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4,01

sur 2250 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un récit fascinant sur la carrière de Reinhard Heydrich au sein des nazis, de 1933 à son assassinat par des resistants tchécoslovaques en 1942.
Amatrice de romans historiques, ce livre m'a plu. le récit est très dense, on sent que le travail de documentation est immense. Dès le début du roman, on est happé par l'ascension inexorable de cette " bête blonde" jusqu'aux plus hautes fonctions du régime nazi. Protégé d'Himmler, il va oeuvrer à mettre en place la solution Finale et participer à une barbarie sans nom.
En parallèle, nous suivons l'histoire de jeunes tchécoslovaque, envoyés à Londres pour etre préparés a effectuer la mission Anthropoïde .
Le but : assassiner Heydrich afin de libérer Prague de son impitoyable emprise. Au fil de la preparation et des difficultés rencontrées par les résistants sur le terrain, en Bohême Moravie, la tension monte... jusqu'à l'action finale puis la cavale.
L'auteur mêle ses réflexions personnelles au récit, ce qui le rend très intéressant.
Cependant,il y a énormément de personnages, je me suis un peu perdue parmi les noms parfois.
Ce livre a le mérite de mette en avant un événement de l'histoire souvent passé sous silence. Pourtant, on mesure l'importance de cet acte, lorsqu'on sait que la prochaine destination de ce bourreau était Paris...
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HHhH est un roman extraordinaire qui mérite l'excellent bouche-à-oreille qui l'entoure
Plus qu'un livre sur Heydrich, il s'agit d'un livre sur l'écriture d'un livre sur Heydrich.
Laurent Binet, jeune professeur de français, marqué par ses longs séjours en Slovaquie et en Tchéquie, nous y raconte ses difficultés à écrire un livre sur "Anthropoïd", cette opération commando organisée par la résistance tchèque de l'extérieur afin d'assassiner Heydrich, le "boucher de Prague".

Aujourd'hui de plus en plus de romans s'écrivent à la première personne.
On a déjà beaucoup glosé sur l'auto-fiction de Annie Ernaux à Catherine Angot en passant par Camille Laurens et Catherine Millet. le moi y est l'objet du roman.
Avec Daniel Mendelsohn, Emmanuel Carrère ou le dernier livre de Delphine de Vigan, on est au-delà de l'auto-fiction : l'objet du roman n'est pas seulement l'auteur et ses affres. L'objet du roman est extérieur à l'auteur mais celui-ci ne s'interdit pas d'y faire des incursions.
Il se met en scène, évoque ses difficultés d'écriture.
En abolissant la distance entre l'objet du roman et la réalité de l'auteur, il produit un choc assez efficace.
Je me souviens de 5 lignes de "Belle du Seigneur", dans lesquelles Albert Cohen annonce au débotté que son roman le gonfle et qu'il va en interrompre la narration pour écrire à un ami
Cette irruption de l'auteur dans la trame romanesque de "Belle du Seigneur" lu il y a près de 20 ans m'est inoubliable !

La multiplication des auto-romans un effet de mode ? une évolution significative dans l'art du roman ? Je n'en sais rien
Mais je dois confesser mon goût très vif pour cette façon d'écrire qui m'a procuré ces dernièrs années mes plus vifs plaisirs de lecture.
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Quelle expérience incroyable que de lire un roman historique qui ne laisse aucune place à l'à-peu-près.

Le roman relate la vie de Reinhard Heydrich, bras droit d'un des bras droits d'Hitler durant son règne. Laurent Binet entreprend le pari fou de ne relater uniquement ce dont il a la certitude historique. Son récit est d'un genre nouveau. Un genre dont l'ambition est de placer les faits historiques au-dessus de toute qualité narrative et de rendre à chaque acteur son rôle précis dans cette furieuse fuite en avant du temps.

Le parti pris est gagnant car le déroulé des évènements relatés est largement assez stupéfiant pour nous tenir en haleine tout le long du bouquin.

