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3,83

sur 178 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On parle beaucoup de Jane Eyre avec Charlotte Brontë, mais on ne parle pas assez de Shirley, cette jeune femme, riche héritière du domaine de Fieldhead dans le Comté du Yorkshire. Une jeune femme à la personnalité bien définie, bien déterminée, pas pressée de trouver chaussure à son pied...En fait, une vraie panthère qualifiée d'indomptable par ses proches mais qui sait s'imposer parmi ce monde gouverné par les hommes au début du XIXè siècle.
Charlotte Brontë a voulu nous dresser un portrait de sa soeur Emily et malgré les longueurs dans l'histoire et l'épaisseur du livre il n'en reste pas moins d'une qualité incontestable.Ce livre est un pur chef d'oeuvre surtout au niveau du portrait psychologique des personnages Ô combien intéressants et variés dans l'histoire.
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Quel grand plaisir de replonger dans l'univers de Charlotte Brontë, après le ô combien merveilleux Jane Eyre !

J'ai un rapport tout à fait particulier avec Charlotte Brontë, un peu comme avec Jane Austen et ses autres soeurs, Anne et Emily d'ailleurs, car elle a le don de nous délivrer des histoires fascinantes, avec des personnages passionnants, qui nous font vivre un pur moment de bonheur en leur compagnie. Shirley est l'un de ces livres.

Commençons par l'histoire : dans la petite paroisse de Briarfield, plusieurs destins vont se croiser, à commencer par celui de la jeune Caroline Helstone, fille du pasteur, éprise de son cousin Robert Moore, un manufacturier (qui n'est pas sans rappeler John Thornton de Nord et Sud) condamné à licencier ses ouvriers, car le pays est soumis au contrôle de la France de Napoléon ; Robert, bien que très attaché à Caroline, ne songe nullement à se marier, jusqu'à l'arrivée –tardive- de Shirley Keeldar, une héritière venue s'installer dans le voisinage, dont le caractère bien affirmé charmera plus d'un habitant du Yorkshire…Nous suivons également Louis Moore, le frère de Robert, jeune précepteur timide et réservé, mais aussi la mystérieuse Mrs. Pryor, qui jouera un rôle important dans cette histoire. Tous les personnages m'ont beaucoup plu, et en particulier Caroline, car je me suis identifiée à elle dès les premières pages. Son caractère doux, sensible et passionné est à l'inverse de celui de son amie Shirley, au contraire plutôt impulsive, brillante et parfaitement à l'aise en société. Enfin, les deux frères Moore, Robert et Louis, ont réussi à me séduire, malgré l'inconstance du premier et la « sauvagerie » du second.

Charlotte Brontë, en plus d'écrire une magnifique histoire d'amour à la hauteur de ses précédents chefs-d'oeuvre, dresse un portrait très réaliste de la société du début du XIXème siècle, et notamment le contraste entre les patrons et les ouvriers (réduits à la pauvreté), à l'image de William Farrell. En cela, Shirley se rapproche fortement de Nord et Sud, d'Elizabeth Gaskell, autre roman captivant de l'Angleterre victorienne.

Shirley est donc un roman que je vous conseille fortement, si vous êtes un(e) admirateur/trice de Charlotte Brontë ou non, et même si il ne prendra jamais la place de Jane Eyre tout en haut de mes livres préférés, il reste un roman à dévorer !

A lire !!
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Charlotte Brontë nous emmène au début du 19e siècle dans une petite bourgade du Yorkshire, où les temps sont durs : les guerres napoléoniennes n'en finissent pas, le commerce va mal, et les ouvriers sont confrontés à la modernisation des manufactures. La vie provinciale suit toutefois son cours, notamment pour les dames et jeunes filles.
Caroline Helstone est une jolie jeune fille, vivant avec son oncle pasteur. Très amoureuse de son cousin Robert Moore, patron de la manufacture de drap, elle se lie d'amitié avec la jeune héritière du domaine, Shirley, au caractère bien trempé.
Quel avenir leur sera réservé ?

Une fois de plus, j'ai été conquise par la plume de Charlotte Brontë. Second roman édité après le succès de Jane Eyre, rédigé alors qu'elle vient de perdre son frère et ses deux plus jeunes soeurs, Shirley est un livre plein de gaieté, plein d'humour, assez piquant et impertinent par moments.
Certes, quelques envolées littéraires prennent parfois le pas sur l'action, les références historiques et religieuses sont également nombreuses et peuvent freiner l'élan de la lecture.

Cependant, les personnages foisonnent (un peu trop peut-être ?), et sont bien campés. On s'attache forcément aux deux jeunes héroïnes. La peinture de moeurs est très intéressante, la campagne est magnifique.
Le féminisme prend une place très importante dans le récit, c'est un véritable plaidoyer contre le carcan social auquel sont confrontées les jeunes filles de bonne famille.

