Mémoire de Jacques Brault contient trois parties : «Quotidiennes», «Suite fraternelle», et «Mémoire». Ce recueil montre une quotidienneté joyeusement consentie à l'existence, une fraternisation dans le courage pour tenter de vaincre cette mort qui pénètre nos vies.
Ce pays que j’aime dans la gêne du silence ô mon amour mon amour je n’ai pour toi que cette dérision de chansonnette je n’ai pas de nom pour toi et qui sonne clair et fringant lorsque le petit matin piaffe dans la rue je n’ai pas le soir de nom idiot et tendre à poser au creux de ton épaule
Alors je te prends et te berce et nous sommes là vieillards nous écoutons les voix d’ailleurs et qui ont pleine la bouche de leurs amours.
Jusqu’où nous conduira la main de mémoire jusqu’où parmi des hommes fichés dans leur hébétude et qui
regardent à longueur de servitude passer le fleuve royal
Nos morts ne dorment pas croyez-m'en
ils se rongent et font un froissis de feuilles
dans notre sommeil
Aussi je t'accueille mémoire et j'écoute ta
voix monter dans notre dos comme un soleil
qui donne de l'ombre
C'est ta vie qui passe la main à ma vie je te mets dans
mes mots dans mes gestes pêle-mêle avec moi et dans nos silences
qui vibrent encore à Paris rue du Douanier Rousseau