Une découverte jubilatoire de pur hasard...au fil des flâneries papivores de toutes sortes !!
Un nom des plus communs: "André Blanchard !!"... Ce qui l'est nettement moins, c'est son ton caustique jusqu'à l'humour très, très noir...en passant par l'ironie grinçante, et le désabusement !:
"Hiver
Comme s'ils débarquaient d'une autre planète, il est des gens qui, après m'avoir dit "Il paraît que vous écrivez ?" y vont de cette question vaseuse: "Et où peut-on trouver vos livres ?"; d'où mon envie de répondre :
- Au magasin de farces et attrapes. "(p. 61)
L'auteur disparu , en septembre 2014, a visiblement noirci pendant plus de 25 ans, des carnets et des carnets, édités par le Dilettante: impressions au jour le jour, entre compte -rendus de livres, sympathies, antipathies, admirations pour des écrivains passés et présents, commentaires divers sur l'actualité, la politique, l'évolution des mentalités...
"Je trouve excessif qu'on salue chez un écrivain sa liberté de ton. C'est un minimum. Pour y prétendre, et s'y maintenir, il faut certes un postulat: se foutre des ventes et autres récompenses, ne jamais ménager quiconque a du pouvoir ou de l'entregent. Conclusion: soit être pété de thunes, sans n'avoir pas de train de vie.
Que la littérature, elle , vive à crédit. "(p.144)
Un carnet où on trouve une belle et énergique défense de la littérature; cela ne l'empêche pas d'avoir certains jugements acerbes sur certains écrivains que j'apprécie: Annie Ernaux, Charles Juliet... mais curieusement sa liberté de ton reste jubilatoire.Des "envolées enthousiastes" sur la Correspondance de Flaubert, Zola, Duteurtre(cf. "La Rebelle", plus particulièrement...),Léautaud, etc
" (22 mars) Un livre dans la boîte à lettres, c'est l'égal d'un matin au pied du sapin. "
(p. 91)
Cet écrivain ne mâche pas ses mots; il épingle ses contemporains, ainsi que toutes les conventions et l'ordre établi !!
Il est aussi beaucoup question dans ces lignes du "Spleen" dans le plus noble sens baudelairien....
[P.S: parenthèse mineure et toute personnelle, je sais gré à cet auteur d'avoir exprimé un compliment fort mérité envers une collection de Gallimard, que j'affectionne au plus haut point: "De J.B. Pontalis, mort en janvier, je n'ai rien lu.
Je n'ai donc pas d'avis sur sa postérité. Malgré quoi, ce qu'on peut d'ores et déjà porter à son avantage, décisif, ce fut d'avoir créé la plus belle collection de littérature contemporaine, "L'Un et l'Autre-" (...)Comme la collection doit compter une centaine de titres, j'ai de l'admiration qui m'attend" (p. 80)]
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Un recueil de notes, un carnet, ce n'est pas la même chose qu'un journal intime, plus proche de la vie concrète. Le carnet rassemble des notations éparses, des impressions, souvent déconnectées du lieu, de l'heure et du temps. L'esprit d'André Blanchard est toujours aussi vif, et il ne ménage pas ses piques aux puissants et aux sots de son temps, à savoir les grands hommes de 2012 et de 2013. Mais la verve satirique se fait discrète, et l'on voit souvent apparaître de brèves allusions à ce qu'il appelle le spleen, de ce mot baudelairien qui désigne l'absence totale de désir et de raison de vivre. En fin de compte, un petit livre très oubliable, hélas, et qui ne marque ni par ses pages intimes, ni par ses jugements critiques.
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Quand nous relisons, viennent à nous des détails sur lesquels une première lecture n'avait pas tilté; ainsi, dans le premier volume du -journal- de Léautaud avons-nous droit coup sur coup à trois chapeaux bas: Wilde, Rebell, Van Gogh, présentés comme des êtres en marge certes, sauf que c'en est une d'excellence: ils sont en dehors "de la médiocrité de la vie courante"; d'où ce cri du cœur: de tels êtres, "il ne faut pas se lasser de songer à eux et de les aimer" (p. 46)
Ceux qui parlent le français avec un accent, et même un fort accent étranger, je trouve cela pittoresque et plaisant . C'est enrubanner notre langue en lui prêtant un trente et un qui en renouvelle les vocalises afin de l'emmener en balade vers des horizons qui lui déroulent une manière de tapis rouge.
La poésie est pour, elle dont les voyelles reçoivent en cadeau un supplément de couleur. (p. 17)
Un de Gaulle, un Malraux, revenaient moins chers à la République qu'un président ou un ministre d'aujourd'hui. Ce n'était pas nécessaire de recruter des nègres pour écrire leurs discours. (p. 57)
Hiver
Comme s'ils débarquaient d'une autre planète, il est des gens qui, après m'avoir dit "Il paraît que vous écrivez ? " y vont de cette question vaseuse: " Et où peut-on trouver vos livres ? " ; d'où mon envie de répondre :
-Au magasin de farces et attrapes. (p. 61)
Relire, avant même que nous tournions les pages, promet : primo, de chiner avec profit pour notre bibliothèque car déranger cet alignement hiératique de livres, voilà qui y transfuse de la vie et gomme son apparence de musée; secundo, de nous exiler dans nos souvenirs les plus hospitaliers. (p. 108)