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3,85

sur 202 notes
Le Chicago Tribune dit sur la 4° de couverture : "Suivre Fay à la trace est un voyage que vous ne regretterez pas ".
Moi, je l'ai suivie toute la soirée (commencé à 21 h et fini à pas d'heure ...), et j'ai adoré cette histoire . Je n'en attendais rien, n'ayant pas lu d'autres livres de Larry Brown, n'ayant pas vu l'adaptation cinématographique du livre , Joe (avec Nicolas Cage) , je partais en territoire inconnu . Et j'ai été séduite par ce roman noir et son personnage féminin, solaire.
Fay a 17 ans , quand elle décide de fuguer ,son père se rapprochant "dangereusement" d'elle . Elle n'a aucune instruction, ayant arrêté l'école bien avant le lycée . Ses parents vivaient où ils pouvaient (caravane, pick-up) , elle a essentiellement vécu dans les bois . Une vie où règne la misère intellectuelle, la misère économique et la misère affective . Seul l'amour qu'elle portait à son frère et sa petite soeur la retenait mais désormais , son avenir , ce sera "on the road".
Croisant sur son chemin des hommes et des femmes qui vont l'aider ou l'exploiter ... Des salopards, des paumés, des gentils , des profiteurs , et parfois tout en même temps... Il faut dire que Fay est très jeune et très belle , et très inexpérimentée . Uniquement guidée par son instinct de survie, elle chamboulera tout sur son passage et détruira parfois ...

C'est un roman noir , lancinant et sensuel qui explore la misère sous toutes ses formes en faisant la part belle à la nature .
Beauté de la nature, présence de l'eau , contre les âmes humaines noires . C'est aussi un roman qui montrent les femmes comme des victimes des hommes , qu'elles soient tout simplement jalouses ou bien des proies .
Et parmi toutes ces âmes , se balade une gamine un peu trop sexy pour son propre bien , qui voulait juste avoir un toit sur la tête et de quoi manger ... et peut-être quelques grammes d'amour dans une Amérique paumée.
Sombre, tendre et implacable .
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♫ Chacun Fay, Fay, Fay
C'qui lui plait, plait, plait ♪

C'est bien le cas de Fay lorsque quelque chose ou quelqu'un à l'heur de lui déplaire.

Fay, c'est la fragilité de l'adolescence couplée à une volonté farouche d'émancipation.

Histoire d'une errance, d'un cauchemar éveillé, d'une chute sans fin.

Elle serait bien restée à demeure, n'était un paternel aux besoins incestueux par trop pressants.
Les voyages forment la jeunesse, dit-on.
Pas que. Ils sont également pourvoyeurs de malheurs sans nom, de disgrâces récidivantes, d'espoirs déchus.

Fay, du haut de sa candeur et de sa naïveté, est un sacré p'tit bout de femme. Il est regrettable que moult de ses rencontres aient délaissé le côté sacré au profit d'abus bien trop abrupts au regard de la jeunesse et de l'innocence de leur proie.

Fay, 17 ans, possède la beauté du diable.
De celles qui attirent, qui aimantent...généralement les emmerdes.
Sorte de joueuse de loto tirant régulièrement le gros lot pour immédiatement égarer le ticket gagnant, sa vie balbutiante n'est qu'un monstrueux chaos ambiant entrecoupé de rares saisons d'euphorie.

Roman coup de poing (au propre comme au figuré) sur l'affranchissement, la construction personnelle mais aussi la résilience car si le personnage prend d'innombrables coups, il lui arrive d'en rendre. Et de sévères !

Il est des romans lumineux.
Puis il y a Fay.
Un long chemin de croix parcouru sous un ciel d'orage agrémenté de pluies torrentielles.
Si le bonheur est au bout du chemin, celui de Fay ne risque pas d'attirer le moindre randonneur.
Aimer et être aimée. Elle demandait pourtant pas grand chose, la p'tite...
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Fay n'est pas née sous une bonne étoile, c'est le moins que l'on puisse dire.
Son père est un ivrogne, sa mère quasiment débile et forcément soumise. Leur maison est si sale que l'on hésite à marcher pieds nus, perdue au fond des bois, elle abrite quelques bestioles bien peu sympathiques venues y faire leurs nids.

