Battlefields - Intégrale, tome 1

Ce tome regroupe 3 histoires complètes parues en 2008/2009. Les histoires suivantes de "Battlefields" ont été regroupées dans The Complete Battlefields 2.

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The night witches - Ce premier tome de Battlefields constitue une histoire complète et met un groupe de soldats allemands en plein coeur de la Russie face à une escadrille de biplans en bois pilotés par des femmes. Il s'agit d'une histoire plutôt courte, rondement menée et captivante. Garth Ennis prend soin de diversifier ses personnages et de ne pas caricaturer les uns ou les autres. Les 2 cotés luttent pour défendre leur patrie. Au fil du récit, il est évident que Garth Ennis a une petite préférence pour ces dames, mais pour autant les soldats allemands ne sont pas que de la chair à canon sans individualité et les petites dames ne sont pas angéliques. Des 2 cotés, il y a des pro-guerre, et des individus ayant du mal à accepter les atrocités commises au nom de la défense du territoire. Chacun développe des stratégies mentales lui permettant de faire avec une réalité en plein chaos, où seule vaut la loi du plus fort et seule compte la survie.

Coté dessins, Russ Braun fournit des illustrations fonctionnelles, sans esthétique très développée, mais sans être bâclées non plus.

Ce recueil se lit rapidement, il évite les clichés habitues des récits de guerre et le talent d'Ennis permet au lecteur de s'attacher aux personnages.

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Dear Billy - L'action commence en 1942 sur un atoll de la mer de Chine où les japonais s'apprêtent à exécuter un groupe de femmes de nationalité britannique qu'ils viennent de violer. Carrie Sutton survit miraculeusement et se retrouve enrôlée comme infirmière dans un hôpital pour blessés à Calcutta. Elle croise le chemin d'un pilote d'aviation qui a lui aussi subi des tortures aux mains des japonais et ils tombent amoureux. L'intrigue est présentée du point de vue de l'infirmière et la suit dans son quotidien et ses rencontres avec son pilote jusqu'au bombardement d'Hiroshima et de Nagasaki.

À partir de cette trame romanesque tout droit sortie d'un roman de la collection Harlequin, Garth Ennis évoque la capacité de l'être humain à se reconstruire après des événements traumatiques, à travers un exemple de résilience. le scénario est d'une incroyable sophistication, d'une justesse qui ne tombe jamais dans la mièvrerie ou l'émotion gratuite. Tout est raconté du point de vue de Carrie Sutton par le biais d'une lettre qu'elle adresse à son amant. Par opposition à Night Witches, Ennis ne nous donne ici que le point de vue des alliés. Pour autant les scènes de tuerie dans un camp comme dans l'autre ne sont jamais édulcorées et donc les atrocités commises contre les japonais rappellent que les ennemis sont des êtres humains comme les autres. le principe tout simple d'opposer et de rapprocher 2 survivants de tortures permet d'obtenir un contraste saisissant entre leurs différentes manières de vivre après les horreurs qu'ils ont endurées. Ce tome est avant tout un récit de guerre, ensuite une histoire d'amour sans sensiblerie, ni eau de rose écoeurante, et enfin un constat sur les mystères de la nature humaine.

Les dessins de Peter Snejbjerg collent parfaitement au scénario. Son style a su trouver le bon équilibre entre un degré de détails suffisant pour évoquer les endroits où se déroulent les différentes scènes et les équipements de guerre correspondants, et une légère stylisation des personnages qui nous les rendent à la fois assez générique pour qu'on puisse s'y reconnaître, et assez typé pour qu'on n'ait pas l'impression de contempler une exposition de mannequins tous semblables. Comme d'habitude la composition des couvertures de John Cassaday imprime l'image dans votre imagination pour longtemps : design graphique, émotion, action... tout y est. Il s'agit d'un des récits les plus poignants et les plus humains écrits par Garth Ennis.

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The tankies - Après le débarquement des alliés, les troupes se retrouvent à progresser difficilement dans la campagne normande pour reprendre du terrain et des positions stratégiques aux allemands. Un tank anglais se trouve séparé de son unité et un vétéran prend la tête de l'équipage pour les ramener. Concomitamment, un commandant anglais organise les manoeuvres de ses troupes pour circonvenir les ennemis et reprendre l'avantage malgré la puissance des Panzers.

Ennis revient à une forme plus convenue d'histoire de guerre. de jeunes bleus sont perdus en territoire ennemi et un chef expérimenté essaye d'en faire une véritable équipe. le lecteur n'a droit qu'au point de vue de l'équipage du char anglais, et les séquences relatives à l'unité qu'ils doivent rejoindre n'apportent finalement pas grand chose à l'histoire. Ennis a choisi de montrer le caporal comme un chef d'entreprise gérant une équipe pas forcément motivée ou compétente pour atteindre l'objectif. Les échanges sont intéressants. Les personnages ne sont jamais caricaturaux. Mais le propos reste au niveau de la question de l'obéissance de surface, sans approfondir la problématique du pourquoi des actions, des relations entre individus d'origines sociales et géographiques disparates...

Les dessins de Carlos Ezquerra sont très agréables. Chaque visage est doté d'une personnalité crédible et d'une individualité saisissante. Les scènes d'action sont claires et lisibles. Les dialogues mettent face à face des individus marqués par les années et que l'on croirait pouvoir reconnaître dans la rue. Son style illustre à merveille l'un des thèmes sous-jacent de ce récit qui est que les soldats sont des gens comme les autres. L'encrage d'Hector Ezquerra complimente parfaitement les dessins.

Je suis ressorti un peu déçu par cette dernière histoire car il reste au niveau d'une description pragmatique des tribulations de cet équipage de char anglais, sans creuser sous la surface pour faire apparaître la psychologie et la motivation des protagonistes parachutés dans une situation hors du commun.