Mais Laurent Binet ne nous offre pas seulement une exposition exacte des évènements. En effet, il se met en scène durant ses recherches historiques. le point purement novateur, c'est que nous nous retrouvons avec lui dans son laboratoire. Il nous expose sa démarche et les difficultés rencontrées lors du processus d'humanisation des souvenirs et de recoupement des sources. L'auteur nous offre donc une nouvelle définition de l'historien. Il redessine les contours du conteur comme un homme très pointilleux et très ouvert d'esprit.

Ainsi, Laurent Binet s'interroge sur le rôle de l'historien et du devoir de mémoire. Ses réflexions sont très belles et devraient tous nous inspirer. Un magnifique texte.
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Laurent Binet raconte les développements historiques de l'attentat contre Heydrich à Prague en 1942. Heydrich était l'administrateur impitoyable du territoire tchèque qui a été occupé « paisiblement » par les Allemands en 1938. C'est le territoire qui est maintenant la République tchèque. Heydrich était aussi un très haut fonctionnaire nazi dans le SS et il était directement responsable pour l'organisation et la réalisation de l'Holocauste. Bref, c'était une cible qui valait la peine pour la résistance tchécoslovaque malgré les conséquences terribles pour la population tchèque. La vengeance nazie serait terrible.

L'auteur du livre présente l'histoire de la vie d'Heydrich et sa carrière. Il décrit aussi les développements politiques autour la Tchécoslovaquie avant la guerre et la trahison politique par L'Angleterre et la France. Finalement il retrace l'attentat contre Heydrich et toutes les conséquences de la vengeance nazie.

L'auteur entretient une communication intéressante avec ses lecteurs. Par exemple, au début il explique ses raisons pourquoi il a voulu écrire un livre sur les auteurs de l'attentat, sur ces héros de la résistance tchécoslovaque. L'auteur raconte ses expériences personnelles de sa recherche en écrivant son livre. Il commente brièvement sur les films et livres pertinents.

Cependant, la façon la plus intéressante par laquelle il communique avec ses lecteurs est par commenter partout dans le livre sur le livre. Par exemple, après avoir décrit un événement particulier comme une histoire de la fiction, il explique brièvement au lecteur pourquoi il a choisi de présenter cet événement de cette façon. de temps en temps le livre ressemble une sorte de journal. C'est une manière effective de distinguer les faits historiques et sa propre fiction.

Bien que ça semble compliqué, commenter sur le récit en l'écrivant, c'est en fait un moyen fructueux de créer une livre originale sur un sujet peut-être un peu surexploité. C'est quand même « encore une fois un livre sur la Seconde Guerre mondiale. » Insérer et intégrer des commentaires personnels dans le récit est aussi un moyen de présenter d'une façon légère et personnelle une histoire sur un thème pénible. L'auteur a réussi à insérer cette touche de personnalité de l'écrivain sans perdre le fil de l'histoire du livre ; les mérites de la Résistance tchécoslovaque restent entiers.

C'est un livre original et captivant qui a gagné le Prix Goncourt du premier roman en 2010.
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Très bon livre historique qui nous raconte étape par étape l'attentat contre Reinhard Heydrich le boucher de Prague. Ce roman nous tient en haleine pendant toute la lecture. Laurent Binet a su mélangé la fiction sans dénaturer le réel. Une histoire qui se dévore, où on apprend comment deux hommes avec l'aide de toute la résistance tchèque se sont sacrifiés pour l'amour de leur pays. Je recommande ce livre et j'ai hâte de découvrir le film qui a été adapté, du même nom.
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En 1942. Jozef Gabcik et Jan Kubis deux paruchistes tchécoslovaques réfugiés à Londres,se portent volontaires pour une opération commando visant à déstabiliser l'Allemagne nazie. Leur mission : assassiner le bras droit d'Himler, Reinhard Heydrich, protecteur de Bohême-Moravie, responsable de l'abominable solution finale, celui que tous surnomment "Le boucher de Prague". Parachutés dans Prague, les 2 résistants organisent l'attentat au péril de leur vie. le 27 Mai 1942, dans un virage,ils attendent la Mercédes d'Heydrich et s'apprêtent à faire feu...
S'il est préférable d'apprécier L Histoire, les non-amateurs de la seconde guerre seront néanmoins conquis par ce récit haletant et captivant à la construction très originale. Ici, le biographe-romancier n'est pas seulement le narrateur du récit mais en fait également partie. L'on assiste donc à ses recherches, ses doutes, son souci d'être au plus près des faits avérés. Divisée en petits chapitres très rythmés, la construction de l'histoire se fait sous nos yeux et avance par cercles concentriques pour aboutir au véritable coeur de cible : l'attentat contre Heydrich.
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HHhH est un magnifique hommage rendu aux résistants Tchèques et Slovaques qui eurent un rôle dans l'attentat perpétré contre le monstrueux Heydrich à Prague le 27 mai 1942.

