AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,44

sur 1268 notes
5
186 avis
4
64 avis
3
17 avis
2
2 avis
1
0 avis
Île de Jeju, années 1940. Hana et Emi sont issues d'une famille d'haenyeo, ces femmes qui plongent pour gagner leur subsistance. En protégeant sa petite soeur, Hana est enlevée par des soldats Japonais qui occupent la Corée, violée et envoyée dans un bordel militaire. Des dizaines d'années plus tard, Emi va tenter de retrouver Hana, qui n'est jamais revenue.

Nous suivons en parallèle l'histoire des deux soeurs: celle de Hana dans les années 40 et celle d'Emi à la fois dans le passé et dans le présent. A travers elles, c'est l'Histoire de la Corée que nous découvrons, celle d'un pays occupé par un envahisseur cruel, violent et ignoble, puis d'un pays ravagé par la guerre civile et enfin celui de la Corée du Sud contemporaine, qui souligne la méconnaissance du passé des générations suivantes.

Mais aussi et surtout, ce que nous découvrons ici, c'est l'histoire de la condition des femmes dans cette Corée blessée et ça fait réellement froid dans le dos. (...)
Lien : https://bienvenueducotedeche..
Commenter  J’apprécie          180
Une odyssée tourmentée en Corée du Sud, avec une halte en Mandchourie et en Mongolie.
J'ai été très touchée par le sacrifice d'Hana pur épargner sa petite soeur. Hana est alors une toute jeune Haenyeo, une fille pêcheuse de Corée sur l'île de Jeju qui lui permet de jouir d'une certaine indépendance. En 1943, les Japonais sont vivement redoutés dans le pays et sa mère l'a avertie à plusieurs reprises. Mais l'inévitable est survenu.
Hana s'est fait enlever par un soldat japonais, le terrible Morimoto, qui a jeté son dévolu sur elle.
Un soldat rustre et inhumain qui se prend pour son sauveur. Pour protéger Hana, sa bienaimée, il la fait emmener dans un bordel afin que les soldats assouvissent leurs pulsions sexuelles. Je parle bien de pulsions parce faire la queue devant la porte de jeunes filles adolescentes pour les violer, il n'y a pas d'autres mots.
A son arrivée au bordel, Hana n'a qu'un souhait, mourir. Mais c'est sans compter sur les conseils et l'attention de Keiko, une femme de 30 ans, ancienne Geisha, elle aussi prostituée (ou femmes de confort, comme ils se plaisent à dire) par contrainte. Hana survivra dans l'espoir de retrouver les siens un jour, sa mère, son père et sa petite soeur, Emi.
Cette dernière est tout aussi attendrissante dans sa quête de vérité. Elle a vu Hana se faire enlever sous ses yeux, le traumatisme la hante jour et nuit. Si Emi a caché cet épisode douloureux à ses enfants, il n'en demeure pas moins qu'elle y songe tous les jours. Qu'est devenue sa soeur Hana ? Son aînée qui l'a protégée de ce soldat japonais et s'est sacrifiée pour lui sauver la vie ?

