Gestionnaires et profiteurs de la Révolution

Il n'avait fallu, en cinquante-quatre ans, que quatorze ministres à Louis XV pour gérer ses finances. De son avènement à 1789, Louis XVI en consomma, quant à lui, onze. Mais en fait, il n'eut jamais qu'une alternative : gouverner avec ou sans Necker, c'est-à-dire avec un banquier, étranger par sa nature à l'État, mais commode dispensateur de ressources « extraordinaires », ou bien avec un administrateur passé par le cours traditionnel de la haute fonction publique. A cette dernière ont appartenu Turgot, Clugny, Taboureau, Joly de Fleury, Ormesson, Calonne, Bouvard de Fourqueux et Villedeuil :

Le Père Duchesne… fut l'homme de la rue, des faubourgs populaires, il sut s'abandonner aux joies simples de l'existence, respirer l'air, prendre le soleil… S'il tonna contre les accapareurs, ce fut aussi parce qu'ils renchérissaient le bon vin que les sans-culottes buvaient le décadi sous les tonnelles…

L'endogamie des élites propriétaires est une constante de l'histoire de France : elle a pour effet de dissimuler, à la fin du XXe siècle, une masse de papiers personnels considérés comme compromettants, au moins égale à celle que la Commune a détruite.

en octobre 1793, Saint-Just se plaignait : « Les bureaux ont remplacé le monarchisme ; le démon d'écrire nous fait guerre, et l'on ne gouverne pas."