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Pierre Bordage, né en 1955 en Vendée, est un auteur de science-fiction qui a signé le renouveau de la science-fiction française des années 1990, genre qui était alors dominé par les auteurs anglophones. Au fil de ses publications, l'écrivain acquiert la notoriété et une reconnaissance parmi les meilleurs romanciers populaires français. Auteur d'une quarantaine d'ouvrages ainsi que de nouvelles, publiés chez différents éditeurs et de différents genres (Fantasy historique, Science Fantasy, polar, etc.), il a aussi conçu des novélisations et réalisé quelques scénarios pour le cinéma, pour ensuite s'essayer à l'adaptation théâtrale, ainsi qu'à celle de sa propre oeuvre en bande dessinée. Tout sur le zéro, un roman de 2017, ne s'inscrit dans aucun des cycles de son oeuvre et n'a rien à voir avec la science-fiction.
Le livre se déroule à Château-l'Envieux, petite station thermale du Lot-et-Garonne, et plus précisément dans son casino qui attire les curistes et tout une faune pittoresque d'habitués, de toutes les catégories sociales. Nous ferons ainsi connaissance avec Paul, un peintre assez connu atteint des premiers symptômes de la maladie de Charcot, de son ami Blaise, veuf depuis trois ans, d'Eloïse, dont la vie familiale se délite ou encore de Charlène. Autour de ce quatuor provincial, d'autres figures, des seconds rôles, comme Isabelle la directrice du casino…
Le roman prend largement son temps pour nous dépeindre le milieu du jeu, ces casinos où les gains ne couvrent pas les dépenses, les billets qui sortent des poches à l'insu de votre plein gré conduisant aux fins de mois difficiles, les petits mensonges et les gros vis-à-vis du conjoint ou de ceux qui ne connaissent pas votre vice. L'écrivain nous peint les motivations profondes de ces joueurs impénitents, véritables toxicos, certes il y a le gain espéré, mais plus encore, le jeu leur permet d'oublier leurs vrais problèmes personnels, « une bulle vertigineuse qui les plonge dans un état second. »
Les décors de ce monde à part bien plantés, on en vient à la romance ( ?), les habitués vont se rapprocher très lentement, Paul et Charlène, Blaise et Eloïse. L'ennui discret de la première partie se mue en récit proche des lectures pour midinettes : passages émouvants quand les couples en devenir confrontent leurs désirs et leur morale, passages nunuches quand la timidité et l'hésitation les bloquent, et passages carrément torrides quand les barrages s'écroulent.
Honnêtement, j'ai trouvé cela très quelconque et seul le format court du roman m'a poussé jusqu'au bout. Je me dois de préciser que le monde du jeu d'argent m'est totalement étranger, d'autres s'y reconnaitront peut-être et y trouveront intérêt ? Sinon l'écriture offre un petit supplément positif, de très nombreux chapitres ne sont constitués que d'une seule phrase ! Au début du roman, l'addiction au jeu et ce style créent une sensation d'étouffement pour le lecteur, un manque d'air. Mais on s'y habitue rapidement.
Une version inattendue des jeux de l'amour et du hasard ?
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"Tout sur le zéro", cette case où vous pouvez toucher 35 fois la mise, est déjà très évocatrice du théâtre des opérations atypiques dépeintes ici par l'auteur : celui du casino où se déroule ce jeu fascinant de la roulette, qui peut selon votre bonne fortune, ou bien vous faire roi et reine quand vous touchez "le jack pot"; ou bien vous asséner le coup de grâce et vous emmener en galère. Eh oui, "les jeux sont faits", trop tard pour faire machine arrière !
Dès lors, devant ce mauvais coup du sort, il n'y a pas trente choix possibles.
Soit vous capitulez et sortez pantelant de ce temple devenu un enfer, et ce,
sans pouvoir crier à la conspiration ; la règle de bienséance de ces lieux feutrés vous y oblige, sous peine de passer pour un vulgaire fauteur de trouble. Soit vous voulez vous refaire, trouver une résurrection avec l'entêtement et le flair qui vous caractérise, pour enfin toucher le ciel en pièces sonnantes et trébuchantes. Vous allez donc de nouveau résolument livrer bataille, "faire le casse du siècle" et enfin pouvoir en héros savourer cette heure de gloire tant rêvée et méritée.
