Lorsque l'amour nous a abandonné, les «
beaux rivages » désignent ces lieux où puissent renaître les sentiments. Ce titre s'inspire d'une poésie de Yeats :
« Même si le grand chant ne doit plus reprendre
Ce sera pure joie, ce qui nous reste :
Le fracas des galets sur le rivage,
Dans le reflux de la vague. »
W.B.Yeats
Ce livre mélancolique sur l'abandon et la vie sentimentale moderne, est écrit avec la main et le coeur de
Nina Bouraoui, avec le lyrisme et la justesse des sentiments qui caractérisent de cette auteure magnifique. le petit laisser-aller de l'ode et le style de la romancière se prêtent très bien au sujet.
Ce n'est pas qu'un livre sur l'amour, c'est aussi l'approfondissement d'un fait de société actuel important. Il arrive que des personnes fragilisées par la perte d'un partenaire tombe dans une grosse déprime en perdant leurs repères et soient excessivement perméables à tout ce qui vient d'internet, de l'actualité, et de la réalité brutale de la vie.
Rupture : l'ami de la narratrice en a rencontré une autre. Adrian entretenant un espoir de retour, alors qu'il a lui-même pris la décision de quitter son amie, ne facilite pas un travail de reconstruction déjà pénible en soi.
Epuisée moralement, la quittée ne s'alimente plus, et le comble, devient accro au blog de sa rivale, qui poste des photos artistiques pour se moquer d'elle. Ce que restitue
Nina Bouraoui de la société est toujours sans tabou, sans tricherie, et c'est presque nécessaire de lire des textes comme celui-ci, témoins de notre société.
Un parcours très bien livré qui dans la deuxième partie s'ouvre vers un autre type de thématique tout aussi réjouissante et intéressante. Il se lit avec beaucoup de bonheur. A découvrir.