Par cet essai,
Stéphane Braconnier, professeur de droit, devenu président d'université, s'interroge sur les évolutions contemporaines du droit, et sur la place de ce dernier dans la société.
En illustrant son propos d'exemples d'actualité, il met en avant une certaine déliquescence de la règle de droit, dont la normativité perd en force, face d'une part, à l'augmentation des remises en causes des règles (substitutions de la légitimité à la légalité) comme des acteurs qui les appliquent (justice), et, d'autre part, à une perte de sens de la place des juristes dans la société, ainsi que du lien entre pouvoir politique et droit, celui-là participant à l'affaiblissement de la règle, par l'édiction de plus en plus de "recommandations" dont l'obligatoriété intermédiaire entre devoir et liberté finit par rendre le respect des véritables règles comme "optionnel" dans la perception du public.
L'auteur effectue une série de propositions tant au niveau de la formation des juristes à s'adresser aux non-juristes (professionnelle et universitaire), que de l'information de la population (notamment formation des journalistes, ou enseignement des fondamentaux du droit au lycée), afin de rendre au droit la place qui lui revient en tant que principe fondamental de l'organisation de la société.
Si l'ensemble des points abordés sont essentiels, et avancent des questions fondamentales telles que la perception et le rôle du droit dans une société qui semble subir une perte de sens vis à vis du juridique, il ne s'agit que d'un survol, une vue générale d'un juriste arrivé à une place qui l'interroge sur l'enseignement du droit et la communication du droit au citoyen lambda.
Cet essai s'adresse plutôt au non-juriste, c'est d'ailleurs sa visée principale, il me semble. Son mérite est surtout de lever quelques pistes de réflexion, mais en revanche le format ne permet pas de réel approfondissement et laisse le juriste plus expérimenté sur sa faim.