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4,08

sur 2979 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un des livres qui m'a le plus profondément marqué.
Giovanni Drogo passe une vie à attendre...sa raison de vivre.
L'auteur hypnotise littéralement le lecteur, tandis que Giovanni Drogo déroule sa carrière militaire sculptée dans la routine.
Fascinant.
Buzzatti fait partie de ces très rares écrivain, qui vous captivent avec quasiment rien.
De l'art, vous dis-je.
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Il y a les livres et les genres qu'on croit aimer... et il y a ceux qui se revelent à nous à travers les lectures qu'on se trouve avoir fortement apprécié. Quand je vois que certains se plaignent par rapport à ce livre de l'absence de rythme, que rien ne se passe réellement, que tout se traîne... Quand je vois qu'a contrario j'ai parmi mes lectures coup de coeur des livres comme La Montagne magique de Thomas Mann ou L'automne du patriarche de Garcia Marquez, qui ne sont pas caractérisés par leurs rebondissements à outrance... Je me dis que ce desert des Tartares a du m'appeler du fond de sa desolation, pour me faire en garder le bord aux côtés de Drogo.

Car avec son style à la fois épuré et soigneusement étudié, c'est à accompagner son héros dans l'attente que nous invite Buzatti. L'auteur sait qu'on attend tous que quelque chose nous arrive... On
essaie de se placer au bon endroit au bon moment mais on ne maitrise pas toujours grand chose. C'est donc une métaphore particulièrement saisissante que nous offre ici l'auteur transalpin. Une réflexion profonde sur le temps qui passe, nous dépasse et nous laisse démuni quand on se rend compte que si nous attendions quelque chose, lui ne nous a pas attendu.

Et le plus ironique, c'est que pour apprécier pleinement l'ouvrage, il faut soi-même être disposé à attendre... sans rien attendre. Sans doute une lecture proche d'un confinement imposé plus que choisi a bien trouvé son moment pour ce genre de réflexion...

Alors il y a plusieurs rebondissements... Pas de ceux des thrillers qui supposent que nous suspendions notre incrédulité pour vraiment nous plonger dans l'histoire... mais suffisants pour apprecier un dénouement peut-etre prévisible mais en totale coherence avec le propos.

Voyageur à la recherche d'une oasis, mesurez bien surtout votre capacité à affronter le désert, meme littéraire. Comme le desert géographique et concret, il nous apprend avant tout quelque chose sur nous-mêmes.
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Coucou les ami(e)s, prêts pour la relève ? Alors, nous allons suivre le jeune Giovanni Drogo, qui vient d'être promu officier ! Ah, comme il est fier de cette première affectation ! C'est tout heureux d'en avoir enfin terminé avec ses études, tout fringant, qu'il quitte le foyer familial pour rejoindre le Fort Bastiani !

Eh bien, ça commence assez mal ; avant d'y arriver, lorsqu'il s'aperçoit que ce fort se trouve dans un coin totalement isolé, il commence déjà à regretter ! Pour être honnête, le bâtiment semble vieillot, lugubre, et Giovanni ne cache pas sa déception à son supérieur ; mais de la fenêtre, il aperçoit le désert qui le fascine, et le capitaine lui indique qu'il n'est certes pas obligé de rester au fort, mais qu'il serait quand même mieux pour sa carrière qu'il y reste quatre mois au bout desquels il pourra se faire muter ailleurs avec un certificat médical !

Vous conviendrez que quatre mois, ce n'est pas le bout du monde, et quand on brigue une belle carrière militaire, on se doit de faire un petit effort.

Giovanni commence à s'acclimater à la vie du fort, il y prend ses habitudes, il a ses petites manies, et les quatre mois vont finir par passer ; enfin, la visite médicale tant attendue arrive ! Et voilà, encore une fois, Giovanni va écouter le médecin et il va finir par rester, mais pour quelques temps seulement…

Et ainsi, le temps passe, chaque militaire compte partir un jour, mais ne serait-ce pas un échec ? La plupart des militaires est fascinée par le désert, qui sait, un jour les Tartares attaqueront peut-être, il serait dommage de rater ça ! Et puis, quand vous êtes parti des années, trouve-t-on encore sa place dans la ville qu'on a quitté ?