Les chapitres alternent entre le parcours tumultueux et douloureux d'Hana qui subit les pires atrocités qui soient et Emi, en fin de vie, qui n'a qu'une idée en tête, retrouver Hana.
Un roman basé sur des faits réels qui met en relief un épisode tragique, l'exploitation sexuelles des femmes coréennes enlevées par des soldats japonais.
Toute la souffrance endurée par Hana est magnifiquement retranscrite et j'ai admiré la force qui l'anime malgré la barbarie qui règne en maître dans ce bordel et, ensuite, avec Morimoto lors de l'enlèvement. Une force et un état d'esprit combattif mais respectueux qui lui aura permis d'échapper à cet enfer sauvage.
Des faits atroces et cruels qui n'ont été reconnus que récemment. Et il est important de rappeler que les faits ont été reconnus récemment par le gouvernement japonais après des nombreux échanges et retours en arrière.
Commenter  J’apprécie          180
Captivant, bouleversant, ce roman constitue pour moi le parfait exemple de ce qui fait la force de la littérature : Faire surgir du néant, grâce à la plume d'une auteure talentueuse et qui sait de quoi elle parle, un drame méconnu, le martyre de ces jeunes filles coréennes bafouées, niées dans leur humanité, oubliées de l'Histoire, le sort réservé par l'occupant Japonais à de pauvres innocentes enlevées, déportées puis asservies dans des bordels militaires sordides en Mandchourie, territoire du nord de la Corée théâtre de combats sino-japonais. L'esclavage sexuel le plus dégradant, violent, déshumanisé, qu'il m'a été donné de découvrir parmi l'inépuisable liste de forfaits humains en temps de guerre: l'ignominie institutionnelle, rationalisée par l'empereur du Japon pour motiver ses troupes.
Juste après avoir refermé cet autre très beau roman « Pachinko » qui évoque brièvement ce drame totalement occulté de la seconde guerre mondiale, « Filles de la mer » rend hommage de manière magistrale à ces femmes sacrifiées en racontant à travers l'histoire d'Hana, l'histoire de dizaines de milliers de jeunes coréennes utilisées comme des esclaves sexuelles, "les femmes de réconfort", à seule fin d'assouvir les besoins des combattants japonais.
Ce texte est beau, sensible, poétique, parfois insoutenable, mais toujours juste, pudique, à la hauteur de la souffrance des femmes qu'il veut réhabiliter. Il ne reste aujourd'hui que quelques dizaines de survivantes dont le retour en Corée a été une très grande épreuve, en raison de la réalité indicible de leur tragédie, dans un pays qui glorifie la pureté des filles et ne peut tolérer ce déshonneur.
L'histoire d'Hana, cette jeune haenyeo, issue d'une communauté de femmes pratiquant la pêche par la plongée en apnée de l'île de Jeju, au sud de la corée, est sans doute emblématique du sort que durent subir ces jeunes filles. Son enlèvement par un officier japonais qui va la poursuivre de ses assiduités et la violer sans vergogne durant des mois, niant l'humanité de la jeune fille, pensant même la rendre heureuse, a quelque chose de terrible sur ce qu'il révèle de la nature masculine. La fuite et la rencontre d'une famille d'agriculteurs mongoles va heureusement permettre de nuancer le propos et redonner un peu d'oxygène à la suffocante description d'un système organisé par et pour l'armée nippone, dont la brutalité n'a rien à envier à certaines pratiques nazies.
L'alternance des chapitres qui brasse la quête actuelle de sens de la soeur survivante Emi, qu'Hana a sauvée en se sacrifiant, et le récit du calvaire d'Hana permet des respirations bienvenues et très importantes pour comprendre la complexité des rapports humains au sein de familles laminées par des décennies de conflits, la culpabilité, la honte, le non-dit, qu'ont provoquées colonisation, seconde guerre mondiale, guerre de Corée, partition du pays…
La reconnaissance de cet épisode peu glorieux et de la souffrance infligée à ces femmes par le Japon est très récente et mérite l'attention du monde : un devoir de « mémoire » qui pour ces femmes est indispensable.
Un très beau roman qu'il faut absolument lire, car sa lecture nous ouvre l'esprit et apporte aux occidentaux que nous sommes un oeil neuf sur la compréhension de cette partie du monde, ce pays scindé en deux depuis 60 ans, ce peuple meurtri, malmené par l'histoire, pris en étau entre deux géants aux ambitions coloniales dévastatrices.
Commenter  J’apprécie          183
1943 Corée du Sud.
Pour éviter à sa petite soeur d'être kidnappée par un soldat japonais pendant la guerre de Corée, Hana se sacrifie et se laisse emporter vers un destin horrible: devenir "femme de réconfort" auprès des soldats japonais à qui elles étaient censées redonner force et courage. 200 000 jeunes filles et jeunes femmes ont ainsi été kidnappées par l'armée japonaise, en Corée, en Chine et aux Philippines pour être offertes en esclaves sexuelles à ses combattants.
Un roman poignant et dur qui raconte le calvaire de ces Coréennes parfois très jeunes. Des passages effroyables nous montrent ce que la guerre peut être pour les femmes. Des personnages féminins magnifiques de courage. Un roman auquel on pensera longtemps après la lecture...
Commenter  J’apprécie          180
Île de Jeju. 1943.
La jeune Hana est haenyeo, plongeuse pêcheuse, de mère en fille depuis des générations. Malgré la colonisation japonaise, elle coule des jours paisibles auprès de sa famille, dans la plus pure tradition haenyeo. Elle a promis de veiller sur sa petite soeur Emiko, qui sera elle aussi une fille de la mer.
Lors d'une plongée, Hana aperçoit sa soeur en danger, à la merci d'un soldat japonais. Fidèle à sa promesse, elle cache sa soeur au risque d'être repérée.