Un beau jour Fay est partie, désespérée par cette vie de merde, lasse de se faire violer par son géniteur, elle a pris son sac à dos, quelques modestes effets et la voilà sur les routes, face à d'autres dangers.
La jeune fille est belle même si elle n'en n'a pas conscience.
Les regards appuyés, les compliments, les sifflets la laissent indifférente même si elle les ressent comme une vague menace.
Recueillie par un flic en patrouille, elle va trouver chez celui-ci et son épouse un nouveau foyer dans une jolie maison au bord d'un magnifique lac. Tout paraît idyllique. On aurait envie d'y croire, mais rien n'est simple pour Fay.

J'ai suivie l'errance de cette jeune paumée avec passion. J'ai eu envie de la protéger pour que tout se passe bien pour elle. Mais Fay a de la ressource, elle ne se laisse pas abattre, n'hésitant pas à arranger les évènements à sa façon pour en tirer le meilleur parti.

La seconde parie du roman devient plus violente, entre drogue, alcools en tous genres, meurtre et manipulation.

Outre l'histoire totalement addictive, j'ai été frappée par l'écriture de l'auteur qui a le talent de décrire chaque chose et chaque évènement avec une minutie Incroyable sans jamais lasser le lecteur.

« Fay » est un roman noir que j'ai adoré et une héroïne qui a sa part d'ombre et de lumière.
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C'est un grand roman noir que nous livre Larry Brown en centrant son histoire sur son héroïne, Fay 17 ans, qui est issue d'un milieu d'ouvriers agricoles très pauvres.

Elle est une fugueuse qui n'est jamais allée à l'école et elle se débat pour survivre de façon instinctive. Elle ne sait pas qu'elle est très belle et le désir qu'elle suscite provoque jalousies et catastrophes. Elle est une femme fatale qui s'ignore, semant les cadavres sur son passage, comme une sorte de malédiction.

C'est un road trip qui nous emmène dans les environs de Biloxi, sur le golfe du Mexique, dans les bas fonds d'une société marginale, faite de dealers et prostituées. Larry Brown nous raconte aussi le monde du bord des routes, motels, diners, et des stations services, toute cette population qui a souvent deux ou trois boulots pour vivre, qui vit dans des caravanes, avec des femmes subissant la violence des hommes dans un monde dangereux .

Dans ce contexte glauque fortement alcoolisé et enfumé, il esquisse au hasard des rencontres de Fay, un triangle amoureux tragique, avec Sam et Aaron, à la fois différents et semblables, dont il développe le récit de façon magistrale.

le contraste est grand entre le cadre régional paisible, une vraie carte postale touristique avec lac, plage, pêche et la noirceur du propos. C'est la région de Larry Brown et il en parle très bien. Il s'abstient de juger ses personnages, ce qui domine c'est un peu le hasard et le chaos dans lesquels les humains se débattent.

On ne sait pas trop si le roman est optimiste, ou pessimiste. le contexte social est assez sombre et la plupart des personnages portent des deuils insurmontables ou un profond désespoir. Mais, au milieu de l'adversité, Fay avec une sorte de réserve critique, bon sens, réel instinct de survie, se construit comme femme, en dansant toujours au bord du précipice.



