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3,8

sur 179 notes
Juste après la seconde guerre mondiale, un couple d'américains, oisifs et riches, et leur ami, se retrouvent pour un voyage en Afrique. Ils partent de l'Algérie pour aller jusqu'en Afrique subsaharienne. Très vite, ce voyage devient une errance, une fuite, qui va très mal se terminer. Les lieux, les gens, sont décrits souvent minutieusement, dans ce qu'ils ont de différent avec l'occident. Tout semble hostile. La saleté, l'insécurité, la misère ambiante les rebutent, mais ils continuent leur périple en s'enfonçant toujours plus vers le sud, vers le désert. Mais l'Afrique n'est que le révélateur de leur mal-être. Il y a une volonté de se perdre, de se confronter à l'inconnu. Ce voyage physique est tout aussi intérieur. C'est un questionnement sur le sens de leur existence. On assiste peu à peu à leur déchéance physique et mentale. Ils vont perdre tous leurs repères, jusqu'à la folie.
Comme il est écrit sur la quatrième de couverture, il y a quelque chose de D. H. Lawrence dans ce roman. Dans ces trois personnages qui se disputent et se questionnent, englués dans un environnement qui les dépassent totalement.
Je me suis retrouvé dans ces personnages en quête d'eux-mêmes. C'est le genre de voyage qui me correspond parfaitement. J'ai lu ce livre très rapidement. L'écriture est précise et claire. Quelques relents de racisme de la part des protagonistes pourront en dérouter certains. Mais, dans l'ensemble, c'est un livre que je recommande.
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Le beau voyage en Afrique du Nord que j'avais imaginé en lisant ce livre s'est transformé en errance psychologique à travers le désert.
Ici, inutile de chercher les belles descriptions de paysages qui font rêver, seul, l'aspect négatif du pays transparait à travers le ressenti des personnages.
Et quels personnages ! Mais que font-ils là ? Apparemment jeunes, riches et désoeuvrés, les trois protagonistes reflètent un ennui mortel. Pourquoi ce couple Kit et Port, plutôt désuni et qui passe son temps à s'affronter verbalement dans des joutes philosophiques, ont-ils convié leur ami Tunner à les accompagner dans ce périple ? Ce dernier a l'air de les déranger et ils vont d'ailleurs tout faire pour l'inciter à prendre un chemin différent du leur.
Leur monde se trouve confronté à une langue et des coutumes qu'ils ignorent, la réalité politique de cette époque coloniale leur échappe et ils ne ressentent que du mépris pour la population locale.
La mort et la folie seront le terminus du voyage et moi, je suis restée avec mes questions, à errer dans ce désert, comme dans leurs vies vides de tout sens.
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L'intérêt des liseuses, c'est qu'elles n'ont pas de quatrième de couverture…
Je dois dire que pour ce "Thé au Sahara", Gallimard fait très fort! Il nous informe tout d'abord que Kit et Port Moresly "bien que mariés depuis 11 ans, sont loin de s'entendre". Ce "bien que" me laisse songeuse. Ne faudrait-il pas dire "mariés déjà depuis 11 ans les Moresly sont loin de s'entendre?
Cinq lignes plus bas, je vois (TROP TARD, le mal est fait), que Port meurt de la typhoïde. Page 241! C'est rageant.
Collection L'IMAGINAIRE! 1980
Ensuite la jeune femme est emportée par une caravane et vivra plusieurs amours tumultueux, tout cela dans une Afrique prodigue et pourrie (sic). Les personnages ont quelque chose de D.H.Lawrence, avec leur solitude et leur malaise intérieur.
Je l'ai lu, et maintenant vous en savez autant que moi :)

Let's get our money back….
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"Ce qui ne peut pas être exprimé doit rester silencieux" a déclaré Wittgenstein. Alors n'essayez même pas; laissez-tout à la merci de la dyslalie.

