Orages ordinaires

Je pourrais dire que je l'ai commencé un soir, vers 23h et fini un peu avant 05 h du matin, et cela suffirait...

J'ai toujours beaucoup apprécié W. Boyd, que ma mère m'a fait découvrir à l'adolescence ; Les Nouvelles Confessions contiennent une des plus belles scènes de lecture que j'ai jamais lues :

"Karl-Heinz ne m'avait donné que le texte – j'ignorais le titre, j'ignorais l'auteur. Je ne savais rien du sujet du livre ni de son genre. Pourtant, assis là dans cette cellule, j'eus l'impression d'être à l'orée d'une merveilleuse aventure et de tenir entre mes mains fiévreuses quelque chose d'immensément précieux. Ce fut un instant divin. Il allait changer ma vie.
*
"Chapitre Un. "
Mon coeur battait follement d'impatience. La première phrase, le premier paragraphe...à quoi ressembleraient-ils ? Je lus :
" Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution [...] n'être fait comme aucun de ceux qui existent " Mon émotion fut telle qu'il me fallut reposer la page. Mon coeur se démenait dans ma poitrine, y battant à grands coups. [...] Mais jamais je n'ai lu un tel prologue à un livre, jamais je n'ai été aussi puissamment et immédiatement emporté. Qui était cet homme ? A qui appartenait cette voix qui m'interpellait si directement, dont l'impudeur effrontée retentissait de tant d'honnêteté sincère ? Hypnotisé, je poursuivis ma lecture. "

J'ai aimé aussi Brazzaville Plage, La Croix et la Bannière, Comme neige au soleil, Un Anglais sous les Tropiques ...
Boyd est également un fantastique nouvelliste : le Destin de Nathalie X , La femme sur la plage avec un chien et Visions Fugitives contiennent de véritables bijoux.

Orages ordinaires est un thriller londonien dans lequel j'ai retrouvé les qualités de cet écrivain : un déplacement léger du quotidien, un décalage subtil, qui en révèle alors toute la bizarrerie sous-jacente, l'étrangeté inhérente ; le goût assumé du romanesque et de la poésie du hasard ; des héros humains et imparfaits, des personnages secondaires autonomes, variés et très complets ; un humour très anglais, parfois loufoque (l'Église John Christ...) ; un regard toujours juste et réactualisé sur l'époque ; beaucoup d'humanité, qui jamais ne tombe dans l'angélisme ni, à l'inverse, le cynisme ; une poésie des lieux, des gens et des choses à la quelle je suis très sensible : quelle belle idée par exemple que cet ensemenceur de nuages...
L'intrigue fonctionne bien par ailleurs, on se laisse prendre au suspens d'un thriller bien construit, capable aussi d'une vraie violence.
Il y a toujours une dimension cinématographique assumée chez Boyd (qui s'accomplit dans le beau personnage du cinéaste John James Todd des Nouvelles Confessions, et que l'on retrouve aussi dans la chronique hollywoodienne que constitue le Destin de Nathalie X ) : ainsi, Orages Ordinaires m'a rappelé les meilleurs films des frères Cohen.

La "romance finale" m'a un peu moins convaincue, mais j'admets que cela fait partie des codes du genre ; et la fin ouverte parvient à maintenir le lecteur dans l'interrogation et à ouvrir l'espace du roman.

Est-ce vraiment un polar ? Bien sûr, il y a un meurtre mais l'intrigue, à mon sens, n'est là que pour porter tout le reste. Et le reste est sacrément riche. Quel est le sens de la vie, aujourd'hui ? Qu'est devenue l'humanité occidentale ? Voilà ce que l'auteur nous montre ici, à travers l'histoire de tous les personnages.

Pour faire court : c'est du Zola des temps moderne !
Je vous invite à rapidement découvrir ce roman.

J ai adoré ce thriller Londonien empreint d une certaine poésie lorsque l auteur nous emmène dans un voyage ou l on traverse un Londres industriel et maritime loin des sentiers battus.
Boyd parvient à nous plonger dans l identité même de la ville, on y ressent son histoire, son passé, son identité.
C est donc avec délectation que l on parcourt ce roman sans jamais se lasser et avec l envie de découvrir l issue finale.
De ce fait, c est avec une légère frustration que l on achève ce roman qui n offre pas de véritable réponse laissant libre cours à notre imaginaire.
C est pour moi le seul point faible du roman non tant par la fin qu il laisse délibérément ouverte mais par la mise à l écart des autres personnages, ce qui nous laisse tout de même sur notre faim.
Un roman presque parfait malgré quelques manques dans les 20 dernières pages.