Un roman atypique donc, puisqu'il porte sur LA passion du jeu, et non sur les passions, celle du jeu et de l'amour, comme c'est par contre la cas du livre "Le joueur" de Dostoïevsky -, si je puis me permettre ce point de comparaison-, où ces deux passions sont puissamment liées, l'amour d'une femme nourrissant en continu l'amour du jeu.
Ici, en l'occurrence, le romanesque est aussi bien présent, car après tout le casino est aussi un lieu de rencontres, d'intrigues et d'amourettes. Mais c'est dans des chapitres séparés que l 'auteur dresse le portrait de ce peuple finalement assez bigarré animé par la fringale du jeu . Il le fait avec finesse et empathie, mais sans jamais pour autant verser dans l'apologie du jeu !.. Pas simple, tout de même ! !
Toutefois, au-delà du récit des faits sociaux bien observés qui s'y trament, c'est le style d'écriture sciemment choisi par Pierre Bordage, qui en fait aussi et surtout, une livre très particulier. Ce livre est en effet le lit d'un fleuve en furie ! Cela jaillit aux yeux dès les premières lignes. En effet, dans chaque chapitre successif, l'auteur a délibérément choisi de n'y faire figurer ni point, ni point virgule. le texte n'est donc qu'un "scatatto" de phrases courtes, qui s'enchaînent donc à vive allure, entrecoupées seulement par des virgules.
C'est là tout l'art de la judicieuse mise en scène de l'auteur qui réussit ainsi avec brio, à mettre en évidence la frénésie, et donc l'avidité avec lesquelles ces "chercheurs d'or" gavent encore et encore la bête, pour jouer leur va-tout sur ce numéro porte-bonheur qui va leur faire enfin décrocher la lune.
A ce propos, à l'égard de leurs proches, la capacité de camouflage de leur double vie, liée à cette passion qui les dévore, est également décrite avec justesse par l'auteur.
Ces phrases courtes visent en même temps à faire ressentir au lecteur à la fois le « maëlstrom » du cycle infernal dans lequel sont emportés ces « chercheurs d'or », mais aussi les saccades des convulsions qu'ils doivent encaisser.
Car dans ce fleuve en furie, non seulement les pépites ne sont pas faciles à trouver, mais la cascade finale ne se finit pas toujours loin de là, en apothéose.
Certains s'y noient même « corps et biens » . Animés pas le besoin de faire sauter les limites du « toujours raisonnable », ils se laissent en effet sombrer encore et encore, dans la folie du surendettement, se retrouvant brutalement au bord de l'abîme et chargés qui plus est, du fardeau du déshonneur et de la honte de soi.
C'est le cas plus particulièrement de ces gens plus modestes, ou même carrément en détresse, qui avec la même faim animale, jette encore et encore leurs maigres économies sur le tapis vert. Car, après tout, quand une bête fauve est acculée, elle sort les dents..
Remarquons à ce propos avec quelle délicatesse là encore, l'auteur conte le sort de ces  naufragés (ce terme n'apparaît nulle part dans le texte) : non seulement l'auteur évite ainsi soigneusement non seulement le pathos larmoyant, mais vous ne trouverez nulle part non plus, le moindre jugement moralisateur ! .
Car après tout, à lire cet auteur, QUI ?.., oui QUI ?? décide du sort de ces joueurs, si ce n'est la froide logique toute mécanique de l'aléatoire !
C'est d'ailleurs pourquoi, très habilement, Pierre Bordage ne fait jamais parler le joueur à la première personne : le « je» n'apparaît nulle part, là où le roman russe qui s'apparente à une sorte de confession, l'utilise continûment.
Ici, l'auteur donne donc le premier rôle à part entière... à la boule cahotante de la roulette : c'est la roulette  qui saute, sursaute, et roule à vive allure dans le vortex et devient hors de contrôle . Vous croyez avoir pris possession des lieux, mais c'est en fait, la boule qui a pris possession de vous , en vous retournant le cerveau, comme çà, plof !..., machinalement donc, L'attaque est alors fulminante, vous êtes « mort ».
La responsabilité n'est donc tout bêtement que mécanique, et seulement tout bonnement liée à la froide logique du hasard. Quelle habileté là encore.
A ce propos, cette chorégraphie de la frénétique boule , - dont le cours peut être jouissif mais aussi très violent-, est très bien mise en valeur par cette pulsation de la phrase courte, celle de la boule rebondissante qui habite fiévreusement le roman.