De même, la folie tend à modifier les informations qui entrent dans le cerveau, et si vous y pensez, alors le monde que nous percevons ne semble être rien de plus que les chaînes de l'esprit. Selon Bowles, tout ce qui dépasse la compréhension rationnelle inhérente à la pensée humaine n'est rien de plus qu'une "Horreur stellaire". Dans l'un des romans d'Andrei Bely, un personnage mourant s'est agrandi à la taille de l'univers l'absorbant en lui même. le cadre a disparu; il est devenu tout, et le monde a fusionné avec son esprit ne faisant plus qu'un. Pour Bowles, quitter le monde, disparaître, signifie se perdre. Ses personnages vont si loin sur ce chemin qu'ils ne peuvent plus en revenir .. Accepter de vivre dans un monde et ses règles visant à une
certaine forme de conformisme, c'est ressentir une douleur profonde tout en étant sous l'emprise de sa personnalité ainsi formatée. Et puis rien n'aidera ..

Trois américains voyagent en Algérie; Port et Kit, un couple, accompagnés de leur ami Tunner. Ce dernier semble amoureux de Kit, mais sa fascination pour ce duo, leur singularité à ses yeux l'emporte sur le reste. de leur côté les deux amants semblent rester hermétiques à la société dans laquelle il évolue; la fascination n'est pas réciproque, et personne ne perçoit l'âme de l'autre malgré que Port et Kit ne sont pas aux antipodes et que leurs esprits soient en quelque sorte incroyablement similaires. Tunner, leur compagnon de voyage montre une certaine forme de fidélité au couple, car assez sensible, il a su en saisir certaines valeurs qui lui seraient peut-être proches. Cela le rend non moins important que les deux principaux protagonistes.

Le pire n'est pas tant que nous ne savons pas. le pire est en ce que le mécanisme même de comprendre quelque chose de manière rationnelle ne veut pas fonctionner; il échoue. Pas du tout destiné à expliquer le sens de la vie, de sorte que nous ayons souvent recours à cette forme d'intuition que peut être la folie; à n'importe quoi, juste pour éviter les pièges de l'esprit.

Et ce mysticisme glissant entre les lignes, les techniques de la fin cinématographiques sont le signe évident du désir de l'auteur de rejoindre le vague mystère ressenti dans un espace désert, autant que possible dépourvu de toute présence humaine.
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La première fois que j'ai pris Un thé au Sahara de Paul Bowles, j'ai été amusé et embarrassé de voir mon snobisme (de me sentir différent des autres touristes) se refléter dans les premières pages, dans lesquelles le premier rôle masculin, Port Moresby, observe hautainement :
'Alors que le touriste rentre généralement en hâte chez lui au bout de quelques semaines ou quelques mois, le voyageur n'appartenant pas plus à un lieu qu'à un autre, se déplace lentement au fil des années, d'un bout à l'autre de la terre. En effet, Port aurait eu du mal à dire, parmi les nombreux endroits où il avait vécu, précisément où il s'était senti le plus chez lui.'

Mais malgré toutes ses aspirations intellectuelles, Port est un mauvais voyageur et sa femme Kit pas mieux ; deux Américains culturellement indifférents avec trop de bagages (littéralement et émotionnellement) et sans but dans la vie, sauf leur désir de ne pas être là où ils se trouvent à ce moment-là. Ils cherchent désespérément à être satisfaits, mais ne sont satisfaits de rien : dans chaque ville qu'ils essaient, les Moresby reniflent la culture arabe et se retirent dans leur malheureux abri de déjeuners dans des chambres d'hôtel.

Alors qu'ils traversent l'Algérie, Port devient de plus en plus ravi, tandis que Kit devient de plus en plus hystérique à mesure qu'ils s'éloignent de la société reconnaissable. Une tension suffocante se construit comme une impulsion, jusqu'à l'apogée audacieuse et obsédante du livre. Ce n'est pas Port mais Kit qui parvient à un véritable isolement, bien plus grand que les nobles prétentions de son mari, alors qu'elle glisse à travers le désert, vraiment seule pour la première fois.
Bowles a commencé à écrire Un thé au Sahara à Fès en 1948 et, apparemment alimenté par un cocktail de haschich et de majoun (confiture de cannabis), il l'a terminé en se déplaçant au Maroc et en Algérie, traçant lui-même le chemin que ses personnages condamnés emprunteraient. le voyage des Moresby est fiévreusement sombre; le paysage maghrébin 'un maquis torturé de coques dures et d'épines velues raides qui couvraient la terre comme une excroissance de haine' ; un bar vide est 'plein de la tristesse inhérente à toutes les choses déracinées'.

