PERPÉTUELLE ET NUE L’ÉTOILE
extrait 2
femme faite de plusieurs alcools
de plusieurs nuits superposées
la lune pleine achève son risque
au sommet des montagnes
plus infinie que notre sang
une voix blonde murmure :
chaque dormeuse dans sa langue de craie
sait où puiser ses profondeurs
Vous faites comme si
nous ne savions rien de la peur
de cette lumière sur l’étagère
de ce frémissement d’herbe à nos tempes
rien du vertige à l’échancrure soudé
rien de ce martèlement contre les murs
quand les rires ont cessé
J’ai du avoir quinze ans
dans ce présent de sève et de feu
être pauvre de cette pauvreté d’ânesse
sur un chemin de montagne
à fleur de sol du sel sous la semelle
et d’eaux profuses
qui ruissellent à flanc de nos os :
rêver d’être le chemin
d’être la montagne
l’Edelweiss sur la rocaille
et d’être poète
sans avoir à pleurer
PERPÉTUELLE ET NUE L’ÉTOILE
extrait 1
comme une femme
faite de plusieurs alcools
de plusieurs nuits superposées
sur le chemin des crêtes elle va
parmi les parfums de linge propre
et les marelles d’antan
dos éparpillé ventre décousu
arraché du rien du manque
sans mémoire à venir
sans visage réfléchi
et pour dormir le jour
la douceur inédite d’un sein blanc halluciné
Discrets et dénoncés
à nos joues les contours
nos nudités ne savent plus
quoi de la langue ou du visage
choisir la courbe
le retrait ou l’avancée
l’augure ou l’outrage
le corps étranger trop près
étrangle loin
la prochaine gare est un silence
Partons tels que nous sommes arrivés
scande l’écho au bout du couloir
Laurence Bouvet lit un de ses poèmes "Tout le poids du monde..."
Laurence Bouvet est poétesse. Son recueil "Melancholia si" parait en automne 2007 aux éditions Hélices.
Prestation filmée par Eric Dubois le 12 juin 2007 au Carré des Coignard, Nogent sur Marne, France.