Certains ont dit de la rentrée littéraire 2018 qu'elle était faible, et malheureusement ce n'est pas
Capitaine qui va les faire mentir. Pour ma part ce livre est à l'image de
Constellation, et j'ai du mal à comprendre ceux qui ont aimé le premier et détesté celui-là. Certes
Capitaine pousse l'indigeste plus loin, mais finalement le concept est similaire.
Bosc travaille beaucoup ses sujets, mais soyons honnêtes: c'est un érudit, pas un écrivain. Il prend 50 biographies, 50 encyclopédies, 50 livres d'histoire, et il pioche tout ce qu'il y a dedans. Ensuite il assemble dans une langue pesante et docte à l'extrême les éléments piochés en prenant minutieusement soin de n'en oublier aucun (et surtout pas les plus ennuyeux).
Le résultat n'a rien de romanesque, il dégouline de savoir bourratif et il manque tout ce qui fait le sel de la vie. L'ouvrage désincarne ses personnages, ou plutôt ne les incarne qu'à travers des sources scientifiques. Où sont les hommes, les femmes derrière les idées, les concepts, les théories?
Bosc aurait pu réussir son pari en écrivant à partir de lettres intimes, de journaux, de mémoires. Il y aurait pioché des caractères, des anecdotes, des bons mots, et peut-être emprunté une écriture légère, vive, tout du moins, vivante.
Mais Bosc est un érudit qui veut faire érudit. Evidemment, un homme intellectuel est incapable de faire un bon mot, il débite plutôt le texte de son prochain colloque autour de lui (c'est un peu ça
Capitaine par moment).
Puis la troisième personne ne convient pas du tout. Ca renforce encore Bosc dans l'exposition didactique de son savoir.
Honnêtement, je n'ai rien ressenti dans ce texte et surtout pas le cri des mouettes, les embruns et les coeurs fendus (ou heureux, pourquoi pas) des exilés. Pas d'émotion, pas de sensoriel, voilà un bon bouquin d'érudit qui se donne vraisemblablement des airs romanesques pour mieux se vendre. La seule chose de sensible ici, c'est le poids de l'ennui, au moins aussi lourd que l'ancre du navire, face à cette surcharge de savoir mal étalé.