forme de parentalité. Le dessin façon pop art, très froid, est en parfaite adéquation avec l'histoire. Une vraie réussite !
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On avait découvert Ugo Bienvenu,jeune illustrateur français, avec l'ambitieuse adaptation BD de Sukkwan Island: le roman culte de David Vann

Depuis il s'est spécialisé dans la bande dessinée d'anticipation intelligente et visionnaire.

Avec "Préférence Système", sa dernière oeuvre en date, il se fait le peintre d'un futur où la technologie et le Big DATA condamne tout artiste qui ne résoud pas à la marchandisation du système.

On est plongés dans les années 2050 où le héros, Yves chargé d'éliminer des grandes oeuvres des siècles passés ne s'y résoud pas et les télécharge clandestinement sur Mikki son robot numérique .

Il prend des risques énormes mais ne se fait pas à la disparition de la mémoire collective et artistique du passé.

Une BD captivante et pertinente qui fait réfléchir sur le "big data" et son emprise sur la production artistique et ses diktats commerciaux .
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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L'idée de départ est fantastique... Dans un avenir plus ou moins lointain, le volume de data à conserver est tel qu'il faut commencer à détruire des archives afin de faire de la place.

Soyons clairs... on détruit des archives d'oeuvres cinématographiques pour faire de la place pour des photos de vacances et autres sottises... mais ce que le peuple souhaite, les dirigeants l'accomplissent. Les dirigeants...? Une bande d'incultes qui laissent leurs choix être plus ou moins guidés par des IA. Et la destruction est déterminée par l'intérêt des oeuvres. Pas vraiment un intérêt artistique, mais plutôt un intérêt commercial ou purement technologique. Si on peut faire un maximum de place en détruisant une seule oeuvre, c'est banco. Exit 2001 l'Odyssée de l'Espace... Murnau, Lang...

Et dans tout cela, il y a des résistants. Des individus qui sauvegardent des bases de données vouées à la destruction.

Cela, c'est la première partie du récit. C'est poignant, et cela laisse un goût amer en bouche. Car nous ne sommes pas très éloignés d'une telle société où les choix sont opérés au profit d'une masse gluante et informe d'individus qui préfèrent Hanouna à Ingmar Bergman, la Villa des Coeurs Brisés à Germinal... Vendre du temps de cerveau disponible, selon l'expression d'Etienne Mougeotte, alors patron de TF1.

La seconde partie m'a un peu perdu... le robot de la couverture a enfanté (un triat de génie d'Ugo Bienvenu, encore) et il a fui avec l'enfant pendant que les génireurs se faisaient "corriger" par les autorités. Cette partie est poétique, lente, éthérée, mais plus complexe à appréhender, en ce qui me concerne. le final réserve, par contre, une sacrée surprise qui tonifie le lecteur et son sens critique.