Charlotte se serait inspirée de sa soeur Emily pour le personnage de Shirley. Je ne peux m'empêcher de penser qu'elle s'est également inspirée de sa soeur Anne pour celui de Caroline.

On retrouve certains thèmes déjà présents dans Jane Eyre : la passion, la liberté, la force de caractère, la place de la femme dans la société du 19e siècle.

Une lecture qui m'a fait penser au Nord et Sud d'Elizabeth Gaskell, notamment pour la thématique de l'industrialisation, eu aussi parce que le nom de famille de Caroline est Helstone, qui est aussi le nom du village de l'héroïne de Gaskell.

Une très belle découverte.
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Charlotte Brontë est l'auteure avec laquelle j'ai découvert la littérature anglaise, son célèbre Jane Eyre m'a ouvert des horizons que je n'imaginais pas, j'ai rencontré une beauté toute particulière qui fait que ce roman est l'un de mes préférés. J'aime ce côté froid, ce cynisme qui se dégage souvent de ces histoires d'outre-manche. Shirley avait quelque peu la pression même si pour moi il n'y a pas comparaison vu la place toute particulière que tient Jane dans mon coeur. J'ai néanmoins énormément aimé ce roman que nous a livré Charlotte Brontë alors qu'elle vivait une des période les plus triste de sa vie à cause de la perte de plusieurs de ses frères et soeurs, notamment Emily, l'impétueuse jeune fille qui inspira le personnage de Shirley et qui écrivit un autre classique, Les Hauts de Hurlevent. (Enfin, j'imagine que je ne vous apprends rien là.)

J'ai fait le choix de ne pas vous partager de résumés, ceux-ci en disent beaucoup trop à mon goût, un peu comme quand la préface d'un roman vous signale que le personnage principal meurt à la fin. (Ca m'est déjà arrivé et je n'ai pas lu ledit roman, c'est très frustrant.) En quelques mots, Shirley nous plonge dans l'industrie anglaise du début du XIXème alors que celle-ci traverse des moments difficiles à cause des guerres napoléoniennes. Un autre grand bouleversement va entraîner énormément de conflits, il s'agit du remplacement de nombreux ouvriers par des machines-outils. Ce changement va engendrer des émeutes et beaucoup de combats entre ouvriers et propriétaires d'usine. L'un d'eux, Robert Moore, fera partie des personnages principaux de ce roman mais celle qui est incontestablement le centre de ceux-ci est Caroline, la cousine de Robert. Caroline est une jeune fille douce, élevée dans la rigueur par son oncle pasteur. Profondément amoureuse dudit Robert, elle voit tous ses espoirs s'envoler à l'apparition de Shirley Keeldar, riche héritière à qui appartient une bonne partie du village où vivent tous nos héros. Shirley est tout l'inverse de Caroline, elle est impulsive, excentrique et pleine d'une joie de vivre communicative. Elles deviendront néanmoins amies car toutes deux se complètement finalement.

Il est difficile d'en dire plus, tellement il y a de facettes à ce roman. On y parle de religion, de révolution industrielle, de différences sociales et aussi de féminisme bien sûr. Charlotte n'hésite pas à dénoncer la société dans laquelle elle vit, la critiquer même. Ce qui ressort beaucoup de Shirley c'est sa colère sur la façon dont sont traitées les femmes, instruites au minimum, considérées comme de jolis objets qui ne doivent pas parler sous peine de déplaire aux hommes de leurs vies, cela se ressent dans chacun de ses gestes, chacune de ses phrases. Je dois avouer qu'elle m'a particulièrement plu face à Caroline que j'ai trouvé bien fade, même s'il est vrai que rarement un roman m'aura fait aussi souvent changer d'avis sur les personnages. J'ai aimé et détesté tour à tour, je me suis moqué et j'ai admiré d'un bout à l'autre. Et les personnages, quels personnages! J'adore cette galerie tellement variée qui parsème le récit, j'aime le détail apporté à chacun, tous reçoivent leur petit moment de gloire, leur présentation en bonne et due forme. Cela pourrait déranger mais moi j'aime cette manière de dépeindre un village entier à travers tous ses habitants. J'aime connaître la fille de la voisine qu'on ne croise que deux-trois fois ou le jardinier qui reste dans l'arrière-plan. C'est ça qui fait la richesse de l'histoire, l'imprégnation totale du contexte, accentuée bien sûr par l'écriture de Miss Brontë et sa manière de parler à ses personnages ainsi qu'à ses lecteurs. Ces petites attentions m'ont fait sourire plus d'une fois, j'aime cette petite loufoquerie dans ce récit si sérieux.

