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Alice Butterlin (Autre)
EAN : 9782494054004
128 pages
Le Gospel (17/10/2022)
4.42/5   6 notes
Résumé :
Et si le sommeil était le dernier territoire préservé ? Alice Butterlin écrit de son point de vue de jeune femme asphyxiée par la réalité qui peu à peu se réfugie dans les heures défuntes : celles où notre corps s’endort et navigue entre rêve et réalité. On la suit d’un parc londonien envahi par les chauves-souris aux tours ancestrales du Paris gothique, d’une ville abandonnée aux rayons d’un supermarché remplis de produits périmés en passant par les pelouses impecc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il y a des lectures pour lequel chaque page compte au moins triple, tant elles semblent vides… Les heures défuntes ont été de celles-là pour moi, et les malheureuses 120 petites pages m'ont semblé un véritable pavé tant je n'ai pas réussi à y trouver un point d'accroche.

Il me serait difficile de dire de quoi parle ce livre. Il est composé de XIV sections, indépendantes les unes des autres. Alice Butterlin y évoque quelques souvenirs d'enfance ou d'adolescence, en les liant la plupart du temps à la musique, à la musique qu'elle aime, et qui m'est totalement inconnue. Cela n'a sans doute pas facilité mon entrée dans son livre. Il y a aussi au centre (section VIII) quelque chose qui ressemble à un récit fantastique, avec trois personnages distincts, dans trois parties, qui semblent quelque peu se rejoindre dans la dernière partie.

J'ai été quelque peu effarée par le contenu de ces textes. Alice Butterlin nous confie par exemple, qu'elle est arrivée à trouver les Sims d'une certaine vacuité :

« Simuler la vie était amusant pendant un temps, mais très vite, la monotonie d'actions répétées à l'infini commençait à m'ennuyer. Regarder les avatars prendre leur douche ou manger de faux raviolis n'était plus aussi grisant ».

Sacrée découverte, et grand merci à elle de communiquer une vérité aussi insaisissable à ses lecteurs.

Elle partage avec nous quelque chose qui semble une véritable révélation : les oeuvres d'art en vrai, c'est quand même autre chose que sur Instagram :

« Et là, les paumes vides et le corps redressé, j'ai recollé tous les morceaux de l'image qui flottait jusqu'alors dans mon cerveau en pièces détachées. J'étais émue, enfin, parce que j'avais le temps de l'être ».

J'imagine que dans sa génération (elle est née en 1995) prendre du recul par rapport aux jeux vidéo et aux réseaux sociaux est une grande étape, qui marque une forme de sortie de l'adolescence. Mais c'est un peu maigre pour un(e) lecteur (trice).

Quoique… Je viens de finir il n'y a pas longtemps le roman lumineux de Mario Levrero, dans lequel l'auteur n'arrive pas à se détacher de tout ça. Et les jeux auxquels il joue sont encore plus mécaniques, comme par exemple des réussites. Mais voilà, il y a un vrai projet derrière, et surtout des moyens, c'est à dire une écriture. Et celle d'Alice Butterlin, malgré l'ambition affichée (« une langue riche et symboliste » dit la quatrième de couverture) m'a paru indigente. J'ai déjà été très agacée par des nombreuses expressions anglaises insérées dans son texte. Je sais bien que les jeunes de maintenant parlent comme ça, mais dans un texte qui a des ambitions littéraires, c'est pénible. Ensuite, incontestablement, elle tente d'utiliser des mots et des tournures de phrases qui « font littéraire ». Mais c'est à mon sens très artificiel, maladroit, plein de clichés et de facilités. Un peu comme dans une copie de lycéen ou d'étudiant qui s'applique à rendre un bon devoir, un peu léché, qu'il pense correspondre à ce que son professeur attend. Qui sort quelques belles formules qui lui paraissent résumer les grandes vérités de la vie, mais qui sont des banalités un peu creuses.

Quelques exemples :

« On se demande s'il faut s'être retiré du monde pour le voir plus clairement ».

«  La musique semble toujours vaciller entre la vie et la mort. »

Dans la dernière section elle nous sort même Kierkegaard...

Je vais m'arrêter là, j'ai déjà été très dure avec ce premier livre. Et il y a quelques petites choses qui pourraient peut-être, à condition d'être reprises autrement (et surtout écrites autrement) donner quelque chose. Je pense par exemple à une section dans laquelle elle commence à décrire un séjour aux USA, où un séjour sur la côte atlantique. Mais ce ne sont que de tous petits moments, très vite gâchés.
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« Les Heures Défuntes » est un de ces récits singuliers et brillants que l'on n'a pas l'habitude de lire.

La narratrice vit à demi dans son esprit et à demi dans la sensation du corps, mais n'est jamais active (physiquement) dans ce récit. Elle partage ses réflexions sur l'art, sur la société, sur le monde et sur elle-même, ses idées oscillant sans cesse entre rêve (éveillé ou non) et fiction, et journal intime où elle se réfugie. Tout prend place dans son cerveau.

C'est un récit brillant qui repousse les limites de l'inconscient et qui explore le cheminement et le flux des pensées, les réflexions les plus profondes et les rêves. La narratrice nous tient par la main dans ce voyage introspectif, entre onirisme et critique avisée du monde.

On y retrouve des réflexions éclairées sur l'art et sur ce qu'il signifie, ce qu'il évoque et comment il peut s'imprimer d'une manière plus intime dans un esprit, dans un corps, comment il peut être l'excroissance logique et sensible du corps et de ce dont on n'a pas conscience au fond de nous. La catharsis de l'art.

C'est l'occasion de porter attention à l'art underground et tous ces artistes « cachés » qui parlent une langue étrange et décalée, utilisent l'art comme un pharmakon, une seconde peau qui découle naturellement d'eux. On a envie de les découvrir après qu'Alice Butterlin a scanné leur création comme une sorte de fatalité, une muse naturelle imprimée en eux et qui donne une forme aux paysages intérieurs que l'industrie de la musique tente de maîtriser, de capitaliser et de standardiser.

C'est une littérature puissante, poétique, riche d'images, de symboles et de métaphores. La langue d'Alice Butterlin s'imprime comme du slam qui nous emmène dans le tourbillon névrosé, imaginaire et pop de la narratrice, et qui continue à nous bercer une fois le livre refermé. Elle nous invite à redéfinir notre vision du monde.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
J'avais découvert que l'on considérait l'intestin comme le "deuxième cerveau" du corps humain. L'intelligence ne se trouvait donc pas seulement derrière le front, elle pouvait être viscérale, prendre racine dans le microbiote dansant près des boyaux. Moi qui avait passé la moitié de ma vie à torturer cet organe, à le calciner sans cesse dans le bûcher de tourments adolescents, voilà qu'il prenait de l'importance.
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