AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,68

sur 1223 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne suis pas votre élève et vous n'êtes pas le président de la République, ici.
‐-----------------------
Ils s'amputèrent et eurent beaucoup de petits gauchistes.
----‐--------------------
Tu vois, c'est la langue qu'il fallait me couper.






Commenter  J’apprécie          20
Totalement emporté par le tourbillon de ce livre. On se retrouve dans un monde littéraire qui est celui du début des années 80 jusqu'à l'élection de Mitterrand. Pour moi qui avait 25 ans, toutes les situations et polémiques évoquées dans le livre résonnent avec un grain de nostalgie. Venant d'une formation scientifique, j'avais été totalement subjugué par ce magnifique livre de Barthes qu'étaient Mythologies. J'étais ensuite passé à Foucault et d'autres. Laurent Binet nous emporte réellement dans cette époque et on en vient à se demander comment il a retrouvé tous ces à côtés, ces je t'aime moi non plus, de l'écosystème littéraire de ces années-là. Et en plus, on se marre.
Un grand plaisir
Commenter  J’apprécie          00
Un livre ambitieux qui nous replonge dans la vie française politique des annnees soixante-dix et quatre-vingts.Cette septième fonction du langage est la raison d'un déferlement de violence,pourquoi donc suscite t elle tant de passions ? Voici a quoi l'auteur tente de repondre dans ce livre mi polar mi didactique tres reussi.J'ai ete happe de bout en bout.
Commenter  J’apprécie          40
Gros volume, lecture parfois ardue, mais quel plaisir de lire un tel ouvrage! Par l'intermédiaire d'un thriller un peu déjanté, le pouvoir des mots grandit à chaque page. A lire et à relire si l'on aime les mots pour eux-mêmes. Je comprends, en revanche, que l'on puisse n'y voir qu'un ramassis de trucs divers.
Commenter  J’apprécie          10
Comme j'ai bien fait d'aller piocher dans ma Pal de 2015 ! J'en ai exhumé « La Septième Fonction du langage », ce qui m'a permis de me gondoler pendant plusieurs jours. Comme le dit Michfred : « L'éclate absolue ! »
Question : l'éclate en question n'est-elle pas conditionnée par un minimum de connaissances sémiotico-linguistiques ? Euh… C'est pas faux. Maintenant, je suppose que des enfants peuvent se marrer en lisant « le Tour de Gaule » d'Astérix sans forcément décoder le nom du préfet de Lugdunum (Encorutilfaluquejelesus, pour mémoire). Et que tous les lecteurs de hard S.F. n'ont pas leur agrégation de physique quantique.
Et puis Binet n'est pas avare de parenthèses didactiques (au moins au début) grâce à un policier parfaitement béotien qui s'aventure lui aussi dans un domaine dont il ne connaît rien.
Et puis, surtout, comme Ecco, à qui il rend un hommage appuyé, Binet se sert des codes de la littérature de genre pour nous apprendre des trucs compliqués. Comme dans « le Nom de la rose », des cadavres s'accumulent pour interdire l'accès à un document essentiel écrit par un grand théoricien : Aristote pour l'un, Jakobson pour l'autre. Comme « le Nom de la rose » toujours, il s'agit d'un roman historique : nous sommes, non pas en l'an de grâce 1327, mais à quelques mois des élections de mai 1981.
Mais s'agit-il uniquement d'une pochade, d'une parodie de la French theory ?
Si la sémiologie est la « discipline qui applique les procédés de la critique littéraire à des objets non littéraires », il faut en tirer les conclusions qui s'imposent : tout est roman. On peut étudier la vie comme on étudierait un texte littéraire justement parce que nous sommes tous des héros de roman.
Tiens, par exemple : Barthes est mort en sortant d'un déjeuner concocté par Jack Lang. C'est historiquement indéniable. Maintenant, à qui fera-t-on croire qu'un ministre nommé « Lang » n'a rien à voir avec la mort d'un linguiste ?
En partant de ce principe, la vie a une construction aussi logique que celle d'un roman et il n'y a pas de hasard. Ça tombe bien puisque la septième fonction du langage est la fonction performative qui consiste à agir par la seule parole. Bon, si moi je dis « Abracadabra », aucun lapin ne va sortir de mon chapeau (d'ailleurs je n'ai pas de chapeau) et quand j'affirme d'une voix légèrement hystérique que j'ai raison, il n'est pas dit qu'on me croie. En revanche, quand Dieu dit : « Que la lumière soit. », la lumière fut. Et quand le romancier affirme que Roland Barthes a été trucidé par des espions bulgares, c'est qu'il l'a été. C'est grâce à la fonction performative que nous tombons amoureux : d'abord parce nous ne le sommes pas tant que nous n'avons pas dit « Je t'aime », ensuite parce que la passion n'existe que d'avoir été apprise dans les romans et les poèmes.
Un roman sur la septième fonction du langage n'est donc qu'une mise en abyme puisqu'il n'y a pas plus performatif qu'un texte littéraire qui s'engendre par sa propre logique : c'est parce que les Bulgares sont réputés pour leurs parapluies empoisonnés que, suivant la théorie d'Isidore Ducasse comte De Lautréamont, Simon se retrouve à forniquer avec la belle Bianca sur une table de dissection bolognaise. Tout est signe, rien n'est hasard.
Mais, même si ce roman est très maîtrisé, je lui vois un défaut majeur : Binet y fait mourir Derrida, soit 20 ans au moins avant sa mort réelle. Je suppose qu'il a hésité avant de commettre le test ultime : tuer un personnage encore vivant dans la vie réelle et lire le lendemain dans le journal que la vie réelle n'existe pas puisque l'individu serait passé de vie à trépas à peine sèche l'encre du livre.
Bref, ce livre était à deux doigts d'être parfait.
Commenter  J’apprécie          5313
Le point de départ du roman c'est la mort de Roland Barthes, en février 1980. Il avait en main la septième fonction du langage de Jacobson, celle qui permet, à celui qui la maîtrise, de convaincre qui que ce soit. Giscard fait mener l'enquête qui associe un flic de type beauf-baroudeur, Bayard et un jeune professeur de lettres réquisitionné pour l'occasion, Simon Hertzog.
Sur une trame d'aventures rocambolesques et bien tenue, LB nous met au coeur de la vie intellectuelle de l'époque et nous présente ses vedettes. le couple Sollers-Kristeva est éreinté, Sollers ridiculisé, Umberto Eco, etc.
Il nous fait vivre la victoire de Mitterrand, laquelle est due à la septième fonction du langage.
Un roman facétieux, brillant, intelligent, assassin. À recommander et à offrir
Commenter  J’apprécie          40
Au Nirvana des Intellos la parole fustige les mots du langage trivial mais nullement les maux qu'elle engendre...

