AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,02

sur 2164 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le Baron perché se situe à la lisière entre roman et conte philosophique. En tous cas, les références – plus ou moins cachées – à de grands maîtres de la philosophie sont nombreuses dans cet ouvrage d'Italo Calvino.

L'argument principal pourrait se résumer ainsi : si Socrate dispensait ses enseignements sous un arbre, Côme, lui, choisit de partir vivre dans les arbres et apprend, en autodidacte, à regarder les hommes et leurs vies avec plus de hauteur et de détachement. le Baron perché raconte l'itinéraire initiatique assez original d'un pré-adolescent, qui va découvrir la vie et se découvrir lui-même en observant ses congénères avec de la hauteur, au travers des branches des arbres, jusqu'à devenir un vieillard entêté et néanmoins idéaliste.

Le livre est construit non seulement à partir de références philosophiques mais c'est aussi une variation sur un thème bien connu de l'ethnologie, celui des jeunes garçons, qui, au moment de la préadolescence, ressentent le besoin, pour s'affirmer, de monter dans les arbres, d'escalader les murs, de grimper partout là où ils peuvent. Côme, le héros, âgé d'une douzaine d'années au début du roman, n'est donc qu'un idéal-type de l'adolescent moyen qui va cependant permettre de développer un conte philosophique, presque une utopie. Belle prouesse littéraire d'Italo Calvino !

C'est un roman jeunesse, agréable à lire pour les adultes, même si certains passages sont entendus, prévisibles. le ton est léger mais c'est en fait une réflexion très philosophique sur notre rapport aux autres, sur notre relation à la différence, à l'originalité, presque à la déviance, et à la nature aussi, érigée en écrin de ce conte philosophique.

Pour conclure, il me semble que c'est un livre à conseiller aux adolescents ou pré-adolescents. Agréable à lire pour les adultes mais qui perd sans doute un peu de sa saveur si on ne le lit pas avec des yeux d'enfants. le Baron perché reste néanmoins une bonne introduction à la lecture de Candide.
Commenter  J’apprécie          380
1770, quelque part non loin de Gênes en Italie. Période des Lumières, on sent le vent des révolutions qui commence à faire frémir les feuilles des arbres. Il est d'ailleurs beaucoup question de révolte et d'arbres dans ce livre. Jugez plutôt : à 12 ans, et parce qu'il refuse de manger les escargots du repas dominical, Côme, fils aîné du baron du Rondeau, grimpe dans les arbres. On croit d'abord à un caprice, mais la journée passe, puis la nuit, les jours, les saisons et les années, et Côme ne redescend pas. Au contraire, il s'installe dans les arbres, s'y déplace et y vit aussi à l'aise que nous les pieds sur terre.

Si on admet ce point de départ fantaisiste sans se poser de questions, comme des enfants, alors on se laisse captiver par ce conte, qui décrit la vie d'un original et anti-conformiste, qui à douze ans, sentait déjà que la vie « normale » et ses conventions n'était pas pour lui. Sans pour autant devenir ermite au fond des bois, puisqu'il vivra en bonne entente avec ceux restés à terre, continuant ses leçons avec son précepteur, découvrant la nature, le savoir, les hommes et même l'amour.

L'esprit de Voltaire n'est pas loin dans cette fantaisie, dans laquelle les réflexions philosophiques sur la vie en société n'empêchent pas l'humour, loin de là.

Ce livre fait partie d'une trilogie (« la Trilogie des ancêtres »), avec le Vicomte pourfendu, et le Chevalier inexistant.

J'en conseille la lecture, pour sa drôlerie et son originalité.

Deux phrases, pour donner le ton :
« Optimus Maximus était un chien perdu qui s'était joint à la meute par passion juvénile ».

« Il comprit que les associations renforcent l'homme, mettent en relief les dons de chacun et donnent une joie qu'on éprouve rarement à vivre pour son propre compte : celle de constater qu'il existe nombre de braves gens, honnêtes et capables, tout à fait dignes de confiance. (Lorsqu'on ne vit que pour soi, on voit le plus souvent les gens sous leur autre face, celle qui nous force à tenir constamment la main sur la garde de notre épée).(…) Côme devait le comprendre plus tard : lorsque le problème commun n'existe plus, les associations perdent leur sens, et mieux vaut alors être un homme seul qu'un chef ».

Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          202
J'avais déjà essayé cet auteur et je ne me souvenais que d'un livre sans queue ni tête (j'étais enfant).
Me revoilà essayant cet auteur. Ici le narrateur raconte l'histoire de son frère monté littéralement dans un arbre pour ne jamais en redescendre. Conte philosophique à la Voltaire, roman d'aventures, roman enfin d'une vie avec en toile de fond l'histoire de l'Italie du nord, roman d'éducation peut-être, à la Rabelais ou Rousseau.
Ecrit pour des jeunes, je pense qu'aujourd'hui ils ne seraient pas armés pour comprendre seuls toutes les dissertations et les histoires, sans compter l'amour volage de Côme, et de Violette.
Ravie d'avoir découvert ce désormais classique, je n'ai pas réussi néanmoins à apprécier ma lecture. Trop voltairien sans doute, même si j'ai aimé l'idée de base.
Commenter  J’apprécie          160
C'est à 12 ans que le fils aîné du baron Laverse du Rondeau va transformer le cours de sa vie. Après avoir refusé de manger un plat d'escargots, le jeune Côme fait une fugue dans les arbres. Il y grimpe pour échapper aux contraintes familiales et décide de ne plus jamais mettre un pied à terre. Mais Côme n'y est pas coupé du monde, loin de là. Il participe activement tout au long de son existence au quotidien de son village du nord de l'Italie. Il crée un système d'arrosage, empêche un incendie de s'étendre, met en place un cahier de doléances, etc…Du haut de son arbre, Côme connaît également l'amour passionnel avec sa voisine Violette. Et même Napoléon vient le saluer !

Ce formidable récit d'Italo Calvino fait partie d'une trilogie nommée Nos ancêtres et qui comporte également "Le vicomte pourfendu" et "Le chevalier inexistant".

Le début de l'histoire se déroule dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle et c'est le frère cadet qui nous raconte la vie de Côme. Celle-ci est pleine de péripéties, d'exploits. le cadet rapporte souvent des bruits, des on-dit courant sur son frère, la vie de Côme est devenu légendaire. "Le baron perché" est très marqué par le siècle des Lumières, il s'agit d'ailleurs d'un conte philosophique à la Voltaire. Les aventures de Côme sont aussi invraisemblables que celles de Candide ! Côme incarne la liberté de penser (et de vivre comme on l'entend), la soif de connaissances propres aux Lumières. Il lit d'ailleurs toute l'Encyclopédie et écrit à Diderot ainsi qu'à Rousseau. L'arrière-plan historique est d'ailleurs toujours bien présent. le livre débute après la Guerre de Succession d'Autriche, se poursuit à la Révolution française et s'achève aux moments des guerres napoléoniennes. La Révolution offre la possibilité à Côme de mettre en pratique ses idéaux démocratiques et de liberté pour chacun. Côme semble se mettre à l'écart du monde dans le feuillage des Yeuses mais c'est pour mieux le voir et l'apprécier.

"Le baron perché" est également une ode magnifique à la nature et au respect de celle-ci. le cadet de Côme regrette qu'après la disparition de celui-ci, les arbres aient été coupés. Comment aurait pu s'exprimer la révolte de son frère sans les forêts et les parcs arborés ? Une réflexion on ne peut plus actuelle sur la conservation de la nature. "Il est un moment où le silence de la campagne se forme, au creux de l'oreille, d'une menue poussière de bruits : un croassement, un glapissement, un froissement furtif dans les herbes, un clapotis dans l'eau, un piétinement entre terre et cailloux, et, dominant tout autre son, le crissement des cigales … Les bruits se mêlent l'un à l'autre, l'ouïe parvient toujours à en discerner de nouveaux, comme, sous les doigts qui cardent un flocon de laine, chaque noeud se révèle fait de brins plus fins, plus impalpables encore. Les grenouilles ne cessent de coasser et cette basse continue ne trouble pas plus le fourmillement sonore que la continuelle palpitation des étoiles ne change la lumière de la nuit. Mais que s'élève ou que passe le vent, tous les bruits aussitôt se transforment et se renouvellent. Seul le reste, au plus profond de l'oreille, l'ombre d'un mugissement ou d'un murmure – celui qui vient de la mer."

"Le baron perché" est une fantaisie extrêmement plaisante et poétique. Un très bel hymne à l'indépendance d'esprit, à l'intelligence et à la passion.
Lien : http://plaisirsacultiver.wor..
Commenter  J’apprécie          140
J'ai beaucoup aimé au début l'idée de cette fable avec cet enfant qui, refusant de manger des escargots, grimpe dans un arbre et chevauchant les autres, y restera jusqu'à la fin de sa vie. Ce qui ne l'empêchera pas de vivre mille aventures narrées une grande partie par son petit frère. Bien qu'il ne soit pas spécialement long, je m'y suis traînée peut-être parce que plus habituée au style classique.
Commenter  J’apprécie          120
le Baron perché m'a été recommandé par un vieil homme particulièrement sympathique durant une foire du livre il y a quelques mois. Et comme je ne lis plus de classiques, ni de contes, ni de philosophie depuis la fin du lycée, je me suis doucement laissé convaincre.