Alors bien sûr, Shirley n'est pas un chef d'oeuvre mais il aura réussi à me toucher d'une manière toute particulière malgré quelques petites maladresses par une volonté de trop bien faire, de vouloir rendre tout le monde heureux. Comme moi j'aime les happy ends je ne peux qu'apprécier la démarche de l'auteure en dépit des petites facilités que cela engrangent. Shirley et Caroline sont devenues deux jeunes filles chères à mon coeur qu'il m'a été difficile de quitter et que je vous conseille de rencontrer..


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Robert Moore voit son commerce de draps péricliter en raison de la guerre qui oppose la France et l'Angleterre. En outre, ses ouvriers refusent qu'il installe des métiers à tisser dans la fabrique, craignant de perdre leur emploi. À ses côtés, sa soeur Hortense tient le ménage et à fort à faire avec des domestiques indisciplinés. Leur cousine, la douce et jolie Caroline, orpheline de père et de mère, est très éprise de Robert et désespère d'en être aimée en retour. Mais le jeune homme ne se préoccupe que de son entreprise. À proximité de Hollow se trouve Fieldhead, le domaine de la jeune Shirley, également orpheline et héritière d'une belle fortune. Indépendante et fougueuse, elle dirige sa vie avec sagesse et liberté, guidée par sa gouvernante, la mystérieuse Mistress Pryor, et bien décidée à ne pas se plier à la volonté de son oncle qui voudrait la voir se marier au plus vite. Shirley se lie d'amitié avec Caroline, mais un nuage plane sur leur relation. La fortune de la première peut-être sauver le négoce de Robert Moore ? Si oui, ce ne sera qu'avec un mariage et au désespoir de Caroline. Arrive Louis Moore, le jeune frère de Robert, précepteur très épris d'une ancienne élève. À chacun sa chacune, reste à savoir qui épousera qui.

Ce roman met longtemps, longtemps, longtemps à démarrer. le décor est bien posé, l'atmosphère bien installée, l'histoire peut enfin commencer. Outre l'amour, ce roman parle du mariage et cette institution est à la fois moquée et honorée. « S'il est une chose que je haïsse par-dessus tout, c'est l'idée du mariage. J'entends le mariage dans le sens vulgaire, et comme pure matière de sentiment : deux fous consentent à unir leur indigence par quelque fantastique lien de sympathie mutuelle, quelle absurdité ! Mais une union formée en vue de solides intérêts n'est pas si mauvaise, qu'en dites-vous ? » Entre l'union toute commerciale et l'alliance sentimentale, il n'est pas difficile de comprendre vers où le coeur de l'auteure se penche. Non, ne vous fiez pas à la citation précédente ! le roman est également un plaidoyer en faveur de l'éducation des filles qui ne sont pas que bonnes à faire de la broderie ou à du piano. Selon Charlotte Brontë, le mariage doit élever les deux époux et les placer à égalité. « Un homme et une famille rendent un homme prudent. »

Ceci dit, nous sommes encore dans une histoire où les jeunes filles dépérissent d'amour et où les hommes sont aveugles aux peines des femmes tant qu'elles ne s'effondrent pas dans leurs bras. « Je crois que le chagrin est et a toujours été le vif aliment de ma maladie. Je pense quelquefois qu'un peu de bonheur me ferait pleinement revivre. » Passons cela. Les personnages sont finement construits. Je retiens avec délectation les portraits liminaires et finaux des vicaires Malone, Donne et Sweeting. J'ai aussi vraiment apprécié l'introduction progressive des personnages : Shirley n'entre en scène qu'après un tiers du roman et Louis Moore environ 100 pages avant la fin. Ça redéfinit le sens de personnage principal et déplace l'intérêt d'un protagoniste à un autre sans en léser aucun. Petit détail cocasse : quand le roman est paru, Shirley était un prénom masculin ; il est devenu féminin après l'immense succès du roman. Les lecteurs de l'époque s'attendaient à un héros masculin : quelle surprise cela a dû être de voir débarquer l'impétueuse jeune héroïne !