Pré-titré : "Qui a tué Laurent Barthès ?" ce roman de Laurent Binet a aussi inspiré Xavier Bétaucourt, Olivier Perret, Paul Bona co-auteurs d'une BD du même intitulé... et j'ai lu ces deux ouvrages simultanément. trente à quarante pages du roman, au lit le soir puis, le lendemain après-midi, la partie correspondante de la BD.

Sens des mots et portée du langage... comment enrichir son vocabulaire ? Les missions occultes de la rhétorique... pour le commissaire divisionnaire jacques Bayard mener une enquête dans un milieu universitaire d'érudits égocentriques et d'étudiants boutonneux entre profs introvertis et potaches mi révolutionnaire mi paillards, est source de déconvenues où malgré son rang d'officier de la république, il est obligé de convenir que ce monde là n'hésite pas à lui en apprendre...

Les intellos ont leur langage à partir d'un vocable dont ils savent faire grand étalage... mais à confronter concepts, idées et fumeuses théories c'est à une escalade verbale qu'ils se livrent au grand dam des individus lambda pour qui tous ces amalgames de sonorités et de mots deviennent une logorrhée indigeste au niveau des aptitudes à suivre, comprendre et resituer dans le bon contexte. le commissaire Bayard a tôt fait d'être perçu comme un "âne" par l'acolyte qu'il s'est choisi pour pénétrer ce milieu d'universitaires de renom dans lequel il doit mener son enquête.