Bref, une belle réflexion sur les habitudes et les rêves qui vous tiennent, et qui parfois peuvent vous briser lorsque vous n'y croyez plus ; sur le temps qui passe jusqu'à ce qu'il soit trop tard, sur la raison de vivre… Un roman magnifique !

À lire dans un fort de votre choix, près d'un militaire ou au milieu du désert, en grignotant des beignets parfumés à la cannelle accompagnés d'un thé à la menthe. Bonne lecture !


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L'idée du "Désert des Tartares" serait venue de l'image de l'attente routinière de l'événement chez les journalistes de "la corriere della serra" dont Buzzati, faisait partie.

Le sergent major Tronk, spécialiste du règlement, est l'incarnation de cet ordre tatillon qui enferme l'individu dans un carcan d'interdits et de devoirs dont il accepte, sans la contester, la règle.
Et au nom de la règle tous les tromperies sont permises.
"Ici,c'est comme en exil, il faut bien trouver une sorte de dérivatif, il faut bien espérer quelque chose. quelqu'un s'est monté la tête; on s'est mis à parler des Tartares. Dieu sait qui a été le premier à en parler...".
Il vaut mieux faire semblant d'y croire, comme bien d'autres...
Comme Prosdocimo, qui s'obstine à présenter son séjour, comme provisoire après 15 années.
Le mirage est trop fort et chacun semble y succomber.
Drogo, plus que les autres, nous donne l'exemple de cette victoire progressive de l'illusion sur la réalité. D'ailleurs, l'illusion de l'héroïsme se confond, pour lui avec l'illusion de départ :
" peut-être pour se prouver à lui-même qu'il était vraiment libre et tranquille".
Il croit ou - feint de croire - que l'ennemi finira par arriver,que quatre mois avaient suffi pour l'engluer...".
Il croit -ou feint de croire- qu'il pourra toujours quitter le fort quand il le voudra.
Un envoûtement insidieux s'est emparé de lui dans la forteresse Bastiani, comme Hans Castorp, le jeune bourgeois de la montagne magique
de Thomas Mann a été pris par l''enchantement du sanatorium de Davos.
Victimes d'une illusion qu'ils contribuent à entretenir, d'un mensonges dont ils sont dupes, d'un malentendu qui brouille la réalité.
Les personnage du désert des Tartares et Giovanni Drogo, plus particulièrement, semblent se débattre dans un mode d'erreurs...
Illustrations métonymiques, d'une erreur essentielle qui est celle de l'homme et de son comportement face à la vie.
Il ne s'agit pas là de glisser en arrière plan des circonstances favorables à l'erreur, mais de recentrer l'intérêt sur la question ontologique de l'identité de l'homme et de sa place dans l'univers.
Selon Dino Buzzati, l'homme "est une créature erronée
Les tartares, un mensonge? le désert, un mirage? L'attaque, un mythe? Qu'importe car ces figures de l'erreur sont indispensables au précaire équilibre qui unit l'homme au monde.
Buzzati rejoint Camus dans l'illustration du thème de l'absurde et exprime son obsession du temps "qui passe et qui dévore" et de la désillusion qui arrive toujours.
Triste consolation, mais c'est bien au moment de la mort que les hommes comprennent les choses, un peu comme "Le K" du pêcheur Stéfano, qui a fui toute sa vie le poisson monstrueux, alors que celui-ci tenait à lui délivrer la clé de l'existence.
Et Brel chanta Zingras...
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Admirable roman pour parler du vide et de l'attente. Deux thématiques difficiles mais Buzzati réussit son pari en nous faisant suivre la destinée d'un militaire dont la vie échoue dans un fort aux portes du désert. le désert des Tartares (voir les définitions mythologiques des grecs aux chrétiens) .
Sa vie est faite d'attente et d'actions simples, rythmées, quotidiennes.
Un roman très surprenant, à la limite du réel mais pourtant bien réaliste sous certains aspects.
Histoire triste de celui qui attend, au nom de certaines vanités mais aussi de la suffisance, et consacre sa vie à une cause dont l'avènement n'arrivera pas ou trop tard.

