AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
32 pages
La Charrette orchestrale (01/02/2021)
4.83/5   3 notes
Résumé :
Dernier Carré est une revue qui, depuis 2018, parle explicitement de la fin du monde – qui est même le Bulletin de la Société des Amis de la fin de celui-ci ; de la fin du monde telle qu’elle est à se produire autour de nous et autour de tous ceux qui, distraits, persistent à parler de moindres choses – à cet égard. La revue dispose ainsi d’une certaine avance en matière d’actualité et ses lecteurs ne s’ébahissent pas des désordres apparaissant dans la civilisation.
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Dernier carré, n°6 : Bulletin de la Société des amis de la fin du mondeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Compte à rebours.
Lire l'ultime numéro paru de « Dernier carré » et aller decrescendo vers les anciens bulletins de la Société des amis de la fin du monde pour tendre vers le zéro implosif peut s'avérer cohérent avec le propos des deux auteurs nihilistes, Baudouin de Bodinat et Marlène Soreda.
Après le numéro 7, éblouissant de noirceur mais laissant entendre, dans l'hiver nucléaire, le chant ténu d'un oiseau, voici le numéro 6, tout aussi percutant, remuant mais en fin de conte, inopérant tant la tragédie en marche semble implacable, la fin jouée d'avance. Face à l'inéluctable prévu de longue date, le rire est de rigueur quand l'humour noir gicle et cingle au détour d'une catastrophe annoncée. Baudouin de Bodinat écrit magnifiquement depuis l'Estaminet, en regard du cimetière. Ses mots dégonflent les baudruches de la bien-pensance, l'outrecuidance de la novlangue, les parangons du progrès. Cela soulage un peu du prurit néolibéral et de la gangrène consumériste. Son propos est cousu de vérités indubitables que l'on occulte entretemps et que l'on minimise quand elles éclatent à l'exemple des mégafeux ravageant la Terre. Pauvre France ! Ça sent le roussi par tous les coins de l'hexagone. Bodinat enfonce le clou et ça fait mal d'autant plus qu'on l'a claironné dans le désert, des décennies durant, en vain. Nous y voilà donc ! Il y a bien quelque rafistolage inopiné mais le mur est toujours là, dressé, inébranlable, stoppant à tout instant, mais quand ?, implacablement, brutalement, définitivement notre fuite en avant : « L'avarie colmatée, la civilisation titanique remit le cap à toute vapeur vers sa destination finale ». L'incipit du bulletin de Bodinat donne le ton de l'élégie. La pandémie du Covid, au genre virevoltant dans cette période paniquée, est un révélateur de l'ineptie des gouvernements hors-sol : « en proie à un sauve-qui-peut si peu nécessaire, que cette fable étonnante de n'avoir rien pour soigner, que ce déni acculait dans une impasse, contraignait à des mesures soudainement extraordinaires et d'un affolement communicatif » et de l'incapacité des hommes à s'extirper de leurs vies égoïstes et médiocres, sans esprit et sans coeur, toujours promptes à se fondre dans la termitière numérique. La virtualité a gommé la réalité et tout s'écroule alors qu' : « Il aurait pu en aller tout autrement. »
Dans les « Piètres plaisirs de Paris », Marlène Soreda revient elle-aussi sur la contamination et le confinement, avec ses incohérences et sa violence : « Comment le monde peut-il s'habituer si bien à vivre avec ça : masques et mitraillettes ? »
« Formulaires & pièces jointes » narre, par missive interposée envoyée aux collecteurs de la redevance audiovisuelle, de l'inanité de posséder un poste de télévision.
« Sous la poussière » réveille d'anciens auteurs à travers quelques morceaux choisis, toujours en écho et en phase avec les propos tenus dans le bulletin soit un présent faisandé mais zébré d'éclairs réjouissants quand des présences au monde s'affirment.
« le magasin à poudre », si paisible avant la déflagration, dresse un catalogue effrayant de l'effondrement en cours avec notamment l'envol du mercure (« 38° en Sibérie au-delà du cercle arctique ») puis conclut : « de jolies températures printanières », se réjouissait pour le lendemain une présentatrice de journal radiodiffusé.
Enfin, un abrégé d'une revue de 1914, « Maison rustique des dames ». Des préconisations sont faites pour les lits d'enfants, durs et plats, avec une paillasse de maïs : « Il n'est pas bon d'habituer les enfants à se douilletter ». Les lits des domestiques, quant à eux, doivent être d'une « extrême propreté ». « Une maîtresse de maison ne doit jamais oublier combien est dure la nécessité des inégalités sociales… ».
« Dernier carré », nourrissant et succulent, est une denrée rare, mal identifiée et répertoriée, diffuse, erratique et comme les blocs rocheux transportés par des glaciers oubliés, irradiera encore quand tout aura été calciné depuis longtemps.
Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
[…] cet euphorisant se fait tout simplement par l’entremise de ces visiophones dont ils font un usage presque continuel… qui sont en portatif les dispensateurs de ces brèves extases… - « mon post a été liké 60 fois aujourd’hui » - que malgré soit on entend « léché » (« J’ai été léché 60 fois aujourd’hui »), comme en un phénomène d’animalisation générale, de bonoboïsation de la vie en société. Qui a pour envers les meutes de lynchage, à effet là-aussi de jouissance immédiate. (p. 13)
Commenter  J’apprécie          30
En résumé : par cupidité, bêtise et manque de cœur, par irresponsabilité gaspilleuse, gloutonnerie et prolifération, les hommes en sont venus à ruiner entièrement le système de la nature, à en démanteler toutes les harmonies et n’en laisser que ce gâchis ; non seulement mais ce faisant, à libérer les forces cataclysmiques qui sommeillaient en elle depuis ses premiers âges. Pris de frayeur et de remords ils implorent, réclament, ordonnent qu’on fasse quelque chose. En ce qui les concerne et d’ici là : abonnements aux nouvelles plateformes de films et séries, visiophone 5G abrégeant l’impatience, passeport vaccinal de libre-accès à la vie « comme avant », &c. (p. 10)
Commenter  J’apprécie          00
Il faut garder à l’esprit que chez les maîtres et possesseurs, une fourbe extrême peut se combiner à une étonnante sottise pour obtenir des résultats catastrophiques ainsi qu’en témoigne l’état dans lequel ils ont mis leur propre planète. (p. 6)
Commenter  J’apprécie          10
[…] oui, les chiens rient, ça se voit aux commissures. (p. 18)
Commenter  J’apprécie          30

autres livres classés : fin du mondeVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Histoire et généralités sur la Normandie

TOUS CONNAISSENT LA TAPISSERIE DE BAYEUX, QUI EN EST LE HÉROS ?

RICHARD COEUR DE LION
ROLLON
MATHILDE
GUILLAUME LE CONQUERANT
GUILLAUME LE ROUX

20 questions
70 lecteurs ont répondu
Thèmes : histoire , célébrité , économieCréer un quiz sur ce livre

{* *}