Filles de la mer

Lu en 2019 (lors de la sortie en poche du livre). le premier roman de l'auteure américaine (d'origine sud-coréenne) est une fiction construite sur les bases d'une effroyable et bien réelle tragédie humaine. Un ouvrage que j'ai d'avantage apprécié pour le fond (réalité historique) que la forme (roman choral).

L'acte sexuel était censé donner "force et courage" aux combattants de l'empereur... le viol est toujours une arme de guerre. N'oubliez JAMAIS !!
Filles de la mer raconte cette effroyable exploitation humaine que fut celle des "femmes de réconfort" : près de 200 000 jeunes filles et femmes kidnappées par l'armée japonaise, principalement en Corée, en Chine et aux Philippines. Ainsi s'est constitué cet immense réseau d'esclaves sexuelles destinées aux soldats, réparties dans de sordides maisons de passe - gratuite - à travers les territoires occupés.

[ NB : en 2015, près de 70 ans (!) se sont écoulés avant que le Japon demande pardon officiellement à la Corée du Sud, et accepte d'indemniser les rares survivantes d'une tragédie sans nom. Honte, culpabilité et déshonneur... C'est ce qui a muré dans le silence des milliers de femmes pendant plus de 45 ans, jusqu'au courageux témoignage (en 1991) d'une certaine Kim Hak-sun, enlevée à l'âge de 16 ans à l'époque des faits !]

Paie ta chronique.

Après la pentalogie d'Aki Shimazaki "Le poids des secrets" je voulais en savoir plus sur le sort que le Japon réservait aux coréen.nes durant la 2e guerre mondiale.
J'avais depuis des années ce roman dans mes étagères, mais je pensais lire un roman lumineux sur la résilience de ces femmes pêcheuses de coquillages sur fond historique.

Qu'elle ne fut pas ma surprise ! Ce livre est d'une noirceur ! Il est sans concession et aborde la problématique du vi0l comme arme de guerre de plein fouet. le kidnapping des femmes et des filles, leur déportation, leur esclavagisme.
En s'appuyant sur le récit parallèle des deux soeurs protagonistes, Hana la déportée et Emiko celle qui est restée, l'autrice déroule la chronologie de la Corée, de 2943 à la révélation de la statue de la paix, monument à la mémoire de ces femmes dites de "réconfort" arrachées à leurs familles.
Cette histoire nous fait également voyager depuis l'île de Jeju au sud de la Corée, jusqu'au steppes de Mongolie.
On y croise toutes sortes d'oppresseurs, des japonais, des coréens collaborateurs, des sympathisants communistes, des soviétiques, des trafiquants d'opium, bref, tout un panel d'hommes, qui ont perdu leur once d'humanité en entrant en guerre.

Un très beau roman historique, qui a aussi une portée universelle, nous rappelant que tous les jours, dans les pays en guerre, des fillettes, jeunes femmes et femmes sont des victimes de guerre non collatérales. Et que depuis 2002 (seulement !), vi0ls et violences sexuelles sont intégrées dans la définition des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité sur lesquels la Cour pénale internationale peut statuer.

Après avoir vu pas mal de K-drama, je me suis dit que c'était l'occasion de me plonger dans la littérature coréenne et de m'intéresser plus particulièrement à l'histoire du pays. Je me suis donc laissée tenter par "Filles de la mer" de Mary Lynn Bracht. Et quel livre...

On y suit la vie de deux soeurs vivant sur l'île de Jeju où elles font partie des haenyeo (ces plongeuses dont le savoir se transmet de mère en fille). Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, Hana va se sacrifier pour sauver sa petite soeur et ainsi devenir une "femme de réconfort", une expression ignoble pour parler d'esclavagisme sexuelle. Au cours des pages, nous allons donc suivre Hana et les violences qu'elle subit tous les jours... En parallèle, nous accompagnons Emi (la petite soeur) dans ses recherches pour retrouver sa soeur des années plus tard ; celle-ci pointe alors une autre injustice à savoir la lutte pour que ce crime de guerre soit reconnu.