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Dès les premières lignes, j'ai été happée par ce roman que je n'ai plus lâché jusqu'à la fin.
Fay, 17 ans, fiche le camp de chez elle, pour échapper à son père incestueux. Elle se retrouve, sur la route, dans l état du Mississippi comme une biche dans les phares d'une voiture. Fay fait partie des miséreux, de l'Amérique d'en bas, de ceux qui n'ont même pas un toit pour dormir. Elle ne sait même pas lire couramment, retirée de l'école enfant, pour travailler dans les champs avec sa mère. . Fay est belle comme le jour, ce qui ne va être forcément un avantage avec tous les rapaces qui vont lui tourner autour. Elle ne sait rien de la vie et va devoir apprendre dans l'urgence, à ses risques et périls. Dans un sud dur, pauvre, violent, gangrené par l'alcool, la drogue, les armes, la prostitution, Fay est en danger. Elle attire le regard des hommes comme un aimant. Elle va rencontrer des prédateurs, des hommes violents, dominateurs qui veulent asservir son corps et son coeur. Elle voudrait juste trouver un peu de bonheur et d'amour et un coin où se poser, et auprès de Sam, flic au grand coeur, elle y croit enfin. Mais, une fois de plus, la chance tourne court pour elle. Elle doit encore fuir et aller plus loin. Dans cette jungle, seule, Fay se débat pour sauver sa peau mais elle n'est pas née sous une bonne étoile.
Larry Brown est un écrivain du Sud, il prend son temps, écrit avec précision et moult détails, une belle sensibilité et sensualité toute sudiste. Je découvre ce grand auteur et j'ai déjà Joe dans mon viseur, je ne compte pas en rester là avec vous, Mr Brown.
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Ah Fay, Fay, Fay ! Toi si fragile et si forte, j'aurais voulu continuer à te protéger. J'avais l'impression qu'en lisant ton histoire, ton morceau de vie si fragmenté, j'avais le pouvoir de t'épargner tout ce qui t'est arrivé.
Toi si innocente, tu as dû quitter ta famille misérable et incapable de te faire du bien, et tu as rencontré plusieurs personnes qui ont fait obliquer le tracé de ta vie, en bien ou en mal.
Tu as fait connaissance avec ce qu'il y a de mieux dans la nature humaine, mais aussi avec la lie de la société, les bas-fonds, les instincts ténébreux.
Pourras-tu enfin être sauvée ?

Lu en quelques heures, ce roman touffu de Larry Brown m'a prise aux tripes. Il fallait que je suive cette toute jeune femme de 17 ans à qui il arrive des choses… J'espérais avec elle, je tremblais avec elle, j'étais heureuse avec elle, mais maintes fois je me suis dit : « Mais qu'est-ce que tu fous, Fay ? Ne le suis pas ». C'est qu'elle est naïve, Fay, elle n'a pas connu le monde et ses turpitudes, surtout après avoir passé quelque temps dans un refuge douillet.

J'ai été horrifiée, et donc j'ai adoré. Un seul bémol : tous les détails sont mis, toutes les actions sont posées, que ce soit le fait d'allumer la cafetière, d'aller aux toilettes, d'arrêter le robinet de la baignoire…Mais quelquefois, au détour de plusieurs de ces actes anodins, la surprise – de taille – surgit.

Je te quitte donc, Fay, sois heureuse et continue à aguicher plein de lecteurs !
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Titre : Fay
Auteur : Larry Brown
Editeur : Gallimard
Année : 2008
Résumé : Fay est superbe, elle a dix-sept ans et fait du stop au bord des routes de Mississipi pour rejoindre la côte. Perdue, naïve, fuyant une famille dysfonctionnelle, la gamine décide de tenter sa chance dans la ville de Biloxi. Au cours de son périple Fay brisera des coeurs, sèmera le trouble dans des vies rangées et côtoiera les laissés pour compte du rêve américain.
Mon humble avis : de retour après un voyage aux USA dont je vous parlerais bientôt j'ai longuement hésité avant de rédiger cette chronique. En effet la presque inactivité de ces vingt derniers jours m'a poussé, vous vous en doutez bien, à dévorer les romans comme rarement. La question étant : devais-je commencer par les bouquins qui m'ont déçu ou ceux qui m'ont enthousiasmé ? Après mûres réflexions j'optais pour la seconde option, le plaisir de rédiger une chronique étant décuplé par le souvenir d'une lecture plaisante. Nous commencerons donc aujourd'hui par ce Larry Brown, auteur culte aujourd'hui décédé, auteur dont certaines oeuvres furent adaptées sur grand écran. Les bouquins de Brown mettent en scène des marginaux, des personnages aux destins brisés et Fay n'échappe pas à la règle. La gamine fuit un passé malsain et traîne sur les routes avec ses longues jambes et sa silhouette élancée. Evidemment les hommes en sont fous, elle fait tourner les têtes et chavirer les coeurs même les plus endurcis. Pour cette première lecture d'un roman de Larry Brown je savais à quoi m'attendre tant la réputation de l'auteur est tenace. Nous sommes ici dans le noir, dans une Amérique désabusée où les sentiments sont accentués par les addictions et où chaque dollar représente le sésame pour une vie meilleure. Ici pas d'échappatoire, les destins sont brisés et les femmes ne sont que des instruments de plaisir dans les mains des figures masculines. C'est dur, c'est sans espoir, c'est du Brown. L'auteur natif du Mississipi écrit avec une précision extrême ce qui pourrait agacer certains lecteurs mais de ce récit se dégage un charme indéniable et des images marquantes. Au détour d'une description le style de Brown nous rappelle celui d'illustres auteurs du sud comme Faulkner ou Conroy sauf qu'ici le destin des personnages semble implacable. Fay est une héroïne à la fois touchante et agaçante, une fille ne laissant dans son sillage que malheur et désolation. C'est aussi une femme naïve, ingénue dont la compagnie se révélera fatale aux hommes tombant sous son charme. Les personnages de ce roman ont en commun l'espoir chevillé au corps, la recherche de l'amour et la rédemption mais l'environnement dans lequel ils évoluent ne leur laissera aucune chance. C'est dans cette dualité que Brown est grand et Fay un roman marquant.
J'achète ? : Fay est un bon roman noir, une oeuvre forte. Brown prends son temps avec ce récit d'où se dégage une mélancolie, une langueur propre aux auteurs du sud. J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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Quelques mois de la vie d'une jeune Américaine, dans l'état de Mississipi. Une fille qui a fui l'emprise et les tentatives incestueuses de son père, brute incapable en outre d'assurer la vie matérielle de sa famille. On suit l'errance pleine de risques de Fay, dans une Amérique qui ne fait pas rêver. le rêve, en tout cas, s'il lui est donné de le vivre quelque temps au sein d'un couple fracassé mais aimant, se termine tragiquement, et Fay doit reprendre sa route, sans but et sans moyens de subsistance.

