AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,65

sur 234 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Voguant entre ses souvenirs, de l'Algérie à la France, dans une quête d'identité bouleversante, Nina Bouraoui nous offre une part intime des nuits de sa jeunesse. Son dernier roman » Tous les hommes désirent naturellement savoir « est paru aux éditions JC Lattès en 2018.
p. 11 : » J'ai vécu en France plus longtemps que je n'ai vécu en Algérie. J'ai quitté Alger le 17 juillet 1981. «
Dans une alternance de chapitres très courts, l'auteure raconte tour à tour son enfance en Algérie et en Bretagne et ses nuits parisiennes, lorsque, jeune adulte, elle fréquente le Katmandou, un club parisien réservé aux femmes.
Ce roman relate le combat intérieur d'une femme qui cherche à comprendre l'origine de son homosexualité dans ses liens de filiation.
p. 12 : » Je veux savoir qui je suis, de quoi je suis constituée, ce que je peux espérer, remontant le fil de mon histoire aussi loin que je pourrai le remonter, traversant les mystères qui me hantent dans l'espoir de les élucider. «
Intimement persuadée que cette lutte intérieure a été conditionnée dès sa plus jeune enfance, la narratrice se remémore l'agression dont sa mère a été victime.
p. 27 : » Plus tard, je m'infligerai le devoir de protéger toute femme du danger, même s'il n'existe pas. «
Le déclenchement semble-t-il de son détachement à un quelconque désir au sexe opposé. C'est à dix-huit ans, au moment des premiers désirs entre les bras des femmes, que Nina Bouraoui entreprend l'écriture, comme une délivrance, un exutoire.
p. 43 : » L'écriture agit comme un élixir, son geste m'apaise, me rend heureuse. «
Garçon manqué enfant, elle peine à trouver une position dans une famille déjà atypique, composée d'une mère bretonne et d'un père algérien. Sa soeur aînée semble s'être attribuée la place de fille, au sens le plus large du terme, alors que Nina ne sait comment se placer.
p. 61 : » Il y a une histoire de l'homosexualité, des racines et un territoire. Elle ne vient pas du désir, du choix, elle est, comme on pourrait le dire de la composition du sang, de la couleur de la peau, de la taille du corps, de la texture des cheveux. Je la vois organique, cela me plaît de l'envisager ainsi. L'enfant homosexuel n'est pas l'être raté, il est l'être différent, hors norme et à l'intérieur de sa norme à lui, dont il ne comprendra que plus tard qu'elle le distingue des autres, le condamnant au secret, à la honte. «
Si elle envie les garçons du quartier dans la liberté de leurs attitudes, elle méprise leur violence. Particulièrement proche de sa soeur pendant ses années d'enfance, ses amies attireront déjà son regard. le regard d'une jeune fille à la recherche de son identité sexuelle.
p. 31 : » Je souffre de ma propre homophobie. «
Les mots sont forts, mais sont le reflet d'une lutte intérieure, d'un certain dégoût – ou du moins rejet – d'elle-même. Mais combien de tourments, de nuits d'insomnie et de douleurs pour s'accepter, enfin, dans son entièreté ? Accepter cette différence qui deviendra une évidence et une force. Car lutter contre sa propre sexualité, c'est lutter contre soi-même.
p. 251 : » […] je n'y arrive pas, je ne m'assume pas, c'est éprouvant d'être différente, même si je ne peux plus faire autrement, j'ai fait un pas, je suis fière de moi, mais j'en veux à la terre entière, je trouve cela difficile d'être homosexuelle, personne ne s'en rend compte, ne mesure ça, cette violence. «
Cette immersion dans l'intimité de l'auteure est d'une touchante sincérité. L'évolution vers l'acceptation de son homosexualité passe par de nombreuses phases, comme l'atteste ce roman. Tout ce temps, ces années à lutter contre la naissance d'un désir, mais un désir qui diffère de la norme, est le témoignage d'un mal être intérieur d'une grande violence. Un roman bouleversant, qui peut contribuer à trouver un apaisement intérieur vers ce qui ne doit pas être un combat, mais une acceptation de soi.
Lien : https://missbook85.wordpress..
Commenter  J’apprécie          350
Tous les hommes désirent naturellement savoir qui ils sont.
Pour essayer de comprendre qui elle est, la belle Nina se livre à une introspection nous entraînant dans un doux vagabondage à travers son histoire familiale.
Entre la nostalgie d'une enfance lumineuse passée en Algérie -son paradis perdu- et la vacuité des sombres nuits parisiennes de sa jeunesse, Nina Bouraoui explore les origines de sa différence tout en cherchant le sens de son désir et de ses amours. Ce voyage dans le temps fait la part belle à la mère de l'auteure, une Bretonne qui, elle, n'a pas hésité à braver ouvertement les préjugés en épousant un Algérien pendant les années soixante.
L'écriture simple et élégante, le ton intimiste, font de cette incursion dans les souvenirs de l'auteure un vrai moment de plaisir malgré sa violence sous-jacente.
Commenter  J’apprécie          210
Ce livre autobiographique alterne entre deux époques de la vie de Nina Bouraoui. Les deux récits se succèdent en petits chapitres de 2 ou 3 pages. Ils se nomment « Se souvenir » lorsqu'elle nous parle de son enfance et « Devenir » lorsqu'elle parle de son adolescence. Naviguant dans le temps, on comprend l'évolution entre les deux périodes et on constate tout le chemin qu'elle a parcouru.

