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sur 94 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En mars 1941, le Capitaine quitte Marseille, et Adrien Bosc nous entraîne dans les méandres de l'Histoire… Après avoir brillamment conté l'aventure du Constellation – la traversée du transatlantique en 1949 – Adrien Bosc nous entraîne sur les traces du CapitainePaul-Lemerle, entre les mois de mars et de juin 1941. le bateau quitte le port de Marseille le 24 mai 1941 avec à son bord des familles rejetées par la France de Vichy. Qu'ils soient juifs ou non, allemands, français, républicains espagnols, ces passagers étaient persona non-grata en France. le sort qui les attendait était tellement incertain que tout valait mieux, y compris embarquer sur ces géants des mers fragiles et vieillissants.

Sur le bateau vont alors se côtoyer André Breton le surréaliste et Claude Lévi-Strauss l'ethnologue, Anna Seghers et Victor Serge, Wifredo Lam, un artiste peintre cubain, Germaine Krull, une photographe allemande et tant d'autres, savants, intellectuels, hommes d'affaires, bijoutiers, banquiers, poètes, écrivains, scientifiques, et leurs familles pour la plupart, car le régime nazi n'en voulait pas, la France non plus…

Leur périple va durer plusieurs semaines, également rejetés par les pays où ils vont accoster, cantonnés sur le bateau ou dans des hôtels sordides, dans le Lazaret, cette ancienne léproserie de Pointe-à-Pitre (sur cette île de la Martinique, seule la rencontre avec Aimé Césaire et sa femme Suzanne rendent un peu d'humanité aux îliens, tant ils sont uniques par le courage qu'ils affichent ouvertement par le biais de la revue Tropiques), puis jusqu'à Ellis Island, en attendant que des fonctionnaires acerbes et stupidement zélés veuillent bien les laisser soit débarquer, soit repartir vers l'Amérique du Sud ou Saint Domingue.

Capitaine est un roman dense, intelligent, qui fourmille de faits, de rencontres, d'anecdotes, nous rendant si proches, humains, vivants, ces désespérés de la seconde guerre mondiale, juifs errants sur les mers et accostant des terres inhospitalières.

chronique complète en ligne sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2018/10/18/capitaine-adrien-bosc/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Après avoir scruté les infimes causalités qui créent les grands drames dans son premier roman Constellation paru aux éditions Stock en 2014 et accueilli de façon très positive par la critique et les lecteurs de l'Hexagone (Prix de la Vocation et Grand prix du roman de l'Académie Français la même année), Adrien Bosc revient pour la rentrée littéraire de septembre 2018 avec Capitaine. Une nouvelle histoire de voyage, une nouvelle petite page de la grande Histoire mise en lumière à la suite d'une enquête minutieuse. Embarquez, sans attendre, sur le CapitainePaul-Lemerle

# La bande-annonce

Le 24 mars 1941, le Capitaine-Paul-Lemerle quitte le port de Marseille, avec à son bord les réprouvés de la France de Vichy et d'une Europe en feu, les immigrés de l'Est et républicains espagnols en exil, les juifs et apatrides, les écrivains surréalistes et artistes décadents, les savants et affairistes. Temps du roman où l'on croise le long des côtes de la Méditerranée, puis de la haute mer, jusqu'en Martinique, André Breton et Claude Lévi-Strauss dialoguant, Anna Seghers, son manuscrit et ses enfants, Victor Serge, son fils et ses révolutions, Wifredo Lam, sa peinture, et tant d'inconnus, tant de trajectoires croisées, jetés là par les aléas de l'agonie et du hasard, de l'ombre à la lumière. Ce qu'Adrien Bosc ressuscite c'est un temps d'hier qui ressemble aussi à notre aujourd'hui. Un souvenir tel qu'il brille à l'instant d'un péril.

# L'avis de Lettres it be

Fondateur des Editions du sous-sol aujourd'hui éditeur au Seuil, l'avignonnais Adrien Bosc revient dans les étagères de nos librairies sans rien oublier de ses premières amours. Dans son premier roman Constellation, voilà que notre homme décortiquait les raisons connues et imaginables qui avait pu causer le crash de l'avion Constellation au beau milieu de l'île Santa Maria, dans l'archipel des Açores, le 28 octobre 1949. A son bord, 37 passagers dont un certain Marcel Cerdan… Qu'est-ce qui peut bien séparer un voyage vers là-bas d'un voyage vers l'au-delà, c'est assurément l'une des questions marquantes posées par ce roman remarqué par la critique et salué par plusieurs prix comme dit précédemment.