Laurent Binet raconte en mêlant des faits précis, des anecdotes annexes, ses critiques d’œuvres adaptant la mission Anthropoïde, et son ressenti personnel.
En adoptant ce style, Laurent Binet semble vouloir insister sur la véracité de ses propos. Il explique ne pas supporter les scènes et les réflexions des protagonistes qu'imaginent des auteurs pour créer un roman ou un film. Il explique son lien si particulier avec cette tranche d'Histoire. Il explique l'importance des détails. Il explique ses recherches, etc...
Je peux comprendre que ce style d'écriture qui a un petit côté "journal de bord", ça passe ou ça casse.
Moi, j'ai adoré ce livre qui m'a fait découvrir les circonstances exactes de cet attentat. L'amont et les conséquences.
À mon sens il est important de connaître la vérité sur l'Histoire, belle ou affreuse. Et, de ce fait (M. Binet sera content), je suis ravie d'être tombée sur un récit exhaustif sans extrapolation. Devoir de mémoire.
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Ce roman, qui a obtenu le Goncourt du premier roman en 2010, est le récit de l'attentat perpétré contre Heydrich en 1942 à Prague. L'un des atouts de ce roman, c'est son titre, qui suscite en effet de prime abord une certaine curiosité, et qui se signifie « le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich ». de façon plutôt originale, l'auteur intervient régulièrement dans l'histoire pour livrer ses réflexions quant à la manière de narrer telle ou telle scène, parler de son amour de Prague, ou de son admiration vis-à-vis des parachutistes tchécoslovaques auteurs de l'attentat, et véritables héros de son roman.
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J'avais été intriguée par le titre de ce roman, dès sa sortie. Mais comme souvent, j'en avais tellement entendu parler que j'ai voulu attendre avant de le lire … Je l'avais donc emprunté, et il attendait patiemment sur une étagère … J'ai repoussé ce moment car j'ai lu beaucoup de romans sur la Seconde guerre mondiale, et je ne voulais pas en attaquer un énième. Et puis la semaine dernière, ma curiosité de lectrice m'a poussé vers ce texte, et j'ai été littéralement happée …

Tout d'abord j'ai enfin su ce que signifiait le titre ! Himmlers Hirn heißt Heydrich en allemand, littéralement « le cerveau d'Himmler s'appelle Heydrich », surnom donné par les SS au bras droit d'Himmler, la "bête blonde" qui "régna" sur le protectorat de la Bohême-Moravie (la Tchécoslovaquie occupée) et planifia la solution finale. Représentant type de la "race allemande", grand, blond, il est aussi le bon représentant du nazisme : froid, cruel, et terriblement efficace.

Dans ce roman, Laurent Binet est parti d'un fait historique que je ne connaissais pas : celui de l'attentat mené par deux parachutistes tchèques contre le boucher de Prague, en 1942. C'est l'opération "Anthropoid". Évidemment, comme dans tout bon roman historique, la mise en contexte est longue et minutieuse. Mais HHhH ne raconte pas seulement une guerre connue de tous. C'est aussi le récit de la guerre entre fiction romanesque et vérité historique, une guerre que l'auteur se livre contre lui-même.

En effet, le texte alterne les récits historiques, les dialogues reconstitués, et l'histoire du roman lui-même : pourquoi Binet a choisi ce thème, comment il l'aborde, quelles sont ses sources, pourquoi une telle obsession, comment rendre telle scène crédible, comment éviter les pièges de la fiction, comment se servir de la fiction au nom de la vérité, etc. C'est en cela que ce roman est atypique, prenant et extrêmement original.