Une performance de l'auteur , mais qui enlève peut-être, un peu tout de même, du caractère mélodramatique de la secousse psychique et physique ressentie par le joueur si celui-ci avait eu la parole. Je ne sais..
Au final, une lecture « spectacle » je dirais , divertissante donc , mais une saine lecture également à l'heure de la privatisation de la Française des Jeux, censée « être « utile à tous », à entendre le discours de ses promoteurs. Vous voulez vous aussi vous amuser au jeu de la « ruée vers l'or » ?..  Mais êtes-vous bien sûr de détenir la bonne combinaison de la clé du coffre ? ..
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Pierre Bordage signe ici une roman qui ne ressemble pas à ce qu'il écrit d'habitude et c'est tant mieux pour moi car je ne suis pas une fervente admiratrice de ses dystopies. Ici, Pierre Bordage met en scène des hommes et femmes qui se cherchent et/ou ont beaucoup souffert. Les deux hommes ont aimé leurs femmes et ont du mal à s'imaginer en aimer une autre et les deux femmes sont insatisfaites dans leurs mariages. le cadre est donc à peu près identique et cela permet à l'auteur de nuancer les situations. Ces quatre personnages m'ont vraiment touchée. On finit par espérer non pas forcément qu'ils gagnent le gros lot d'un point de vue financier mais qu'ils le gagnent du point de vue émotionnel. Ce n'est certes pas un roman indispensable mais je n'en attendais rien, et détendue sur une plage du bassin d'Arcachon, je l'ai lu avec plaisir.
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Plus connu pour ses sagas de space opera, Pierre Bordage se penche ici sur le réalisme cru de l'addiction aux jeux d'argent, en suivant les vies dissolues et croisées de quelques réguliers du casino miteux de Château-l'Envieux. le style appuie sur le côté frénétique du jeu en offrant des chapitres composés d'une seule phrase, étirée jusqu'à la limite du supportable.

Passée la surprise initiale de cette forme particulière, le roman s'avère relativement creux et on peine un peu à éprouver empathie ou répulsion pour ces joueurs paumés, ni heureux ni désespérés, juste portés par leur addiction.
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Nous sommes dans le monde impitoyable des casinos, ces immenses monstres suceurs de sang pompeurs de fric, ces beaux parleurs remplis de belles promesses d'avenir, de richesse, d'abondance, de prospérité qui procurent les plus grands frissons, les plus extrêmes émotions et une chaleur de proximité qu'il n'y a nulle part ailleurs. A travers quatre personnages principaux et quelques autres, nous suivons les dérives sempiternelles et malheureusement fortement prévisibles de ceux qui sont touchés par l'addiction au jeu, mordus par son venin mortel.

Les gens que l'on rencontre au fil du livre ont tous leurs tares personnelles, leurs drames implacables, leurs tracas quotidiens, un ennui ou une solitude à combler, un trou béant à la place du coeur qui ne peut se remplir qu'à cette source lumineuse, brillante, enrichissante, leur jardin secret. Bien sûr, chacun a ses techniques, ses croyances, ses propres statistiques, sa machine favorite, ses listes de chiffres porte-bonheur.

Rien que de très banal finalement, des couples usés par la vie et le manque de tendresse, des personnes terrassées par le deuil, des artistes ayant perdu leur inspiration, des quidams qui essayent juste de tenter leur chance pour une question de survie, des enfants qui ont attrapé le virus du jeu de leurs propres parents, des personnes à qui la vie n'a pas fait de cadeau... Quelques amourettes qui se forment près des machines de jeu, forcément, comme des bouées de sauvetage lancées en pleine tempête, le dernier espoir de ceux qui n'ont plus rien à perdre, qui ont les genoux éraflés et les yeux perdus, vidés. Des vies simples, et étrangement pas trop de bling-bling non plus, un contraste entre l'éblouissant pactole et l'humilité, la sobriété. Et surtout galope le fatalisme aux côtés de sa cousine la paranoïa et de sa soeur l'envie, celui qui accompagne toujours le chevalier de l'addiction. Des choses que Pierre Bordage arrive à très bien rendre ici, avec un certain goût de déjà vécu, peut-être, avec tour à tour lucidité et aveuglement, courage et abandon, espoir et dénuement, illusions et théorie du complot.

