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3,76

sur 1003 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Quel plaisir de découvrir la plume de Miguel Bonnefoy à travers cette saga, de la France de 1873 au Chili de 1973, du phylloxéra à Pinochet, mélangeant à la fois la culture française et la culture chilienne. Les histoires familiales de trois générations se croisent au fil des pages pour les intégrer à la grande Histoire et cela prend toute sa saveur au gré de leurs rencontres et des événements qui parsèment leurs routes.

Les personnages sont passionnants et passionnés, diablement bien travaillés donnant toute cette sève essentielle à tout bon roman. 200 pages d'une densité et épaisseur d'une rare qualité, le tout servi par une plume lumineuse, où chaque mot est minutieusement choisi.

L'auteur aborde des thèmes très actuels, comme l'exil, le déracinement, l'émigration, les horreurs de la guerre ou de la dictature, avec un message politique qui, au-delà de l'aspect romancé, apporte une certaine réflexion sur la nature humaine.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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L'auteur mêle avec bonheur un segment de son histoire familiale,de la fiction, et L Histoire.
Tout cela donne un roman magique, fascinant et trop court: 250p pour une saga qui court sur quatre générations : j'en redemande.
Un jurassien parti pour la Californie mais débarqué à Valparaiso y fera souche .
Et les remous de l'Histoire feront que cette famille traversera les océans dans les deux sens et plusieurs fois, souvent avec un cep de vigne et un peu de terre à la main.
Deux guerres, une dictature pour cette famille franco-chilienne ballottée entre deux cultures, c'est une histoire de migrations, mais d'un même héritage.
Elégante écriture et énorme coup de coeur.
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Quelle splendide fresque romanesque ! Ce livre nous mène à la rencontre de personnages aux destins extraordinaires, tragiques, avec une poésie à couper le souffle.
J'ai lu d'une traite ces deux cents pages, sans mérite car je suis en vacances ; une fois commencé, impossible de le lâcher.
Ma seule crainte : j'avais lu qu'il s'agissait d'une saga familiale, et, condensée en un court roman, la personnalité des protagonistes risquait d'être esquissée et manquer de profondeur…que nenni ! Miguel Bonnefoy a un don : en quelques phrases, le lecteur se prend d'affection pour les principaux personnages.
Le lecteur fait des allers-retours entre la France et le Chili, entre le XIXe siècle et la fin du XXe. Lazare, Denise, Thérèse, Ilario Da, Hector, Margot etc. intègrent avec une fluide intensité la grande Histoire ; et une nouvelle fois, rien n'autorise le lecteur à dire que l'entreprise est trop vaste pour tenir la route en si peu de pages.
C'est juste parfait !
Et mon seul regret : quitter cette lecture après quelques heures seulement, le goût de trop peu tenant à la splendide plume de Miguel Bonnefoy, sensible, enlevée, colorée, poétique.
Pas de souci n'empêche, car je vais pouvoir la retrouver dans d'autres romans, et ce sera très bientôt.
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Formidable épopée d'une lignée d'origine française, ayant fait souche au Chili à la fin du 19e siècle. Trois générations devenues chiliennes de fait, tout en gardant un attachement viscéral avec le vieux continent au point de participer aux deux guerres mondiales.
Il faudra cent ans aux Lonsonier pour boucler un aller-retour entre les deux pays, pour cause de dictature.

Me voici réconciliée avec l'auteur car je m'étais lassée de l'onirisme dans un précédent livre, Sucre noir.

On n'y échappe pas tout à fait encore dans celui-ci mais le contexte historique étant plus connu, les libertés que l'auteur prend avec le surnaturel se glissent avec aisance dans le récit.
Puisant dans ses origines familiales, Il produit ici une saga haute en couleurs et aux parfums d'Amérique du Sud, magistralement racontée, imagée par une plume de conteur. On y retrouve d'ailleurs la faconde de la littérature du continent sud-américain, passionnée et exubérante. Son histoire se déroule à toute allure sans qu'on en perde le fil et les personnages. Ceux-ci sont fantasques, fiers et attachants, souvent décalés et s'intègrent parfaitement avec le décor du Chili, en histoire et géographie.