Avec Capitaine, Adrien Bosc prolonge sa réflexion sur le voyage, sur tous ces détails qui à bord d'un avion ou d'un bateau nous séparent et nous éloignent d'un avenir possible. Cette fois, nous sommes le 24 mars 1941 et l'auteur embarque ses lecteurs sur le navire CapitainePaul-Lemerle, au côté de tous ces gens qui fuient l'Europe en proie aux flammes. Mais, parce que l'Histoire ne retient que trop les grands noms, cette traversée n'est peut-être pas un voyage quelconque : à bord de ce bateau, des immigrés de l'Est et des rejetés de Vichy certes, mais aussi des écrivains surréalistes, nombre d'intellectuels et d'artistes en tous genres en quête de l'ailleurs. Toute une foule compacte qui traversera une grande partie du globe, semant lettres, souvenirs et traces écrites derrière elle, autant de matière donnée à Adrien Bosc pour permettre de faire vivre un livre.

L'enquête est pointue, le travail de recherche palpable. Comme dans son premier ouvrage, Adrien Bosc propose un travail dense autour de ces grandes femmes et ces grands hommes qui ont fait l'Histoire dans leur domaine respectif, avec, pour certains, comme seul point de convergence cette désormais fameuse traversée. Claude Lévi-Strauss, André Breton, Anna Seghers, Victor Serge… Ils s'animent et dansent au gré d'une plume assurée, dans les méandres d'un monde entier au bord de la falaise. Tous les regrets rencontrés dans Une vie meilleure de Rachel Rhys, un roman similaire paru chez Denoël il y a quelques mois, sont ici oubliés et ce récit de traversée invite autant à vivre l'Histoire que découvrir ces grands destins, assurément, dans un moment clé de leur existence. Un second roman solide, sérieux, plaisant et qui assoit Adrien Bosc parmi les auteurs à garder dans un coin de l'esprit, certainement pour sa grande propension à écrire des moments d'Histoire que seuls des traces incomplètes racontent aujourd'hui…

Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
Lien : https://www.lettres-it-be.fr..
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Adrien Bosc intitule, de manière un peu énigmatique, "Capitaine" le récit romancé de la traversée du cargo Capitaine-Paul-Lemerle, parti de Marseille le 24 mars 1941, à destination de Fort-de France qu'il atteint le 20 avril 1941, avec, à son bord, 222 passagers, anciens des brigades internationales, républicains espagnols, juifs de France, d'Allemagne, d'Autriche, de Pologne, d'Europe orientale, apatrides, écrivains, artistes... tous fuyant les persécutions allemandes. Parmi eux, figurent les noms de Claude Lévi-Strauss, André Breton, Jacqueline Lamba, Victor Serge, Anna Seghers, Germaine Krull, Wifredo Lam, Alfred Kantorowicz, Jacques Rémy.
Le capitaine du navire, Ferdinand Sagols, favorable au régime de Vichy, assure la traversée en maugréant, mais contre fortes rémunérations, dans un cargo très sommairement aménagé pour le transport des passagers (4 cabines pour l'équipage et deux cales transformées en dortoirs de 100 lits pour 250 passagers).
Claude Levi-Strauss raconte l'épisode dans Tristes tropiques. Les photos du voyage, faites par la photographe Germaine Krull  sont conservées au musée Folkwang d'Essen en Allemagne. Par ailleurs, elle relate la traversée et le séjour dans l'ancienne léproserie du Lazaret aux Trois-Ilets dans son autobiographie, publiée en 2015 (La vie mène la danse). L'épisode figure aussi dans l'ouvrage de Germaine Krull coécrit avec Jacques Rémy (Un voyage : Marseille-Rio 1941, paru en 2019).
Alors que les conditions du voyage sont précaires, sans hygiène, avec une nourriture médiocre, dans les dangers d'une navigation en temps de guerre, la vie à bord s'organise, dans cette société bigarrée. Comme Settembrini et Naphta dans "La Montagne magique", Levi- Strauss et Breton s'engagent dans une savante "disputatio" sur "les rapports de l'oeuvre d'art et du document" dans le surréalisme. Dans cet exode, la croisière s'amuse et s'instruit !
À l'aide de nombreux documents, Adrian Bosc reconstitue minutieusement le trajet des exilés qui se poursuit à Fort de France dans le camp du Lazaret, sous le contrôle tatillon d'une administration Vichiste, à la mode tropicale. Alors que Claude Levi-Strauss fini par rejoindre, de son côté New-York, sur un bananier suédois, les autres doivent attendre que le Duc d'Aumale, un steamer de la Compagnie générale transatlantique en cale de radoub, puisse conduire les deux cents passagers restant du Capitaine-Paul-Lemerle vers l'Amérique promise. le Duc d'Aumale enfin révisé quitte la Martinique le 21 mai et arrive sans encombre à New-York le 29 mai 1941 à Manhattan.
Toutes ces personnalités, un instant réunies, se dispersent, chacune vers son destin.
Il y a autant de romanesque que de tragique dans les destins croisés des hommes et des bateaux. Adrien Bosc tisse sa toile romanesque d'une plume à la fois minutieuse et lyrique dans un journal de bord polyphonique.
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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J'ai bien aimé ce livre qui se passe en 1941 à Marseille au départ et qui raconte la fuite de l'occupation allemande de personnes, toutes classes confondues à bord du CapitainePaul Lemerle. Et dans ce périple nous retrouvons André Breton, Claude Levi Strauss et bien d'autres personnalités connues ou moins connues.
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La quatrième de couverture résume parfaitement le sujet de ce roman dont l'intérêt réside surtout dans la richesse de la documentation . André Bosc reprend ainsi des notes, extraits de livres, lettres, articles, pour nous mettre en relation avec Breton, Lévi-Strauss, Lam, Anna Seghers, Victor Serge, Germaine Krull puis , à terre, Césaire et son épouse, et mieux comprendre ce passé honteux.
Il donne envie de relire ou revoir les oeuvres de ces artistes.
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« Nous ne pouvons connaître le goût de l'ananas par la relation des voyageurs ». À partir de cette citation de Leibniz rencontrée par hasard, Adrien Bosc entame une réflexion sur les lisières existant entre le roman et le documentaire. Pour cela, il nous embarque sur le CapitainePaul Lemerle, parti de Marseille au printemps 1941 à destination du continent américain. À son bord, des personnalités du monde artistique et intellectuel ou des anonymes, fuyant l'Europe embrasée et le régime de Vichy. Cap sur la liberté ? C'est à voir…

● Dans le coeur des exilés
On découvre, en effet, bien rapidement que la France de Vichy étendait son emprise malfaisante très loin, jusqu'en Martinique, aux portes même de la terre d'exil. On découvre pareillement, toujours un peu plus atterré chaque fois qu'on soulève un pan de l'histoire de cette période, combien zélés et convaincus des idées de Pétain étaient les militaires et fonctionnaires encadrant ce voyage. La traversée est effectuée sous tension et les passagers doivent essuyer insultes, brimades, extorsions d'argent pour leur moindre besoin… Et les choses ne devaient pas s'arranger, loin s'en faut, en terre martiniquaise !

Pour la forme, on se trouve bien ici entre réalité et fiction. le texte est émaillé de larges extraits d'archives : correspondance, rapports administratifs, citations littéraires… Pour les passages non documentés, l'écrivain investigateur se fait pleinement romancier. le passage de l'un à l'autre ne se ressent que par l'usage du caractère italique. L'auteur imagine pour nous les conversations, les faits et gestes qui relient les individus, et les états psychologiques qu'ils traversent. Ainsi, Breton entame avec Lévi-Strauss une correspondance très particulière, Victor Serge est habité par le souvenir de celle qu'il a laissé sur le continent et Anna Seghers revit le sauvetage miraculeux de son manuscrit de « La Septième Croix ».

« Je pars sans joie. J'eusse mille fois préféré demeurer si c'était possible : mais avant que surviennent les événements libérateurs, j'ai quatre-vingt-dix-neuf chances pour une de périr dans quelque sordide captivité. Cette Europe, avec ses Russie fusillées, ses Allemagne piétinées, ses pays envahis, sa France effondrée, comme on y tient ! Nous ne partons que pour revenir…» (Victor Serge)

On entre pleinement au coeur des questionnements qui devaient agiter les exilés à l'heure du départ et durant le transit sensé les mener en terre libre. Pour beaucoup, déchirement, cette émigration marquait le début d'une nouvelle ère dans leur vie ou dans leur création.

