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EAN : 9782259311151
288 pages
Plon (12/01/2023)
4.23/5   63 notes
Résumé :
Jeune caricaturiste de presse juif allemand, Leonard Stein est réfugié sur la Côte d'Azur, lorsque la guerre le rattrape à l'été 40. Arrêté par les gendarmes français, il est envoyé aux Milles, près d'Aix en Provence. Cette ancienne usine de tuiles peuplée d’un millier d’étrangers « indésirables » transformée en un effroyable camp d'internement est aussi paradoxalement un centre de culture et de création, rassemblant intellectuels et artistes de Max Ernst à Hans Bel... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (42) Voir plus Ajouter une critique
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Les Milles, voilà qui ne m'évoquait strictement rien avant de lire ce livre.
Maintenant, je ne pourrai plus penser à ce nom sans qu'un frisson me parcoure l'échine.
Les Milles … camp d'internement français, situé près d'Aix-en-Provence.
Ariane Bois raconte avoir visité ce site, une ancienne tuilerie, avant son ouverture au public en 2012, et en avoir été profondément marquée. Cela au point qu'elle a souhaité y retourner quelques années plus tard, elle y a alors puisé son inspiration pour écrire un roman qui mêle personnages réels et de fiction.
L'autrice nous fait découvrir le fonctionnement de ce camp, le profil des personnes qui y sont retenues, d'abord des « sujets ennemis », puis des « indésirables » (de juillet 40 à juillet 42) et pour finir en 1942, le camp se transforme en camp de déportation vers Auschwitz (cinq convois y partiront).
D'abord camp pour hommes, il accueille ensuite femmes et enfants dans des conditions sans cesse plus déplorables, sous commandement français.
Ce camp a eu la particularité de rassembler de nombreux intellectuels et artistes comme Max Ernst, Franz Meyer et Karl Bodek qui a dessiné des fresques murales toujours visibles. L'Art pour s'évader, rester humain, …
Beaucoup personnes, d'associations, vont graviter autour de ce camp pour aider les internés, parfois réussir à en sauver quelques-uns en leur accordant un visa, un certificat de baptême, ou en les aidant à s'évader. Plusieurs seront ensuite reconnus Justes parmi les Nations.
C'est un formidable travail de recherche historique qu'a réalisé Ariane Bois, elle a redonné vie, une identité et une dignité à tous ces internés, j'ai tourné les pages le coeur serré à la lecture de leurs peurs, de leurs espoirs déçus, des maladies, des conditions de vie et d'hygiène, …
Je mettrai cependant un bémol, j'ai été moins convaincue par les personnages fictifs de Léo Stein et Margot Keller. J'ai parfois eu un peu de mal à croire à cette histoire d'amour au milieu de tout ce malheur et de cette détresse. L'arrivée également de personnes connues dans le camp par Léo et Margot (je n'en dirai pas plus pour ne pas spoiler) m'a également laissée dubitative.
La fin m'a semblé un peu trop heureuse et pas vraiment représentative du destin de ces milliers de malheureux qui ont transité dans ce camp ou en sont sortis les pieds devant.
Un roman très intéressant et enrichissant qui lève le voile sur ce pan honteux et méconnu de l'histoire de France. Il m'a cependant manqué un attachement aux personnages principaux pour être complètement touchée.
Je vous invite en tout cas à découvrir le site des Milles (sur internet ou géographiquement) qui permet d'en apprendre un peu plus sur la vie de ce camp méconnu.
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J'ai vécu deux ans à Aix en Provence, au début des années 1980, pour mes études. Des Milles je ne connaissais que la zone industrielle et commerciale, et encore, de nom seulement. C'est donc avec un grand étonnement que je découvre que cette banlieue d'Aix à abriter un camp pendant l'occupation allemande, tant il est vrai que l'histoire que nous apprenons (apprenions ?) à l'école ne fait (faisait) pas grand bruit sur cet aspect pas glorieux de notre histoire, à part pour mentionner Drancy.

Ariane Bois place son roman historique dans ce cas situé dans la France dite libre et gérée par les Français. C'est là qu'à partir de 1940 sont parqués des réfugiés de plusieurs nationalités, dont des Allemands opposés à Hitler ou des Espagnols ayant combattu puis fui la guerre d'Espagne, mais aussi des juifs de toutes nationalités, plus particulièrement d'Europe de l'Est. C'est là que Léo, jeune caricaturiste de la presse d'opposition, va se retrouver après avoir été arrêté par la police française, alors qu'il avait trouvé légalement un refuge à Sanary sur Mer. Personnage de fiction le jeune artiste va y côtoyer ou y croiser, des personnages illustrent ou d'autres plus modestes qui pourraient être qualifiés de Justes. Il y rencontrera aussi l'amour avec la belle Margot, issue d'une famille juive et qui se dévoue nuit et jour pour aider les réfugiés persécutés, notamment les femmes et les enfants.

