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EAN : 9782070208111
Gallimard (08/06/1966)
3/5   1 notes
Résumé :
Dans " Le Calme " (que nous avons publié en 1963) Iouri Vassiliévitch Bondarev, né en 1924, combattant de la guerre qu'il a racontée en trois romans parus de 1956 à 1959, avait montré la tragédie du retour des soldats dans l'apparente tranquillité, le silence rétabli quand les canons se sont tus. Il y montrait la famille des Vokhmintsev : le père, héroïque à nos yeux d'ici, a été victime d'un de ces procès du soupçon qui n'ont que trop sévi là-bas, Sergueï, le fils ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Iouri Bondarev développe dans ce livre une thématique à la fois propre à l'URSS — la surveillance de tous par tous — et à la fois complètement constitutive de l'humanité dans son entier, tous lieux ou toutes époques confondus.

Car, quand on y réfléchit, qu'est-ce qui permettait la mainmise, le musellement de la population par l'État lors de l'ère soviétique ? N'était-ce la collaboration active de telle ou telle personne, toujours prête à balancer telle autre pour telle et telle raison qui lui était propre ? On se rend vite compte que beaucoup, dans les individus que nous côtoyons ici et d'aujourd'hui, seraient prêts à s'adonner aux mêmes pratiques si l'époque ou la tendance s'y prêtaient.

Balancer son prochain ! Ah ! Comme c'est récréatif ! Comme c'est réjouissant, déjà, juste pour le plaisir, mais, imaginez, si en plus vous pouviez en tirer quelque avantage ! Ah ! Comme ce serait bon ! se disent certains, tout bas, en attendant des jours où cela sera mieux perçu socialement... Toute dictature, en fait, ne fonctionne que parce que des gens s'emploient à la faire fonctionner.

Il y a la police, bien sûr, qui, grâce à sa baguette magique — c'est-à-dire sa matraque — sait employer le langage approprié pour convaincre (ou vaincre les cons, c'est selon). Mais la police n'est rien, sans son réseau d'informateurs. Qu'en est-il du contrôle fiscal ? Les contrôleurs du fisc tapent-ils au hasard ou dans 99 % des cas, un gentil dénonciateur les a-t-ils mis sur la piste ?

Oui, décidément, il y a quelque chose d'incroyablement humain là-dedans : le désir d'assouvir une vengeance, d'épancher sa jalousie, son envie, le plaisir du " pas vu, pas pris ", faire un p'tit coup de pute, comme ça, en douce, sans que personne n'en sache rien, c'est génial, non ?

Alors, imaginez, à présent que cette possibilité soit offerte à tous, que vous puissiez être balancé par n'importe qui à n'importe quel moment pour n'importe quel motif. Sachant que nous faisons tous des entorses aux règles (certaines ou certains un peu plus que d'autres mais dans l'ensemble, tous nous sommes bons à mettre dans le même sac, quoiqu'en pensent celles ou ceux qui s'estiment au-dessus de tout soupçon), imaginez la panique, lorsque vous prenez conscience, tout d'un coup, qu'un motif de répréhension à votre égard est entre les mains d'autrui...

Qu'est-ce que je risque ? L'autre me balancera-t-il(elle) ? Quelle conséquence pour mes proches ? Vous commencez à regarder tout le monde de travers en vous demandant si l'on vous suit ou si l'on vous épie... Vous vous levez le matin en vous demandant si le couperet tombera aujourd'hui ou demain ou jamais... de quoi est au courant l'autre, au juste ? peut-il(elle) réellement vous impliquer ? Vous voyez, ce genre de réjouissances...

Eh bien c'est tout cela que nous présente Bondarev avec son personnage de Constantin Korabelnikov, chauffeur de taxi dans le Moscou des années 1950. Un soir, avec un collègue, un copain disons, du nom de Mikheïev, ils se baladent tous deux et se retrouvent au milieu d'une bagarre. Plusieurs hommes s'en prennent à un jeune qui a déjà le visage en sang.

Constantin essaie de calmer les assaillants mais ceux-ci lui font comprendre que s'il cherche absolument à s'interposer, ils pourraient être tentés de jouer des poings sur lui et sur son collègue également... Tout se passe très vite, le ton monte un peu... Constantin sort de sa poche un pistolet, un pistolet allemand qu'il détient depuis la seconde guerre mondiale, cadeau de son chef de l'époque pour service rendu sur le champ de bataille...

Oui, mais les règles de l'URSS d'alors étaient très claires : pas de détention d'arme non déclarée pour les civils, et cela tout le monde le sait. Constantin le sait, les assaillants le savent, Mikheïev le sait... Que va-t-il se passer pour Constantin ? Ce minuscule événement aura-t-il une répercussion sur toute sa vie, notamment avec sa femme, Assia, dont le père est en déportation et en prison pour dix ans pour avoir été délicatement balancé par un voisin...

Bondarev maîtrise assez bien son récit, quoique le démarrage soit un peu lent à mon goût. On sent bien la tension monter. En revanche, il termine sa narration par un épisode bizarre, un autre type de panique, celui d'un mouvement de foule lors de la mort de Staline. Personnellement, je ne vois pas le rapport entre cet événement et l'événement principal débattu, d'où une impression finale assez mitigée.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La bassesse a la vie dure. La bassesse est bien armée. Cela fait deux mille ans que le mal met au point son système de trahison, de ruse. De mimétisme. Tandis que le bien est naïf, il en est encore à l'âge de l'enfance. Toujours… Toujours en petite culotte courte. Désarmé, si ce n'est de bonté… Non, le bien doit savoir montrer les dents. Sans quoi, la bassesse finira par l'étouffer. Oui, montrer les dents ! […]
Nous ne sommes pas des intellectuels, non !… Nous ne sommes pas des intellectuels. Nous ne sommes pas les représentants de la Science. Nous ne sommes pas le sel de la terre. Nous ne sommes pas la sagesse des nations. Nous sommes des perroquets, des accessoires de théâtre au grand complet !

Chapitre IV.
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Qu'est-ce que le bien ? […] C'est ça… c'est une notion biblique. Celle d'une couleur blanche, immaculée. D'une transparence angélique. D'un regard de colombe. Pieusement levé vers le ciel. Une auréole au-dessus de la tête, nom d'un chien ! […] La bonne petite bonté naïve, confiante comme un enfant, proprette, elle a peur de se salir les mains. Elle veut être aimée. Elle veut attirer l'amour. […] Et alors ? Toi aussi ? La bonté bien proprette ? Non, non ! Non, la bonté doit savoir montrer les dents ! Et que tous les salauds de la Terre le sachent !

Chapitre VIII.
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