L'acolyte dont il est question ici, c'est Simon Herzog, professeur thésard, spécialiste en sémiologie... Leur première rencontre a lieu à son cours où il expose à ses étudiants l'importance des chiffres et des lettres à partir de l'exemple James Bond... Un brillant exposé que vous pouvez lire page 38 et 39...

Avançant dans la lecture, on tombe page 332, sur ce passage savoureux où Simon tente de faire comprendre à Bayard les vertus du perlocutoire selon les théories d'Austin qui les a décrites en en expliquant les mécanismes mais dont on doit les applications pratiques à Jakobson...

Autre passage remarquable... A Venise pour un colloque et une joute oratoire, un admirateur prend a parti Simon, lui citant un conseil de Casanova héros du cru, à propos d'un duel au pistolet ; Simon lui rétorque que pour une joute oratoire, les principes sont différents et ne manque alors pas de faire un étonnant rapprochement avec les qualités spécifiques des meilleurs joueurs de tennis du moment, pour échanger des arguments comme eux se renvoient la balle ...



Que nous raconte cette histoire plutôt rocambolesque sur fond d'enquête policière emmenant cet improbable duo policier & prof, de Paris à Bologne, aux États-Unis, à Venise, puis à Naples ?

Au-delà de la volupté séductrice de éloquence, la fascination qu'exerce les grands orateurs sur leurs auditoires avec, en filigrane, le pouvoir de manipulation du langage suivant la formulation des idées et la tournure des phrases.

Plus qu'une simple enquête policière pour meurtre, c'est une véritable quête que vont mener ensemble Bayard et Simon. Elle les entraîne dans une aventure périlleuse ou l'érudition côtoie la barbarie, la seconde pouvant résulter de la première sachant que l'inverse est improbable.

Le Roman de Laurent Binet exige d'être attentif aux enchaînements de situations quand il ouvre des parenthèses qui nous semblent hors contexte, nous sortant manu-militari de l'action. Il y a aussi ces exposés ronflants à propos de la sémiologie dans ses rapports avec la langue et l'usage d'un vocabulaire approprié pas toujours assimilable. Toutefois, le suspens ne manque pas, ni les brusques déchaînements de violence ni les pulsions sexuelles insolites. L'intelligence supérieure des élites universitaires n'exclue nullement leurs faiblesses et leurs addictions et pour certains, leur férocité maladive...

"A travers nos agissements, serions-nous alors formaté par le langage ?... Fort maté, jusqu'à avoir un langage châtié..."



La BD se superpose à nos représentations d'après lecture du livre, en matérialisant par l'image le décor et les personnages. le dessin est vif, parfois caricatural, pour ne pas tomber dans les excès du graphisme hyper-réaliste. J'ai apprécié cette fusion entre dynamisme et retenue du coup de crayon qui permet au lecteur d'adopter le profil des personnages sans se départir des images qu'il construit mentalement à partir du livre de poche. le coloriste a utilisé une chromatique de tons camaïeux jouant entre les ocres, les bruns et les verts. Cela renforce avec justesse l'intensité dramatique du scenario et met plus naturelement en exergue les personnages devant figurer au premier plan ou les détails opportuns et parfois crus d'une scène. Là aussi, on retrouve parfois, au défilé des pages, passant d'une planche à l'autre, des brusques sauts qui ne tiennent pas forcément à un changement de chapitre, nous introduisant dans une situation nouvelle ou inattendue. Mais il est notoire que le récit de la BD colle tout à fait à celui du roman, le contenu des images rassemblant des descriptions textuelles constitue, de ce fait, un excellent condensé de lecture* (Pour adultes)

J'allais oublier ces sublimes clins d'oeil dans la BD où figure, épars dans certaines planches, le personnage Olivier Perret dessinateur de cette BD qui, dans sa bulle, ne manque pas d'ajouter opportunément un commentaire humoristique à propos de l'obsession redondante de Simon désireux de savoir sil est dans la vie réelle ou dans une BD.