Dès son plus jeune âge, elle a dû faire face aux obstacles engendrés par ses « particularités ». Son père est algérien et sa mère française, deux pays qui ne sont pas en bons termes au sortir de la guerre dans laquelle ils se sont affronté. Au gré de ses allers-retours entre les deux continents, sa famille va donc subir la violence physique et verbale du racisme quotidien. D'autre part, l'autrice découvre très rapidement son homosexualité et va devoir affronter les préjugés et surtout se battre pour exister dans sa sexualité. le lecteur est donc le témoin de ce parcours, du développement de la chrysalide à l'envol du papillon.

Ce roman exhale un tas de sentiments qui sont parfaitement retranscrits. Grâce à une écriture aérienne et poétique, Nina Bouraoui livre un témoignage sans réserve. Elle assume à cent pour cent tout ce qu'elle incarne, avec une sensibilité à fleur de peau et met ainsi à jour tous les tabous d'hier et d'aujourd'hui.

Selon une étude scientifique récente, la lecture améliore l'empathie. Il faut donc que ce roman soit lu par un maximum de gens parce qu'il me semble essentiel, pour faire évoluer les mentalités. Si vous êtes déjà convaincu, je vous le conseille quand même fortement car vous découvrirez une plume admirable.

En conclusion, « Tous les hommes désirent naturellement savoir » m'a beaucoup plu par les émotions qu'il m'a procurées et par le message qu'il véhicule. Je lui reprocherais juste ces chapitres un peu trop brefs et le fait qu'il soit trop vite refermé. le changement très fréquent d'époque conduit à ce que l'on oublie rapidement les péripéties. Mais l'essentiel est que j'ai découvert une vraie écrivaine qui m'a ému sur le moment, séduit par sa prose et que je retrouverai avec plaisir pour d'autres histoires.
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
Commenter  J’apprécie          80
Un très beau livre sur la recherche de l'identité, aussi bien géographique, raciale que sexuelle. Les chapitres sont très courts et divisés en "devenir" "se souvenir" "être".
L'auteur se raconte à 18 ans, raconte son enfance en Algérie, divisée par son identité de mère française et de père algérien, et son identité sexuelle, elle se sent lesbienne mais ne l'assume pas encore. Avec beaucoup de douceur elle nous raconte son pays d'enfance : l'Algérie ; avec pudeur et retenue la montée du fanatisme et du rejet de la femme en tant que telle, du viol, de la différence sociale.
Une découverte agréable et instructive.
Commenter  J’apprécie          70
Je sors de la lecture de ce court livre avec un sentiment très mitigé. J'ai eu beaucoup de mal à suivre l'auteure dans son voyage. Ces passages fréquents aux différentes périodes de sa vie m' a énormément dérouté.
Cependant je veux ajouter que c'est bien écrit et aussi courageux de se livrer ainsi.
Commenter  J’apprécie          60
Ce livre est écrit avec une alternance rythmée entre les chapitres. Ils m'ont emportée d'une époque à une autre, d'un pays à un autre. Entre Souvenir et Devenir. C'est la première fois que l'auteure révèle aussi nettement son homosexualité, son identité comme elle la décrit, et la difficulté à l'assumer surtout quand elle est jeune.
Lien : https://laparenthesedeceline..
Commenter  J’apprécie          50
Un beau "récit de soi" déroulé par Nina Bouraoui, où l'on sent plus que jamais le besoin de coucher les mots sur le papier. Cette urgence, comme toujours chez l'autrice, la rend touchante, contrebalançant une écriture (volontairement) froide.

