Après ma lecture de Né d'aucune femme , je pressentais que
Franck Bouysse était un magicien, qu'il était capable de nous décrocher un sourire mais également de nous donner envie de vomir à la page suivante…
Ici, on rentre dans une ambiance lourde, moite et glauque dès les premières pages. On ne sait pas réellement ce que l'auteur nous réserve mais on se doute que ça ne va pas être tout rose et très joyeux ! Bref, on est en apnée, on attend, on tend le dos car on sait que quelque chose va se produire… Ça faisait bien longtemps que mon coeur n'avait pas palpité autant, que je n'avais pas eu quelques sueurs froides en lisant un roman où il n'y a pas de sang sur les murs mais où l'ambiance est tellement asphyxiante que ça fait le travail !
Pourquoi et comment
Franck Bouysse arrive-t-il à angoisser son lecteur ? Je dirais que c'est probablement à cause de cette vie paysanne lugubre dans laquelle il nous entraîne, où Gus et Abel trouvent uniquement du réconfort et un peu de bonheur dans un verre de gros rouge qui tâche… Tout est réuni pour qu'on imagine le décor – et quel décor -, un trou paumé au milieu de rien, pas de téléphone chez Gus, la télé qui marche en alternance lorsque le temps est clément, les pièces défraichies avec un vieux papier peint à fleur, les meubles en merisier massif hérités d'une époque révolue… Bref on a l'impression d'être revenu dans les années 1900…
Et puis l'histoire est glauque, vraiment glauque, un bon drame familial dans un milieu où comme le dit la chanson de Brel – que j'ai eu en tête tout au long de ma lecture – « Faut vous dire, Monsieur que chez ces gens-là, on n'cause pas, Monsieur, on n'cause pas, on compte… »
J'ai dévoré ce roman et je ne peux que vous le conseiller si vous avez envie de vous faire une belle crise d'angoisse !
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