Bowles est mon tonique: malgré toute la romance qui s'élevait à cette époque, Un thé au Sahara me rappelle que tout le monde était un peu raciste à l'époque et que le tourisme était probablement affreux pour toutes les personnes impliquées. de nombreux livres de Bowles contiennent un plaisir sombre et fréquent à punir les touristes désemparés – et en tant que touriste désemparé, le vide apathique de sa prose est véritablement terrifiant. Bowles m'a rendu un peu plus gentil avec ceux qui s'accrochent à la civilité posée des voyages en autocar ou des guides touristiques : les voyages peuvent être effrayants. Je comprends pourquoi quelqu'un voudrait se retrouver comme une sardine dans le confort d'un voyage de groupe.
Norman Mailer a écrit un jour : 'Paul Bowles a ouvert le monde de Hip. Il a laissé entrer le meurtre, la drogue, l'inceste, la mort du Square... l'appel de l'orgie, la fin de la civilisation. Bowles croyait que l'idée que la civilisation pouvait conquérir le monde entier était un mythe, et c'est cette idée, surtout les horreurs et les punitions qu'il construit avec jubilation pour les étrangers irréfléchis, qui me redonne un peu d'enthousiasme pour les voyages modernes.'

Soixante-dix ans après son écriture, Un thé au Sahara me fait toujours espérer de petites poches du monde encore dépourvues de perches à selfie et d'itinéraires. Je suis les deux Moresby : une partie de moi valorise la sécurité trouvée dans les guides et Internet, tandis que l'autre partie n'a de cesse que de jeter mes guides de voyage dans une dune de sable et de galoper dans le Sahara. Ce beau livre sombre est à la fois un avertissement et une tentation.


effleurements livresques, épanchements maltés http://holophernes.over-blog.com © Mermed
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Quelque part en Afrique du Nord, peu de temps après la fin de la seconde guerre mondiale. Un couple d'américains, en quête de sensations propres à faire resurgir leur amour trop tôt disparu, débarque à Eckmuhl-Noiseux, un quartier d'Oran, alors sous administration française. Ils sont jeunes, beaux (du moins le suppose-t-on), riches et très désoeuvrés. Au cours de leur voyage, qui doit les mener au coeur du Sahara, ils sont accompagnés d'un ami, qu'ils semblent tous deux accepter à contrecoeur mais qui les aide néanmoins à dissiper leur ennui. En fait, rien ne se passera comme prévu car leur méconnaissance des langues et coutumes locales et leur inconscience des réalités sociales et politiques de l'époque vont les conduire progressivement vers la mort pour l'un et la folie pour l'autre. Une oeuvre étrange, aux confins du fantastique, dont les images envoûtantes ont inspiré Bernardo Bertolucci pour un film esthétisant. Ici, la beauté des paysages est absente, le désert étant avant tout le théâtre d'une errance intérieure. Un beau roman qui ravira les amateurs de méandres psychologiques...
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Paul Bowlès est un sacré filou! Avec son titre qui procure des envies de voyages et qui nous donne des images du désert plein les yeux avant même de commencer la lecture de l'ouvrage, il nous trompe et nous envoie dans une mauvaise direction. Si vous vous attendez à un livre exotique qui respire et qui aspire au voyage, passez votre chemin. J'aurais même tendance à dire qu'il a été écrit pour vous dégoûtez de voyager. Mais que font donc ces trois jeunes riches, complètement à la dérive dans ces pays ensoleillés ? A vrai dire, pas grand chose, à la limite, ils s'ennuient. Au final, cela donne un roman plutôt psychologique assez déroutant mais qui est certainement le reflet d'une certaine classe bourgeoise en mal d'aventures. C'est intéressant à lire et ça nous renvoie l'image de cette catégorie de voyageurs qui passent à côté de leur périple car ils ont du mal, même dans un pays lointain et exotique, à s'extraire de leurs problèmes quotidiens.
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"Plonger dans l'inconnu pour trouver du nouveau" : ce pourrait être le leitmotiv du roman, qui voit le trio de personnages (un couple et son ami) s'enfoncer toujours plus avant dans le Sahara. Longtemps, on ne verra pourtant pas grand chose du désert, lieu infini et silencieux : il sera surtout question de villes labyrinthiques, de ruelles étouffantes et de chambres d'hôtel malpropres. le lieu devient alors une métaphore de la psychologie des personnages, sans cesse ramenés à leur solitude, à leur angoisse, à leur incompréhension mutuelle. Ce thème de l'incompréhension est central, au sein de l'impossible triangle amoureux, comme dans les rapports entre touristes et indigènes.

