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3,7

sur 1088 notes
Bjarni Gíslason de Kolkustadir livre dans “La lettre à Helga” son amour devenu impossible au moment “où l'on regarde ses pantoufles en pensant qu'un jour elles seront encore là, tandis qu'on n'y sera plus pour les enfiler”,

Il nous parle avec lyrisme et sagesse de sa vie en Islande, loin de la ville : “j'ai appris à interpréter le souffle qui sort des naseaux du boeuf".
Il pêche le lump pour le caviar, capture le phoque au filet et traite la gale des moutons avec une balnéation à base de cette préparation : “je jetai dans l'urine pure des algues et de la cendre de bois, additionnées de bitume, de pisse humaine et de quelques feuilles de tabac. Ça fait toute la différence!”

C'est un personnage rustique qui aime de cette façon et c'est tout le charme de ce roman de faire des ponts entre sa vie d'éleveur de moutons et sa sensualité (voir citations).

L'auteur, Bergsveinn Birgisson, porte la mémoire des histoires que lui racontait son grand-père, éleveur et pêcheur lui-même dans le Nord-Ouest de l'Islande.

Ce court roman m'a enchanté par l'authenticité truculente du narrateur.
Il a su me faire partager son mode de vie et la sincérité de son amour.

Le nonagénaire perce l'abcès de sa vie dans cette lettre, en faisant une sorte de bilan testamentaire bouleversant : “Je compris que le mal, dans cette vie, ce n'était pas les échardes acérées qui vous piquent et vous blessent, mais le doux appel de l'amour auquel on a fait la sourde oreille - la lettre sacrée à laquelle on répond trop tard, car je le vois à présent, dans la clarté du dénouement, que je t'aime moi aussi.”
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Voici le magnifique chant d'amour d'un fermier Islandais au crépuscule de sa vie,à l'âme de poéte ou la confession épistolaire pastorale d'un homme simple , taillé à la serpe. Sa voix a assimilé les lectures dont il porte merveilleusement les influences et le style. Lyrique mais aussi d'intelligence terrienne , au caractère un peu brut et primitif, cet homme délivre une longue missive, tendre, enflammée, coquine, crue parfois ,à la femme de sa vie, Helga....Il retrace sa passion charnelle pour elle, entre plénitude sensuelle, assouvissement et culpabilité....Écartelé entre fidélité viscérale à sa ferme et à sa terre natale, loyauté de mari, racines familiales, honnêteté et droiture, il portera cette déchirure et cette douleur sa vie durant....Un amour sans limites d'un homme qui s'est lui- même privé de l'amour de sa vie!
Tendresse, poésie,hommage à la rudesse du monde rural, humour débridé, sensualité, vigueur, considérations sur le désir, le destin, la nostalgie du passé , ce roman touchant, intime est un pur bijou d'émotion!
Bouleversant ! Découvert par hasard!
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« L'être humain peut faire de grands rêves sur un petit oreiller »

Puisque tout a déjà été écrit, pourquoi ne pas profiter de cette longue lettre pour un court adieu pour parfaire nos connaissances en élevage ovin ? Par exemple se rappeler comment éliminer la gale des moutons avec de l'urine fermentée. Ou comment palper les agnelles pour décider de leur sort avant l'hiver, l'abattoir ou le doux séjour dans la bergerie, peau contre peau avec les congénères et nourries de bon foin bio. Revoir aussi la façon de favoriser les portées doubles chez les brebis, de façon naturelle, sans aucun apport hormonal ou médicamenteux.

J'ai passé un bon moment avec Bjarni, ce paysan islandais (moi qui croyais que les Islandais étaient tous pécheurs de père en fils, me voilà détrompée - et détrempée, mais là rien à voir, la faute à la saison) qui chante son amour pour Helga. Elle, belle, non pas comme un camion, mais comme un tracteur Farmall. Elle, une fille du Nord au sang chaud, plus chaude que le climat, et qui n'a pas froid aux yeux. Bjarni dit aussi l'amour pour son pays, les Vikings et les sagas, dans une atmosphère qui m'a évoqué de temps en temps les racontars de Jorn Riel.
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Bjarni était éleveur de moutons et contrôleur des réserves de fourrage du Canton de Hörgà. Il a 90 ans et écrit à Helga et revient sur sa vie.
Il lui explique pourquoi, malgré tout l'amour qu'il lui portait et la naissance d'une petite fille, n'a pas quitté sa femme pour aller refaire sa vie avec elle à Redjavik.

Dans un style sobre mais non démuni de poésie, d'humour et parfois de langage cru, l'auteur nous livre l'histoire d'une vie.

