Dans ce court récit, on suit le parcours quotidien de Théo, collégien lillois sociable et passionné de basket. Un adolescent de 15 ans « ordinaire » auquel on peut facilement s'identifier. Avec ses parents et ses soeurs, il va rendre visite durant les vacances de février à son grand-père qui vit dans un camp de réfugiés ivoiriens au Ghana. Mais avant le grand départ, il y a les démarches et les préparatifs, et toute sorte de petits évènements qui dressent le décor, nous placent dans le contexte et nous permettent de mieux connaître les personnages (la famille, les amis…) et de nous attacher à eux. Ainsi, on rencontre à diverses occasions des personnalités variées, souvent des Ivoiriens qui ayant fui la guerre post-électorale de 2011, se sont retrouvés en France et racontent leur expérience traumatisante. Une des soeurs de Théo, qui est en 1ère, prépare dans le cadre des TPE (travaux personnels encadrés) un exposé sur la situation des migrants. Avec ses copines, elles mènent des recherches pour mieux éclairer les conditions de vie de ces personnes souvent très jeunes qui fuient leur pays pour échapper à la guerre, la répression ou la misère. La famille de Théo est également confrontée à des échanges avec des amis ou des connaissances qui ne comprennent pas forcément le conflit ivoirien et l'attitude plus que contestable qui fut celle de la France. Les idées ont été formatées par l'opinion dominante et l'éclairage qu'en ont donné les médias à l'époque, et il est difficile de faire admettre la réalité à ceux qui refusent d'ouvrir les yeux. Quant à Théo, il observe tout cela avec un intérêt parfois teinté d'indignation, tout en communiquant par Skype avec son grand-père ivoirien, scientifique de haut niveau, qui l'aide à distance à résoudre ses problèmes de maths !
La description du voyage en lui-même est ensuite très prenante et instructive, on découvre un pays peu connu en France, le Ghana, et les conditions de vie de ces nombreux réfugiés dont on a si peu entendu parler dans les médias français. La famille de Théo apporte des vêtements et affaires collectés en France depuis des mois. Elle partage leur quotidien pendant plusieurs jours, ce n'est pas facile et les détails matériels nous aident à visualiser et comprendre ce qu'endurent ces personnes démunies et oubliées de tous.
Comme dans ses précédents romans, Sylvie Bocquet N'Guessan adopte un style vivant et concret, avec aussi pas mal d'humour et un ton enjoué malgré la gravité du propos. En entrant dans la vie de cette famille sympathique, en prenant l'avion avec eux pour le Ghana, on ouvre les yeux sur une réalité ignorée. Ce n'est pas que de la dénonciation, c'est également un message porteur d'espoir, même si la description du vécu de certaines personnes fait froid dans le dos. Une lecture à recommander aux ados et aux adultes pour une prise de conscience plaisante, sans excès de didactisme.
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Le père de Théo a décidé de payer des vacances à toute la famille, au Ghana. Une décision excitante puisque c'est une surprise pour son épouse. Tout le monde participe aux préparatifs en se posant des questions: comment seront-ils accueillis? Pourront-ils voir leur grand-père? Qu'emmène-t-on dans un camp de réfugiés? Comment parler du Ghana aux amis qui ignorent l'existence de ce pays?
La guerre ivoirienne et son lot de réfugiés expliquée aux enfants. La parole des réfugiés explique leur vécu. Théo écoute attentivement. C'est si invraisemblable! Surtout qu'il doit faire un exposé à ce sujet. Cependant, Théo ne s'attendait pas au choc. Climatique. Face à la vie des réfugiés. A toute cette nouveauté autour de lui. A la vie des exilés. Il pourra raconter beaucoup d'histoires à son retour en France.
Le monde des réfugiés n'aura plus de secrets pour les jeunes lecteurs. La lecture reste agréable et prenante. C'est un roman lu d'une traite. Il offre de nombreux renseignements sur le sort des ivoiriens exilés, après la guerre de 2011. Sur ces familles séparées par les évènements. Théo se souviendra longtemps de son voyage. Nous aussi.
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