Shirley n'est pas tragico-gothique comme l'est Jane Eyre, roman que j'aimerai d'amour pour toujours. Il a toutes les qualités sociales d'un roman d'Elizabeth Gaskell et tout le piquant cynique d'un roman de Jane Austen. Oubliée ma déception après ma lecture du professeur ! Shirley est un excellent roman de Charlotte Brontë, pour un peu qu'on lui laisse sa chance et qu'on survive à ses cent premières pages.
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Bronte Charlotte
Shirley
Encore un agréable moment de plaisir.
Shirley, franchement je ne me souvenais pas ni de l'avoir lu ni de le connaître. Mais tous les ingrédients y sont pour faire un superbe roman pas seulement, mais aussi, elle reproduit bien la manière de vivre, de penser de cette époque ainsi et surtout la vie des patrons et des ouvriers de l'époque. Certains se plaignent actuellement, qu'ils relisent cette période.
Vers les années 1812 le Yorkshire se ressent fortement d'une terrible dépression industrielle.
Ils ont beaucoup de difficultés à faire travailler pour un guignon de pain d'ailleurs, leurs ouvriers, et il en vient toujours plus cependant. La difficulté aussi à cause des guerres de vendre leurs stocks, et la méfiance des nouvelles machines qui pourraient faciliter le travail.
Une foule de personnage gravitent dans ce livre et sont tous bien représentatifs de leur fonction que ce soit les patrons bons ou mauvais, les pasteurs, idem, la vie sociale, la misère, la bonté d'autres, l'amour discret et délicat de l'époque
Franchement tout en apprenant pas mal de choses sur cette époque victorienne, on ne peut que prendre un grand plaisir à participer aux discussions, aux révoltes, une impression bizarre, je ne sais pourquoi, mais d'être vraiment au milieu d'eux, c'est ce que j'ai ressenti.
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J'ai lu et relu Shirley et je ne comprends pas que l'on résume souvent Charlotte brontë à Jane Eyre, ou Jane Eyre et Villette.
Avec Shirley, nous prenons le temps de mettre en place les personnages mineurs, puis petit à petit les principaux et page 199, Shirley apparait. Il reste 400 pages à lire et chaque personnage est décortiqué, tant émotionnellement et psychologiquement que dans ses actions. Ce roman me parait le plus fouillé et le plus dense des écrits de Charlotte. Il y a un clin d'oeil à Anne Brontë, avec le personnage de Madame Pryor qui est en fait Miss Grey, mais aussi Agnes Helstone, donc au final, Agnes Grey.
Le chapitre The valley of the shadow of death / La vallée de l'ombre de la mort - décrit la maladie de Caroline et a été écrit pendant la maladie d'Anne, juste après la maladie et la mort d'Emily. Shirley a les traits d'Emily et ses mésaventures (morsure par un chien et cautérisation à vif avec un fer à repasser à charbon).
A lire et relire en suivant...
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Après le succès remporté par Jane Eyre, Charlotte Brontë se lança dans la rédaction de Shirley, roman dans lequel nous retrouvons les thèmes chers aux soeurs Brontë, à commencer par les terres du Yorkshire où elles vécurent. Toutefois, la romancière rédige un ouvrage avant-gardiste doté d'un fort cachet réaliste : l'intrigue se déroule entre les années 1811 et 1814, lesquelles furent marquées par la première dépression industrielle de l'Histoire, alors que l'Angleterre faisaient face aux guerres napoléoniennes. Charlotte Brontë précise d'ailleurs que son objectif était de concevoir « quelque chose de réel, de froid, de solide, aussi peu romanesque qu'un lundi matin ». le récit est le suivant : dans les terres du Yorkshire, la jeune Caroline Helstone coule une existence austère sous la tutelle de son oncle, un pasteur étriqué. Timide, douce et effacée, Caroline nourrit des sentiments pour son cousin Robert Moore, propriétaire de filatures sévèrement éprouvées par la dépression, qui ne se doute de rien. Mais qui est donc Shirley qui donne son nom au roman ? me demanderez-vous sûrement ? Pour le savoir, il vous faudra avoir dévoré rien de moins que les deux-cent premières pages du roman (soyez sans crainte, le suspense est édifiant ! C'est tout à fait jubilatoire!) ! Pour dresser le schéma de son roman, Charlotte Brontë s'inspire de la personnalité de ses cadettes : ainsi, le lecteur peut discerner en Caroline Helstone la discrète Anne Brontë, tandis que l'audacieuse Shirley nous renvoie à Emily. Il faut le reconnaître, parmi les oeuvres rédigées par l'aînée du trio Brontë, Shirley est une étoile filante injustement méconnue. Ce qui est regrettable, car ce roman nous permet de découvrir un être romanesque hors du commun : Shirley est une femme éprise de liberté, ne supportant pas la contrainte, elle veut vivre, se faire entendre, partager ses idées et être considérée autrement que comme une héritière bien nantie et bonne à marier. Exubérante, elle va jusqu'à adopter la conduite d'un homme. Au fond, cela n'a rien de surprenant, sachant que jadis, Shirley, tout comme Ashley, était un prénom exclusivement masculin. On constate que Charlotte Brontë s'est affirmée depuis Jane Eyre, puisque c'est dans Vilette que nous retrouvons une héroïne craintive semblable à la narratrice de Jane Eyre. Shirley se présente également comme une étude de moeurs qui nous permet d'en apprendre davantage sur la vie paroissiale dans les campagnes. de sa plume caustique, la romancière n'épargne pas les tartuffe qui font mine de prendre à coeur la cause des petites gens ou le développement de leur Église...
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En 1811-1812, le Yorkshire industriel est frappé par une crise économique due à la guerre contre la France et au blocus continental décrété par Napoléon contre l'Angleterre. Les patrons des usines textiles sont contraints de licencier, certains se dotent de métiers mécaniques pour économiser sur la main d'oeuvre mais ces innovations provoquent des manifestations violentes de la part des ouvriers. Robert Moore est l'un de ces entrepreneurs dont le soucis principal est d'éviter la ruine et il ne se pose guère de questions sur les conditions de vie des ouvriers au chômage et de leurs familles. Caroline Helstone, orpheline élevée par son oncle, jeune femme douce et réservée, cousine De Robert, est amoureuse du jeune homme et celui-ci semble apprécier sa compagnie. Cependant Caroline est pauvre, Robert au bord de la faillite et il ne peut envisager un mariage dans ces conditions. Survient Shirley Keevlar, riche héritière, propriétaire des terres sur lesquelles se situe la fabrique De Robert, jeune femme vive et enjouée. Shirley et Caroline deviennent vite d'excellentes amies.