L'auteure nous plonge dans l'univers de plus en plus inhumain de ces camps, au fur et à mesure des renoncements de gouvernement de Vichy face à l'occupant allemand. Elle nous décrit avec brio les émotions et sentiments qui traversent ses hommes privés de liberté parce qu'ils se sont exprimés contre la tyrannie. Ariane Bois raconte la colère, l'incompréhension, la solitude, la lutte quotidienne pour survivre, mais aussi la solidarité, l'entraide, les petites joies, les activités pour occuper le temps et/ou gagner un peu d'argent, les difficultés des démarches pour obtenir des papiers, un visa, une place sur un bateau pour s'exiler loin de l'Europe en guerre. On vit avec Léo la montée de l'horreur, de l'incommensurable. On tremble pour ces hommes, puis ces femmes et ces enfants lorsque le camp les « accueillera » aussi avant les trains vers Drancy puis les camps de concentration.

Mais il y a ces moments de bonheur volés à la violence de la guerre : l'éclosion d'un amour réciproque et passionné, des instants de douceur, le sourire d'un enfant, les dessins et la peinture de cette fresque dans le réfectoire.
Le style est sobre et élégant. Les descriptions sont réalistes, lumineuses comme le ciel de Provence ou sombres comme la noirceur de ces temps. le rythme du récit varié : lent comme le temps qui ne passe pas dans ce camp d'internement il s'accélère quand la tension monte, devient haletant. On vibre à chaque moment, partage les espoirs et les déceptions de Léo. La colère s'infiltre en nous, les larmes coulent. La honte aussi.

Ariane Bois nous livre ici un roman très fort, et un vibrant hommage à ces hommes et ces femmes qui ont gardé espoir, se sont battus. Il y a nos deux héros imaginaires, mais c'est aussi l'occasion de mettre la lumière sur ceux qui ont vécu cette période : des artistes comme Max Ernst, des résistantes comme Hélène Taich, des justes comme le Pasteur Manen.

Il est clair que la prochaine fois que je passe du côté d'Aix-en-Provence je ferai une étape au Musée Mémorial du camp des Milles.

Merci à Babelio et aux Éditions Plon pour cette Masse Critique Privilège. Et merci à Ariane Bois pour ce roman qui fait vivre une mémoire qui ne devrait jamais s'éteindre.
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L'autrice raconte le camp des Milles, qui fut le plus grand camp d'internement d'étrangers, en France, pendant la Seconde Guerre mondiale

Installé dans une ancienne briqueterie près d'Aix, il n'était bien évidemment pas adapté à recevoir des milliers de personnes, même si quelques commodités existaient à l'inverse d'autres camps qui n'avaient pas même un toit !

Beaucoup d'allemands, réfractaires au régime nazi, artistes, écrivains mais aussi réfugiés d'autres pays tombés sous la coupe d'Hitler, bien souvent juifs ou communistes. Ennemis d'Hitler ils l'étaient aussi du régime de Vichy.

Le roman se déroule en 1942, peu de temps avant l'invasion de la France libre. Ariane Bois décrit plus particulièrement le quotidien de Leonard, jeune caricaturiste allemand, réfugié à Sanary avant les Milles.

Beaucoup d'intellectuels et d'artistes sont passés par ce camp qui était le plus grand du Sud, ce qui a permis le développement de la culture et la création comme sauvegarde. Leonard va rencontrer une jeune juive française qui travaille dans un réseau de sauvetage.

Je trouve que toute la partie “roman d'amour” a pris trop place dans l'histoire et qu'elle n'était pas nécessaire pour décrire tout ce qui a été entrepris pour le départ de réfugiés, pour éviter la déportation, choses qui furent réelles et dont le déroulement est un peu passé à la trappe !

J'aurais préféré y trouver les démarches et événements qui ont permis à diverses personnalités des arts et de la littérature à fuir loin de la France.

Mais ce roman reste un bon témoignage de la vie aux Milles, plus facile à aborder par le grand public qui bien souvent ne connait même pas l'existence des camps d'internement français.

#Cepaysquonappellevivre #NetGalleyFrance

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Dans une interview, Ariane Bois confie qu'elle aime "raconter des histoires inattendues dans une période que l'on croit vraiment très bien connaître" ; elle dit également qu'elle aime "raconter des histoires de gens oubliés de l'Histoire", et c'est exactement ce qu'elle fait dans ce livre.