Excellent souvenir de lecture.

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C'est la force des très grands livres que de pouvoir se plier à de multiples interprétations. J'ai lu le désert des Tartares à une période de ma vie où, jeune adulte, je ne savais pas trop quelle orientation donner à ma vie et où je me laissais un peu aller. C'est un livre qui m'a été d'un grand secours. le héros gâche sa vie dans un fort éloigné de tout dans l'attente d'une guerre improbable. Il pense qu'il a toute la vie devant lui et laisse passer une à une toutes les opportunités de bonheur. On le voit ainsi renoncer à son amour de jeunesse, de crainte qu'il ne le prive de la gloire qu'il recherche. Naturellement, au moment où celle-ci pourrait enfin se présenter, il s'aperçoit que son temps est révolu...
Cette histoire m'a fait comprendre qu'il faillait rapidement que je me décide avant qu'il ne soit trop tard ! Certes, le désert des Tartares, l'oeuvre la plus célèbre de Buzzati devenue un classique de la littérature, possède un sens plus profond que celui que je lui accorde. On y trouve en effet une réflexion poignante sur le temps qui passe : le but poursuivi à son insu par le héros n'est pas la gloire, mais la mort, car dans un monde où toutes les questions essentielles restent sans réponse, le temps nous entraîne fatalement vers cette seule réalité. Mais permettez-moi de garder ma première impression et de continuer à penser que le désert des Tartares m'a servi d'électrochoc. Après cette lecture, je n'étais plus le même ; j'ai pris vraiment les choses en main. C'est en cela que les livres nous sont indispensables : ils nous aident à vivre.
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Le lieutenant Giovani Drogo a de l'allant et l'espoir d'une vie d'aventures alors, quand il décroche un poste sur la frontière au fort de Bastiani, c'est l'agence tous risques qui lui tend les bras et il envisage le meilleur. La vie en première ligne a ceci de palpitant que l'on ne sait jamais ce qu'il va se passer dans l'heure.
Il coche toutes les cases du gars kinenveut, sérieux, obéissant et ambitieux: une carrière militaire et des filles qui lui tendent les bras.

Mais, passé le charme de la nouveauté, avec la découverte de la forteresse et de ses habitants, on lui cache des choses et on l'intalle dans un quotidien triste comme un restaurant sans clients.

C'est "Un jour sans fin", le film de Harold Ramis avec Bill Murray et Andy McDowell, mais sur un ton poétique et pessimiste.
Un confinement qui durerait des années.

Comment ne pas voir une allusion à sa propre condition. Les choix dont on ne satisfait pas. L'enfermement. Passer sa vie à la perdre. C'est du Cioran dans l'esprit.
Buzzati a mis un tigre dans son moteur mais il ronronne tout en menaçant de se réveiller quand la fin approche.

J'ai été enchanté par l'ambiance parfois fantastique mais j'ai aussi subi le message subliminal qui m'a bien secoué.

Un spleen 5 étoiles.
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« Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant.
Au fort de Belonzio qui domine la plaine.
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros ! »

Impossible de débuter la lecture du « Désert des Tartares » sans songer à la chanson de Jacques Brel, ce qui n'a rien d'étonnant puisque ladite chanson, « Zangra », a été directement inspirée du roman de Dino Buzzati. Voyez plutôt. Nous sommes au fort de Bastiani, citadelle délabrée et située en marge de toute civilisation. En face s'étend le désert des Tartares, immense étendue de pierre blanche où jadis rôdaient de terribles barbares mais où pas un signe de vie n'a été détecté depuis maintenant des siècles. Pourtant le fort est toujours là et la garnison attend. Qu'attend-elle ? Nul n'a l'air d'en être tout à fait sûr et surtout pas le lieutenant Giovanni Drogo, jeune officier tout droit débarqué de la ville et dans les rêves martiaux s'effritent peu à peu aux murailles poudreuses de Bastiani.