Pas à pas, rencontres après expédients, à pied ou en 4x4, dans des bars quelconques ou des boîtes interlopes, à travers des violences inévitables et des douceurs inattendues, Fay découvre ce qui fait le quotidien de cette frange de la population américaine, pauvre et souvent délinquante. C'est sur la côte, entre Mobile et La Nouvelle-Orléans, il y a des bateaux, des plages, il fait chaud, les hôtels sont climatisés. Mais le luxe ou le simple confort, Fay et ceux qu'elle rencontre en sont spectateurs. Ou, s'ils vivent bien, c'est grâce à des trafics et des activités glauques. Sexe, tarifé le plus souvent, alcool, drogue, bagarres et agressions, les dix-sept ans ignorants de Fay vont devoir apprendre très vite comment on vit quand on n'a rien, quand on n'est personne. Et découvrir que dans ce contexte-là, l'amour, si désintéressé qu'il soit, n'échappe pas à la violence. Parce que la violence est la substance essentielle, fondamentale, des jours et des nuits des personnages de ce livre, de cette Amérique-là.

J'ai découvert ce roman, après « Sanctuaire », sur le conseil d'@Isidoreinthedark. Il y a une parenté effectivement, entre ces deux univers et ces deux écritures. « Fay » est pourtant moins pessimiste, les personnages principaux conservant une envie simple d'amour et de bonheur, y retrouvant même un besoin de droiture ; ce qui offre des pauses de respiration, des pages lumineuses, au milieu de toute cette condamnation à la noirceur.

Un beau roman, sans doute très américain, et pourtant d'une humanité sans frontières. Merci Isidore !
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Petite Fay, sur ton berceau ne s'est penché aucune fée, de douceur personne ne t'a entourée. Dans les miasmes de ton environnement pourri, comme une herbe folle, tu as grandi, au coeur du Mississipi. A dix-sept ans, fuyant la violence de ton enfance, tu es partie sur des chemins incertains, tu as tracé la route vers un horizon censé être plus radieux, une lueur d'espoir au fond des yeux.
Au gré de tes nouvelles rencontres, l'angoisse de ne pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie, dans un milieu interlope, désocialisé. Et toujours le malheur qui te cernait, la mort qui rodait, tapie dans un coin, semant quelques cadavres dans le sillage de ta vie chaotique et merdique.
D'une écriture dépouillée, sans apprêts, l'auteur a su reconstituer l'âpreté de ce roman noir, teinté de quelques nuances de gris, su émouvoir dans cette histoire de petite Fay sacrifiée.
Un grand regret toutefois ! le texte , truffé de détails anodins, faits et gestes décortiqués, comme un air de vieux blues bégayant, aurait mérité bien des pages (et des accords) en moins !
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Il y a des rencontres plus marquantes que d'autres dans une vie, et celle avec Fay l'est assurément, je pense que peu de lecteurs me contrediront. Petite fée maléfique ou bienfaisante ? le calembour est facile, mais les dégâts involontaires que cette jeune fille, naïve et inconsciente de son impact sur les autres, fait sur son chemin n'aident pas à placer le curseur sur l'un ou l'autre de ces adjectifs.