Ce n'est certes pas le roman que j'ai préféré de cet auteur, que j'admire au demeurant, mais il saisit réellement l'essence même de la dépendance, de la souffrance, de la solitude, du désespoir, du sens du défi et du risque, du jeu et du rapport à l'argent. Pour peu que l'on puisse se mettre au diapason par une expérience similaire, il est fort probable que l'on finisse par vibrer en même temps que ces personnages, que l'on subisse les mêmes sueurs froides et les mêmes débordement d'euphorie. C'est un livre qui se lit très vite, vraiment très vite, à la lecture rendue fluide et aisée grâce à cette absence de phrase, ce rythme qui suit le train de la pensée, de la discussion décousue, et cet effet rend plutôt bien ici, comme un récit à bout de souffle qui suit la cadence du jeu, de la roulette qui tourne, qui s'arrête parfois, relance et rebondit. Avec la promesse, peut-être, pourquoi pas, d'un happy end, d'un ultime gain, d'un espoir d'avenir, d'une porte de sortie.

Je remercie Babelio et les éditions Au diable vauvert, dont les livres sont toujours agréables à lire.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Pierre Bordage est surtout connu des fans de SF. Plusieurs de ses oeuvres ont été récompensées par des prix comme le Tour Eiffel de science-fiction en 1998 ou le Cosmos 2000. Il est aussi président des Utopiales, festival de SF de Nantes.
Tout sur le zéro est toutefois un roman d'un tout autre genre. Ses personnages assez pathétiques, fragiles, et sans illusion sont tous en proie au démon du jeu : Paul, le peintre veuf, Blaise, veuf aussi, Eloïse et Charlène, femmes mariées, Grégoire, SDF qui vit dans sa voiture, Christophe et sa femme, et d'autres encore. Ils forment une petite communauté unie dans sa marginalité, parfois solidaire, tous décomplexés de savoir qu'ils ne sont pas seuls dans leur dépendance. Chacun par son histoire personnelle a été conduit au jeu pour compenser des failles, pour combler le vide de son existence, et est tombé dans le piège de l'addiction. Ils évoluent dans cet univers parallèle du jeu. Ils y trouvent une sorte de refuge qui leur permet d'échapper à une réalité frustrante, où le temps prend une dimension autre, une soupape qui leur évite peut être le pire. Des liens se tissent, des affinités se créent.
L'écriture est très personnelle. Sa principale caractéristique réside dans la brièveté de chapitres composés de phrases interminables qui s'enchaînent dans un flux sans ponctuation. On pourrait presque rapprocher ce procédé du flux de conscience de Virginia Woolf. On passe d'un personnage à l'autre sans variation dans le texte, comme s'ils étaient happés de la même façon par l'enfer du jeu. Ils gardent cependant tous une grande lucidité.
Il est question de rapport humain, entre hommes et femmes, d'amour, d'enfants, de travail, de fracture sociale, de ce qui constitue ou pas le sel de la vie, de la tournure fatale des évènements.
Pierre Bordage lance ses personnages comme les billes de la roulette. Ils sont éjectés du cours "normal" de la vie, et se retrouvent hors circuit.
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[...] Bordage s'immisce dans l'intériorité de joueurs qui se croisent, s'ignorent ou apprennent à se connaître. Ils viennent tous d'horizons différents mais ont tous un point commun, ou plutôt deux : la passion du jeu et la solitude. Paul, veuf, est un peintre reconnu ; Blaise, veuf également, peine à s'occuper de ses deux enfants ; Eloïse est une oisive, étrangère à sa propre famille ; Charlène travaille dans une station-service. Toutes deux mariées, toutes deux délaissées. le jeu est une manière de sentir l'adrénaline qui nous rappelle qu'on est vivant. Paul, Blaise, Eloïse et Charlène en doutent parfois. Ils vieillissent, perdent confiance et envie. Pas d'autre désir que de miser et de voir se multiplier les chiffres sur l'écran. Une succession de gains et de pertes qui rend fou. le jeu est une parenthèse, le casino, un microcosme. Un lieu et un moment où on peut être soi-même, jouer sa vie, ressentir son corps et ses émotions, oublier son morne quotidien, se laisser entraîner dans la démesure qui réveille les pulsions les plus animales, le vide, l'abîme, se laisser happer par la case verte du zéro. [...]
Critique complète sur : https://poussedeginkgo.wordpress.com/2018/10/10/tout-sur-le-zero/
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je n'irai pas jusqu'à dire que j'ai détesté ce livre mais j'en ressors tout de même decue, j'aurais aimé qu'il soit plus poussé.

mon avis complet sur le blog
Lien : http://limaginationdevorante..
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