Une belle réussite pour un auteur discret et charmant, avec qui il faudra compter.
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21 mai 1873, chassé de France par la pauvreté et le Phylloxéra, Lonsonier arrive au Chili, à Valparaiso, exactement, il a emporté dans ses bagages un pied de vigne sain de ses coteaux du Jura.

Un siècle, deux guerres et une révolution plus tard, Ilario Da, son arrière-petit-fils arrivera à Paris, chassé par la dictature de Pinochet. Exil, déracinement, aventures dans le XXe siècle naissant, mémoire d'une famille, poétique, imaginaire et pourtant vraie.

Après son "Sucre noir" l'an passé qui avait définitivement imposé son univers, Miguel Bonnefoy confirme tout son talent en cette rentrée littéraire 2020, pour tisser des romans d'une grande flamboyance et d'une belle élégance.

Miguel Bonnefoy s'empare de son héritage familial- il a confessé lors d'une interview que son père avait été torturé par la junte chilienne-. pour nous livrer une saga bouleversante et vraiment prenante .

L'écriture est forte et belle, à la fois d'une simplicité et d'une justesse implacable.

Une question se pose alors à nous lecteurs subjugés par ce tour de force : par quelle magie un livre aussi mince ( moins de deux cent pages) peut-il nous emporter aussi loin et nous faire traverser un sicèle de l'histoire d'un exil ?

Saga familiale réinventée, peuplée de fantômes et de chamans, « Héritage » est certainement un livre important de cette déjà bien prometteuse rentrée littéraire.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Un livre-comète qui fait s'écouler une centaine d'années comme les grains de sable au creux des doigts, dans un récit picaresque, émouvant et léger comme une bulle de rêve. Tout est fait au long des pages pour que la magie opère, dans un monde réel où le merveilleux s'impose par les personnages et les situations. Il y a là une filiation de l'écriture avec les grands écrivains latino-américains, et l'on retrouve chez Thérèse et Margot, une folie obstinée qui fait penser aux femmes de « Cent ans de solitude » dans ce temps étiré lui aussi, sans fin. Un temps que peuvent traverser : un chamane visionnaire, un musicien passionné tel un improbable Fitzcarraldo débarqué de France, un temps habité par l'odeur des citrons et peuplé d'oiseaux et d'avions légers qui leur ressemblent. Terre d'accueil que ce Chili de contrastes, de neige et de feu, de lièvres et de pumas, où le mapuche et l'espagnol coexistent, il y a donc une place pour tous ceux qui viennent s'y échouer, qu'ils soient rabbins chassés de leur shetel ou paysans brisés par le phylloxera. On pourrait croire ce Chili du bout du monde, étiré au pied des Andes, à jamais à l'abri des tempêtes du siècle et il faut l'attachement des Lonsonier à leurs racines pour voir partir Lazare puis Margot vers le feu des guerres. La chute est donc rude en 1970, quand le rideau tombe sur le coup d'état sanglant de Pinochet et la répression terrible qui suit.
Les deux derniers chapitres du livre, mettent en scène les atrocités commises par la junte militaire et le rêve chilien est noyé dans le sang des oiseaux de la volière. Mais les milliers d'assassinats comme celui d'Hector Bracamonte ne désarment pas ceux qui tombent sous la torture, même s'il ne leur reste que le chant, comme ce « Volver » qui s'élève des geôles de la Villa Grimaldi alors que de nouveaux coups sont promis à Illario Da. Cet arrière-petit-fils du premier Lonsonier débarqué au Chili, réussira à résister aux coups, et sa double nationalité lui permettra d'échapper à ses bourreaux grâce aux efforts de Margot sa mère. Force doit pourtant rester aux rêves, l'auteur leur fait honneur dans l'épilogue du roman, pas seulement par ce voyage improbable vers la liberté, mais aussi par les liens qu'il permet de renouer à travers l'arrivée d'Illario Da en France, entre tous les rêves de justice que peuvent porter les deux pays. Illario Da militant du Mir continuera à les porter, d'autant qu'il donnera en arrivant en France un nom soufflé par son arrière-grand-père, un nom énigmatique qui porte un peu le parfum des cerises de mai, celles que Louise Michel n'a jamais pu cueillir en 1871 à Paris.
Ce puissant trait d'union franco-chilien dans lequel Miguel Bonnefoy puise ses propres racines, est aussi un hommage vibrant aux idéaux de liberté et d'égalité, qui font rêver, résister, lutter.
Un superbe roman.
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Quel merveilleux écrivain ! Miguel Bonnefoy, d'un livre à l'autre , nous fait rentrer dans un univers dépaysant et cela en si peu de pages .