Voici un long roman de plus de 700 pages et dont l'histoire se déroule lentement et sans grande surprise : j'ai deviné au fur et à mesure comment se terminerait chacune des péripéties qui permettent de faire avancer le récit. Aucun ennui à la lecture cependant car l'intérêt réside dans la description d'une vie encore campagnarde malgré un début d'industrialisation et dans les opinions et les commentaires de Charlotte Brontë à qui Shirley sert de tribune. En s'adressant directement au lecteur assez régulièrement, l'autrice prend position sur différents sujets avec parfois un ton critique qui peut être amusant. Il est question notamment de l'Eglise, dans une région où l'anglicanisme fait face à des sectes dissidentes : "Rendons aux prêtres d'Angleterre l'hommage qu'ils méritent. Ils ont leurs défauts : comme nous tous, ils sont des créatures de chair et de sang. Mais, sans eux, le pays souffrirait. La Grande-Bretagne pleurerait son Eglise, si cette Eglise venait à tomber. Que Dieu la sauve ! Et aussi : que Dieu la réforme !"

Si Charlotte Brontë compatit aux malheurs des chômeurs sans ressources, elle ne les soutient pas quand ils se révoltent contre les industriels. Les émeutiers sont présentés comme "des hommes égarés par de mauvais conseils et poussés par les privations". Leurs chefs sont "des étrangers venus des grandes villes. (...) des débauchés, des banqueroutiers toujours endettés, souvent ivres, des hommes n'ayant rien à perdre et tout à apprendre sous le rapport du courage, de la propreté et des moyens matériels".

La solution proposée pour sortir de la misère le brave William Farren ? C'est la charité : Moore intervient secrètement pour lui faire retrouver un emploi et le bon pasteur Hall procure à la femme de William une somme d'argent qui lui permet d'ouvrir un petit commerce. Une solution qui semble demeurer individuelle et qui repose sur la bonne opinion qu'ont les intervenants sur William Farren, pauvre méritant.

Ce que j'apprécie le plus c'est, qu'à travers ses deux héroïnes, Caroline et Shirley, le roman est un plaidoyer pour l'autonomie des filles (même s'il ne s'agit que de celle des filles : une fois qu'une femme est mariée, elle se soumet à son mari). Caroline souhaiterait travailler, elle s'en ouvre à son oncle à plusieurs reprises et apporte des arguments. Shirley, qui porte un prénom de garçon (à l'époque Shirley était un prénom masculin), en adopte les manières : elle mène sa barque comme elle l'entend, discute affaires d'égale à égal avec Robert. Elle fait même des commentaires sur les jeunes filles à marier du secteur, ce que lui reproche sa gouvernante. Enfin, nous croisons une enfant de 12 ans qui veut voyager pour découvrir le monde et échapper à sa condition qui lui enjoint de rester à coudre au foyer : "Mieux vaut essayer de toutes choses et les trouver vides que de rien essayer et mener une vie nulle".

En préface j'apprends que Charlotte Brontë a changé la fin qu'elle avait prévue en cours de rédaction. Alors qu'elle en est au chapitre 23 son frère et deux de ses soeurs meurent de tuberculose en peu de temps. Quand elle reprend la plume, elle se dirige vers une fin plus positive, semble-t-il, que celle qu'elle avait envisagée pour donner à ses soeurs défuntes, qui sont le modèle de ses personnages, une destinée heureuse, au moins dans le roman. Cette fragilité de la vie à l'époque -Charlotte avait déjà perdu sa mère et deux autres soeurs- on la retrouve dans la lecture : à un moment ou un autre on craint pour la vie des personnages principaux.

