"
Beaux-Rivages", de
Nina Bouraoui, est l'histoire de A. quittée par Adrian pour une autre femme, une histoire d'amour qui a duré 8 ans, 8 ans d'un amour fusionnel qui vole en éclat presque du jour au lendemain. Mais est-ce vraiment du jour au lendemain ? N'y a-t-il pas eu des signes précurseurs ? Comment en sont-ils arrivés là ?
Une histoire que l'on pourrait dire "banale" mais qui est très représentative du vécu de tous à un moment ou à un autre de sa vie.
Au fil des pages on découvre les étapes du deuil amoureux puis la "résurrection". L'auteur décrit avec finesse l'incompréhension, la colère, le questionnement, l'introspection qu'entraînent une rupture amoureuse. Tout y passe, du besoin de chercher à quoi ressemble son ou sa potentiel(le) rival(e), en passant par ce besoin de garder un contact avec cet(te) ex que l'on sait, pourtant, nuisible pour sa reconstruction et le besoin de "voir quelqu'un" car les étapes sont finalement plus compliquées à surmonter que ce que l'on pensait.
Notre "héroïne", que l'on ne connaît que sous la lettre A. (est-ce un moyen pour l'auteur de ne pas mettre ses personnages sur le devant de la scène ou une façon de donner la liberté à chacun de se retrouver dans le récit ? ), nous emmène dans son tourbillon, dans son esprit, heurtée par cet évènement si soudain et blessant. On comprend qu'au-delà de la descente aux enfers que peut entraîner la douleur, cette dernière permet également de grandir, de voir les choses autrement, de se poser les bonnes questions. Une fois la colère, la tristesse, la douleur physique qu'entraîne la douleur morale, apaisées vient le temps de l'acceptation, le temps où l'on ne refuse plus la nouveauté, où l'on ne refuse plus l'Autre. C'est l'étape de la reconstruction, qui permet à tout être de vivre à nouveau.
Sur la forme, j'ai la sensation d'avoir découvert une écriture au travers de
Nina Bouraoui, que je n'avais encore jamais lue. Les chapitres sont aérés, courts, permettent aux lecteurs de faire la part des choses et de se poser mentalement pour faire un retour sur ce qu'il vient de lire, sur les sentiments de l'héroïne. Les phrases sont parfois longues et c'est là que la découverte s'est faite pour moi. Des phrases qui apparaissent sur plusieurs lignes et qui m'ont permis de vivre plus facilement le récit, comme si je vivais la succession d'éléments que l'auteure souhaitait mettre en exergue, en montrant l'embarras et surtout la "fatigue" et la "lassitude" de l'héroïne. Malgré quelques longueurs et des personnages sans réelle profondeur, j'ai trouvé ce roman universel, très juste sur l'aspect sentimental et très touchant.
Une belle surprise, je remercie Babélio et l'édition Livre de Poche pour cette découverte :)