À ce titre, je confesse que, plus que l'exploration des connexions fiction/réalité, ce livre m'a avant tout interpellé par la réflexion qu'il ouvre sur le destin et les choix devant lesquels chacun est mis aux instants les plus tragiques de sa vie.

Au final, donc : un intéressant documentaire sur les déracinés de la Seconde Guerre mondiale, et un bon roman sur l'intelligentsia européenne du milieu du 20e siècle.



Lien : https://lecoeurflambe.com/20..
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Quitter son pays est une chose, en être forcés sans savoir de quoi sera fait son avenir en est une bien plus troublante voire traumatisante. Ces gens de tout bord embarquent sur le Capitaine-Paul-Lemerle en Méditerranée avant que l'armistice de juin 1940 ne soit proclamée, tout une odyssée pour fuir et survivre.
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Mon avis : J'avais lu et été conquise par constellations , son premier livre où nous traversions l'Atlantique en 1949 dans un avion qui se crasha au dessus des Açores avec de nombreuses personnalités ou inconnues - Adrien Bosc nous contait les vies des uns et des autres.
Cette fois, nous traversons à nouveau l'Atlantique mais en 1941 à partir de Marseille et nous nous retrouvons à bord d'un cargo désigné sous " povr'merle " - assez parlant pour décrire l'état du bateau... A son bord, toute une population qui fuit l'Europe : juifs, intellectuels , connus et inconnus. J'ai été passionnée par ce journal de bord qui nous décrit comment chacun s'est retrouvé sur ce bateau , la traversée de l'Atlantique, la vie sur le bateau mais aussi l'arrivée aux Antilles, Vichy et les Antilles, l'arrivée - ou pas - à New York. Ce qui est épatant est que sur ce vieux rafiot on trouve un grand nombre d'intellectuels nantis et d'artistes comme André Breton, Lévi-Strauss, Anna Seghers , le peintre Wifredo Lam, la photographe allemande Germaine Krull qui a pris de nombreuses photos sur le bateau.
Le livre est extrêmement documenté, on y trouve beaucoup de lettres et de textes de l'époque, des discussions entre Breton et Lévi-Strauss, beaucoup d'anecdotes.
J'aime beaucoup l'écriture de Bosc, sa plume est légère. Il réussit à me captiver sur des faits historiques qui à priori ne me "passionnent pas plus que ça" .
Certes , il s'intéresse ici à une population aisée mais beaucoup de ces vies sont touchantes. Et on se dit, vu les personnalités qui s'y retrouvent : " Mais que le monde est petit" !
Le seul bémol par rapport à son précédent livre : certains passages un peu ardus sur le surréalisme et quelques discussions à ce propos entre Breton et Lévi-Strauss mais il faut persévérer ! Cela dit, ces passages ont suscité ma curiosité car je suis allée fouiller sur le web et rechercher divers articles à ce propos.
De même, j'ai recherché les photos prises par Germaine Krull sur le bateau , que l'auteur Bosc a retrouvé après avoir écrit le livre.
Les passages sur Wifredo Lam m'ont aussi permis de renouer avec sa peinture que j'aime beaucoup.

Bref, vous l'aurez compris, il s'agit d'un roman très érudit qui détaille une extraordinaire traversée et fuite vers l'Amérique mais il est aussi très touchant.

sur le site "Germaine Krull aux rencontres d'Arles" : vous y verrez quelques photos prises sur le bateau, des scènes décrites par Adrien Bosc.

Je vous invite à lire mon avis sur le forum des club des rats de bibliothèque ;-)
Lien : https://clubdesrats.1fr1.net..
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Exubérante évocation de l'exil de "réprouvés" du monde des arts et des lettres au départ de Marseille vers le nouveau monde début 41. A partir d'une photographie sur le pont du Capitaine-Paul-Lemerle, c'est une éruption formidable que l'auteur déclenche et pour tenir bon dans l'enchevêtrement des mémoires des personnages , l'aide de wikipédia m'aura été absolument nécessaire pour que se libèrent tous les sucs de ce bouillonnement. Au coeur de cette profusion se produit, à La Martinique, une heureuse condensation autour d'un petit noyau de compagnons, A.Breton, Césaire , Lam, Levi-Strauss et quelques autres; une formidable occasion de pages de détente et de grande et envoûtante poésie. De l'érudition, de la sophistication, de la poésie, c'est certainement une lecture difficile mais magnifiquement enrichissante.
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C'est plus que le récit d'un exode maritime; en fait, un tableau de la comédie humaine.
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