Dans Héritage , le lecteur vibre avec des personnages hors du commun sur quatre générations en commençant par le patriarche, vigneron de son état , dont les vignes sont anéanties par le phylloxera au début du XXeme siècle en France et qui débarque au Chili avec trente francs et le seul pied de vigne qu'il a pu sauver. Sa belle fille Thérèse, ornithologue passionnée peuple la maisonnée de centaine d'oiseaux qui vont cohabiter dans une immense volière , Margot, la petite fille construit un avion dans le jardin ...

Miguel Bonnefoy fait défiler rapidement les époques et dresse sans fioritures le portrait de son personnage suivant , comme celui-ci a des caractéristiques hors du commun, le lecteur se retrouve vite absorbé par le nouvel arrivant, en regrettant parfois de quitter les précédents mais l'écrivain a l'astuce de les faire reparaitre régulièrement ce qui chasse le sentiment d'abandon, c'est très fort !

Ce roman est aussi une chronique historique aussi puisqu'il survole deux guerres mondiales auxquelles vont participer les descendants , comme une évidence pour eux d'aller défendre le sol natal de l'aïeul et qui leur coutera cher avec , non seulement des morts et des blessures mais aussi des fêlures à l'âme que les survivants seront obligés de supporter .

Leur terre d'accueil , préservée des conflits mondiaux , va également connaitre la noirceur car si la victoire du socialiste Salvador Allende ouvre l'espoir de la jeunesse vers de nouveaux horizons, la répression qui suit le coup d'état de Pinochet est terrible, et le dernier Lonsonier de l'histoire, Ilario Da , militant actif de l'extrême gauche vit des journées effroyables dans les geôles de la Villa Grimaldi, les pages racontant les tortures prennent une dimension toute autre , quittant le domaine romanesque, avec parfois des envolées fantastiques comme avec Auzan, personnage enigatique pour un témoignage vécu, puisque ceci est véritablement la transcription des écrits du père de Miguel Bonnefoy.
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Quel plaisir de lecture que le dernier livre de Miguel Bonnefoy " Héritage " .
Comme dans Sucre Noir Miguel Bonnefoy nous entraîne dans les pas de son histoire et de ses exils.  Sucre Noir nous parlait du monde caribéen. Héritage, lui, nous entraîne sur un siècle de la France au Chili. France et Chili qui seront des terres de vie et d'exil.
Sous la trace de ce roman se peint en filigrane les éxils et immigration de la famille de Miguel Bonnefoy.
En 200 pages d'une rare finesse, d'une écriture ciselée,  poétique  mais aussi pouvant être enlevée et rugueuse, Miguel Bonnefoy nous convie à  une fresque éblouissante auprès de personnages romanesques, engagés et tellement humain.
Personnages liées par les liens familiaux au delà  de l' Atlantique.
Tout commence avec un jurassien bon teint, viticulteur de son état.  Nous sommes dans les années qui suivent la guerre de 1870.
Le philoxera à déjà détruit les vignobles bordelais et du Sud de la France.
Le vignoble du Jura est lui aussi touché.  Notre viticulteur à tout perdu sauf un pied de vigne et un peu de cette terre à l'odeur de noix et de morilles.
Avec 30 francs et ce pied de vigne en poche, il prend le bateau au Havre pour rejoindre la Californie et la Napa Valley.  le canal de Panama n'existant pas , le passage par le Canal de Magellan et le sud austral est une nécessité.  Dans ces parages désolés la fièvre typhoïde se déclara,  le toucha et obligea le bateau à faire escale à Valparaiso.
Notre viticulteur de Lons le Saunier décida en définitive de rester à  Valparaiso au Chili.
Les arcanes de l'immigration fit qu'on lui donna le nom de Lonsonnier.
Il rencontra Delphine Morizet, bordelaise émigrée au Chili.
De  leur rencontre naquit Lazare.