Entre joutes verbales et enjeux politiques où cette septième fonction du langage exercerait-elle le plus son influence ?

A vous de lire pour le savoir sachant que vous avez le choix entre le livre de poche et la BD et que rien n'empêche de lire les deux, l'un après l'autre, ou simultanément ...


Lien : https://www.mirebalais.net/2..
Commenter  J’apprécie          50
Il faut faire confiance à l'amitié. À sa parution déjà un peu ancienne, un ami m'a recommandé ce roman en précisant qui lui semblait avoir été écrit exprès pour moi, et une autre me l'a carrément offert. Il faut également faire confiance à son propre instinct sur la temporalité de la rencontre livresque : aucun moment n'eût été plus adapté pour piocher dans les rayons cachés de ma bibliothèque et savourer cette Septième fonction du langage que celui-ci, concomitant avec le Sexe des Modernes, dont je retrouve la totalité des personnages ainsi que nombre de notions – le performatif, l'illocutoire et le perlocutoire associés à Judith [Butler] qui, de nouveau sous la plume de Laurent Binet, fait preuve de ne les avoir pas très bien pigés, obnubilée cette fois-ci par de ténébreux desseins érotiques à l'égard du flic (presque homonyme du célèbre écrivain et critique littéraire)...
De nombreux romans ont été convoqués pour d'opportuns rapprochements avec celui-ci, dans lequel l'intertextualité est sans doute le thème le plus significatif : sans me risquer à en avancer d'autres de mon cru, je vais me limiter à trouver de fortes analogies stylistiques et structurelles avec le Pendule de Foucault d'Umberto Eco, qui est aussi un personnage fort important dans ce roman. Je voudrais souligner en particulier le côté satirique que ces deux ouvrages partagent ; mais à cette différence près : si Eco ironisait principalement contre le monde de l'édition et cette pensée ésotérico-new age qui n'en finit pas de nous hanter (en tant que contemporains désorientés donc assoiffés de signes occultes...), les cibles de l'humour de Binet sont multiples : les Modernes naturellement, mais aussi le politique, le genre du polar avec son hyperbole des scènes criminelles. de plus, l'auteur se pousse ici plus loin qu'Eco-romancier dans son expérimentation de la mise en abîme du roman (cf. cit. 4), et dans d'autres explorations du métalangage au moment même où il vulgarise avec beaucoup d'habileté tel ou tel concept de linguistique, lequel trouve immédiatement son exemplification dans sa narration. Cela contribue à fluidifier la compréhension de l'intrigue, à donner de l'épaisseur et de la vraisemblance à certains personnages (je pense en particulier à Slimane, qui « fonctionne » à merveille) et naturellement à rendre l'ensemble de la lecture particulièrement jouissif. Naturellement, j'ai adoré le soin des détails, des cadres caractérisant le début des années 80 (les tennismen, le discours-duel électoral Giscard-Mitterrand, etc.), jusqu'à la précision des mots italiens (et dialectaux napolitains...) et la datation de la plupart des événements – était-il vraiment indispensable de faire mourir prématurément Derrida et Searle ? Enfin, je me demande qui des personnages encore vivants a dû rire le plus jaune en lisant le livre : Kristeva ? BHL ? Sollers ?
Commenter  J’apprécie          153
Un livre plein d'érudition, de références, d'humour... sous la forme d'un polar plein de rebondissements, rocambolesque et drôle.
J'ai dévoré ce livre loufoque et burlesque. C'est le deuxième livre de Laurent Binet que je lis après "HHHH".
Je vais me procurer les autres écrits de cet auteur.
Commenter  J’apprécie          10
Ce bouquin à été l'un de mes meilleurs moment de lecture de ces dernières années ! C'est une plongée dépaysante dans l'univers des cercles intellectuels Parisiens. On en viendrait presque à apprécier Roland Barthes.
Je le conseille et l'offre sans réserve à tous mes amis.

Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (2522) Voir plus




{* *}