Après tout, si on me mélange, quelle importance. Je suis soluble.
C'est de ça que j'ai envie.
D'une affirmation de l'existence. De m'installer dans la permanence. De prendre ma place dans la bataille fragile et pitoyable des êtres humains qui posent des fondations et montent des édifices en sachant pertinament qu'un jour ou l'autre, tout disparaîtra.
Je devrais écrire un mail à Lloyd Cole. Je commencerais par « Tu vois, Lloyd, un jour, j’y suis allé, à Morro Bay ». Un jour, j’en suis revenue aussi. Et après, la vie a repris ses droits. (p.242)
p.128 « Je suis en lutte perpétuelle .Je marche écartelé sur la ligne rouge qui sépare la marge de la page. Je m’y maintiens en équilibre.J’étends les bras.Mes pas sont encore mal assurés .Le vent menace à tout moment de me faire basculer. Je suis là-haut, tout là-haut. Je suis un funambule »
... la mue, c'est un processus long et difficile. Cela prend des heures, des jours parfois. Et c'est douloureux.
Il n'y a pas de bien ou de mal. Il n'y a que des circonstances.
Nous nous perdons.
De vue, de sentiment, d'intimité.
Nous déambulons, fascinés. Nous oublions les deux autres. Je me retrouve à arpenter des salles emplies d'enthousiasme réel et de chance factice, d'éclats de rire tonitruants. Je ne connais plus la fatigue. Je rencontre, éveillé, ce qui fait mes nuits depuis quelques années, l'irréalité.
“Les rues défilaient. Nous n’allions jamais loin. Nous ne partions jamais longtemps. C’était pourtant la plus belle des conquêtes.”
Elle avait 37, 38, 39 ans. Les possibles se refermaient lentement sur une vie qu'elle n'avait pas totalement choisie. Elle balayait les questions. Elle savait que les choix, de toute façon, ne sont que des illusions que l'on se façonne pour prétendre être libre.
« J’ai vingt-deux ans. J’aurais eu vingt-trois ans dans un mois et demi. J’aurais pu avoir la vie devant moi. Le problème, c’est que je l’ai derrière. » (p. 228)