La plongée s'opère en trois temps, assez distincts, et se clôt sur la maladie, la mort, la folie. Dans un va-et-vient constant entre l'immensité du désert et l'oppression des villes muettes, entre la chaleur insoutenable et les frissons de la fièvre, Bowles fait profondément ressentir au lecteur à la fois quelque chose de ce Sahara qu'il connaît bien, et du malaise sans remède de ses personnages. Éclatent alors quelques éclairs particulièrement acérés et douloureux, comme cette phrase qui en dit long sur le roman : "Dans une minute, il sera douloureux de vivre".
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Kit et Port, un couple d'américains sont arrivés en Afrique maghrébine, avant de partir pour le sud, traverser le Sahara et partir toujours plus au sud. Qui sont-ils ? Des touristes ? Sûrement pas ! Des voyageurs ? Pas vraiment… Car l'homme et la femme semblent fuir, la civilisation mais surtout eux-mêmes. Port, un misanthrope colérique et jaloux, qui passe certaines nuits auprès de prostituées qui ne le satisfont pas, Kit restant son unique port d'attache. Kit, quant à elle, est un concentré d'angoisses, justifiées ou non, qu'elle soigne par une consommation excessive d'alcool et de médicaments. Elle a de plus une brève liaison avec Tunner, un homme qui accompagne le couple et qui régulièrement sera leur bouée de sauvetage. Ce couple en crise, d'étape en étape, plonge dans un monde de plus en plus éloigné de leur civilisation, avec une population qu'ils méprisent et qui les répugne (il est étonnant de lire certains extraits à notre époque du politiquement correct tant l'attitude des personnages occidentaux est colonialiste !). Une attitude autodestructrice et une fuite vers l'inconnu effrayante.

Paul Bowles a écrit ce livre qui fit sa renommée peu après la Seconde guerre mondiale, vivant depuis plus de 10 ans à Tanger. Un film de Bernardo Bertolucci en fut adapté et Sting chanta "A Tea In The Sahara" en référence à ce livre. Mais l'homme fut également un novelliste de talent et un compositeur renommé. Il travailla également à recenser les musiques traditionnelles berbères.

"Un thé au Sahara" est un grand roman, loin d'un exotisme orientaliste de façade. L'auteur nous y montre des personnages en marge de la civilisation occidentale (comme souvent dans ses livres), mais surtout deux sociétés vivant côte à côte mais sans se connaître, ni vraiment se côtoyer. Kit et Port, sans être vraiment sympathiques, nous emmènent loin vers des destinations inconnues et l'on ne peut s'empêcher d'être inquiets pour eux !
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Par la magie de ses mots, Paul Bowles nous fait entrer avec bonheur dans l'univers "des analphabètes de la tête aux pieds" perdus dans "les brumes de l'ignorance ancestrale".
A lire avant qu'il ne soit plus disponible...
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