Je ne connaissais pas du tout cette partie de l'Histoire et la réalité m'a frappée de manière crue... Ce livre prend aux tripes, il génère une colère sourde, douloureuse comme un cri du coeur. C'est avec beaucoup d'émotions que je l'ai lu et que je le conseille aussi dur soit-il.

Les mots me manquent pour décrire mon ressenti sur cette lecture. C'était profond, poignant et fort. Mais par dessus tout, c'était une lecture difficile — mais nécessaire pour la mémoire des victimes de cet épisode historique sombre.

Ce récit est bouleversant, prend aux tripes jusqu'à l'écoeurement, émeut jusqu'aux larmes. C'est l'histoire de femmes fortes et courageuses que la vie n'a pas épargné, reflet des vices et de la cruauté des hommes…

L'auteure décrit très bien les émotions de ses personnages, ce qui fait toute la profondeur de ce roman. On vit les événements avec eux, et ça nous marque profondément. On ressent toutes les recherches effectuées pour rendre au mieux hommage à toutes ces « femmes de réconfort », ce qui rend la lecture d'autant plus riche. Un travail remarquable.

Si je devais résumer cette lecture en un seul mot : déchirante.

❗ TW : ce roman aborde des sujets sensibles et contient des scènes de violences sexuelles très explicites.

1943, Corée, île de Jeju.
Hana est une haenyeo, elle plonge en apnée dans la mer pour nourrir sa famille et vendre ses prises. Son statut lui donne une indépendance qu'aucune autre coréenne ne connaît. Un jour qu'elle pêche au large avec sa mère Hana va sauver sa petite soeur Emi et se faire enlever par des officiers japonais. Direction la Mandchourie où elle deviendra "femme de réconfort". Son cauchemar ne fait que commencer...
60ans plus tard, Emi, à l'image de la Corée replonge dans les ténèbres de son passé et cherche à découvrir la vérité.

Quel livre... Je connaissais les grandes lignes de l'Histoire coréenne mais découvrir en détails les atrocités qu'a subi ce peuple m'a profondément choqué et attristé. le monde était réellement devenu fou pendant cette période !
Nous suivons 2 timelines, Hana et Emi, 60ans d'écart, leurs 2 vies liées et changées à jamais par une mauvaise rencontre. Mais les soeurs sont des femmes si fortes, résilientes que ça force le respect.

Une petite citation pour finir cette mini chronique (j'ai pour une fois énormément de mal à exprimer tout ce que ce livre m'a fait éprouver comme émotions...)
"Deux artistes ont créé pour cette occasion une statue de la Paix en mémoire des souffrances endurées par celles que l'on appelait femmes de réconfort. Ce monument est dédié à toutes les filles et les femmes victimes d'esclavage sexuel militaire qui ont perdu leur enfance, perdu leur famille, perdu leur santé et leur dignité et pour un grand nombre d'entre elles que nous ne connaîtrons jamais, leur vie"

En leur mémoire... pour ne jamais oublier...

Vous l'avez lu ?

Un roman bouleversant dont le thème me tient particulièrement à coeur et qui retrace la terrible histoire d'une jeune Coréenne enlevée par les Japonais pour devenir femme de réconfort de l'armée japonaise. le terme “femmes de réconfort” est employé à propos des victimes, souvent mineures, du système d'esclavage sexuel de masse organisé à travers l'Asie par et pour l'armée et la marine impériales japonaises, en particulier durant la Seconde Guerre mondiale. Ce sujet est malheureusement toujours d'actualité aujourd'hui et source de conflits diplomatiques entre la Corée et le Japon.

Ce roman nous plonge dans la terrible histoire d'Emi qui illustre de façon effroyable et percutante le sort de ces jeunes filles. Une lecture pour comprendre et ne pas oublier que je ne saurai que vous recommander. Mais soyez prévenus : on n'en sort pas indemnes !

L'occasion également de découvrir les Haenyeo, plongeuses en apnée originaires de Jeju-do, île de Corée du Sud au système matriarcal. Depuis 2016, leur activité est inscrite au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.