Voilà un thriller noir comme on en lit parfaois, voir très sombres et anxiogène. Perdition et rédemption dans un Londres affreux, sale et méchant. Frissons garantis, voir cauchemars aussi.

Un formidable roman à suspense dans lequel l'auteur explore trois thèmes majeurs :
• La question de l'identité
Adam Kindred, le personnage central, va successivement perdre puis se reconstituer de nouvelles identités ; une question importante : Sur quoi repose notre identité ; ce que nous pensons être, la façon dont les autres nous perçoivent, ce que nous sommes vraiment au fond de nous indépendamment des marqueurs socio-culturels qui nous définissent… ?
Comme cette identité est fragile !
C'est vraiment la question centrale sur laquelle se concentre A. Kindred et à travers lui W. Boyd

• Les inégalités socio-culturelles
Le roman nous confronte aux mille et un visages de la fourmilière londonienne. de multiples personnages secondaires illustrent avec finesse une palette très large du microcosme londonien.
C'est une divagation souvent déroutante mais éclairante ; on se perd dans les méandres géographiques et sociologiques de la capitale britannique ;c'est une « visite touristique » d'un Londres insolite telle que peu de guides la proposent. On voudrait se munir d'un plan de Londres pour suivre les déplacements des personnages. Mais pris par le suspense on continue la lecture sans plus attendre
• La dénonciation du capitalisme financier et ses liens avec le pouvoir politique et policier ;
C'est, il me semble le thème le moins exploité pour lui-même dans ce roman. Il est là essentiellement pour justifier et alimenter l'intrigue, c'est un des principaux ressorts du suspense.

Me fiant aux avis des lecteurs, je me suis mis à ce roman et je dois remercier les internautes de m'avoir fait découvrir cet auteur. Une rencontre va bouleverser la vie du personnage principal qui devra disparaitre dans le quart monde londonien pour pouvoir résoudre le meurtre dont il est accusé. le décor du Londres des marginaux ; la galerie de personnages hauts en couleurs ; une réflexion sur le monde des marginaux et l'industrie pharmaceutique ; un style d'écriture distillant intelligemment les pièces du puzzle ; ces éléments font de ce roman une oeuvre très intelligente et non dénuée d'humour. Seul bémol, la fin, qui déçoit un peu. C'est un excellent roman que l'on ne peut que recommander.

Ce livre lu il y a plusieurs années est un de mes 5 meilleurs romans. A côté de l'intrigue prenante, j'ai été complètement subjugué par ce récit de SDF qui doit se faire oublier.
C'est complètement bluffant ! Et cela amene à se poser plein de questions.
Et comme toujours, l'écriture de W Boyd est agréable.

C'est un suspense qui nous entraîne dans le monde des gens vivant en marge de la société.
La vie de cet homme est bouleversée par toute une série de fatalités.
Il perd tout : son identité, ses possessions, ses moyens de paiements. Tout, sauf le désir de revenir, un jour, parmi les humains.
Il est plein de ressources mentales. Alors, y parviendra-t-il ?

Ce roman commence comme un thriller : Adam, jeune chimiste venu à Londres pour un entretien d'embauche doit fuir dans les bas fonds londoniens pour sauver sa peau. de dangereux tueurs sont à ses trousses et près à tout pour préserver le secret d'un laboratoire pharmaceutique.
Au delà des péripéties du roman et de ses personnages hauts en couleurs (bandits, dirigeants peu scrupuleux, clochards) l'auteur nous renvoie surtout vers une interrogation plus profonde : qui sommes-nous ? à quoi tient notre identité, notre vie ? le héros abandonne toute son identité visible pour échapper à ses poursuivants et vit dans la peur de se trahir. Malgré cela il n'aura de cesse que de vouloir être lui-même.

Il est parfois des lectures paradoxales que l'on souhaite ne jamais voir finir tant le plaisir est grand, et que, dans le même temps, l'on ne peut s'empêcher de dévorer tant le suspens est insoutenable. Ce fût le cas du dernier roman de William Boyd, Orages ordinaires, que je peux annoncer comme étant un grand coup de coeur.
(...)
Un thriller qui se déguste aisément tout en donnant à réfléchir sur le monde qui nous entoure... j'en redemande !