Même si j'ai trouvé l'ensemble un peu déséquilibré, le résultat est une lecture particulièrement prenante et intéressante. Ugo Bienvenu soulève des thèmes essentiels pour le futur de nos sociétés. Il le fait de manière brillante, déstabilisante, lançant des questions essentielles à la tête des lecteurs.
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Vous connaissez le mantra : d'un côté il y a ceux qui disent que les films français, c'est forcément de la m****, et donc qu'il ne faut même pas espérer que les producteurs français quittent leurs bonnes vieilles comédies bas de plafond pour se mettre à faire du cinéma de genre. Et puis il y a ceux qui pensent que le problème vient de l'oeuvre en elle-même plutôt que de la nationalité de ses concepteurs, et donc qu'un film français n'est théoriquement pas obligé de se placer sous la trinité Kev Adams / Jeff Tuche / Christian Clavier. Je pense la seconde hypothèse un peu plus vraisemblable.
Avec ma vidéo sur Wrong (qui est le gros outsider de mes tops 2019 — on en reparle dans un article susceptible de faire un peu plus de vues), j'avais fait un peu vite la besogne en déclarant que les français avaient autant de chances de faire de la qualité que les américains. Oui, mais. Tout d'abord, il y a les impératifs du marché de la nationalité qui nuisent à la production d'oeuvres à contre-courant (les comédies pourries rapportent, donc tu fais que ça), ensuite il y a la culture qui est un facteur déterminant au contenu de l'oeuvre : la qualité peut se trouver au rendez-vous mais ne pas parler au spectateur car il sera habitué à un autre système de la gestion de la mise en scène, de l'éclairage, du scénario, ect. Ainsi nous avons d'un côté les films étasuniens ou inspirés de la méthode US, basés sur la gestion de l'action et de la rythmique et l'implacable fusil de Tcheckov ; le récit s'y définit comme une construction dont le sommet constitue le final et qui doit paraître dépouillée de tout élément superflu. Dans la méthode européenne, on observe une toute autre tendance : l'oeuvre est définie par sa texture plutôt que son action, un vide qu'on laisse pour faire place aux émotions et aux dialogues sur la pluie et le beau temps, qui doivent par exemple dans un drame français retranscrire les errances mentales de l'auteur autour de son thème et ainsi trouver quelques liens de résonance avec le spectateur.
Et ça explique pas mal de choses. D'un côté on a le risque d'accoucher de blockbusters débiles avec presque pas d'émotions mais toute l'emphase mise sur l'action, d'un autre on a le risque de produire un drame français chiant comme la mort qui lui mise tout sur les dialogues. Et le public veut de l'héroïsme, donc il se tourne vers plus facilement vers les amerloques. D'où l'expression : « boring like a french film ». À partir de ce moment, vous avez en France deux possibilités :
- prendre la méthode US et y mêler quelques brins de french touch, ce qui semble le plus indiqué, mais pas forcément le plus abouti. Vous pouvez réussir à créer une intrigue et une imagerie de blockbuster tout en y ajoutant un aspect plus que novateur car votre pays ne possède pas l'aura de l'Amérique triomphante et se fera par conséquence plus terre-à-terre, mais vous faire allumer quand même par (du moins une certaine frange de) la critique (Le chant du loup) ; vous pouvez faire une construction de scénario à la Nolan avec une dimension esthétique importante, au risque d'accoucher d'un résultat brouillon et très mal reçu (Vidocq) ; vous pouvez enfin laisser complètement tomber le côté français pour adopter le côté US avec des acteurs américains, mais à trop vouloir imiter sans forcément détenir le savoir-faire, votre film pourrait vite ressembler à une caricature de grosse franchise (Valérian & la cité des 1000 planètes) ;
- prendre la méthode « film français » et jouer la carte à fond.
Et c'est justement le parti pris de Préférence système, qui… Pardon, c'est pas un film mais une BD ? Oui, mais ça y ressemble sauf que ça bouge pas : on trouve quand même des choix de cadrage, de rythmes, de couleur ; de sorte que j'ai du mal à voir l'interêt de certains projets d'adaptation de BD en film comme Ces jours qui disparaissent par exemple (c'est le réal de Palmashow qui s'y colle, un choix… ma foi original).
Et c'est justement le parti pris de Préférence système, qui fait du pur drame français avec de la SF, parlant ainsi de notre monde et son devenir tels qu'ils sont perçus par le français contemporain… et comment dire ? Y'a du pour et y'a du contre.

Analyse

Donc Préférences systèmes, c'est l'histoire de Yves Mathon, qui bosse pour une boîte chargée d'effacer les données informatiques devenues inutiles à stocker. Parce qu'on a beau être dans le turfu, bah fatalement un jour ou l'autre on a plus assez de matériaux pour fabriquer assez de disques durs. Sa femme, elle, bosse pour une web-série sponsorisée sur Playmobil, et leur droïde domestique porte leur gosse dans un utérus artificiel en remplissant son rôle de néo-épouse Moulinex. Tout va bien dans le meilleur des mondes, jusqu'au jour où on lui demande de supprimer 2001, l'odyssée de l'espace… Et on va dire que ça lui plaît moyen.
Préférences systèmes, c'est donc l'histoire de notre passé, qu'est-ce qu'on conserve d'autrefois, qu'est-ce qu'on garde de notre humanité. Ce qui s'exprime de deux manières différentes : d'un côté un questionnement sur qu'est-ce qui fait qu'on est pas des robots (surtout quand les robots ont l'air plus humains que vous), d'un autre la disparition de la culture et des connaissances d'autrefois et des opinions divergentes au profit de la culture mainstream. L'aspect contemplatif met l'accent sur la nature face à un monde de plus en plus aseptisé, et en même temps complexe et incompréhensible. Qu'est-ce qu'on va garder de tout ça ? Comment on doit construire notre monde ?