Shirley est un roman riche dont j'ai grandement apprécié la lecture.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Un roman intelligent, plein de suspense, de personnages attachants et complexes et de féminisme. Mais comme j'ai beaucoup de travail ce mois-ci, je n'ai pas le temps de faire une critique, alors j'ai juste choisi quelques passages que j'ai commentés avec le groupe Victorians! sur Goodreads.

Quel plaidoyer en faveur du féminisme dans la discussion des enfants Yorke au chapitre 9 ! Excellent, je voyais Charlotte Bronte s'amuser en l'écrivant !
« - Tous les enfants, surtout nous les filles, doivent se taire en présence de leurs aînés. Pourquoi avons-nous des langues, alors ? demanda Jessy. Et pourquoi surtout les filles, mère ?
- Premièrement, parce que je le dis, et deuxièmement, parce que la discrétion et la réserve sont la meilleure sagesse d'une fille.
- Les gens, poursuivit Jessy, font attention aux garçons. Tous mes oncles et tantes semblent penser que leurs neveux sont meilleurs que leurs nièces, et quand des messieurs viennent ici pour dîner, ce sont toujours mes frères à qui on parle, et jamais Rose et moi... »

Robert Moore, le personnage principal masculin, tente de se remettre de la faillite de sa famille et de garder son entreprise pour continuer à fournir du travail, source d'argent et de vie pour les familles des ouvriers.
Robert Moore a été dur quand il a répondu à l'ouvrier Farren. Mais il s'en est expliqué à M. Yorke. Robert sait qu'il a commis une erreur, mais "Que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre."
« Oui, c'est vrai, dit Robert Moore à Yorke. Farren n'a exprimé que la vérité et le bon sens. Je lui ai répondu aussi grossièrement qu'aux autres, qui n'ont fait que jacassé. Je ne pouvais pas faire de distinction. Son apparence racontait ce qu'il avait vécu dernièrement de façon plus claire que ses paroles ; mais à quoi bon expliquer ? Donnons-lui du travail. »
Robert est étranglé. Il se bat pour ne pas perdre son emploi, c'est-à-dire son usine. Il comprend les travailleurs comme Farren, pour qui le travail qu'il leur donne est vital, mais pour l'instant, il n'y peut rien. C'est sans doute en raison de son impuissance face à la crise mondiale et aux crises familiales de ses ouvriers, que Robert Moore a été dur avec Farren. Moore est un homme fort qui réagit avec force. Ce n'est pas contre Farren qu'il s'est fâché, mais contre une situation qui échappe à son contrôle en ce moment. Et dans le dialogue avec Yorke, il explique :
« J'ai reçu ce matin des lettres qui me montrent assez clairement où j'en suis, et ce n'est pas loin de la fin. Mon marché étranger, en tout cas, est englouti. S'il n'y a pas de changement - s'il n'y a aucune perspective de paix - si les décrets du Conseil ne sont pas, au moins, suspendus, afin d'ouvrir notre chemin en Occident - je ne sais pas vers qui me tourner. Je ne vois pas plus de lumière que si j'étais enfermée dans une grotte, de sorte que pour moi prétendre offrir un gagne-pain à un homme serait faire une chose malhonnête. »
Robert Moore est un homme honnête :
« Oui, un deuxième échec - que je peux retarder, mais que je ne vois aucun moyen d'éviter pour l'instant - aurait complètement détruit le nom de Moore ; et vous savez que j'avais de bonnes intentions de rembourser chaque dette et de rétablir l'ancienne société sur ses anciennes bases. »
Je comprends la détresse des travailleurs qui perdent leur emploi à cause des progrès des machines. Mais tel est le progrès. Tôt ou tard, chacun doit s'adapter, et casser des machines qui ne leur appartiennent pas n'est pas la solution.
Dans mon autre travail, non pas celui d'écrivain, mais celui qui nous fait vivre mes enfants et moi, j'ai été confronté à cette situation. J'ai dû m'adapter, et je n'ai pas détruit de machines ni d'hommes pour ça. C'est la vie !
La vie de Farren l'ouvrier n'est pas facile. Mais la vie de Robert Moore le manufacturier ne l'est pas plus. S'il fait faillite, il se retrouvera sans ressources, comme Farren, et en plus, non seulement lui-même, mais aussi ses travailleurs seront au chômage et cela pèsera sur son coeur.

