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EAN : 9782956197133
89 pages
Le Citron Gare (31/12/2019)
5/5   1 notes
Résumé :
"J’ai un métier plus ou moins cool
je me perds dans les rues
je ne le fais pas exprès
même dans la ville où je vis depuis des années
je me perds
même dans les rues familières
j’ai besoin d’un plan
je le consulte
et je me perds
je suis allé cent fois à tel endroit
et pour y retourner
je me perds
et pour en revenir
je me perds
c’est une seconde nature chez moi
l’er... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Écrit en vers libres, ce petit opuscule est en fait constitué de deux parties, de deux livres en un seul. Dans le premier, Julien Boutreux évoque son métier "vachement cool" ou plutôt de ses "différents jobs", au pluriel, puisque tantôt il s'agit de "garder les yeux ouverts la nuit", soit d'être insomniaque, "un vrai boulot de merde" (p. 31) ; tantôt il s'agit d'"apprendre à déglutir aux gens" (p.32). Dans la deuxième partie, le second chapitre, J. Boutreux évoque cette fois les voix qu'il serait supposé entendre, soit les mots de personnalités historiques célèbres, d'auteurs ou d'intellectuels, qu'il s'agisse de "Vercingétorix" (p. 57) ou de poètes contemporains, tels Ghérasim Luca, Christophe Tarkos (1964-2004), ou encore Jude Stéfan. Schizophrène par choix, J. Boutreux tutoie directement les sommités, n'hésitant pas à déclarer Dieu à la fois "mongolien, hydrocéphale et un peu neuneu" (p. 48), ou encore à moquer "Platon et ses aristocrates épris de spéculation intellectuelle" qui, somme toute, "ne font que ça/glander sous le soleil de l'Attique" (p. 81). Une forme de relâchement volontaire, sur le fond comme sur la forme, domine l'ensemble. le fond, c'est cette liberté de ton, cette manière irrévérencieuse de tutoyer les grands, le Tout-Puissant ou son fils Jésus, de mélanger anachroniquement l'actualité et le passé. La forme, c'est ce verbe délibérément familier, voire trivial, ce langage quotidien, anglicisé, cet art consommé de briser l'esprit de sérieux, ce rejet du classicisme, de la pompe, des termes savants : "Alors j'ai parlé à Pierre de Ronsard (…)/il voyait comme un fossé/un précipice/entre nos arts poétiques (…)/il y a du beau quand même/quand on ne cherche pas le beau" (p. 59).

Pareille esthétique s'inscrit dans la logique du Citron Gare, animé par Patrice Maltaverne, auteur, blogueur, critique et créateur du fanzine "Traction-Brabant". Illustré par Dominique Spiessert, tout en noir, à l'instar des "Chats de Mars", "J'entends des voix" procède du même nihilisme que les "Poésies incomplètes" de Régis Belloeil. Rajoutons-y une forme de drôlerie, de provocation. La mélancolie pointe souvent, au détour d'une phrase, d'une expression, notamment lorsque l'auteur s'adresse à Gérard de Nerval, le fou, le suicidé : "pendu/dans ta ruelle crasseuse/la mort/t'a emporté vers des rivages moins désolés" (p. 61). Sauf que l'humour nous sauve. Ne croyant ni dans le Christ, "sorte de grand yogi raté" (p. 77), ni dans Platon, ni même dans Jeanne d'Arc, pure fiction du grand roman national, Julien Boutreux s'en sort par un rire amer, en provoquant des situations décalées, incongrues, en exerçant des tâches bizarres, ou en ridiculisant les puissants. Et si l'Histoire semble vaine, si nous ne pouvons nous tourner vers la "psychanalyse de Freud" (p. 72) vers la spiritualité, les mystiques comme Hildegarde de Bingen (p. 75), si "même la mort c'est bidon" (p. 73), alors nous reste, outre la raillerie, ce lyrisme asséché, accidentel mais réel, baume ou pansement : "la folie t'habitait peut-être/la poésie te possédait/son autre nom aux lèvres de feu/ce rêve incompatible/avec tout le reste" (p. 63).

Article paru dans "Diérèse" 78. Etienne Ruhaud
Lien : https://pagepaysage.wordpres..
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Vidéo de Julien Boutreux
Avec Arthur H, Rim Battal, Seyhmus Dagtekin, Maud Joiret, Sophie Loizeau, Guillaume Marie, Emmanuel Moses, Anne Mulpas, Suzanne Rault-Balet, Milène Tournier, Pierre Vinclair & les musiciens Mathias Bourre (piano) et Gaël Ascal (contrebasse) Soirée présentée par Jean-Yves Reuzeau & Alexandre Bord
Cette anthologie reflète la vitalité impressionnante de la poésie francophone contemporaine. Quatre générations partagent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 17 ans, les plus âgés sont nonagénaires. Ils sont ainsi 94 à croiser leurs poèmes sur la thématique du désir, un mot aussi simple que subversif.

ADONIS – ARTHURH – Olivier Barbarant – Linda MARIA BAROS Joël BASTARD – Rim BATTAL – Claude BEAUSOLEIL – Tahar BEN JELLOUN – Zoé BESMOND DESENNEVILLE – Zéno BIANU – Carole BIJOU – Alexandre BONNET-TERRILE – Alain BORER – Katia BOUCHOUEVA – Julien BOUTREUX – Nicole BROSSARD – Tom BURON – Tristan Cabral – CALI – Rémi Checchetto – William CLIFF – François de CORNIÈRE – Cécile COULON – Charlélie COUTURE – Laetitia CUVELIER – Seyhmus DAGTEKIN – Jacques DARRAS – Michel DEGUY – Chloé DELAUME – René Depestre – Thomas DESLOGIS – Ariane DREYFUS – Renaud EGO – Michèle FINCK – Brigitte FONTAINE – Albane GELLÉ – Guy GOFFETTE – Cécile GUIVARCH – Cécile A. HOLDBAN – Philippe JAFFEUX – Maud JOIRET – Charles JULIET – Vénus KHOURY-GHATA – Anise KOLTZ – Petr KrÁL – Abdellatif LAÂBI – Hélène LANSCOTTE – Jean LEBOËL – Yvon LE MEN – Perrine LEQUERREC – Jérôme LEROY – Hervé LETELLIER – Sophie LOIZEAU – Lisette LOMBé – Mathias MALZIEU – Guillaume MARIE – Sophie MARTIN – Jean-Yves MASSON – Edouard J.MAUNICK –
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