Classique mais beau

C'est un pari risqué car la thématique du robot qui s'humanise, on l'a vue des centaines de fois, déclinée de toutes les manières possibles, que ce soit avec la saga Blade Runner, la saga Star Wars, la saga Terminator (note du 17/07/22 : mais surtout comme je m'en rendrais compte après coup : les Robots d'Asimov, Star Trek)… Comme tous les tropes littéraires, il devient difficile au bout d'un moment de le réinventer, d'y dénicher un nouvel angle ; le thème reste en retrait durant la première moitié du livre et on s'interroge sur si l'auteur va réussir son coup. Sans compter que l'oeuvre souffre légèrement du syndrome du film français bavard : Ugo Bienvenu sait laisser parler le silence, mais par moments ses personnages dissertent beaucoup. Et c'est quelque chose qui m'avait déjà chiffonné dans de la SF transhumaniste française comme Transparence : on se retrouve avec quelques passages de longs monologues soutenus, peu réalistes dans un univers qui tend justement à l'être, à nous montrer la vie de tous les jours plutôt que l'iconiser comme le cinéma étasunien.
Bref, voilà qui risque de rebuter mon public habituel. Pourtant, c'est sans compter des atouts franchement inattendus :
- premièrement, l'aspect graphique. Avec l'avènement du tout-numérique s'est forgée dans l'imagerie populaire l'idée d'un avenir propre, lisse et sans fioritures ; ici, le monde moderne se fait tellement aseptisé qu'il en devient inquiétant. Les casques futuristes sont grotesques et difformes sans jamais qu'on n'en explique l'utilité ; les textures luisent bizarrement, dénuées de toute aspérité humaine ; les robots inspecteurs mais aussi celui du final se trouvent en pleine vallée de l'étrange avec une laideur géométrique et dans leurs couleurs mettant mal à l'aise. le rôle pour la dystopie de déranger est donc ici respecté par ce côté kafkaïen et rigide, qui se traduit également par les planches de format carré et les dessins façon « fil-de-fer ».
- deuxièmement, le côté vie en entreprise. Outre l'originalité d'un monde où le nombre de données deviendraient limité, l'auteur nous montre des cadres paternalistes, qui se veulent sympathiques, qui vous disent quoi faire et quoi penser : on culpabilise les employés, on surveille tout, et les gens ne trouvent plus de sens à ce qu'ils font.
- et enfin, le retournement de situation au milieu du récit. À ce moment, on entend presque l'auteur nous dire : « Tu l'avais pas vue venir, celle-là, hein ? » Et c'est tant mieux. Parce qu'en plus d'une prise de risques qu'on voit pas tous les jours dans les fictions standard, on bascule d'un coup dans quelque chose de beaucoup moins bavard, de beaucoup plus introspectif, retranscrivant la psychologie des différents personnages avec une grande justesse dans la mise en scène, aussi bien dans les silences que les dialogues.
Là où nous croyions que le héros serait Yves, c'est finalement son robot qui prend le devant de la scène et parvient finalement bien à réinventer au moins en partie le processus d'humanisation. Dès la première planche, nous constatons son évolution de manière intime : d'abord découvrant la vie et les savoirs qu'elle contient, puis devenant enceint et donc la créant, et enfin en éduquant la fille pour créer une dernière étape de son cheminement qui survivra à sa mort : celle de la transmission. Et une histoire aussi universelle, même si j'ai pas vraiment eu d'empathie pour les personnages, je dois reconnaître que c'est superbement mis en scène et pas du tout cliché.