En revanche, je trouve que Tous les hommes désirent naturellement savoir est un peu du déjà-vu chez l'autrice, notamment dans Garçon manqué, mais ne peut pas s'aborder sans connaître un peu son oeuvre - sous peine d'être un peu flou.
Lien : https://lesmotsdemahault.wor..
Commenter  J’apprécie          40
Au-delà de l'autobiographie, il y a une ode véritable au langage et aux mots.
Commenter  J’apprécie          30
Dans la catégorie des romans qui me plaisent et m'émeuvent, il y a ceux sur la recherche identitaire, les romans initiatiques, ceux qui dévoilent la belle âme d'un écrivain.

J'ai refermé ce roman très émue mais aussi très perplexe devant mon écran, comment chroniquer un roman comme celui-là ?

Message à ma chère Hadia, elle aussi marquée récemment par la lecture de ce texte. Réponse immédiate : « Moi je commencerais par la violence muette, celle qu'on n'exprime pas dans la vie réelle, à l'image de sa mère qui se fait agresser et qui rentre meurtrie sans rien dire… Et puis la violence du déracinement… En fait ce livre est très beau parce que la violence est racontée avec délicatesse ».

(Voilà comment je force des écrivains à devenir des chroniqueurs et à bosser pour moi.)

Vous l'avez deviné, entre mélancolie suggestive et violence muette, quel beau roman que celui-ci, dans lequel Nina Bouraoui renoue avec l'exil et son enfance, pour mieux comprendre son identité sexuelle, les femmes.

« J'ai juste peur des hommes la nuit » écrit-elle. Quel rôle ont joué les femmes de sa vie au cours de la sienne ? Une mère d'origine bretonne, tombée amoureuse d'un algérien ayant contourné l'opprobre familiale pour aller vivre à Alger. Une soeur à ses côtés, qui a parfois joué le rôle d'une mère. Puis toutes les femmes qu'elle rencontrera le soir, « au Kat », lieu d'émancipation et de ses premières rencontres.

À travers un récit fragmenté de courts chapitres où elle sait, se souvient et devient, elle part à la recherche de sensations, de réminiscences fondatrices.

L'écriture, musicale, toujours en fil rouge, pour l'aider, la guider. Mais attention, quand certains écrivent pour se libérer, Nina Bouraoui soutient que non, « L'écriture n'apaise pas, c'est le feu sur le feu. »
Lien : https://agathethebook.com/20..
Commenter  J’apprécie          30
Pour être honnête, je ne m'attendais absolument pas à cette histoire! Je m'étais imaginé totalement autre chose en lisant "les origines du désir et de la violence" sur la 4ème de couverture. J'ai vraiment apprécié le rythme du livre, très rapide, avec des chapitres très courts mais incisifs avec les mêmes titres, soit "Se souvenir" concernant Alger, "Devenir" sur son retour en France, ou encore "Savoir" plutôt sur le passé de ses parents. Les pages s'enchaînent rapidement et l'auteure nous met tout de suite dans le bain : la honte que pouvait provoquer le fait d'être homosexuelle à l'époque, dans un contexte notamment de découverte et de méconnaissance du SIDA, et la violence subie par sa mère en Algérie. Elle y dénonce aussi l'homophobie et le racisme de l'époque (que l'on retrouve malheureusement encore aujourd'hui, à un autre niveau). D'ailleurs, elle a honte d'être homosexuelle et a honte d'avoir honte. J'ai aimé le ton tranchant, direct, synthétique mais tellement réaliste. Par contre, lors des chapitres liés aux souvenirs, l'auteure aborde différentes époques, différents moments de sa vie, sans ordre chronologique, sans ordre particulier même. Je trouve que cela fait perdre le lecteur, nous avons du mal à reconstituer son histoire, à comprendre son passé. Peut-être est-ce voulu mais cela m'a dérangée dans ma lecture. le livre se termine par des chapitres "Être" sur le présent et l'avenir.
Lien : https://thebookshebreathes.w..
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (497) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1726 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}