Maintenant, laissons Shirley se décrire :
« Les affaires ! Vraiment, ce mot me fait prendre conscience que je ne suis plus une fille, mais une vraie femme et plus. Je suis un Esquire ! Shirley Keeldar, Esquire, devrait être mon genre et mon titre. On m'a donné un nom d'homme, j'occupe un poste d'homme, il suffit de m'inspirer d'une touche de virilité, et des gens comme ce Moore me parlent sérieusement des affaires, je me sens vraiment comme un gentleman. »
Qui est-elle ? Nul doute qu'elle est féministe et certainement la femme que Charlotte Brontë aurait aimé être : indépendante, libre pour deux raisons : premièrement, l'argent rend libre, deuxièmement, c'est un esprit libre... et ça, ce n'est pas l'argent qui le donne et pas à tous !
Qui est Shirley ?
À la fin du chapitre 15 : L'Exode de M. Donne, les hommes pourraient vous répondre : c'est un homme, plus encore, c'est un gentleman !
Je réponds : Shirley est une femme, plus encore, une femme courageuse et honnête !
Et Donne, cet arrogant qu'elle met à la porte ? Donne était stupéfait. Les aveugles sont forcément surpris devant des femmes lucides !

Quant à Caroline Helstone, il semble qu'elle n'ait été considérée que par une seule personne : Robert. Ou c'est ce qu'elle croyait...
Sa mère est inexistante, on ne sait pas pourquoi, mais elle n'est pas très bien jugée par ceux qui l'ont connue. Son père était un horrible personnage. Son oncle s'occupe bien d'elle, mais par devoir plutôt que par amour. Hortense, si je me souviens bien, ne lui donne des cours de français que parce que cela la rend personnellement heureuse.
Caroline a donc beaucoup investi dans son amour pour Robert. Plus on croit en une chose, plus on est déçu quand ce n'est pas ce qu'on croyait.

Le féminisme est au chapitre XIV et partout ailleurs dans Shirley !
« Les hommes aiment rarement que leurs semblables lisent leur nature intérieure trop clairement et vraiment. Il est bon pour les femmes, en particulier, d'être dotées d'une cécité douce : avoir des yeux doux et sombres, qui ne pénètrent jamais sous la surface des choses - qui prennent tout pour argent comptant : des milliers, sachant cela, gardent leurs paupières closes par habitude ; mais le regard le plus bas a sa brèche, par laquelle il peut, à l'occasion, faire sa propre enquête sur la vie. »

Et féminisme encore, qui me rappelle l'Indiana de George Sand et qu'on retrouve chez Charlotte Brontë dans le chapitre 21 de Shirley dans le dialogue entre Mme Pryor et Caroline.
La différence est que, dans son observation, Charlotte Brontë me semble triste et désespérée alors que George Sand, qui avait lutté pour se faire une vie libre, ne l'était pas. Quoi qu'il en soit, leur observation est la même. Voici le dialogue de Charlotte Brontë :
« - Dans ce cas, le mariage ne devrait pas exister.
- Il devrait, ma chère, s'il ne s'agissait que de prouver que cette vie n'est qu'une simple mise à l'épreuve, où ni le repos ni la récompense ne doivent être garantis. (...)
Dieu mêle quelque chose du baume de la miséricorde, même dans les fioles des malheurs les plus corrosifs. Il peut ainsi tourner les événements, afin que du même acte aveugle et téméraire jaillisse la malédiction de la moitié de notre vie, puisse couler la bénédiction du reste de l'humanité. Je n'aurais jamais dû me marier : ma nature n'est pas faite pour cela. J'étais tout à fait consciente de mon inéligibilité ; et si je n'avais pas été si malheureuse comme gouvernante, je ne me serais jamais mariée… »

Chapitre 22, extrait :
"Les gens détestent qu'on leur rappelle des maux auxquels ils ne peuvent ou ne veulent pas remédier : un tel rappel, en leur imposant le sentiment de leur propre incapacité, ou le sentiment plus douloureux d'une obligation de faire un effort désagréable, trouble leur aisance et secoue leur complaisance personnelle...".
C'est exactement ce que ma propre expérience m'a fait découvrir il y a quelques années. Quand j'ai finalement dit que j'avais été agressée, les adultes qui auraient dû le voir cela dans mon enfance n'ont toujours pas été capables de l'entendre à l'âge adulte. Ainsi va la vie ! Nous apprenons que certaines questions resteront sans réponse, mais la guérison vient de la capacité à poser la question et à supporter la non-réponse.

