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EAN : 9782874661211
314 pages
Jourdan (14/04/2010)
4/5   1 notes
Résumé :
Faust, Méphisto ou apprenti sorcier, Wernher von Braun, le plus célèbre des constructeurs de fusées du XXe siècle, est, avant tout, connu comme le père de l'atterrissage sur la lune. Cet homme secret qui passa aux Etats-Unis après la défaite allemande, avait plusieurs visages. Ce livre les dévoile. Qui était ce grand savant, mais aussi ce constructeur d'armes qui fut responsable de la mort de milliers de travailleurs forcés à l'époque du national-socialisme ? Von Br... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Stefan Brauberger nous dresse le portrait de Werner von Braun, ingénieur allemand, célèbre constructeur de fusées, père de l'atterrissage sur la lune. Il rêve depuis son enfance de voyage dans l'espace.

Derrière ce grand savant charismatique, ce manager hors du commun, se cache un personnage individualiste, arrogant et hautain : le grand prophète occidental du voyage dans l'espace, "Monsieur Espace des États -Unis".

Il est décrit comme le docteur Faust moderne qui, pour ses fusées, fut prêt à conclure un pacte avec le diable, en l'occurrence avec Hitler. Il endossait également le costume de Méphisto en faisant miroiter aux dirigeants du parti national socialiste, qu'il pourrait leur faire gagner la guerre, avec son arme miracle, la fusée V2. Il fut aussi l'apprenti sorcier, n'ayant aucune limite pour réaliser son rêve, ne se préoccupant pas des conséquences de ses actes.

Il va faire partie de la gigantesque machinerie militaire, adhérant au parti national socialiste puis membre des SS. Directeur de l'établissement d'essai de l'armée de terre à Peenemünde, il fermera les yeux sur l'emploi de prisonniers de guerre et des prisonniers des camps de concentration , travaillant dans des conditions inhumaines, dans un enfer quotidien. Ce sera l'extermination par le travail.

Sa fusée V2 fut pourtant un mauvais investissement; projet terriblement onéreux et insensé qui fit surtout de nombreuses victimes lors de sa conception dans les usines de Mittelbau-Dora, où les prisonniers de Buchenwald vécurent en enfer.

Il s'accomodera du système national-socialiste, du moment qu'il lui offre de formidables perspectives pour réaliser son projet de fusée. Il aurait dit, à propos des bombardements de Londres,que sa fusée avait malheureusement touché la mauvaise planète.

Werner von Braun sortit vainqueur de la capitulation, négociant son savoir que les grandes puissances se disputaient. Les vainqueurs achetèrent "la science allemande" comme une sorte de réparation intellectuelle pour dommages de guerre.
Sans scrupule, sans regret ni compassion, il deviendra citoyen américain, regardant avec confiance vers une deuxième vie, profitant de l'opportunité offerte par "Uncle sam" pour poursuivre ses rêves de gloire, peu importe s'il dut d'abord construire des missiles nucléaires pour les USA, avant d'accéder à son rêve.

Les ingénieurs de Peenemünde se firent passer pour d'innocents technocrates qui continuèrent de vivre impunément en se détournant de leur lourd passé et en se débarrassant de leur responsabilité.


Ce livre pose la question de l'attitude de l'homme face à la puissance et à la morale. Un scientifique doit être conscient de ses responsabilités. Il faut faire la part des choses entre la nécessite d'une innovation technique et le devoir d'en éviter tout usage abusif. Ce qui s'est passé à Peenemünde est un avertissement : Il ne faudrait pas que certaines armes tombent entre de mauvaises mains, au sein de puissances sans scrupules.





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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
L'Américain d'origine allemande Joachim Joesten, immigré en 1933, y remarquait sarcastiquement : "Si tu aimes l'assassinat collectif, mais que ta peau t'est plus chère, alors devient scientifique ! C'est actuellement le seul moyen d'assassiner sans être condamné (...). Mais si tu es un politicien va-t-en guerre, alors tu n'as, depuis peu, plus ton destin entre les mains : si tu perds, ils te pendent (...). Mais si tu es chercheur, alors que tu sois vainqueur ou vaincu, tu seras couvert de gloire. Tes amis feront n'importe quoi pour toi." Joesten avait la perception d'une situation morale quelque peu douteuse.

Hebdomadaire 'The Nation'
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" Plus je pensais à notre misère financière et au désintérêt de l'industrie privée, plus je me trouvais finalement persuadé que les finances et les moyens techniques du service de l'armement offraient la seule chance de faire aboutir nos plans pour l'espace.", se justifiera Von Braun.
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En 1950, il (Von Braun) décrivit sa situation comme un dilemme :"Les outils que nous construisions dans l'enthousiasme pour une noble cause furent utilisés pour dominer ou asservir d'autres hommes." (...)

Dans les années 1960 finalement, il admit avoir été au courant de bien des évènements à Mittelbau :"Évidemment que ce fut à chaque fois pour moi une impression extrêmement déprimante lorsque je pénétrais dans l'usine souterraine et étais obligé d'y voir les prisonniers travailler. Ces silhouettes affamées pesaient lourd sur l'âme de tout homme convenable".(...)

Kurt Bornträger, également un Peenemundien ,nous a dit à ce sujet dans une interview : "Von Braun a toujours considéré l'utilisation des prisonniers de guerre et des détenus de camps de concentrations comme nécessaire. Car, autrement, toute l'histoire se serait écroulée!"
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L'historien britannique Hugh R. Trevor-Roper a comparé un jour le groupe de dirigeants nazis à une bande de 'guignols bouffis d'orgueil' qui ne devint d'une si effroyablement puissante efficacité que parce que des milliers de techniciens, chercheurs, spécialistes et fonctionnaires d'administrations s'étaient comportés de façon neutre."
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" Je m'en rappelle encore exactement . J'étais au hasard chez Von Braun avec deux ou trois autres collègues alors qu'il venait tout juste de recevoir une lettre de Himmler. Celui-ci proposait un rang subalterne chez les SS, ainsi qu'un uniforme. Von Braun demanda : 'qu'est-ce-que je dois faire maintenant?' Nous nous sommes concertés. Est-il bon de l'accepter ou est-ce mauvais? Je proposais alors : Il n'y a que Dornberger qui puisse décider. Dornberger était aussi un bon diplomate. Il dit : 'Accepter est très mauvais. Mais refuser est encore pire'.(...)
Qui s'y ralliait pouvait aller loin, qui s'y refusait pouvait tomber très bas.
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