Après
Héritage et
L'inventeur, je continue mon exploration de l'oeuvre de
Miguel Bonnefoy…
Suis-je objectif pour parler de
Sucre Noir ? Son écriture, Son cadre géographique, Son imaginaire me replongent dans mes années haïtiennes ponctuées de rencontres géographiques, littéraires, historiques, mais surtout humaines.
Beauté des paysages, culture métisse, histoire tragique et traversée de personnages légendaires, odeurs du rhum, des épices, des fleurs. Tout est dans
Sucre Noir…
Le style de Bonnefoy est indissociable de son ascendance vénézuélienne car le pays est autant caribéen que latino. Pas étonnant dès lors que des noms prestigieux viennent à l'esprit en découvrant cette oeuvre : Amado,
Garcia Marquez, Sepulveda,
Stephen Alexis… Les « poto mitan » de
Sucre Noir sont deux femmes, Serena et Eva Fuego. N'incarnent-elles pas le Venezuela ? La mère qui voit dans la campagne « les orchidées des jardins des rois » et la fille, adoptive, qui se rêve de la « race des fauves ». L'une plonge ses racines dans l'humus, l'autre dans les profondeurs telluriques. L'une est idéaliste, l'autre matérialiste. le magnifique dénouement du roman semble indiquer la préférence de l'auteur.
Sucre Noir n'est pas seulement un livre d'aventure mais bien une saga qui invite à s'interroger sur l'histoire passée, présente et à venir de cette région du monde. Mais, surtout,
Sucre Noir renvoie aussi chacun de nous, à une introspection salutaire sur le sens qu'il doit donner au mot trésor.
Images poétiques, personnages picaresques, rythme du récit. Tout ici vous transporte quelque part entre Tropique du Cancer et Equateur. Pas question d'en dire davantage pour que vous vous précipitiez dans
Sucre Noir et que les alizés mais aussi les tempêtes tropicales vous accompagnent. Pour ma part, je regrette presque que le roman soit court, un séjour plus long entre Selva et sable blanc ne m'aurait pas déplu.