Lazare Lonsonnier...... je pourrai continuer à vous présenter la famille Lonsonnier mais il n'y en a aucune utilité.
A vous de vous laisser porter par le souffle, la poésie et la magie de cet Héritage.
D'événements extraordinaires en événements quotidiens Miguel Bonnefoy tisse une histoire familiale sur le 20eme siècle.
Les oiseaux, les odeurs, les agrumes ajouteront des moments oniriques à ce 20ème siècle barré de deux guerres mondiales.
Bien qu'ancré dans la réalité, Miguel Bonnefoy nous entraîne dans l' imaginaire de cette famille et de sa force et de son souffle épris de liberté. .
Je terminerai en reprenant  les phrases en exergue du livre.
"Ceux qui ne peuvent se rappeler leur passé  sont condamnés à le répéter "
Et le passé  de Miguel Bonnefoy est un bel héritage.
Lien : https://auxventsdesmots.word..
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Très gros coup de coeur pour un roman dont on reparlera sûrement cette année et au delà tant il tresse merveilleusement la saga familiale des Lonsonier avec tout un univers onirico-poétique.
Bien sûr on pense à Garcia- Marqués mais Miguel Bonnefoy est un sorcier des mots et a un style incroyable, bien à lui.
Vous connaissez l'histoire : 2 continents, 2 guerres, une dictature en 200 pages précieuses, épaisses et onctueuses.
De très beaux portraits, surtout de femmes ( mention spéciale à Margot et Thérèse) et une once de sa propre histoire familiale rende cette saga à la fois réaliste ( guerres, tortures) et magique (oiseaux, chaman etc..).
C'est passionnant mais à déguster comme un élixir de lecture romanesque. Tout prend sens petit à petit
Il faudra le relire un peu plus tard en le laissant un peu vieillir comme ces vins jaunes du Jura qui sont au commencement et à la fin du livre.
C'est tellement beau qu'on en frissonne parfois , surpris , interloqué.
Bref, magnifique.
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Lazare Lonsonier est un le fils d'un colon français qui a troqué le Jura pour le Chili après l'épidémie de phylloxéra. Il est Chilien, sans aucun doute, mais quand la guerre éclate en France, il s'engage pour défendre une terre inconnue. « Personne dans la maison ne comprit comment on pouvait se battre pour une région où l'on n'habitait pas. » (p. 19) Il ne meurt pas dans la Marne, mais revient avec un poumon en moins et des terreurs insondables. Son épouse fait entrer des centaines d'oiseaux dans leur demeure. Plus tard, c'est leur fille Margot qui part en Europe pour combattre le nazisme, aux manettes d'un avion. Enfin, Ilario, le dernier des Lonsonier, souffre dans sa chair de la dictature chilienne. Chaque génération est confrontée à un dilemme déchirant qui fait écho aux précédents, dans une forme d'héritage aux accents d'ironie tragique.

Une famille, l'Amérique du Sud, une certaine dose de sorcellerie, et il est impossible de ne pas penser aux Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Cependant, Miguel Bonnefoy dose savamment le réalisme magique dans son récit : il y a certes des morts qui marchent parmi les vivants et le mirage troublant d'un ancêtre perdu, mais les générations ne se confondent pas et les conflits sont concrets. Un siècle passant, c'est Santiago qui change, quittant ses modestes atours de village poussiéreux pour devenir la capitale d'un pays fait d'expatriés et de révoltés.

Miguel Bonnefoy manie avec un talent rare les prétéritions, artifice littéraire qui ménage parfois très mal un suspense bancal. Sous sa plume, elles sont la preuve d'un destin implacable et d'une mécanique littéraire parfaitement rodée. Comme avec son premier roman, Sucre noir, l'auteur m'a tout entière conquise dès les premières lignes.
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