Chapitre 22, nouvel extrait :
« Les vieilles servantes, comme les sans-logis et les chômeurs pauvres, ne devraient pas demander une place et une occupation dans le monde : la demande dérange les heureux et les riches... »
Encore une fois, cela m'a rappelé ce que George Sand dans Indiana :
« … la société, organisée comme elle l'était alors, lui était favorable et avantageuse ; elle ne pouvait pas être dérangée sans que la somme de son bien-être fût diminuée, et c'est un merveilleux enseignement à la modération que cette parfaite quiétude de situation qui se communique à la pensée. Quel homme est assez ingrat envers la Providence pour lui reprocher le malheur des autres, si pour lui elle n'a eu que des sourires et des bienfaits ? Comment eût-on pu persuader à ces jeunes appuis de la monarchie constitutionnelle que la constitution était déjà vieille, qu'elle pesait sur le corps social et le fatiguait, lorsqu'ils la trouvaient légère pour eux-mêmes et n'en recueillaient que les avantages ? Qui croit à la misère qu'il ne connaît pas ?... »

Et quel plaidoyer féministe et indépendant Shirley envoie à son oncle à la fin du roman ! Vas-y, Shirley !

Belle phrase de Charlotte Brontë dite par Robert Moore, au chapitre 35 :
« Nous nous souviendrons que nous serons jugés à la mesure dont nous aurons jugé les autres ; c'est pourquoi dans notre coeur régnera l'affection au lieu du mépris. »

Et la dernière phrase du roman :
« L'histoire est finie. Il me semble voir le lecteur judicieux mettre ses lunettes à la recherche de la morale. Ce serait une insulte à sa sagacité que de lui offrir des directives. Je lui dis seulement : que Dieu l'assiste dans sa quête ! »
S'il vous plaît, honorable ProfesseurC. Brontë, puis-je seulement apprécier ce roman, ou dois-je vraiment y réfléchir ? Eh bien ! j'y réfléchirai, ce qui sera un très humble remerciement à vous qui avez écrit ces belles et fortes pages.

Mon cher Théophile Gautier a écrit :
« Qu'importe que ce soit un sabre, un goupillon ou un parapluie qui vous gouverne ! C'est toujours un bâton, et je m'étonne que des hommes de progrès en soient à disputer sur le choix du gourdin qui leur doit chatouiller l'épaule, tandis qu'il serait beaucoup plus progressif et moins dispendieux de le casser et d'en jeter les morceaux à tous les diables. » (L'épée étant le symbole de la force armée, le goupillon celui du clergé et le parapluie celui de l'autorité séculière.)
Dans Shirley, tous les personnages sont soumis à une ou plusieurs autorités : le lointain et étranger Napoléon, Lord Wellington l'Anglais, les hommes d'Église, l'oncle..., dont les décisions ont un impact direct sur leur vie.
Question : Avons-nous encore vraiment besoin de tous ces soi-disant chefs ou directeurs de conscience ? Les humains ne sont pas encore assez sages, me répondrez-vous, donc ils ont encore besoin de chefs. Mais les les chefs qu'ils se choisissent sont-ils des sages, eux ?

Quoi, Mlle Brontë ? Ce n'est pas assez ? Ok, voyons voir....
D'une part, Robert Moore, bien qu'il ait du coeur, dirige son usine d'une main de fer. Il la défend fusil contre fusil. Il en résulte des morts, des blessés et de la vengeance, et qu'à la fin, c'est Robert Moore qui se sent mal et qui est seul.
D'un autre côté, Shirley, comme Moore, gère son domaine et ses gens. Elle aussi a du coeur, mais elle est sans violence : elle ne réprimande pas sa cuisinière qui la vole ouvertement. La cuisinière a finalement été conquise par ce bon coeur : elle n'a plus volé sa maîtresse et l'a même défendue. Shirley n'est pas isolée comme Moore, elle se fait des amis : Mme Pryor, Caroline, M. Hall, Henry, etc..... Avec des moyens différents de ceux de Moore, elle parvient à gérer son domaine.
Robert Moore agit d'abord conformément à l'éducation qu'il a reçu de la société et l'époque dans laquelle il vit : il agit comme un homme. Mais, heureusement, il est l'un des héros du roman et, seul, il apprendra à changer pour son propre bien et celui des autres.
Shirley, elle, agit avec les qualités d'une femme de son époque : gentillesse, compréhension, etc..... bien que son caractère soit aussi impétueux que celui de Robert Moore, il est atténué par son éducation. Elle a de la chance, parce que, prenons l'exemple de la cuisinière : Mme Gil, c'est son nom, je crois ? Mme Gil aurait pu être une personne sans coeur et continuer à voler Shirley, auquel cas Shirley aurait dû agir.
Deux leaders, deux façons différentes de diriger.

Toujours pas assez ? Au sujet du féminisme, Mlle Brontë ?
Eh bien ! il y a eu des progrès, mais il reste encore beaucoup à faire ! Merci pour ce beau roman, Charlotte Brontë !
Lien : https://www.gabrielle-dubois..
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