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sur 658 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jim Morrison disait : « il y a le connu et il y a l'inconnu, entre les deux, il y a les Doors »…
On pourrait bien appliquer cette belle phrase de Morrison à Jorge Luis Borges, tant il est vrai que son oeuvre est comme une porte entre deux mondes, entre le rationnel et l'irrationnel, entre le rêve et le réel, entre le fantastique et le concret, entre le vrai et le faux.
Passerelle étrange que l'on emprunte à pas prudent - du moins au départ - presque inquiet de passer à côté de quelque chose d'essentiel que l'on aurait omis d'appréhender. L'érudition, la culture encyclopédique, le savoir du maître sont tels qu'ils peuvent faire craindre au lecteur de ne pas saisir toutes les variations esthétiques, les symboles, les recherches et les perspectives disséminés au détour d'ouvrages singuliers et troublants tels « L'Aleph » ou « Fictions ».
Le lecteur qui pénètre l'univers original de Borges, doit finalement se résoudre à comprendre que, justement, il ne comprendra peut-être pas tout à l'oeuvre insolite, curieuse, magique de l'écrivain argentin.
Ce fait entendu, il ne reste plus qu'à se laisser aller, à franchir ce pont entre deux rives bâti savamment par l'auteur et menant à une réalité détournée, une fenêtre ouverte sur l'absolu.
Ouverture vers un ailleurs que le lecteur peut alors expliciter à l'envie tant l'auteur laisse le champ libre à toutes les interprétations, toutes les interrogations, toutes les observations.
Un jeu de l'esprit où Borges laisse le lecteur percevoir avant tout sa propre réalité, lui laisse inaugurer son propre imaginaire et élaborer sa propre part de rêve.
L'écrivain est là pour semer des indices, nous mettre sur la voie pour mieux se retirer, laissant alors au lecteur le pouvoir d'apposer son propre mot de la fin sur des histoires qui s'entrelacent à l'infini.
Avec une joie presque enfantine Borges s'amuse à nous perdre dans des histoires où la réalité repose toujours sur un terreau bien ferme, sur des faits tangibles, sur des évènements souvent autobiographiques ; une réalité stable qui sensiblement glisse et glisse encore, devient malléable, volatile, changeante puis si inconsistante qu'à l'instar d'Alice au travers du miroir, l'on bascule alors vers un autre univers, fantastique, démesuré, hyperbolique…borgésien.

Les treize contes fantastiques qui composent le « Livre de sable » sont des portes ouvertes sur cet ailleurs.
Ecrits entre 1970 et 1975, ils abordent des thèmes variés, puisent dans les anecdotes historiques ou la mythologie, s'inscrivent également dans la référence et dans l'hommage à de grands noms de la littérature :
Thème du double cher à Stevenson dans la nouvelle « L'Autre » ; récit fantasmagorique et sombre comme chez Edgar Allan Poe ou Lovecraft dans « There are more things »…
C'est une bibliothèque aux nombre infini d'ouvrages, c'est un livre sans fin, c'est un poème comportant un seul mot, un amour vécu de façon étrange ou bien un disque qui ne comporte qu'une seule face…
C'est un recueil nuancé et extravagant dans lequel, comme dans un labyrinthe, l'on déambule au gré de nouvelles souvent brèves et condensées à l'extrême.
L'écriture y est sobre, mûrie, maîtrisée, sans emphase ni effet de style, dans un dessein de brièveté soulignant l'aspect étrange et l'instabilité du réel.
Comme le livre de sable, les contes de Borges s'écoulent à l'infini avec cette farouche volonté que « les rêves qu'ils contiennent continuent à se propager dans l'hospitalière imagination de ceux qui, en cet instant les referment ».
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Ce livre est une court recueil de courtes nouvelles, la plupart, si pas toutes, ayant un caractère fantastique, plus ou moins marqué, souvent en subtilité, entre le réel et l'irréel, mais pas assez marquant.
Une bonne lecture de poche pour les jours où on n'a que quelques minutes devant soi.
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Les treize contes sont présentés comme des récits, donc forcément véridiques, authentiques. Pourtant, il s'attaquent à une utopie. le poème qui ne contient qu'un seul mot. La bibliothèque qui doit contenir tous les livres. le livre qui contient tout.