Bonjour à tous,

Ces derniers temps, j'étais moins présente sur les réseaux sociaux. Heureusement, au milieu de ma pile de livres à lire, j'ai découvert un roman de Mary Lynn Bracht qui m'a profondément touchée.

Ce livre est un véritable coup de coeur. Il dépeint une tragédie terrifiante et révoltante qui demande une force de caractère incroyable, une volonté inébranlable pour survivre face à l'horreur.

À travers ses pages, l'auteur nous confronte à la réalité « terrible et injuste de la guerre », notamment à travers le destin des Coréens. Mary Lynn Bracht rend hommage aux "femmes de réconfort", décrivant avec sensibilité leur souffrance et leur lutte pour la dignité.

L'histoire suit Hana et sa petite soeur Emi, deux personnages que j'ai profondément appréciés pour leur résilience. Tout au long de ma lecture, je me suis demandée d'où elles puisaient leur force.

La vie nous réserve parfois des épreuves imprévisibles, comme le démontre ce roman. Sans se douter un seul instant de leur destin, Hana et Emi vont être brutalement séparées.

Hana, par un acte de courage, sauve sa soeur d'un destin incertain en se sacrifiant. Elle devient une "femme de réconfort", une esclave sexuelle pour l'armée japonaise en Mandchourie.

Malgré la douleur de leur séparation, les deux soeurs partagent une connexion profonde qui apaise leurs coeurs meurtris.

Ce livre marque le début de mes lectures pour l'année 2024. Mon objectif est de réduire ma pile de livres à lire, même si résister à l'achat de nouveaux livres est un défi en soi !

Et vous, où en êtes-vous avec votre PAL ?

Une lecture captivante! Malgré la dureté du récit, une lueur d'espoir persiste.
Différente de mes préférences habituelles, je l'ai lu dans le cadre d'un groupe de lecture, ce qui m'a donné la motivation nécessaire pour choisir cette lecture que je laissais de côté depuis un petit moment.
Je vous recommande vivement cet ouvrage qui met en lumière la force et le courage des femmes. L'alternance entre passé et présent dans la narration m'a plu ainsi que l'écriture. Une expérience bouleversante vous attend!
.
TW : violences, scènes de 🟣

Livre historique un peu romancé pour adoucir le propos qui est insupportable.
Le devoir de mémoire est rendu avec cet ouvrage: il faut connaitre et se souvenir de ce dont sont capables les hommes.
Belle écriture sobre et poétique. Il reste à la fin de la lecture un sentiment de tristesse devant des vies massacrées et en même temps une idée que l'espoir est toujours possible et que la force de l'esprit et du rêve permettent d'avancer.
Livre très fort, plein de sensibilité et d'espoir.
A lire et à lire par tous.

Voilà longtemps que je n'avais pas lu un livre aussi émouvant. Un drame familial, un drame tout court.
Je connaissais déjà cette partie sombre de l'Histoire, et la lutte entre la Corée et le Japon (toujours en cours) concernant la reconnaissance de ces crimes de guerre faits aux femmes, ces "P Houses" et dénoncés par Kim Han Sun en 1991, début de la polémique.
Filles de la Mer n'est pas un témoignage en tant que tel, mais une fiction qui en reprend le but et donne la voix à toutes ces femmes dites poliment "de réconfort" pour ne pas dire "esclaves sexuelles".
J'ai beaucoup aimé la sensibilité de la plume, ce rapport omniprésent à l'océan. La construction du roman entre 1943 et 2011, l'alternance entre Emi et Hana est vraiment parfaite, et tient le lecteur en haleine. J'ai dévoré le livre, n'avais qu'une hâte: savoir ce qu'Hana était devenue... J'ai détesté Morimoto bien sûr et rêvais de l'étriper moi-même.
Petit bémol sur l'épilogue, je ne vais pas spoiler, mais concernant Hana et l'action finale entre les Mongols et les russes, je ne trouve pas très crédible.