Si parfois j'ai pu être lassée par certains détails ou longueurs – j'ai fait le choix de ne pas sauter sur Internet pour connaître la "fin de l'histoire", en jouant le jeu -, au final c'est un excellent texte, qui va jusqu'au bout des choses, nous fait comprendre tous les mécanismes, tout en introduisant ce qui manque parfois à l'Histoire : des sentiments humains (même si rien ne peut nous confirmer certains faits ou certaines répliques des personnages évoquées). Un peu comme si on lisait une théorie du roman en lisant un roman … c'est pédagogique et passionnant !

De plus, il a fait aussi un travail de comparaison avec livres et films produits sur le même épisode, du célèbre Les Bienveillantes de Littell aux plus obscurs textes … "Je lis aussi beaucoup de romans historiques, pour voir comment les autres se débrouillent avec les contraintes du genre. Certains savent faire preuve d'une rigueur extrême, d'autres s'en foutent un peu, d'autres enfin parviennent à contourner habilement les murs de la vérité historique sans pour autant trop affabuler. Je suis frappé tout de même par le fait que dans tous les cas, la fiction l'emporte sur l'Histoire. C'est logique mais j'ai du mal à m'y résoudre." Une profession de foi ?

Et tout sans manquer d'humour. Ainsi lorsqu'un de se copains lui dit : "c'est pas crédible, ça.", de s'exclamer : "Mais non, tout vrai ! J'aurais dû être plus clair au niveau pacte de lecture."

Bref un roman à découvrir pour son approche originale et sa grande richesse documentaire sur un épisode peu connu qui m'a pourtant tiré des larmes à la fin … Hommage à Jozef Gabčík et Jan Kubiš qui ont donné leur vie pour en sauver d'autres.

"Vous croyez en la justice, et vous croyez en la vengeance. Vous êtes valeureux, volontaire et doué. Vous êtes prêt à mourir pour votre pays. Vous devenez quelque chose qui grandit en vous et progressivement commence déjà à vous dépasser, mais vous restez aussi tellement vous-même. Vous êtes un homme simple. Vous êtes un homme. Vous êtes Jozef Gabčík ou Jan Kubiš, et vous allez entrer dans l'Histoire."

cathédrale tynCathédrale de Tyn à Prague

(Anecdote : Walt Disney s'en est inspiré pour dessiner le château de la reine dans La Belle au Bois dormant …)
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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HHhH est avant tout une analyse historique. Mais la touche personnelle de Laurent Binet en fait un livre très perspicace.
L'auteur intervient par petites touches dans ce récit afin de recadrer et d'expliciter son rôle d'écrivain. Il explique ses sources, compare avec d'autres oeuvres, s'interdit de romancer et quelquefois semble même être présent au milieu de l'action.
Les références bibliographiques (J Litell, Vladimir Pozner...) et cinématographiques ( Fritz Lang) sont pertinentes et riches.
Sans tomber dans le drame, l'auteur raconte les horreurs de la seconde guerre mondiale, surtout la personnalité de Reinhard Heydrich, chef de la Gestapo puis Protecteur de la Bohême-Moravie.
C'est aussi le récit de l'opération menée par un tchèque et un slovaque sous contrôle de Londres, visant à éliminer Heydrich. Si le récit s'éloigne de son objectif en début de roman, sans toutefois perdre de son intérêt, la fin décrit avec rythme et détails cet attentat puis la recherche frénétique des coupables.
Le style est vraiment très personnel, moderne et l'auteur garde un léger humour malgré l'horreur du sujet.
" Alors comme ça, les Thchèques n'aiment pas Heydrich? Eh bien on va leur trouver pire! Là, évidemment, un temps de réflexion s'impose, puisque trouver pire qu'Heydrich, c'est difficile."
" Il a très vraisemblablement estimé que pédaler en côte avec un SS énervé dans son dos ne serait pas une option payante."
HHhH est un premier roman très prometteur car Laurent Binet a vraiment un style très personnel et agréable, une grande richesse littéraire et il montre, ici, qu'il sait traiter un thème délicat avec authenticité et originalité.
Lien : http://surlaroutedejostein.o..
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