Tout juste sortie de l'enfance à dix-sept ans, Fay part de chez elle, un foyer misérable rongé par la pauvreté et la violence d'un père alcoolique ayant des vues sur elle, sa propre fille, pas empêché par une mère soumise. Où va-t-elle ? Elle n'en sait rien, le vent la portera, aidé par des automobilistes plus ou moins bien intentionnés à son égard, avant qu'elle ne fasse la connaissance de Sam Harris, un policier qui l'emmènera dans sa maison où elle vivra quelques mois de bonheur en compagnie de celui-ci et de sa femme Amy. C'est qu'évidemment, Fay est en manque d'attention et d'amour, et est prête à beaucoup de choses et à beaucoup de « oui » dès qu'on lui manifeste un peu de considération. Un drame la poussera à mettre une nouvelle fois les voiles, ce qui la fera échouer dans la station balnéaire de Biloxi, où elle tentera de reconstruire sa vie avec le premier venu qui lui donnera l'impression de vouloir la protéger…

« Fay » est un roman plus que noir (trop pour moi), porté par une héroïne assez incroyable, toute en nuances et en paradoxes : maltraitée psychologiquement et émotionnellement, tenue volontairement loin de toute éducation, témoin de beaucoup trop de choses violentes depuis sa tendre enfance, elle n'en reste néanmoins pas forte, mais surtout étonnamment dotée d'une ingénuité et d'une naïveté assez confondantes, ce qui la pousse dans des traquenards pourtant évitables. Mais ce mélange détonnant est à l'origine d'une violence larvée qui fait d'elle une petite bombe à retardement dangereuse, pour elle comme pour les autres, et lui occasionnera à ce titre beaucoup de problèmes.

A l'heure d'écrire mon billet, que dire de ce roman complexe ? Tout d'abord que c'est un roman puissant, qui vous marque, de ceux qu'on n'oublie pas. C'est un roman grandiose, au style un peu sec et dénué de tout gras, à l'écriture simple mais loin d'être simpliste, tant elle a soulevé en moi des émotions profondes, même si négatives : tout d'abord un certain ennui pendant une bonne moitié du roman, car il est assez lent, et je ne voyais pas où les personnages ni l'auteur voulaient en venir ; du dégoût surtout, provenant de ce plongeon dans cet univers poisseux du Sud-Est des Etats-Unis, dans ce Mississippi où ne règnent que la violence, le sexe le plus souvent non consenti, la pauvreté et l'alcoolisme. Les rapports sentimentaux ne sont régis que par l'abus, la domination masculine, la pauvreté du coeur. La tristesse règne partout, même l'aspect un peu sentimental, l'amour que porte Sam à Fay, est triste : qu'aime-t-il chez elle ? Sa jeunesse, son innocence, qui lui rappellent sa fille ? L'amour d'Amy qu'il a connu et perdu ? Peut-être un peu des deux à la fois.

« Fay » m'apparaît ainsi comme un roman laid, d'où sourd pourtant quelques petits flashs de beauté, assez vite réprimés cependant. L'envie de Fay d'être aimée et protégée est belle, mais elle est flétrie, gâchée par la plupart des hommes qu'elle rencontre, même Sam dans une certaine mesure. « Fay » est un roman maîtrisé, mais il m'a trop rappelé que le monde est loin d'être un endroit sûr et fiable, ou beau. Même si je n'apprends rien, parfois j'aime bien faire l'autruche…
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