On y découvre la rudesse, la solidarité, les jalousies qui font la vie des paysans islandais.

Les révélations de Bjarni, ses états d'âme nous le rendent très attachant. Il nous partage, par beaucoup d'anecdotes, la passion pour son métier et aussi son amour fou pour Helga.

Jamais je ne me suis senti voyeur mais plutôt confident de ces moments intimes.

Prenez le temps de faire connaissance de la vie rustique des paysans islandais en parcours ces quelques pages.
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Confession d'un pécheur d'Islande — qui n'était pas pêcheur mais éleveur de moutons — "La lettre à Helga" nous transporte au siècle dernier sur une terre brute pétrie de légendes.

« Bientôt, ma Belle, j'embarquerai pour le long voyage qui nous attend tous. Et c'est bien connu que l'on essaie d'alléger son fardeau avant une telle expédition. »
Bjarni Gíslason, nonagénaire, sentant la mort approcher, décide d'écrire une longue lettre à celle qui fut le véritable amour de sa vie. Lui « qui a préféré croupir dans son coin plutôt que suivre son amour » ouvre enfin son coeur et explique les difficultés de son mariage avec Unnur, stérile et amère à la suite d'une opération chirurgicale ratée, et les raisons, bonnes ou mauvaises, qui l'ont empêché de partir avec Helga quand les occasions se sont présentées.

Cette lettre illustre le combat millénaire entre l'amour et le devoir. Vieillard encore vert, Bjarni se plait à évoquer ses moments de bonheur dans un récit lourd de désir, comme le corps d'Helga. L'amour, cela aurait été s'enfuir avec elle et ses enfants à Reykjavík, donc abandonner la pauvre Unnur et surtout quitter ses brebis et sa ferme, dans la famille depuis 9 générations. Alors le devoir, ou la lâcheté devant tant de sacrifices, l'a emporté...

Si j'ai parfois eu le coeur serré devant ces vies gâchées, ce récit m'a surtout procuré un dépaysement complet, m'emportant en Islande pendant et après la deuxième Guerre mondiale. La plupart des noms sont imprononçables, mais cela n'a pas d'importance quand on lit pour soi-même. Il y a aussi des allusions à des ouvrages de littérature islandaise qui me sont parfaitement inconnus. Mais tout le reste est très accessible, plein d'humour, d'auto-dérision et d'une poésie agraire empreinte de trivialité. le vocabulaire est à l'avenant, pas piqué des hannetons et aromatisé à l'urine de mouton.

L'auteur, Bergsveinn Birgisson, est lui aussi attaché à la terre de ses ancêtres et à leurs traditions. À travers la laborieuse existence de Bjarni, il construit un plaidoyer pour le travail de la terre et l'artisanat, contre l'industrialisation anonyme et la société de consommation qui rabaissent le bonheur à la capacité de s'offrir « toute chose comme sur un menu ». Une manière de relativiser nos tracas de citadins et de réhabiliter la vie à la campagne, au coeur de la nature.

Le plus beau, c'est que le vieil homme n'est pas amer ; il est plutôt apaisé et rempli d'espoir à l'heure d'aller retrouver Helga. « Si les dieux me l'accordent, c'est justement comme ça que je m'envolerai vers toi finalement, sur les ailes de la poésie. »

-- Livre lu dans le cadre du jury "Libraires en Seine" 2014 ; prix décerné à "Kinderzimmer" --
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Bjarni Gislason, 90 ans, écrit une longue lettre retraçant sa vie d'éleveur de brebis, héritage d'une passion de la terre et de la nature ;

Mais plus encore, il nous dit son amour infini pour la belle Helga !

Une confession, un aveu de lâcheté, un hommage d'amour à la femme aimée (amour impossible) , les derniers mots et ce sont les plus beaux.

Un peu "bourrin" notre amoureux, mais attachant et désarmant de sincérité.

Beaucoup de rusticité, où affleurent au bout des doigts calleux et des battements de coeur, une profonde tendresse, une douceur brute, et une sensualité qui vous touche et vous embarque jusqu'à la toute dernière page.

* Une lettre de papier sur un coeur déchiré et un JE T'AIME avoué à l'Eternité, son Eternité : HELGA !*

Très belle déclaration d'amour.


