Je me suis lancé dans cette BD juste pour mon amour de l'Antiquité sans rien attendre de plus que de satisfaire ma curiosité concernant le projet de raconter une histoire autour de chacune des Sept Merveilles antiques… Et j'ai été carrément embarqué par le récit de
Luca Blengino et les dessins de
Stephano Andreucci.
On nous raconte les événements qui se déroulent durant les 88e Jeux Olympiques, en 432 avant Jésus-Christ, et suit le parcours de 3 lutteurs qui s'affrontent dans la palestre et en dehors :
- Kionis, le champion athénien doit mettre la main sur le trésor dérobé et caché par le poète de la pierre Phidias
- Pantarké, le champion olympien doit assassiner son maître et amant Phidias pour discréditer la cité d'Athènes
- Aurelios, le champion de Mykonos qui vient pour la 3e fois à Olympie pour des raisons connues de lui seul…
On ne nous dit pas tout d'eux, et c'est tant mieux… Ils sont à plusieurs facettes et conservent une part de mystère.
Derrière les luttes de pouvoir et la recherche d'un trésor, quel est le véritable fil directeur du récit ?
- d'un côté nous avons un père qui revient à Olympie à la recherche de l'enfant perdu de son amour disparu
- d'un autre côté nous avons un enfant paria qui reste à Olympie dans l'unique espoir de retrouver son père inconnu
Alors que le père et le fils se retrouvent enfin et décident de prendre un nouveau chemin, le tragédie les rattrape… Une historie sur la famille, très bon racontée, touchante et émouvante car simple et universelle. Ceux qui la juge fouillie et peu lisible n'ont pas du faire beaucoup d'efforts pour la comprendre… Ou alors, habitués aux longues séries à rallonge, ils n'ont aucune indulgence pour les one-shot soumis aux rudes contraintes du format qui tient beaucoup de l'exercice de style.
Décidément l'école italienne regorge de talents ! Les dessins de
Stephano Andreucci sont très maîtrisés, chaque personnage est bien campé, et dispose d'une belle palette d'expressivité. le cadrage et la mise en scène bien que misant davantage sur l'ambiance que sur l'action sont aussi bien fichus qu'un storyboard hollywoodien. Et les couleurs de Lou se marient bien aux dessins et leur apportent une belle plus-value : on passe de la lumière à l'obscurité, de l'aube au crépuscule, des extérieurs délavés par la pluie à l'obscurité des temples éclairée au rouge de la flamme… Tout cela est vraiment très beau !
L'épilogue est une histoire en soi car que nous dit Aurelios Junior ?
« Je ne suis jamais retourné à Olympie. J'ai longtemps vagabondé, vu la mer et les montagnes aux frontières du monde… Et moi aussi, j'ai combattu… En Attique, sur les côtes du Péloponnèse, dans colonies de Sicile. »
Il faut comprendre qu'il a cherché vengeance des responsables de la mort de son père en combattant les Athéniens sur tous les champs de bataille de la Mer Méditerranée…
« A mon tour j'ai trouvé la paix, dans les bras de la femme qui m'a offert un fils… à qui j'ai donné mon nom. »
Il faut comprendre que la violence appelle stérilement la violence, et que pour trouver la paix il faut s'extirper de cycle éternel de la haine pour profiter des bonheurs simples de la vie, en aimant les siens et en respectant son prochain. Appartenir à cette grande humanité quoi, et pas aux homines crevarices… Un
David Gemmell, un
Javier Negrete ou un
Paul Kearney nous en aurait fait un chouette cycle !
4 étoiles, mais 1 de plus juste pour lui donner le coup de pouce qu'elle mérite bien…