Ce roman propose une alternance d'époques et de points de vue : celui d'Hana, en 1943 et celui d'Emi, sa petite soeur devenue vieille femme en 2011, et qui au crépuscule de sa vie, souhaite découvrir ce qui est arrivé à sa soeur.
La partie consacrée à Hana, si elle m'a horrifiée, m'a aussi complètement embarquée. J'ai tremblé avec elle, j'ai lutté avec elle, j'ai désespéré avec elle.
J'ai en revanche trouvé la partie consacrée à Emi plus brouillon, alternant souvenirs et moments présents. Je me suis moins attachée à ce personnage qui m'est resté plus distant.

Je vous recommande néanmoins vivement ce roman, pour sa portée historique méconnue en Europe. Comme le dit l'auteur à la fin du livre, ce devoir de mémoire est important pour toutes les femmes subissant des violences, notamment pendant les guerres. Et comme tout cela est porté par une plume fluide, une histoire prenante et des personnages forts et attachants, aucune hésitation à avoir !

Commenter  J’apprécie          170
Un roman puissant à lire absolument quand on veut découvrir l'histoire des "femmes de réconfort".
Il est parfois intéressant d'aborder des sujets aussi graves que celui des femmes esclaves sexuelles par le biais de la fiction. Une entrée qui nous permet d'appréhender ce qu'a été et est toujours, le sort des femmes victimes de la guerre.

Avec ce livre nous découvrons surtout le sort qui a été réservée à de nombreuses femmes et jeunes filles lors de la seconde guerre mondiale en Corée alors sous occupation japonaise. Ses femmes de réconfort envoyées dans des bordels avec une logistique militaire et obligées de subir des dizaines de soldats chaque jour, et ceux pendant des années, étaient considérées comme de la matière première indispensable à l'effort de guerre. L'armée japonaise pensait que ces femmes permettaient aux soldats d'avoir l'énergie nécessaire pour se battre.

Le premier livre de cette auteure est une claque, une dénonciation à la face du monde de celles qui ont été réduites en esclavage, bafouées, sans espoir de pouvoir revenir ou en cachant leur terrible sort car la société coréenne exhale la vertus et la pureté sexuelle des femmes. le sexe est tabou. C'est également la raison qui a gardé leur existence secrète jusqu'à il y a peu. En 1992, une de ses femmes non pas coréenne mais néerlandaise se met à parler après plus de cinquante ans de silence. Non pas que toutes les femmes de réconfort n'aient pas parler mais souvent si elles se permettaient de le faire, elles étaient stigmatisées, rejetées et la faute leur en incombée.

Une fois la parole prise, les femmes ne se sont plus arrêtées et ont dénoncé, allant manifester chaque mercredi pour que le Japon reconnaisse ce crime de guerre. Les relations entre la Japon et la Corée ont ainsi longtemps été tendues sur le sujet et ce n'est qu'en décembre 2015 que le Japon a accepté sa responsabilité et s'est officiellement excusé auprès des quelques dizaines de femmes de réconfort qui avaient survécu. Voir l'article le Japon accepte de dédommager, les femmes de réconfort, esclaves sexuelles durant la guerre.

Une histoire à double voix. Chaque chapitre est consacré à une des soeurs qui témoigne des différents événements de sa vie. On ne lâche pas le livre avant de connaître la suite tout en apprenant.

Un coup de coeur !
Lien : https://depuislecadredemafen..
Commenter  J’apprécie          170
Sur le sujet terrible et méconnu des "femmes de réconfort" coréennes pendant la seconde guerre mondiale, MARIE LYNN BRACHT retrace avec brio plus d'un demi-siècle d'histoire coréenne.
D'une écriture simple, elle plonge le lecteur dans les non-dits et l'histoire de ces femmes et filles coréennes qui deviennent les esclaves sexuelles des japonais.

Avec des personnages attachants, comme Hana et Emi, elle souligne la solidarité entre femmes mais aussi l'immersion à travers leurs souvenirs d'enfance qui leur permet de se détacher pendant quelques instants de leur avilissement.

Ce roman m'a bouleversé. Je l'ai lu d'une traite, imprégné de l'amour familial et filial, c'est un témoignage bouleversant, implacable, direct et terrifiant.