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire en séquentiel d'abord dans une des deux langues, puis ensuite dans l'autre. En édition bilingue, on a l'opportunité de découvrir la précision et la subtilité de l'espagnol de Borges, même si comme moi on n'en a que quelques notions scolaires. On connaît le principe: page de gauche, le texte original; à droite, la traduction. On peut immédiatement constater que la page de droite est un peu plus longue que l'autre.

Ces contes fantastiques sont pour la plupart très courts, et en refermant le livre, on se demande quel était le but de Borges: jouer au chat et à la souris avec son lecteur? Peut-être, car certains de ces contes n'ont pas de dénouement. Nous égarer dans des vertiges métaphysiques? le problème de la connaissance, entre autres... Borges est décidément rusé, voire retors.

Je penche plutôt pour l'expression du désenchantement atteint par l'écrivain en fin de vie. Cela est particulièrement flagrant dans "Utopie d'un homme qui est fatigué". L'imprimerie, explique-t-il, pince-sans-rire, fut le pire fléau de l'humanité, car elle a principalement servi à multiplier les textes inutiles. Que dirait-il aujourd'hui devant la logorrhée d'images, d'avis péremptoires, de fake news, et de vidéos, déversée chaque seconde sur internet?

Je n'ai pu aussi m'empêcher de relever les petites remarques assassines distillées sur les sociétés de son temps, sur les politiciens, "des invalides que l'on est obligé de promener dans de grosses voitures", sur les argentins ("être de souche italienne était encore déshonorant à Buenos Aires"), sur les Etats-Unis, ce pays qui ne l'intéresse que fort peu.

Sous l'ironie apparente, l'amertume perce par moments: l'amour ne dure pas, et la philosophie ne semble pas pouvoir beaucoup aider à supporter la vie...
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« le livre de sable » est un recueil de treize nouvelles écrites entre 1970 et 1975, où l'on retrouve les thèmes essentiels de l'oeuvre de Jorge Luis Borges, comme la thématique du double, le fantastique, le doute, la reconstruction du monde à partir des valeurs de Borges...

Le livre de sable' est un conte ironique et assez pessimiste sur l'espère humaine. Un colporteur vient frapper chez monsieur Borges et lui propose quelques livres anciens. Parmi ceux-ci, un étrange volume écrit en caractères illisibles, le livre sacré, explique-t-il, d'un lointain peuple d'Asie. On l'appelle le Livre de Sable parce que, comme le sable, il n'a pas de fin. Piqué par la curiosité, Borges accepte de céder une Bible ancienne en échange du livre, qu'il se met en devoir d'étudier. Comme il sent que cette étude l'entraîne peu à peu vers la folie, il décide de se débarrasser du volume en allant le poser sur un obscur rayon de la bibliothèque de Buenos Aires où, pense-t-il, il ne pourra jamais le retrouver.
L'écriture est fine, riche et agréable.
A lire pour se faire une idée personnelle.
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Ces treize nouvelles de Jorge Luis Borges nous laissent sur notre faim. Souvent vraiment très courtes (moins de 10 pages, pour certaines), elles ont souvent pour point commun de commencer par une description classique d'une décor et d'une situation, mais de finir brutalement par une chute qui arrive trop vite et nous laisse en attente d'une vraie fin. L'écriture est plaisante, il y a une philosophie constante de l'absurde et aussi du conte fantastique. Cela, c'est le meilleur. Mais nous ne sommes tout de même pas captivés par ces récits, qui ne sont peut-être pas véritablement au niveau de la réputation de l'auteur.
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J'ai assez apprécié ce recueil de plusieurs nouvelles. A chaque histoire, "un concept impossible" écrit sur le ton de la conversation. J'aime beaucoup ce mélange entre le style et l'idée.
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