Le sang dans la clairière du Mont-Valérien est celui des Résistants, celui des otages, et dans cette bande dessinée signée Bruttmann, Grande,
Efix, celui des Francs Tireurs Partisans.
Articulée plus particulièrement autour de la personnalité de Marcel Rajman,, exécuté avec les autres membres du groupe Manouchian, l'histoire se déroule de 41 à 44, et montre le parcours de Résistants souvent jeunes, souvent communistes, souvent étrangers, livres à eux mêmes, tentant de monter des opérations pour nuire à l'ennemi, et qui passent au fil des mois du collage d'affiches aux exécutions de soldats allemands, jusqu'à l'assassinat du colonel SS Julius Ritter.
Le prix à payer est considérable, torture, exécutions massives d'otages, déportations, assassinats, mais comme le dit l'un des personnages: « On sait ce qui nous attend si on est pris. On serait pas épargnés, même en faisant rien. Alors autant y aller à fond ! »
Si le dessin, assez singulier dans l'univers de la bande dessinée historique m'a déroutée, un peu « cartoon », il faut admettre qu'il convient à la personnalité des jeunes Résistants. Ils combattent dans l'ombre, certes, au péril de leur vie et de celle de leur famille -les militants juifs devant aussi composer avec les rafles et l'Opération « Vent Printanier »- mais ils sont jeunes, ont très envie de vivre, vont à la piscine, sortent… et manquent de prudence. On n'est pas sérieux quand on a 20 ans, même en 41.
Le scénario est signé
Tal Bruttmann, spécialiste de cette période, excellent vulgarisateur qui pourrait nous passionner même en racontant L'histoire de la clé à molette des origines à nos jours . J'ai aimé la structure de l'ensemble, les couleurs, et le choix des auteurs de montrer Rajman avant Manouchian, à propos duquel l'Affiche Rouge disait « « Rajman – Juif polonais, 13 attentats ». La triste litanie des noms de fusillés du Mont-Valérien publiée en début et fin d'ouvrage nous bouleverse.
Du sang dans la clairière est à lire en complément de la très documentée bande dessinée
Vivre à en mourir de
Jeanne Puchol et
Laurent Galandon (
LE LOMBARD), et nous rappelle qu'il fut important, le sang des Etrangers, à couler pour la France.
Je remercie les
Editions Ouest France pour l'envoi de cette bande dessinée (et du marque-page ) dans le cadre d'une Opération Masse Critique.