Pour un premier roman, c'est pour moi véritablement un vrai coup de coeur que je vous recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          177

Deux temporalité se déroulent en parallèle.
En 1943, en Corée du Sud, les haenyeo pêchent en apnée ce qui va leur permettre de subvenir aux besoins de leur famille, on les appelle aussi les filles de la mer. Parmi elle, Hana et sa mère. La petite Emi est restée sur la plage à les attendre. Jusqu'à ce jour maudit où un soldat japonais s'approche de la petite fille. N'écoutant que son courage, Hana s'interpose, se fait enlever par le soldat et est emmenée en Mandchourie. Elle deviendra une "femme de réconfort", autrement dit une prostituée, essentielle pour donner du courage aux japonais avant la bataille.
En 2011, Emi quitte la Corée pour New York où vivent ses enfants. Ils connaissent peu le passé de leur mère. En fin de vie, elle va enfin leur raconter cette soeur qu'elle n'a jamais revue mais qu'elle n'a pas oubliée.

Ce roman est basé sur des faits réels même si le personnage d'Hana n'a jamais existé en tant que tel. Mais elles sont des milliers de femmes coréennes à avoir été enlevées à leur famille pour servir d'esclaves sexuelles aux japonais. Et il faudra des décennies et le témoignage de l'une d'entre elles longtemps après les faits pour que le destin de ces sacrifiées soit enfin mis en lumière. A travers son récit, Mary Lynn Bracht qui a des origines coréennes, veut aussi rendre hommage à toutes les femmes qui, à travers le monde, paient de leur corps la folie des hommes et de la guerre.

Bien que le roman, par son propos, soit assez poignant, je n'ai pas ressenti autant d'émotion que je ne l'imaginais en le débutant. Il faut avouer que toute la partie consacrée à Emi en 2011 cassait le rythme du récit principal régulièrement. Je suppose que l'autrice a ainsi voulu accorder des respirations à une histoire sordide et violente mais de mon point de vue, c'était assez inutile. En effet, la double temporalité ne m'a pas convaincue et j'aurais aisément pu me passer de tout ce pan du roman.
Commenter  J’apprécie          163
Quel énorme coup de coeur ce livre. Il est prenant, haletant, écrit avec une grande justesse de rythme…Telle la mer qui va et vient. C'est un livre à deux voix. Hana et Emi. On passe de l'une à l'autre à deux époques différentes. La justesse du rythme se trouve là, dans ces deux voix, dans le passage de l'une à l'autre. Dès qu'on en quitte une on veut la retrouver et pourtant on se laisse happer par le nouveau chapitre de l'autre personnage. Les histoires et les découvertes avancent dans un doux parallèle.
L'écriture est donc très bien maîtrisée et l'autrice nous dévoile cette histoire avec beaucoup de force et de sensibilité.
Je suis choquée et même vexée de ne pas connaître cette partie de l'Histoire avec un grand H … On nous apprend tellement peu sur la guerre du côté asiatique… alors la Corée encore moins. C'est un pays qui a une histoire très lourde.
Je crois que l'autrice a raison c'est en racontant qu'on n'oublie pas. C'est exactement le genre de livre qui permet de mieux comprendre l'humanité dans sa force et dans ses faiblesses. C'est le genre de livre qui aide à la résilience et qui est nécessaire pour ne pas oublier ou surtout ne pas reproduire les horreurs passées.
Commenter  J’apprécie          161
Ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains. Il est dur, très dur. On peut difficilement être prêt à lire tant de souffrance, et cela ne rassure en rien sur les penchants les plus sombres de l'âme humaine. Mais sa lecture est absolument essentielle.

Il en ressort un véritable devoir de mémoire pour un portion d'Histoire plutôt méconnue et ce qui le rend prenant car il redonne une voix à toutes ces femmes bafouées, humiliées au travers d'Hana, à toutes ces familles "endeuillée" au travers d'Emi. La honte ressentie, la peur, la colère, le désespoir... et au bout, peut-être un peu de lumière.

C'est un roman bouleversant que j'ai lu en peu de temps, l'écriture y est fluide. Les personnages sont (selon) : touchants, forts pour certains, désespérés, résignés ... ou carrément détestables - haïssables. Quels qu'ils soient ils sont authentiques, je n'ai pas senti de traits grossis, caricaturaux.

Les émotions sont également pleine de justesse et cela donne une réelle force à ce roman.

Commenter  J’apprécie          160



Lecteurs (2725) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}