La vie au fort est si terne, le temps si long, les jours si gris… Alors pourquoi notre jeune lieutenant refuse-t-il sa mutation quand, après quatre pénibles mois de service, le médecin de la citadelle lui propose aimablement de le faire porter pâle pour retourner à la ville ? C'est que Drogo espère et que, tout au fond de lui, il sait. Il sait que, tôt ou tard, apparaitra sur l'étendue blanche du désert un petit point noir, que ce petit point noir grossira pour devenir une tache, puis cette tache deviendra une armée, une armée hurlante et grouillante qui s'abattra sur les murailles de Bastiani. Alors, Drogo se dressera, seul rempart entre la barbarie et la civilisation, il saura se battre et vaincre, et son nom rentrera pour toujours dans l'Histoire de son pays. Qu'importe quelques mois ou quelques années perdus, Drogo n'est-il pas encore jeune ? N'aura-t-il pas le temps, une fois sa gloire assurée, de goûter les plaisirs de la vie et de l'amour ? Regardez-le, notre beau lieutenant ! Regardez-le sur ses remparts, le manteau claquant sur ses épaules et le poing sur la hanche, magnifique et tragiquement inconscient, il attend l'ennemi qui le fera héros.

Ben, voilà, maintenant j'ai le cafard. Grand merci, monsieur Buzatti, vraiment ! C'est bien gentil de votre part d'écrire des chefs-d'oeuvre, mais pourquoi les faire si tristes, si sombres, si désabusés ? Pas besoin d'avoir la fibre militaire pour s'identifier au malheureux Drogo, tant son histoire est semblable à celles de millions d'autres hommes qui, dans l'attente d'un destin fabuleux mais incertain, laissent leur vie leur glisser entre les doigts. Qui que vous soyez, « le désert des Tartares » vous parlera et vous plombera le moral, car si nous ne pensons pas être des Drogos, nous craignons tous un peu de le devenir un jour… Superbement écrit et franchement désespérant.
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J'ai toujours eu l'intime conviction que c'est les livres qui nous choisissent et je viens d'en avoir la certitude. J'ai remarqué le désert des tartares une première fois il y' a un an chez mon bouquiniste, attendant avec patience un lecteur, à la même place, sur la même étagère. Mais à chaque passage, mes envies allaient ailleurs…J'en avais entendu parler bien sur, mais je pensais que c'était un livre qui raconte une guerre; ce n'est pas que je n'aime pas ce genre de livres, mais je n'étais pas d'humeur. Il y' a deux semaines, ma main, je ne sais pourquoi, s'est tendue vers lui. En lisant le résumé, le choix de ma prochaine lecture a été fait et ce fut le moment parfait. Dans ce récit, Dino Buzzati nous raconte le destin d'un lieutenant affecté à un fort, un fort qui s'avère être presque abandonné. Toute sa garnison est en attente, l'attente de la guerre, de la gloire, de la reconnaissance. L'univers est lourd oppressent, angoissant…Un récit allégorique qui nous renvoie à nos choix, nos attentes, notre destin. Je me suis toujours posé cette question : où fini l'obstination et où commence l'acharnement ? Une fois engagés dans une voie, peut –on revenir ? Faut-il continuer ? Attendre jusqu'à quand ? Je ne pense pas que Dino Buzzati veuille nous donner des réponses, mais nous amener à y réfléchir. Ce livre peut avoir autant d'interprétations que de lecteurs, autant d'émotions que de sensibilités : il est universel… Après avoir refermé la dernière page, je me suis dit que peu importe le choix, la fatalité et le destin sont plus fort que nos espoirs et nos attentes, il faut juste les accueillir avec dignité. Lecture marquante, un livre à lire et à relire.
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Affecté pour deux ans au fort Bastiani en cours d'abandon, le jeune lieutenant Giovanni Drogo va succomber à une rassurante routine, ses désirs de guerre, de gloire ou d'évasion écrasés sous le carcan militaire et c'est aigri et malade qu'après la fuite des années il y terminera sa triste petite existence.

J'ai adoré ce style simple qui sent terriblement le vécu et m'a rappelé des sensations de mon service militaire.
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