La Seconde guerre mondiale, la Shoah, vous avez certainement lu quantité d'ouvrages sur ces sujets. Mais avez-vous entendu parler du camp des Milles ?
Ce camp, situé tout près d'Aix-en-Provence, était un camp d'internement et de déportation conçu par des Français et administré par des Français.
Au début de la guerre, le gouvernement radical-socialiste d'Édouard Daladier prit la décision d'y enfermer les ressortissants du Reich, considérés comme "sujets ennemis", alors que la plupart étaient venus en France pour fuir le nazisme. Nombre d'entre eux seront ensuite déportés vers Auschwitz, dont de très jeunes enfants.
Cet épisode honteux de l'histoire française sert de trame à cet ouvrage.

En bonne journaliste, Ariane Bois s'est beaucoup documentée et a visité les lieux à de nombreuses reprises pour s'imprégner de l'atmosphère. À partir de ce travail, elle a bâti une fiction très réaliste.
Elle s'est inspirée de personnages réels, en a créé d'autres, mais finalement, le personnage principal de son ouvrage est le camp lui-même.
Ce camp est un monstre qui a sa vie propre ; il respire, avale les hommes et les recrache. Ce camp n'a aucun état d'âme et broie ceux qui y sont enfermés.

Merci à Ariane Bois d'avoir mis en lumière cet épisode méconnu de notre histoire. Méconnu car peu glorieux...
L'État français a failli. Il a trahi ces gens qui s'étaient réfugiés dans la patrie des droits de l'Homme et se croyaient en sûreté en zone libre. Il les a livrés aux nazis.
Quelle ignominie !

Grâce à Babelio, que je remercie infiniment, j'ai participé à une rencontre passionnante avec Ariane Bois, au cours de laquelle elle a raconté la genèse de ce roman et son contexte historique.
J'ai eu la chance, avec une autre membre de Babelio, d'échanger un peu avec elle après la rencontre et ce fut un réel plaisir de parler avec une écrivaine disponible et d'un abord très simple. Nous avons parlé de son livre, naturellement, mais plus largement de lecture et j'ai découvert avec joie qu'Ariane Bois et moi partagions la même admiration pour Joyce Carol Oates.
C'est là toute la magie des rencontres organisées par Babelio !
Merci également aux éditions Plon.
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Dans l'enfer des Miles, un camp d'internement et de déportation du Sud de la France, Léo survit. Son ancienne vie de dessinateur de presse lui semble tellement loin. Comment continuer à garder la tête haute, à espérer en un avenir meilleur ? Comment ne pas sombrer… Léo trouve un sens à cette vie dans les yeux amoureux de Margot, dans l'accolade d'un ami ou dans la beauté d'un tableau…

Je connais l'écriture sensible d'Ariane Bois. Je connais son sens aiguë de l'histoire et cette façon subtile de partir du réel pour nous emmener dans la fiction…

De cette terrible seconde guerre mondiale, on croit avoir tout lu, tout entendu… Et pourtant, il reste toujours des épisodes inhumains à découvrir.
Les camps français font partie, pour moi, de ceux-là. Les excuses derrière lesquelles l'administration se cachaient pour justifier ses actes sont honteuses et ridicules.

Heureusement, dans cette horreur, il y a de belles histoires. Celles qu'écrivent des individus comme Léo ou Margaux, qui malgré les doutes, les blessures, les coups bas, pensent d'avantage aux autres qu'à eux-mêmes. Ceux qui se réchauffent auprès d'un coeur amoureux, ou d'une main amicale. Ceux que le courage galvanise et transporte…

Ceux qui d'une petite flamme font un feu de joie…
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critiques presse (1)
LeMonde
03 mars 2023
Ce livre ressuscite aussi avec force l’intense vie artistique et intellectuelle du camp – les peintres Max Ernst et Hans Bellmer ou le musicien Max Schlesinger y furent internés. Un récit vif et poignant sur ces exilés trahis par la France de Vichy.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
À Vichy, des assassins de papier se réveillent dans leurs lits, embrassent leurs femmes, chérissent leurs enfants. Le crime a lieu loin d’eux.
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Ils évoquent encore le Mexique et se souviendront longtemps de cet après midi au goût de chocolat, bien au chaud, si loin du tumulte.
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L’enfance est un pays éphémère dont on est chassé très tôt.
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Il s’est remis à utiliser ses crayons, son arme contre l’absurdité des jours, dans cette mer de briques.
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Par la grâce d’une carte, il redevient l’enfant de la librairie paternelle, le temps d’un instant.
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Videos de Ariane Bois (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ariane Bois
Ariane Bois nous fait découvrir, grâce à ses personnages Léo et Margot, le Camp des Milles, le plus grand camp de concentration et d'internement situé en zone libre, près d'Aix-en-Provence.
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