Et je ne fus pas déçue. Je me suis laissé emporter par la légèreté de la plume de cet Italo Calvino. J'ai vogué sur ses phrases avec grand plaisir, souriant souvent, soupirant parfois, toujours impatiente d'en savoir davantage. A part quelques longueurs en fin de récit, me faisant je l'avoue, sauter quelques pages, j'ai beaucoup aimé cette lecture et je ne peux que la recommander.
Commenter  J’apprécie          110
Un joli conte philosophique dans l'esprit de ceux du XVIIIème siècle, où, sous couvert de légèreté des péripéties et de ton amusant, l'auteur énonce de graves idées sur l'homme, la nature, la société, la religion et l'Etat. le postulat est particulièrement original, et résonne, forcément, dans notre monde contemporain qui dégrade toujours plus l'environnement.
J'ai cependant une réserve sur l'identité du Narrateur. L'oeuvre n'aurait-elle pas été plus percutante racontée directement par Côme ? d'autant plus que le frère n'est qu'un témoin indirect. Il ne raconte que d'après ce que lui a dit son frère, un conteur qui aime séduire son public en retouchant ses aventures. Ce côté aurait dû être plus marqué, pour qu'on n'ait plus de mal à différencier la re-création imaginaire de la nudité des faits.
J'ai toutefois particulièrement aimé le récit bizarre et poétique de la mort de Côme : lui qui ne voulait plus toucher terre, meurt en essayant de s'envoler au ciel...
Commenter  J’apprécie          100
Au début de ce roman, on se demande, perplexe, comment l'on va pouvoir rester captivé pendant toutes ces pages par une histoire de pré-ado rebelle perché dans les arbres... Et pourtant !! le combat de Côme nous tient en haleine au fil des chapitres, tantôt héroïque, tantôt quasi fou, mais toujours intimement impliqué dans sa lutte et sa foi en son action, en sa belle et irréelle rébellion.
Commenter  J’apprécie          101
Perché le petit futur baron ? Oui et en même temps pas tant que ça. Dans un arbre oui, par esprit de révolte et je dois dire que j'ai tout de suite été d'accord avec lui ! Il faut savoir se défendre, ne pas se soumettre, surtout quand on est petit. Bon, il est quand-même peut-être un peu perché. Mais qu'il est drôle cet enfant !
D'ailleurs la soeur aînée, Baptiste (c'est tellement étrange d'avoir Traduit Battista en Baptiste) est quelque peu azimutée à sa façon, qui se situe dans le registre du gore culinaire. La mère aussi est spéciale et le père a des rêves de grandeur et un frère naturel très bizarre… C'est une famille de doux dingues.
Quant à Blaise, le petit frère et narrateur, il est en admiration devant cet aîné si courageux et extravagant.

Et puis il y a la petite voisine, Violante. Une espèce de petite pestouille, qui m'a fait penser à Minnie avec Mickey. Ou Daisy avec Donald. Et oui, j'ai de drôles de références, mais c'est parce que dans cette histoire, la fille est celle qui fait tourner en bourrique le pauvre garçon, et qui nous rendrait presque misogyne !.. Comme Minnie et Daisy. Eh oui, l'enfance nous imprègne durablement.

Et donc, cet enfant, parti dans les arbres par esprit de contestation envers ses parents, ne redescendra plus. Tel un funambule il passera d'arbre en arbre sans plus jamais toucher le sol. Et nous lecteurs, avec Côme nous allons parcourir toutes sortes d'essences d'arbres et apprendre lesquels sont les plus adaptés au funambulisme. Eh oui ! Et on n'apprend pas que ça !
Côme, doux rêveur, devient l'anticonformisme personnifié, d'une belle érudition, jamais à cours d'idées et d'une telle ouverture d'esprit pour son temps qu'il m'a énormément plu. Tout l'intrigue, tout l'intéresse, tout le passionne… y compris l'altruisme et le don de soi.

Alors que ce choix, fait sous la colère, d'aller vivre dans les arbres a permis à Côme de vivre des choses incroyables toute sa vie, moi je n'ai pas totalement réussi à me laisser emporter par la poésie de cette existence car j'ai eu froid pour lui, j'ai souffert de sa solitude à sa place et j'ai regretté qu'il ne foule plus jamais l'herbe de ses pieds, qu'il ne puisse serrer Optimus Maximus dans ses bras. Au fond, il est une sorte d'Antigone, inébranlable dans ses convictions, quel que soit le prix à payer.
Cette surprenante épopée sylvestre m'a rappelé que souvent l'orgueil nous emmène plus loin qu'on ne l'aurait voulu et parfois beaucoup trop loin.
Lien : https://mechantdobby.over-bl..
Commenter  J’apprécie          60
J'avais "mal" commencé mes rapports avec Italo Calvino. En effet, j'ai commencé, bien jeune, trop jeune, par Palomar (qui m'était littéralement tombé des mains et qui longtemps fût le parangon du livre impossible à achever de lire). Plus tard, j'ai réessayé, mais là encore, par un mauvais bout, je n'étais sans doute pas prêt pour Les Leçons américaines.
Du coup, j'ai encore attendu bien longtemps. Plusieurs échos (pas Eco) m'ont convaincus d'entamer ce Baron Perché.
Alors, certes ce livre est pétri de qualités : idée de base intéressante, amusant, intelligent, descriptions fines, allusions politiques... Que du bonheur, quoi. Et bien malgré tout je l'ai trouvé un peu long, une impression que l'auteur aurait pu élaguer un peu plus, enlever l'une ou l'autre branchette, pour conserver pleinement son travail et lui permettre un plein épanouissement. Et me permettre à moi d'être pleinement épanoui peut-être. Bref, seulement trois étoiles pour un livre et un auteur encensés, que je ne maîtrise pas pleinement... pas encore ?
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (6882) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}