Conclusion

Bref, Préférences systèmes ne m'a pas entièrement convaincu : c'est une expérience sensorielle qu'on aurait pu pousser bien plus loin, un drame psychologique qui aurait pu être plus poignant. Mais je reconnais aussi que c'est pas la même génération, et que je serais sans doute plus sensible à l'aspect humain si j'avais été un adulte qui a vu notre monde se transformer pour de plus en plus nous échapper des doigts.
Quoi qu'il en soit, Ugo Bienvenu nous prouve une chose avec cet ouvrage : vous avez pas d'argent pour faire un film de genre français ? Faites-le en BD ! Et avec ça on arrivera peut-être à casser quelques stéréotypes sur l'idée que les français sont incapables de faire de la bonne SF ou du bon cinéma et les gens accepteront enfin de financer autre chose avec leurs impôts que Rendez-vous chez les Malawas. Ça pourra pas faire de mal à leur culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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Dans un futur peut être pas si éloigné, le choix devra être fait de conserver -ou non- 2001 Odyssée de l'espace.... En réalité c'est un choix que nous faisons déjà. Que gardons nous de notre passé, quels faits doivent être retenus de l'histoire de l'humanité ? Dans l'univers imaginé par Ugo Bienvenu les robots ont leur place. Celle de mikki pourrait être déterminante. Il est évoqué l'Ai face aux humains. Une bd qui peut faire réfléchir.
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J'ai beaucoup aimé cette BD de science-fiction aux couleurs pop, malgré le dessin qui ne m'a pas accrochée. le sujet, lui, est très intéressant. 2055, Yves Mathon est archiviste et doit faire du tri, car la mémoire de l'humanité est devenue trop volumineuse. Mais son collègue et lui ont du mal à s'y résoudre et sauvegardent en cachette des données que les "Prophètes" jugent inutiles. Chacun définit différemment ce qui doit être sauvé... Ce geste illégal est dangereux pour lui, pour sa femme et pour son robot Mikki, au centre de l'histoire : c'est lui qui stocke les données et porte l'enfant qu'Yves attend avec sa femme (car oui, la GPA est confiée aux machines). J'ai aimé le suspense du récit, le combat de robots, et la fin de cette BD belle et triste. J'ai trouvé ses questionnements sombres mais pertinents : pourrons-nous infiniment stocker des contenus divers, ou le nouveau écrasera-t-il l'ancien ? le patrimoine de l'humanité est-il pérenne ? Comment distinguerons-nous nature et culture en 2055 ?
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Dans un futur pas si lointain, Yves Mathon est chargé de nettoyer les serveurs qui conservent la mémoire du monde. Il faut faire de la place afin de pouvoir continuer à stocker des données. Mais que garder ? Faut-il détruire le fichier de "2001 l'Odyssée de l'espace" ? Et celui de Victor Hugo ? Sur quels critères ? Les juges tranchent et l'agent Mathon sauvegarde en douce notre culture. Il risque gros.
D'autre part, Yves se prépare à être père ; son enfant se développe dans un robot nommé Mikki, sa compagne n'ayant pas désiré de grossesse afin de préserver sa plastique.
Tout basculera bientôt à cause de sa désobéissance.
 
Une fois encore, le dessin n'est pas franchement léché, mais quel récit ! On est déstabilisé par ce futur si proche qui ne semble pas si différent de notre monde actuel et qui parait tellement déshumanisé. le politiquement correct règne en maître, les photos de vacances et stories Instagram prévalent sur les grandes oeuvres culturelles, les corps sont sculptés ou robotisés...
Pourtant, après un basculement de l'histoire, la deuxième partie de la BD ouvre sur un autre possible, plus connecté à la nature. Peut-être...
A lire parce que l'ouvrage pousse à la réflexion sur nos modes de vie actuels.
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Dans un avenir pas si lointain, Yves est archiviste. En d'autres termes, un nettoyeur de la “data”. Son job : défendre les documents qui auraient le plus de valeur malgré un nombre dérisoire de consultations pour les sauver de la corbeille. L'enjeu, c'est de libérer de toujours plus d'espace de stockage pour permettre aux réseaux sociaux et autres activités numériques de continuer de fonctionner en produisant leur flopée de téraoctets de photos de vacances. Mais Yves, à l'âme artistique et humaniste, a de plus en plus de mal à éradiquer des oeuvres majeures mais oubliées issues des siècles passés, quitte à franchir la ligne rouge...
Le graphisme a un réel parti pris, avec des aplats de couleur vive qui ne plairont pas à tous les lecteurs. L'atout majeur reste le scénario et les thèmes abordés. On referme ce roman graphique original et perturbant en réfléchissant à notre futur et à l'usage immodéré des technologies.
Une jolie découverte.
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Les dessins et les couleurs peuvent rebuter dans un premier temps. Ces visages sombres & presque photographiques laissent un sentiment de malaise. Une fois ce coup de trait accepté, on rentre petit à petit dans cette histoire de demain. Comment un homme qui doit détruire des traces culturelles du passé les volent pour laisser la place aux nouveaux hobbies de la jeunesse. L'histoire, en trois temps, est réaliste, alarmiste & inquiétante. Les dialogues, écrits avec soin, démontrent une réflexion poussée sur notre avenir incertain et sur ce qui va rester. Ingénieux dans sa manière d'apporter la nouvelle tendance de se servir des robots au quotidien, Ugo Bienvenu délivre un roman graphique élevé, alarmiste & protecteur de la nature.
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