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Bergsveinn Birgisson, met en scène un homme sur les dernières marches de l'escalier de sa vie, celui-ci regarde en arrière et écrit ce qu'il voit dans une lettre dédiée à Helga, l'amour de sa vie.La rétrospective n'est pas seulement une vision extérieure mais plutôt intérieure de ce que son être au plus profond de lui a pu éprouver.Helga est celle qui a posé un voile, tissé une toile sur son âme en fibres amoureuses.
L'écriture est particulière, je la qualifierais de velours dans la main rude et rurale d'un éleveur de brebis. le résultat de cette lecture m'a donné la sensation de franchir des montagnes russes en terme d'ondulation au niveau du style. En effet, on passe de la plus tendre des proses au tracteur plein de camboui. le franc parlé de Bjarni nous amène à comprendre ses ressentis dans son environnement sur son existence, sur ses choix non sans regrets certes, néanmoins il est resté habité tout au long du chemin par l'amour, celui pour Helga.
Une lecture attachante, colorée, aux senteurs naturelles de la campagne islandaise.J'ai beaucoup aimé
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Ce beau livre, tant par l'aspect que par le fond ,( la collection des éditions Zulma est vraiment superbe, visuellement) nous plonge dans l'Islande sauvage et profonde, et nous présente le monde paysan, tel qu'il existe encore aujourd'hui dans certaines régions isolées de cette île énigmatique.

Il s'agit bien d'une lettre que le narrateur proche de la mort , éleveur de moutons,envoie à celle qu'il a toujours aimée sans avoir pu vivre avec elle. Une lettre bouleversante, où il met son corps et son coeur à nu pour évoquer leur amour intense, sensuel, vibrant.

Il regrette de ne pas avoir franchi le pas, de ne pas être parti avec elle à la ville. Malgré son amour sincère, il n'aurait pas su se détacher de sa terre, il explique être enraciné dans ce paysage désolé, loin de tout.

Cette lettre-aveu, cette lettre-cri du coeur reste longtemps , comme un écho, en nous, elle nous transporte par sa poésie sublime, dans l'univers islandais rude, battu par les vents, pierreux, à la lumière changeante et mystérieuse.

Terminons par ce quatrain composé par le narrateur pour celle qu'il aimait,qui reflète parfaitement l'atmosphère passionnée de ce court mais puissant roman:

" Quand elle aimait,
Les cimes résonnaient,
Elle lavait ses cheveux de soie
Dans les sources des montagnes".







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La Lettre à Helga est le témoignage poignant d'un homme, éleveur de brebis, déchiré entre son amour pour une femme et celui qui l'unit à sa terre. Ancré dans ses traditions, enraciné dans son village islandais depuis de nombreuses générations, attaché à ses bêtes et vivant au rythme de la nature, il va vivre une passion charnelle avec sa voisine, la belle Helga. Amour impossible, ils sont mariés tous les deux, il leur faudrait partir habiter ailleurs pour cacher le fruit de leur amour et fuir les ragots...Mais il refuse et elle le quitte.

Destinée tragique admirablement contée par Bergsweinn Birgisson, car au delà de cette histoire ce sont deux mondes qui s'affrontent. Celui d'un passé encore présent dans les campagnes, où la vie humaine avait un sens, s'inscrivait dans les lois de la nature et celui de la modernité des grandes villes américanisées, où l'homme, coupé de ses racines et de ses traditions, est confronté à l'absurdité de n'être plus qu'un être de hasard.
Très beau texte que cette déclaration d'amour d'un vieil homme, chargé d'érotisme et de poésie, de douleur et de souffrance, de nostalgie et de regret finalement d'un amour perdu à jamais.
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Ce livre m'a été prêté, et même donné, et puis je l'ai oublié derrière la masse d'autres livres... Ce petit volume guère épais, qui a ressurgit je ne sais comment du tas d'autres livres. Ce petit poche de chez Points qui se rappelle à moi avec sa couverture en couleurs douces.
Tiens donc! Et l''auteur est...islandais (je croyais qu'il était norvégien!). Et le livre a déjà recueilli 243 critiques, analyses et avis des babelionautes!
Dans mon wagon à lire, j'ai des auteurs islandais, mais ce sont plutôt des policiers...
C'est donc par Bergsveinn Birgisson que je découvris, donc, la littérature de cette lointaine terre aussi septentrionale que volcanique.
Qui plus est, par un livre en forme de longue lettre d'amour.
Comme un long chant d'amour, qu'au crépuscule de sa vie un vieil homme adresse à l'autre femme et à sa terre d'Islande qu'il va quitter.
Dans ces denses cent-vingt pages, j'ai appris sur cette île méconnue de moi où Bjarni souffre d'un amour complet, total et...impossible.
Bjarni aime, choisit,renonce, regrette, souffre et brûle, se consume. Vit.
Emmené au gré des poèmes et légendes anciennes de ce pays du septentrion, dans une modernité qui monte et qui l'effraie, Bjarni est tout ensemble libre et captif.
Ah non, la vie de Bjarni n'est pas un long fjord tranquille.
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