Décrire les habitus universitaires risque de heurter son auteur à une comparaison avec
David Lodge ou avec la plume bien plus acérée de
Claude Pujade-Renaud et de
Daniel Zimmermann dans "
Septuor".
Les lecteurs habituels des écrits universitaires
Rémy Cabrillac découvriront, sous réserve de parvenir à surmonter les obstacles d'une très mauvaise distribution de l'ouvrage, une plume dédiée tout autre type de littérature.
Ce premier roman entend brosser les conditions de la recherche universitaire en droit, à la fois affectueuse et ironique selon la 4° de couvertre. Pour ce faire, l'auteur utilise une palette de personnages. Chacun d'eux représente un archétype du monde universitaire.
Cette galerie de portraits rassemble, à traits -trop- forcés, des figures allant du maître de conférences dont l'ego n'a d'égal que sa médiocrité intellectuelle, en passant par celle du professeur vieillissant réputé tout autant par ses publications que par ses liaisons estudiantines, d'un ses pairs plus jeune mais tout aussi caricatural par son corset bourgeois et son aspiration à une prochaine députation, jusqu'à la killeuse homosexuelle, érudite et cortiquée ainsi que son ami, brillant, humain, distancié, marié et père de famille.
La toile de fond s'appuie sur le projet, l'organisation et le déroulement d'un symposium (forme pourtant rare en droit mais "ça fait plus chic que colloque tout de même, non ?") porté avec ténacité par René Dablond.
Loin du désintéressement censé la gouverner, la Recherche se construit des caprices des uns et des autres, des jeux mesquins et des chassés-croisés amoureux. "
A la recherche" trouve son épilogue sur l'île Rodrigue en forme de clin d'oeil à "Chercheur d'or".
L'épilogue atténue la lourdeur des personnages condensée sous les traits de "ce René Dablond, lecteur de Pierre Bourdieau [Bourdieu], maître de conférences de facultés de droit !". Si Dablond n'est pas un 'Héritier', son pygmalion a peut-être trop bien -ou pas assez?- intégré les mécanismes de la "Reproduction" pour rendre son personnage sympathique.
La peinture de ce "tout petit monde" est la fois en delà et en deçà de réalité universitaire française, excessivement caricaturale pour ses personnages et insuffisamment cruelle dans la description de leurs rapports.